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<«< L'autre respecte cette institution salutaire; et les «< hommages qu'il lui rend, calmes comme la raison, << sont quelquefois accompagnés d'un accent de tris<< tesse et de regret qui prête une singulière force à ce <<< cri de la conscience (1). »

(1) L'abbé Gerbet, Considérations sur le doyme générateur, etc.

ONZIÈME LETTRE.

TÉMOIGNAGES DES PHILOSOPHES EN FAVEUR DE LA CONFESSION.

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Les plus grands ennemis du christianisme ont été favorables à la confession. - Paroles remarquables de Marmontel, J.-J. Rousscau, Voltaire, Cérutti, Raynal. Ce que les saint-simoniens pensent de la confession. Philosophes qui se sont confessés à la mort: La Mettrie, le comte de Boulainvilliers, Montesquieu, du Marsais, Maupertuis, Fontenelle, Boulanger, le marquis d'Argens, Toussaint, Bouguer, Buffon, le comte de Tressan, de Langle, Robinet, Larcber, le duc d'Orléans, Napoléon-Bonaparte. — Diderot. - D'Alembert. - Santerre. - Barras. - Derniers moments de Voltaire.

Les idées de protestantisme et de mépris pour la confession étaient tellement liées dans votre esprit, mon cher Jules, que vous n'avez pas été médiocrement surpris en voyant de quelle manière s'étaient expliqués, au sujet de la confession, les protestants les plus célèbres Votre étonnement, j'en suis sûr, sera plus grand encore, quand vous saurez que les philosophes eux-mêmes n'ont pu s'empêcher de rendre hommage à la vérité, et on proclamé l'établisse

ment de la confession, comme une des plus belles institutions qu'il soit possible d'imaginer ici-bas.

Voici d'abord comment s'exprime Marmontel: « Quel préservatif pour les mœurs de l'adolescence, « que l'usage et l'obligation d'aller tous les mois à <«< confesse! La pudeur de cet humble aveu de ses fau<<< tes les plus cachées en épargnait peut-être un plus << grand nombre que les motifs les plus saints (1). »

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«Nos gouvernements modernes, » dit J.-J. Rousseau,« doivent incontestablement au Christianisme << leur plus solide autorité et leurs révolutions moins « fréquentes; il les a rendus eux-mêmes moins sanguinaires. Cela se prouve par le fait, en les com<< parant aux gouvernements anciens. La religion, <«< mieux connue, écartant le fanatisme, a donné plus « de douceur aux mœurs chrétiennes. Ce change<<ment n'est point l'ouvrage des lettres, car partout « où elles ont brillé, l'humanité n'en a pas été plus << respectée; les cruautés des Athéniens, des Egyp

« Le secret de la

(1) Mémoires de Marmontel, tom. I, liv. 1. confession, dit le même écrivain, n'est impénétrable que d'un côté...... Si le pénitent s'aperçoit que celui qui l'entend abuse de son ministère, il a le droit de le dénoncer. Or, comment est-il arrivé qu'il ne se soit pas présenté un seul dénonciateur de ce genre de séduc tion? »>Opinion de Marmontel sur le libre exercice des cultes. Mém. tom. II.

<«< tiens, des empereurs de Rome, des Chinois, en «<font foi. Que d'œuvres de miséricorde sont l'ou<< vrage de l'Evangile! Que de restitutions, de répa<«<rations, la confession ne fait-elle point faire chez <«<les catholiques (1)!

« Il n'y a peut-être point d'établissement plus «< utile, » dit Voltaire en parlant de la confession; <«< la plupart des hommes, quand ils sont tombés << dans de grands crimes, en ont naturellement des « remords; s'il y a quelque chose qui les console sur <«< la terre, c'est de pouvoir être réconciliés avec Dieu << et avec eux-mêmes (2). <<<< Les ennemis de

«< l'Eglise romaine qui se sont élevés contre une ins<«<titution si nécessaire (la confession), semblent « avoir ôté aux hommes le plus grand frein qu'on puisse mettre à leurs crimes secrets (3).

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« La «< confession est une chose excellente, un frein au <«< crime, inventé dans l'antiquité la plus reculée. On << se confessait dans la célébration de tous les an«ciens mystères. Nous avons imité et sanctifié cette <«< sainte pratique : elle est très bonne pour engager « les cœurs ulcérés de haine à pardonner, et pour

(1) Emile, tom. III, liv. tv, pag. 42, édit. de Lecointe, 1829. (2) Voltaire, Remarques sur Olympie.

(3) Voltaire, Annales de l'Empire.

« faire rendre ce qui peut avoir été dérobé au pro<< chain (1): >>

Les paroles de Cérutti, ce fougueux révolutionnaire, cet ardent ami de Mirabeau, ne sont pas moins remarquables : « Inspirer l'horreur ou le repentir << du crime, donner un frein à la scélératesse, un ap« pui à l'innocence; réparer les déprédations du << larcin, renouer les nœuds de la charité, entretenir « l'amour de la concorde, de la subordination, de <«< la justice, de toutes les vertus; déraciner des cœurs « l'habitude des désordres, de la désunion, de la ré<< volte, de tous les vices; être ainsi à la place de Dieu, « et pour le bien des hommes, le juge des conscien«ces, le censeur des passions; c'est ce qui fait de << l'emploi d'un confesseur un des emplois les plus <«< propres à maintenir les mœurs, et par là un des «< plus conformes à l'intérêt public (2). »

Vous n'ignorez pas, mon cher Jules, jusqu'à quel point Raynal a porté la haine contre le Christianisme; eh bien! Raynal lui-même n'a pu s'empêcher de dire, dans son Histoire philosophique des Etablissements et du Commerce des Européens dans les deux Indes : « A l'exemple des Incas (seigneurs du Pérou),

(1) Voltaire, Dictionnaire philosophique.

(2) V. Nonotte, Dictionnaire anti-philosophique, art. Confession

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