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bis, fe fouvenant que le ferviteur inutile fera jetté dans les ténébres extérieures: qu'ils s'appliquent à la lecture, à l'exhortation & à l'inftruction (a) ; & comme le Pasteur eft un médiateur placé entre Dieu & le Peuple, qu'ils ayent trèsfouvent recours à la priere. Pour réuffir plus aisément à crucifier leur chair avec ses paffions & fes désirs déréglés, ils ne doivent pas négliger le travail du corps : un Prêtre fait très-bien de s'occuper à la culture d'un jardin, ou à quelque petit métier qui le retire de l'oifiveté, & qui ferve de délaffement à fon efprit fatigué par la lecture & la priere (b). De peur que l'habitude ne diminue la vénération qui eft dûe aux chofes faintes, qu'ils ayent une haute idée des Sacremens ; qu'ils les regardent avec respect comme les fources de la grace qu'ils rappellent fouvent dans leur mémoire quelle en eft la fainteté, quels en font les effets, pour en faire le fujet de leurs réflexions; uniquement appliqués au falut des ames, qu'ils fe montrent comme des Miniftres purs & faints de Sacremens qui font la fource de la fainteté : & afin de les administrer plus faintement, ils ne fe préfenteront pour les conférer qu'après avoir fait quelques prieres, autant que les circonftances le leur permettront, pour exciter en eux

des fentimens de foi, d'espérance & de charité.

Celui qui adminiftre un Sacre ment doit avoir l'intention requife. Si quelqu'un, ce qu'à Dieu ne plaife, étoit yvre, il feroit hors d'état de conférer les Sacremens, puifqu'il n'auroit point l'intention néceffaire. Car le Sacrement eft nul, fi le Ministre n'a pas au moins l'intention de faire ce que fait l'Eglife (c). Cependant les Pasteurs ne doivent pas fe contenter de cette intention, ils doivent s'acquitter de leurs fonctions facrées avec attention & avec piété, comme il convient à la fainteté du ministère. Il faut que le Miniftre applique lui-même la matiere, & qu'il dife en même-temps les paroles qui en font la forme, diftinctement, avec attention, avec piété & beaucoup de religion; car fi l'un appliquoit la matiere, & qu'un autre prononçât les paroles, le Sacrement feroit nul. Le Ministre doit être bien inftruit des cérémonies des Sacremens, & fur-tout de celles qui font effentielles il ne doit pas croire qu'il lui foit permis de changer, d'ajouter ou de retrancher rien à aucune des cérémonies; & afin qu'il n'omette rien par oubli, il ne doit jamais les adminiftrer fans le Rituel, à moins qu'il n'y foit forcé par une trèsgrande néceffité. Lorfqu'il s'agit

(a) 1. Tim. 4. 13. (b) Concil, Carthag. 4. Can, 51. 52. 53. (c) Concil. Trid, Sell. 7, Can. 11. de Sacram,

de l'adminiftration des Sacremens, de la Sépulture des fidéles, des Bénédictions, &c. il ne doit omettre aucune des cérémonies dont l'Eglife a coutume de fe fervir; & il doit s'acquitter de ces fonctions avec l'attention qui convient à un faint Miniftre, & d'une maniere qui foit capable de rendre attentifs les affiftans, & de leur infpirer des fentimens de piété. C'est pourquoi les Pafteurs expliqueront fouvent aux peuples les effets des Sacremens, les Rits & les cérémonies de l'Eglife, de peur que le peuple Chrétien en refpectant ce qu'il ignore, ne foit encore affujetti en efclave à une fervitude Judaïque (a), ou que venant à mépriser les cérémonies faintes & autorisées, il ne les diftingue point de celles qui font profanes & fuperftitieufes. C'eft ce qui engageoit les SS. Peres à inftruire avec grand foin les peuples, des cérémonies & des Rits de l'Églife: car la différence qu'il y a entre un infidéle & un fidéle confifte en ce que celui-ci fçait ce que fignifient les cérémonies, & que l'autre l'ignore (b).

Les Pasteurs feront exacts obfervateurs des Loix de l'Eglife, & n'entreprendront rien au-delà de leur pouvoir: ils n'adminiftreront les Sacremens aux fidéles d'une autre Paroiffe, qu'avec la permif

ap

fion du Curé, ou dans une extrême néceffité. Ils fe garderont bien de donner les chofes faintes aux chiens (c), en admettant à la participation des Sacremens ceux qui n'y apporteroient pas les difpofitions requifes. Ils auront grand foin d'avertir les peuples du danger qu'il y a de les recevoir indignement; ils leur répéteront fouvent qu'il faut s'en procher avec cette foi qui opére par la charité (d), avec beaucoup d'attention & de piété, avec un grand refpect & une profonda humilité : car plus font faintes les difpofitions de ceux qui s'en approchent, plus abondante eft la grace qu'ils y reçoivent. Les Prêtres doivent avoir une grande horreur de l'avarice : ils doivent donner gratuitement ce qu'ils ont reçu gratuitement; ne fixer aucun prix, & s'ils reçoivent.ce qui leur fera offert volontairement qu'ils le faffent fans donner aucun foupçon d'avarice ou de fimonie, afin que, felon le Decret du IV. Concile de Latran, en obfervant les pieufes coutumes, on n'exerce aucune exaction, & que l'on confére les Sacremens de l'Eglife fans avoir en vûe la récompenfe. Si le Pasteur aime la beauté de la maifon de Dieu, il s'appliquera avec grand foin à parer l'Eglife, à tenir propres les vafes facrés, les linges, les orne

(a) Auguft. lib. 3. de Doftr. Chrift. c. 9. (al. 13.) (b) Chryf. Homil. 7. in 1. ad Cor. p. 62, (c) Matt. 7. 6. (d) Gal. s. 6.

8 INSTRUCT. GENER. SUR LES SACREMENS.

mens & tout ce qui fert aux chofes faintes. Les Prêtres ne feront jamais aucune des fonctions facrées, qu'ils ne foient en habit long, & qu'ils n'ayent un furplis, autant qu'il eft poffible. Le refpect dû aux fonctions faintes de leur ministère le demande. Il est vrai que nous ne faifons pas confifter

la fageffe dans l'extérieur,mais dans l'intérieur (a); cependant il ne faut pas pour cela négliger de fe fervir d'habits convenables : la décence de l'habillement extérieur contribue à faire connoître. le réglement intérieur des moeurs (b), & tout doit fe faire dans la bienséance & dans l'ordre (c).

(a) Minut. Felix. Nos non habitu fapientiam, fed mente præferimus. (b) Trid, Seff. 14. c. 6. de Reform. (c) 1. Cor. 14. 40.

DU

DU SACREMENT

L

DE

BAPTESM E.

E Baptême est néceffaire à tous les hommes pour être fauvé, fans en excepter même les enfans, Jefus-Chrift n'ayant excepté perfonne, lorsqu'il a dit : Nul ne peut entrer dans le Royaume de Dieu, s'il ne renaît de l'eau & de l'Esprit faint (a). Auffi les SS. Peres, & en particulier S. Auguftin contre les Pélagiens, prouvent-ils la néceffité du Baptême par ces paroles du Fils de Dieu (b). Quoique le Baptême foit néceffaire pour

être fauvé, le martyre que l'on appelle communément le Baptême de fang, tient lieu du Sacrement (c), parce que les Martyrs font lavés & purifiés par leur fang. Car nul ne peut confeffer J. C. s'il n'a le défir d'être uni à fon Corps ; & on ne peut douter que celui qui fouffre la mort pour Jefus-Chrift, ne foit animé de l'amour divin, puifqu'il n'y a point d'amour plus grand, que de donner fa vie pour ses amis (d); ainfi on ne peut le regarder comme ex

(a) Joan, 3. 5. (b) Cypr. Ep. 59. ad Fidum ( al. 64.) §. 4. Prohiberi non debet infans qui recèns natus nihil peccavit, nifi quòd fecundùm Adam carnaliter natus contagium mortis antiquæ primâ nativitate contraxit; qui ad remiffam peccatorum accipiendum hoc ipfo faciliùs accedit, quòd illi remittuntur non propria, fed aliena peccata. Concil. Carth. fub nomine Milevitani Can. 2. Quicumque parvulos recentes ab uteris matrum baptifandos negat.... anathema fit. Aug. Ep. 157. (al. 190.) ad. Optat. c. 3. Neminem nafci ex Adam nifi vinculo delicti & damnationis obftrictum; neminemque inde liberari, nifi renafcendo per Chriftum tam inconcufsè tenere debemus, ut fciamus eum qui hoc negaverit, nullo modo ad Chrifti fidem, & ad eam quæ per Chriftum datur pufillis & magnis Dei gratiam pertinere. Tertul. de Bapt. c. 12. Cùm verò præfcribitur nemini fine baptifmo competere falutem, ex illa maximè pronunciatione Domini, qui ait: Nifi natus ex aqua quis erit, non habet vitam.

(c) Tertull. de Bapt, c. 1. de Martyrio fic loquitur; Hic eft Baptifmus qui lavacrum & non acceptum repræfentat, & perditum reddit. Cypr. Ep. 73. ad Jubaïan, 5. 11. Numquid poteft vis Baptifmi effe major aut potior quàm confeffio, quàm paf Go; ut quis coram hominibus Chriftum confiteatur, & fanguine fuo baptizetur? (d) Joan. 15. 13. Soiffons. Tom. I.

B

clus du Royaume de Dieu. Dans le cas de néceffité le défir du Baptême, que l'on appelle ordinairement le Baptême de l'efprit, peut encore fuppléer au Sacrement, & en produire l'effet (a). Mais hors le cas de néceffité, le Baptême d'eau eft d'une obligation indifpenfable. C'est pourquoi on a toujours apporté toute forte de foin pour empêcher que les Catéchumenes ne mouruffent fans le recevoir (b).

Les Pasteurs ne peuvent donc avoir trop de zéle & de vigilance pour adminiftrer un Sacrement fi néceffaire, & empêcher, autant qu'il fera poffible, qu'aucun enfant ne meure dans leurs Paroiffes fans l'avoir reçu. Pour cet effet, ils avertiront fouvent aux Prônes, & quelquefois même en particulier, les femmes enceintes de fe bien conferver; ils repréfenteront aux maris l'obligation où ils font d'y veiller, de les ménager, & de ne leur pas permettre de faire en cet état des ouvrages qui pourroient préjudicier au falut éternel des enfans qu'elles portent

dans leur fein. Ils enjoindront aux Sages-Femmes de les informer de bonne heure de la naiffance des enfans, & avertiront leurs peuples, que les peres & meres ne doivent pas, fous prétexte d'attendre les parrains & marraines différer le Baptême de leurs enfans plus de vingt-quatre heures après leur naiffance.

Par la Déclaration de 1698. Art. VIII. le Roi enjoint à tous. fes Sujets de faire baptifer leurs enfans à l'Eglife de leurs Paroiffes dans les vingt-quatre heures après leur naiffance, s'ils n'ont obtenu permiffion de l'Evêque de le différer enjoint auffi aux SagesFemmes & autres perfonnes qui affiftent les femmes dans leurs accouchemens, d'avertir les Curés des lieux de la naissance des enfans, & aux Officiers de la Justice d'y tenir la main, & de punir les

contrevenans.

Les effets du Baptême font admirables. Ce Sacrement délivre de l'efclavage du démon (c); il efface le péché tant originel qu'actuel (d); il en remet toute

(a) Ambr. orat. funeb. Valentiniani Junior. n. 30. Ille non amifit gratiam, quam popofcit. n. 51. Hoc voti habuit... certè quia popofcit, accepit. n. 53. Quòd fi suo abluuntur fanguine, & hunc fua abluit voluntas. Aug. 1. 4. de Bapt. c. 22. ( al. 29.) Invenio non tantùm paffionem pro nomine Chrifti id quod ex Baptifmo deerat, poffe fupplere, fed etiam fidem converfionemque cordis, fi fortè ad celebrandum myfterium Baptifmi in anguftiis temporum fuccurri non poteft.

(b) Eliberit. Can. 11. 42. Laodic. Can. 47. Carth. 3. Can. 34. Araufic. Can. 12. Agath. Can. 34. Gerundenf. Can. 4.

(c) Cypr. Ep. 76. (al. 69.) Cùm tamen ad aquam falutarem atque ad Baptifmi fanctificationem venitur, fcire debemus & fidere, quia illic diabolus opprimitur, & homo Deo dicatus divinâ indulgentiâ liberatur.

(d) Justin. Apol. ad Imper. p. 94. b. Remiffionem ante-commifforum peccatorum confequimur in aqua. Tertul, de Bapt. c. 1. Felix Sacramentum aquæ noftræ, quia

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