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la peine; il répand dans l'ame la grace & les vertus; il donne la paix de la confcience, l'adoption qui rend enfans de Dieu, & la promeffe de la vie éternelle (a). Cependant la fource du péché ou la concupifcence, l'ignorance, l'affujettiffement aux mala

dies & à la mort du corps, fruits malheureux & amers du péché originel, reftent encore dans les baptifés. Mais dans ceux qui font régenérés, la concupifcence n'est pas péché tant qu'ils n'y confentent pas.

ablutis delictis priftinæ cæcitatis in vitam æternam liberamur. Euseb. 1. 4. de vita Conftantini c. 61. de Conftantino fic ait: Cùmque extremum vitæ diem fibi jam imminere fentiret, tempus tandem adeffe exiftimavit, quo totius vitæ delicta expiaret, firmiffimè credens quæcumque humanitùs peccaviffet arcanorum verborum efficaciâ & falutari lavacro penitùs effe delenda.

(a) Chryfoft. Hom. 2. in Ep. ad Rom. p. 28. b. Confeftim non modò à pœna liberatur, fed & justus efficitur, & juftus quidem juftitiâ fupernâ. Hom. 7. in Ep. ad Coloff. p. 206. a. Sumus enim planè lutei ante lavacrum, aurei autem pofteà. Paftor fimilitud. 9. c. 16. Antequam enim nomen Filii Dei accipiat homo, morti deftinatus eft; at ubi accipit illud figillum, liberatur à morte & traditur vitæ. Illud autem figillum aqua eft in quam defcendunt homines morti obligati, afcendunt verò vitæ affignati. Optatus I. 5. n. 1. Quis enim fidelium nefciat fingulare Baptifma virtutum effe vitam, criminum mortem, nativitatem immortalem, cœleftis regni comparationem, innocentiæ portum, peccatorum.... naufragium ?

De la Matiere du Baptême.

LEVE
E Baptême confifte à laver
avec de l'eau la perfonne qu'on
baptife; cette ablution eft abfo-
lument néceffaire par l'inftitution
de Jesus-Christ (a). C'est pour-
quoi faint Paul dit que l'Eglife
eft purifiée par le Baptême de
l'eau (b); & S. Pierre employe
auffi l'eau pour baptifer Corneil-
le, quoique Corneille eût déja re-

çu le S. Efprit (c). L'eau doit être naturelle (d); ainfi les eaux artificielles qui fe font par diftillation, non plus que les autres liqueurs, ne peuvent fervir pour baptifer. Puifque le Baptême se donne par ablution, la glace & la neige ne font pas fuffifantes pour ce Sacrement, à moins qu'elles ne foient fondues. Si on

(a) Joan. 3. 5. (b) Ephef. 5. 26. (c) Act. 10. 47. 48. (d) Tertull. de Bapt. c. 4. Ideoque nulla diftinctio eft mari quis an ftagno, flumine an fonte, lacu an alveo diluatur.... Igitur omnes aquæ de priftina originis prærogativa Sacramentum fanctificationis confequuntur, invocato Deo.

craint que l'eau trop froide ne foit nuifible à l'enfant, on peut la faire tiédir, de peur qu'il ne trouve la mort du corps, où il doit recevoir la vie de l'ame. Ce n'eft pas l'eau, qui par une vertu qui lui foit propre & naturelle, opére la grace; cet effet vient de la puiffance de l'Esprit faint par les mérites de la Paffion de JefusChrift (a). C'est ce que nous marque l'Eglife par les Exorcifmes, les Exorcifmes, les Prieres, le figne de la Croix, l'infufion du Chrême, & les autres cérémonies qu'elle employe dans la bénédiction folemnelle de l'eau qui fert au Baptême (b). Car quoique l'eau naturelle fuffife fans cette bénédiction, l'Eglife néanmoins a toujours obfervé de la bénir avec des cérémonies qui repréfentent aux fidéles l'excellence & les effets merveilleux du Baptême. Cette bénédiction fe fait la veille de Pâques & la veille de la Pentecôte, jours deftinés autrefois au Baptême folemnel. Lorfqu'on bénit de l'eau nouvelle, on doit

jetter l'ancienne dans la Piscine. Le Pasteur, hors le cas de néceffité, ne doit fe fervir que de cette eau: fi elle vient à diminuer trop, il faut y en mêler qui ne foit pas bénite, mais en moindre quantité: fi elle vient à fe corrompre ou à manquer tout-à-fait, on doit en quelque tems de l'année que ce foit en bénir de nouvelle, felon la forme prefcrite dans la feconde partie de ce Rituel. La coutume d'emporter de l'eau bénite pour le Baptême dans les maifons, eft fort ancienne: S. Chryfoftôme en fait mention dans une Homelie, où il nous apprend qu'on avoit béni de l'eau dans l'Eglife de Conftantinople à la fête de l'Epiphanie (c). Dans les endroits où s'observe la coutume d'emporter de l'eau baptifmale dans les maisons, on doit la prendre avant qu'on y ait verfé le faint Chrême (d).

Le Baptême est également bon, foit qu'on le donne par infufion, ou par immersion. Autrefois on plongeoit trois fois le

(a) 1. Joan. 5. 6. Tertull. de Bapt. c. 4. Supervenit enim Spiritus de cœlis ; & aquis fupereft fanctificans eas de femetipfo ; & ita fanctificatæ vim fanctificandi combibunt. Cypr. Ep. 74. ad Pomp. §. 4. Peccata enim purgare & hominem fan&tificare aqua fola non poteft, nifi habeat & Spiritum fan&tum.

(b) Cypr. Ep. 70. ad Numidas §. 1. Oportet ergo mundari & fanctificari aquam priùs à Sacerdote. Bafil. de Spiritu fanéto, c. 27. Confecramus autem aquam Baptifmatis. Ambrof. de Sacram. l. 1. c. 8. (al. 18.) Nam ubi primùm ingreditur Sacerdos exorcifmum facit fecundùm creaturam aquæ ; invocationem pofteà & precem defert, ut fanctificetur fons, & adfit præfentia Trinitatis æternæ. De init. c. 3. (al. 14.) Sicut ergo in illum fontem Moyfes mifit lignum, ita in hunc fontem Sacerdos prædicationem Dominicæ crucis mittit, & aqua fit dulcis ad gratiam,

(c) Homil. de Bapt. Chrifti in die Epiphan. pag. 311, a,

(d) Capitul, l. 6. cg 77.

baptifé dans l'eau, ce qui fe pratique encore aujourd'hui chez les Grecs. Un ancien Ordinaire manufcrit de notre Eglife, du douziéme fiécle, marque que le Baptême par immerfion y étoit encore en ufage. Le Baptême par infufion a prévalu dans l'Eglife Latine depuis le 13 ou 14 fiècle. L'Eglife a toujours approuvé le Baptême par infufion à l'égard des malades à qui on donnoit ce Sacrement dans leurs lits (a). Il eft indifférent pour la validité du Baptême que l'on faffe une ou trois infufions; cependant on en

fait trois ordinairement, & cela eft même aujourd'hui ordonné. Chaque infufion doit être faite en forme de croix. Dans l'Eglife Latine on verfe l'eau fur le haut de la tête ; cependant le Baptême eft bon fi on la verfe fur le vifage ou fur la poitrine. Saint Cyprien infinue qu'on le pratiquoit ainfi à l'égard des malades (b). Le Baptême eft douteux lorfqu'on verfe l'eau fur d'autres parties; c'eft pourquoi ceux qui ont été ainfi baptifés dans une extrême néceffité, doivent être baptifés de nouveau.

(a) Cypr. Ep. 76. ( al. 69.) §. 9. Nec quemquam movere debet quòd afpergi vel perfundi videntur ægri, cùm gratiam Dominicam confequuntur; quando Scriptura fancta per Ezechielem Prophetam loquatur, & dicat: Et afpergam fuper vos aquam mundam. (b) Cypr. Ep. 76. ( al. 69.) ad Magnum.

De la Forme du Baptême.

LES Es paroles dont on fe fert pour donner le Baptême, s'appellent par les Théologiens, la Forme de ce Sacrement. Elles nous font marquées dans l'Evangile, lorfque Jefus-Chrift dit à fes Difciples (a): Allez, inftruifez tous les peuples, les baptifant au nom du Pere, & du Fils, & du SaintEfprit. L'Eglife a toujours regardé comme n'étant pas baptifés, ceux qui ne l'avoient pas été dans

(a) Matth. 28. 19,

ces termes, ou dans des termes équivalents. Dans une matiere auffi importante, ce feroit être bien téméraire, si l'on hazardoit de fe fervir d'une forme douteufe. Ainfi il faut s'en tenir exactement & fcrupuleufement à la forme généralement reçûe, qui eft dans l'Eglife Latine: N. Ego te baptifo in nomine Patris, & Filii, & Spiritus Sancti ; & dans l'Eglife Grecque:Baptifetur Chrifti fervus N.

in nomine Patris, & Filii, & Spiritûs Sancti. La vertu de ces paroles eft fi grande, que l'Eglife a toujours regardé comme bon le Baptême où on les a employées, indépendamment de la foi & des autres qualités perfonnelles du Miniftre (a), dès qu'il a intention de faire ce que l'Eglife fait. Ce feroit cependant un grand facrilége de préfenter des enfans à baptifer à des Miniftres hérétiques, à moins qu'on n'y foit forcé par une très-preffante néceffité. Il n'importe pour la validité du Baptême, en quel langage ces paroles foient exprimées; mais forfqu'on baptife folemnellement, il faut les exprimer en Latin.

Comme le Baptême imprime un caractère, on ne peut le réitérer fans facrilége (b); c'eft

pourquoi l'Eglife déclare irréguliers & même excommuniés ceux qui fe feroient fait rebaptifer. Ce qui ne doit pas s'étendre à ceux qui auroient des raisons légitimes de douter de la validité de leur Baptême: Quia non intelligitur iteratum quod ambigitur effe factum ; nec male de Sacramento fentitur, cùm illud non Religionis contemptus, fed articulus neceffitatis excludit (c). Lors donc qu'on doute fi quelqu'un a été baptifé, ou fi en le baptifant on a omis ou changé quelque chofe d'effentiel au Sacrement, il faut le baptifer de nouveau. L'usage est d'employer en ce cas une forme conditionnelle. On fe fervira de celle-ci qui fe trouve dans nos plus anciens Rituels: N. Non te rebaptiso ; fed fi non es baptifatus, ego te baptifo

(a) Arelat. 1. Can. 1. Placuit ut fi ad Ecclefiam aliquis de hærefi venerit, interrogent eum Symbolum ; & fi perviderint eum in Patre, & Filio, & Spiritu fancto effe baptifatum, manus ei tantùm imponatur, ut accipiat Spiritum fanctum : quòd fi interrogatus non refponderit hanc Trinitatem, baptifetur. Greg. l. 9. Ep. 61. (al. l. 11, Ep. 67.) Et quidem ab antiqua Patrum inftitutione didicimus, ut quilibet apud hærefim in Trinitatis nomine baptifantur, cùm ad fan&tam Ecclefiam redeunt aut unctione Chrifmatis, aut impofitione manûs, aut folâ profeffione fidei, ad finum matris Ecclefiæ revocentur... quia fanctum Baptifma quod funt apud hæreticos confecuti, tunc in eis vires emundationis recipit... Hi verò hæretici, qui in Trinitatis nomine minimè baptifantur.... cùm ad fanctam Ecclefiam veniunt, baptifantur; quia Baptisma non fuit quod in errore pofiti, in fanctæ Trinitatis nomine minimè perceperunt. Laodic. Can. 8. Nicæn. Can. 19. Arelat. 20

Can. 16. 17.

(b) Aug. Ep. 203. (al. 23. n. 2.) Rebaptifare igitur hæreticum hominem, qui hæc fanctitatis figna perceperit quæ Chriftiana tradidit difciplina, omninò peccatum eft: rebaptifare autem Catholicum, immaniffimum fcelus eft.

(c) Innoc. 3. l. 3. tit. 43. c. 3. §. 2. Carth, 5. Can. 6. Placuit de infantibus, quoties non inveniuntur certi teftes qui eos baptifatos effe fine dubitatione teftentur, neque ipfi funt per ætatem idonei de traditis fibi Sacramentis refpondere, absque ullo fcrupulo effe baptifandos ; ne ifta trepidatio eos faciat Sacramentorum purgatione privari.

in nomine Patris, & Filii, & Spiritus Sancti (a). Cette formule eft une profeffion de la foi de l'Eglife, qui ne croit pas que ce Sacrement puiffe fe réitérer.

Voici les principaux cas dans lefquels on doit baptifer fous condition.

1°. Quand les enfans ont été expofés, même avec des billets portant qu'ils ont été baptifés, fi après une exacte recherche on ne découvre d'autres indices certains de leur Baptême: car outre qu'on ne doit point ajoûter foi à des papiers non fignés, ou fignés par des gens inconnus ; le trouble qui accompagne communément leur naiffance, ôte souvent la liberté néceffaire pour leur adminiftrer validement le Baptême. Il faudroit excepter de cette regle ceux qui feroient expofés avec des extraits Baptiftaires dûment légalifés, ou qu'on fçauroit certainement être véritables. Si le billet énonçoit qu'ils euffent été baptifés dans une Paroiffe qui y fût dénommée, il faudroit confulter, s'il étoit poffible, les Regiftres de cette Paroiffe avant que de les baptifer fous condition.

2o. Quand l'enfant a été baptifé, étant encore tout entier ou en partie dans le fein de fa mere. Si néanmoins la tête étant entié rement dehors on y avoit verfé l'eau, il faudroit fe contenter de

fuppléer les cérémonies, pourvû cependant qu'on fût affuré que rien d'effentiel n'eût été omis ou changé, comme nous l'expliquerons dans la regle fuivante.

3°. Quand l'enfant a été baptifé par un laïque peu inftruit ou fufpect d'avoir peu de probité ou de religion; s'il l'a fait fans témoins, ou lorfque la perfonne qui a baptifé, ou les témoins, en rapportant le fait, vacillent dans leurs réponses, & donnent un jufte fujet de foupçonner, qu'à raifon du trouble où l'on étoit on a pu omettre quelque chofe d'effentiel, ou fe fervir d'une matiere douteufe, telle que feroit une eau bourbeufe ou corrompue. Lors donc qu'on préfente à l'Eglife un enfant baptifé à la maifon à caufe du péril de mort, le Prêtre examinera foigneufement de quelle maniere la chofe s'eft paffée; s'il apprend par le témoignage clair, ferme & précis de la Sage-Femme, ou d'une perfonne inftruite & d'une probité reconnue, qui ait baptifé, & par la dépofition de deux autres perfonnes dignes de foi qui y ayent été préfentes, que les regles du Baptême ont été obfervées, il fe contentera de fuppléer les cérémonies, comme il fera marqué ci-après. Mais fi la Sage-Femme ou une perfonne laïque qui auroit baptifé, dépo

(a) Capitul. l. 6. c. 184. De quibus dubium eft utrùm fint baptifati, an non, omnimodis abfque ullo fcrupulo baptifentur, his tamen verbis præmiffis; Non te rebaptifo, fed fi nondum baptifatus es, baptifo te in nomine, &c.

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