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BIBLIOGRAPHIE.

DOUNIOL,

L'ADMINISTRATION CHARITABLE ET LA POLITIQUE RADICALE, brochure grand in-8° de 52 pages. éditeur, 1877.

chasser de

Mettre la main sur les ressources qu'ont accumulées en faveur des pauvres la charité et la piété des générations, la piété des générations, leur administration tout élément de religieux,

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s'en faire, jusque

dans la moindre commune rurale, un instrument de domination et de propagande, tel est l'objet poursuivi par le parti radical avec autant de ténacité que d'habileté.

Il a pour organe, dans cette campagne, un obscur député, M. Plessier, qui vient de déposer pour la seconde fois, à la Chambre des députés, un projet de loi portant que, désormais, tous les membres des bureaux de bienfaisance et des commissions des hospices seraient nommés par les conseils municipaux. Une proposition identique, présentée à la Chambre qui a été dissoute le 16 mai, avait été votée rapidement en première lecture. Elle reparaît avec une persévérance qui est un avertissement significatif.

Aussi est-ce un devoir pour tous les conservateurs d'appeler l'attention sur les graves intérêts engagés sous une proposition qui se donne tout simplement l'apparence d'une œuvre de décentralisation administrative. Sa véritable portée a été démontrée avec une irrésistible autorité dans l'important mémoire dont nous avons transcrit le titre. On reconnaît un jurisconsulte à la manière sobre et décisive dont le sujet est traité. Le Jugulum cause y est parfaitement mis à nu dès les premières pages.

L'assistance charitable des pauvres n'est pas un service municipal, comme on se l'imagine parfois à tort. L'origine de son patrimoine est presque exclusivement due aux libéralités des particuliers et surtout de l'Eglise. D'après la loi de 1790, qui reste encore la base de la législation en cette matière, le service hospitalier est essentiellement un service d'utilité générale, auquel les communes ne peuvent être appelées à concourir que comme autorité subor

donnée et à titre accessoire, en vertu d'une délégation de la puissance publique. Toutes les raisons d'utilité générale, appuyées sur l'expérience de tous les temps et de tous les peuples, montrent que les administrations charitables doivent être indépendantes de toute influence étrangère aux intérêts des pauvres, et, par conséquent, rester absolument à l'écart des conflits dont les élections locales sont le terrain naturel.

Le système le mieux approprié à l'état social actuel est donc celui de la loi de 1873, qui institue dans les bureaux de bienfaisance et les commissions des hospices des membres de droit, le curé et le maire, et fait nommer les autres par l'administration supérieure, sur la présentation du bureau ou de la commission.

Cette démonstration est corroborée par un grand nombre de faits fort curieux, tirés de la singulière pratique administrative qui a dilapidé le patrimoine des pauvres toutes les fois que, comme en 1793 ou après le 4 septembre 1870, la politique a envahi ce terrain.

Faits topiques et irréfutables arguments de droit se trouvent également dans ce substantiel mémoire. Nous ne saurions trop engager nos amis à s'en nourrir, au moment où une attaque renouvelée exige que les forces de la défense sociale se portent au secours de l'intérêt permanent des pauvres si gravement menacé.

UNE COLONIE FÉODALE EN AMÉRIQUE.

L'ACADIE, 1604

1710, par M. Rameau, un vol. in-18. Didier, 1877.

Le nouvel ouvrage que vient de publier M. Rameau intéresse à un degré remarquable la science sociale. Il est consacré à l'histoire d'une colonie française, fondée à notre grande époque nationale, au moment où sous le règne réparateur d'Henri IV, le vieil esprit catholique de la ligue et la puissante raison monarchique des politiques s'unissaient dans une féconde harmonie.

Un vif mouvement entraîna un grand nombre de rejetons de la noblesse rurale et de la bourgeoisie des villes, vers les rivages du Nouveau-Monde. Quels étaient les sentiments qui les y entraînaient? M. Rameau les analyse fort bien. C'étaient à la fois le désir de gagner à l'Eglise un nouveau pays, et à la France un

nouvel empire, et aussi la pensée de s'y créer des seigneuries. A quatre siècles d'intervalle le souvenir des royaumes et des duchés créés par les Croisés, en Orient, agissaient puissamment sur les esprits. Des familles de tenanciers suivaient volontiers leurs seigneurs, non pas qu'elles souffraient dans la mère patrie comme les Allemands de nos jours, mais parce qu'ils espéraient s'élever dans la hiérarchie sociale de l'époque, et fonder des familles nombreuses et heureuses.

La colonie de l'Acadie, fondée en 1604, dans cette presqu'île qui s'appelle hélas, aujourd'hui, la Nouvelle-Ecosse, fut à l'origine divisée en seigneuries. Sans doute l'idée féodale qu'apportèrent les colons fut loin d'aboutir à une organisation extérieure, semblable à celle de la mère patrie. La nature des choses, les conditions si différentes du milieu modifièrent profondément les institutions ainsi transplantées. Mais les principes essentiels du régime féodal, tel qu'il était alors connu en Europe, quoiqu'il fût en décadence dans les faits, à savoir la solidarité étroite des classes, l'impulsion donnée à tous les sentiments supérieurs de religion et de patriotisme, tous ces principes se retrouvèrent dans la colonie féodale, et lui assurèrent un développement dont la rapidité a dépassé singulièrement celui des colonies puritaines de la Nouvelle-Angleterre. Voilà qui est contraire à bien des préjugés, mais M. Rameau le démontre avec l'autorité des documents authentiques conservés dans les archives de la Nouvelle-Ecosse, et au ministère de la marine, à Paris. Après son livre, il doit être acquis, comme une vérité historique incontestable, qu'au xvie et au xvir siècles la race française était de toutes les populations européennes la plus vigoureusement et la plus sainement constituée, la plus expansive par conséquent. Rien n'est instructif comme les charmants récits dont ce livre abonde. On y voit quelle force apportait à l'œuvre toujours rude de l'occupation d'un pays neuf, les habitudes de sobriété, les douces mœurs de la famille catholique, la gaîté et l'entrain propres alors aux Français de toutes les classes, et surtout la confiance réciproque qui régnait entre les gentilshommes et les paysans unis étroitement dans une vie commune de guerre, de chasse et de travail rurale. Quel contraste avec les mœurs actuelles, et aussi quelle différence dans les résultats!

En 1710, l'Acadie formait une province de deux mille âmes, lorsque à la faveur des guerres continentales qui absorbaient alors

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les forces de la France, l'Angleterre parvint à s'en emparer; mais pendant les quarante ans qui suivirent, les Acadiens vécurent dans une sorte d'autonomie, et, en 1750, ils étaient quatorze mille, s'étant sextuplés en cet espace de temps, sans le concours d'aucune immigration européenne. On connaît, ne fût-ce que par le touchant poëme d'Evangéline, l'infàme violence dont cette paisible population fut victime en 1755 En une nuit les Anglais cernèrent les établissements acadiens, arrachèrent presque toute la population à ses foyers, et la dispersèrent dans toutes leurs colonies. Eh bien, peu d'années après, les malheureux Acadiens s'acheminaient de nouveau, par petits groupes, vers la terre natale; ils s'établissaient dans des terrains incultes, à côté des riches domaines créés par le travail de leurs frères et occupés désormais par la race conquérante. Dieu a béni cette héroïque persévérance et cette fidélité à la terre comme à la foi des ancêtres. Ils sont aujourd'hui, d'après le recensement de 1871, au nombre de quatre-vingt-sept mille sept cent quarante âmes et contrebalancent puissamment l'influence des Anglais dans ce pays.

Le livre de M. Rameau est à la fois un travail de solide érudition et une œuvre dont la portée sociale est considérable. Il fait en effet parfaitement ressortir la démonstration des vérités essentielles à toutes les sociétés qui se dégage de ces faits si intéressants. Au milieu des stérilités et des impuissances du présent, c'est au moins une espérance d'avenir que de voir honorer dans la vérité et la justice les institutions saintes et les hommes héroïques du passé.

CLAUDIO JANNET.

Le gérant, J. BARATIER.

1000 Grenoble, imprimerie BARATIER et DardeleT. 7744

DES

INSTITUTIONS ET DU DROIT.

(5 Année.)

L'ENSEIGNEMENT DU DROIT

DANS LES FACULTÉS CATHOLIQUES

(Faculté de Lyon).

LE DROIT DE PUNIR

(9me Conférence (1) donnée le 7 janvier 1878, par M. Lucien Brun).

EMINENCE (2),
MESSIEURS,

Lorsque nous avons parlé du droit de la guerre, la question de savoir si le souverain peut légitimement demander dans l'intérêt général le sacrifice de la vie des individus, s'était présentée à nos conscience inquiètes comme l'un de ces redoutables problèmes dont la solution exige la reconnaissance de l'origine divine de la société.

Voici, Messieurs, un autre problème. C'est encore la vie d'un homme qui en fait le palpitant et douloureux intérêt.

(1) Voir, pour les conférences précédentes de M. Lucien Brun: Revue, 1876, 2o semes., 7° vol., p. 51, 129, 193; 1er semes. 1877, 8° vol., p. 163 et 315. - La suite de la propriété, liberté moyens de l'acquérir,

-

testamentaire sera donnée plus tard.

(2) Son Eminence Monseigneur le cardinal Caverot, archevêque de Lyon.

бe ANNÉE. 2o LIV. FÉVRIER 1878.

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