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EVANGILE

du Dimanche dans l'Octave de la Nativité.

E

Luc 2.

la

N ce tems-là, Jofeph & Marie mere de Jefus, étoient dans l'admiration des chofes qu'on difoit de lui; & Siméon le bénit, & dit à Marie fa mere: Cet enfant que vous voyez eft pour ruine & La refurrection de plufieurs dans Ifraël, & pour être en butte à la contradiction des hommes. Votre ame même fera percée par un glaive; afin que les penfées de plufieurs qui étoient cachées dans le fond de leur cœur foient découvertes. Il y avoit auffi une Prophéteffe, nommée Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Afer, qui étoit déja fort avancée en âge, n'ayant vécu que fept ans avec fon mari depuis qu'elle l'avoit épousé étant vierge. Elle étoit alors veuve, âgée de quatre-vingt-quatre ans, & elle étoit continuellement dans le temple, fervant Dieu jour & nuit dans les jeûnes & dans les prieres. Etant donc furvenue à la même heure, elle fe mit auffi à louer le Seigneur, & à parler de lui à tous ceux qui attendoient la rédemption d'Ifraël. Après qu'ils eurent accompli tout ce qui étoit ordonné par la loi du Seigneur, ils retournerent en Nazareth ville de Galilée, & l'enfant croiffoit & fe formoit, & la grace de Dieu demeuroit en lui.

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Homélie fur l'accompliffement de la loi.

Raignez Dieu, obfervez fes commandemens,

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l'homme, fes obligations, fon bonheur, le point capital auquel on peut réduire tout ce qui le

concerne; qu'il craigne le Seigneur & qu'il obferve fa loi, il est dans l'ordre moral tout ce qu'il doit être ; qu'il ceffe de faire l'un & l'autre, c'eft un monftre dans la nature plus extraordinaire & plus horrible que ne le feroit un corps vivant fans ame : il eft autant néceffaire que l'homme tende à Dieu par l'observance de sa loi, qu'il eft effentiel qu'il y ait une ame dans fon corps pour qu'il foit véritablement homme.

Auffi quelle exactitude dans tous les faints à obferver la loi de Dieu, & en particulier dans ces faintes femmes dont parle notre évangile! quelle exactitude de la part de Marie à fuivre les pieux ufages de fa nation! Non-feulement elle accomplit toute juftice, mais ce qui eft plus effentiel, elle l'obferve, comme le veut le Sage! (a) juftement, dans la crainte de Dieu, dans les difpofitions fans lefquelles toutes nos juftices ne font, pour me fervir de l'expreffion du prophete, qu'un linge fouillé, dans des difpofitions de la piété la plus tendre, de la charité la plus héroïque, & du zéle à fon égard le plus auftere. Et pour dire encore un mot de la fainte veuve dont l'évangile fait mention, fon amour pour la continence, fes jeû→ nes, fes prieres, tout cela ne vous a-t'il pas édifié ? Ces deux faintes femmes peuvent donc vous être propofées, l'une comme un modéle des difpofitions avec lesquelles nous devons observer la loi; l'autre comme un exemple qui vous anime, qui vous faffe remplir les devoirs de votre état, vous fur-tout filles & femmes dont le fexe a donné tant d'exemples de vertu.

Que dirons-nous encore de la confolation que la feconde procure à la premiere en publiant les louanges de fon fils? n'eft-elle pas une preuve des

(a) Sap. G.

confolations que nous procure le parfait accompliffement de nos obligations? Le tendre amour de Jefus-Chrift pour nous, les graces dont il est rempli, ne femblent-elles pas nous affurer de fa part les fecours qui nous font néceffaires? Tâchons, mes freres, de les mériter ces confolations & ces fecours examinons ce que les perfonnes de notre évangile font pour la loi de Dieu, & ce que Dieu fait pour récompenfer leur fidélité ; & afin que ces confidérations puiffent nous être utiles, apprenons deux chofes qui feront le fujet de cette homélie.

Voyons d'abord les difpofitions avec lesquelles nous devons obferver la loi de Dieu, ce fera le fujet de mon premier point.

Voyons enfuite les motifs que nous propose notre évangile pour obferver cette loi, ce fera le fujet du fecond point: dans l'un & dans l'autre nous vous entretiendrons fur-tout des vertus, des peines, des confolations de Marie, & en cela nous nous conformerons parfaitement à l'intention de l'Eglife; car quel eft fon deffein en prenant pour l'évangile de ce jour une partie de l'hiftoire de la Purification? c'eft d'occuper fes. enfans du Sauveur qui leur eft né, & de celle qui lui a donné la vie.

Premier Point.

La loi en général eft la régle de nos mœurs, une régle qui nous oblige en conscience & devant Dieu, à faire ce qu'elle nous ordonne. Cette régle nous dirige où par rapport à Dieu, & alors c'est avec piété que nous devons la fuivre; ou par rapport aux hommes, & alors il faut la pratiquer avec charité; ou par rapport à nous-mêmes, & dans ce dernier cas, c'eft une fainte févérité qu'elle veut que nous employons contre

nous. Ce font là les trois difpofitions avec lefquelles nous devons obferver la loi, Marie nous en donne l'exemple dans notre évangile : voyons

comment.

par

Il eft dit d'abord que le pere ( l'évangéliste appelle ainfi Jofeph, ou felon l'opinion des hommes, ou comme époux de celle qui étoit mere du Sauveur, parce que cette qualité d'époux lui donnoit, dit saint Augustin, beaucoup plus de droit d'être appellé fon pere que s'il l'eût adopté) le pere & la mere de Jefus étoient dans l'admiration des chofes qu'on difoit de lui... & erant pater ejus & mater mirantes fuper his quæ dicebantur de illa. Et que difoit-on de lui? la multitude de la milice célefte crioit, gloire au plus haut des cieux, & paix aux hommes de bonne volonté fur la terre; les pafteurs étonnoient ceux à qui ils loient du divin Enfant; (b) les mages le reconnoiffoient publiquement pour leur roi & leur Dieu; Siméon l'annonçoit d'abord comme l'attente des nations & la gloire du peuple d'Ifraël, & enfuite comme la ruine & la réfurrection de plufieurs, comme un figne, un but exposé à la contradiction des hommes: c'eft ce qu'on difoit de Jefus, c'est ce que Marie admiroit; mais prenez-y garde, fon admiration n'étoit pas un fimple étonnement, une stérile admiration de chofes qu'elle eût ignoré; car qu'eft-ce que les bergers? qu'est-ce que les mages? qu'eft-ce que Siméon lui-même lui difoit qu'elle n'eût fçû auparavant? Ne fçavoit-elle pas de l'ange même que l'enfant qu'elle mettroit au monde feroit appellé le fils du Très-haut? que fon régne n'auroit point de fin qu'il occuperoit éternellement le trône de David fon pere? qu'il fauveroit fon peuple de

(b) Luc 2,

elle

fes péchés n'avoit-elle pas appris à la circoncifion qu'il le racheteroit par l'effufion de fon fang? ce n'eft donc pas feulement des difcours des hommes que lui venoit fon admiration, mais de ce qu'elle confervoit exactement dans fon cœur tout ce qui lui étoit révélé de fon fils... confervabat omnia verba hæc conferens in corde fuo; (c) mais de ce qu'elle fe tenoit toujours en la préfence de Dieu, mais de ce qu'elle s'uniffoit étroitement à fon Dieu, mais de la méditation continuelle des grandeurs de fon Dieu dans cette méditation le feu de l'amour divin devenoit plus ardent, elle s'abandonnoit à l'admiration & à tous les fentimens qu'infpire l'admiration, louoit Dieu au plus haut des cieux, elle adoroit la fageffe de fes deffeins dans le myftere de l'Incarnation, elle le remercioit de fes infinies bontés pour les uns, elle trembloit à la vûe de fes jugemens pour les autres : voilà une partie des profondeurs que renferme cette admiration de Marie dont parle l'évangile ... & erant pater ejus & mater mirantes fuper his quæ dicebantur de illo. N'y trouvons nous pas dequoi condamner la tiédeur avec laquelle nous obfervons la loi de Dieu, & en particulier celle avec laquelle nous avons célébré la mémoire de l'incarnation du Verbe ? c'est à nous autant qu'à Marie qu'on a annoncé les grandeurs & la baffeffe apparente du fils de Marie; fa naiffance éternelle dans le fein de fon pere, & fa naiffance temporelle dans une pauvre étable; le poids immenfe de fa gloire dans le ciel, & la profondeur de fes humiliations fur la terre. Nous avons lû les prophetes qui parloient de lui, nous avons entendu la douce mélodie de la milice célefte nous avons yû comment de

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