6 Préface de l'Auteur anglois.
JE n'ai point mis Haïder-Aly en
parallèle avec Philippe de Macé-
doine, ni fon fils Tippou-Khan avec
Alexandre le Grand. Mais pour
mettre le Public à même d'en ju-
ger d'après des portraits fi flattés,
je leur ai oppofé un tableau des
mauvais traitemens qu'ont éprou-
vé les Anglois qui ont été faits
prifonniers par leurs troupes, à
Bednor, & dans d'autres places
durant la dernière guerre (1).

Signé F. ROBSON.

(1) Note de l'Editeur. On peut encore objecter contre l'hiftoire d'Haïder-Aly, publiée par M. le Maitre de la Tour, qu'il n'étoit pas dans l'Inde lors des commencemens de l'élévation de ce Prince, & qu'en beaucoup de circonftances, il ne put s'en rapporter qu'aux personnages en place dans fa Cour.

VIE

D'HAÏDER-ALY-KHAN.

VERS l'an 1728 (CuttulichKhan) Soubab, ou Gouverneur général du Décan, envoya Terniamoud-Khan, Officier de réputation, & Pattan de naiffance, pour ôter au Nabab-Abdoul-RaffoulKhan fon gouvernement de Sirpi, qui eft une Province fur les frontières du Royaume de Maïffour. Ce Prince réfolu de tenter la fortune des armes, affembla fes troupes & alla à la rencontre de fon

&

compétiteur; on en vint bientôt aux mains, on fe battit de part d'autres avec acharnement, enfin le Nabab de Sirpi, Raffoul-Khan, fut entièrement défait, & luimême refta fur le champ de bataille. Du nombre des morts fe trouva Fatty-Naïck (1), père d'Haïder-Aly, qui étoit un bon guerrier, au service du Nabab, & commandoit mille pions (ou fufiliers), & cent cavaliers. Le corps de Fatty-Naïck fut transporté à Colar, environ cent milles du champ de bataille, où, comme il étoit mahométan, fes funérailles fe firent en grande pompe, & à la manière des Mufulmans.

(1) Suivant la coutume de ceux de fa claffe, il auroit pu dans la fuite prendre le titre de Nadin-Saëb.

APRÈS cette victoire le PatanTermamoud-Khan fut reçu dans Sirpi, & reconnu Nabab de ce

pays.

FATTY-NAICK laiffa deux fils & une fille. L'aîné nommé Sabas-Naïck, & depuis IfmaëlSaeb, & l'autre Haïder-Naïck, c'étoit alors un enfant de dix ans ; il étoit né à Divanelli Fort fitué entre Ofcota & Colar. Ils avoient un oncle avec lequel l'aîné entra au fervice du Roi de Maïffour; quant à Haïder-Naïck on le déplaça fouvent, le tenant toujours dans le voifinage des districts où fon frère & fon oncle fervoient. Il étoit d'un caractère hardi, entre prenant, indocile, & tyrannique, d'une ignorance complette, ne fachant ni lire, ni écrire, & fi intraitable & hautain, qu'il ne vouloit

recevoir d'inftructions de perfonne.

CARRASORRI Nanderauz, beau-frère du Roi de Maïffour, & fon Duan (premier Miniftre), & Général de fon armée, étoit un de ceux qui avoient affemblé les troupes de leurs maîtres, pour fe joindre au Soubab Nazerzing, & entrer avec lui dans le Carnate, en 1750, contre Mustapha Jung, qui faifoit fes efforts pour lever une armée & s'emparer de la Soubabie du Carnate, à laquelle il prétendoit avoir droit par le teftament du dernier Soubab, fon oncle.

HAÏDER-Naïck qui étoit alors un jeune homme robufte, d'environ vingt-cinq ans, prit à cette époque le nom d'Haïder-Aly; & s'ennuyant de la vie oifive qu'il