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gneur & la fainteté du lien conjugal, qui, loin de juftifier les fautes, les rend plus griéves. JefusChrift á aimé fon Eglife d'un amour généreux & héroïque, vous devez aimer vos époufes & donner votre repos, votre fanté & votre vie pour elles s'il en est befoin. Jesus-Christ a aimé fon Eglife conftamment votre amour ne doit fe laiffer vaincre ni par les maladies de vos épouses, ni par leur mauvaise humeur, ni par aucun défaut. Tobie ne répondoit aux invectives de fa femme que par fa douceur & fa patience; David méprisé de Michole, difoit feulement qu'il s'humilieroit encore davantage; Job écoutoit les blafphêmes de fa femme avec horreur à la vérité, mais avec réfignation à la volonté de Dieu qui l'éprouvoit. Maris, voilà vos modéles, voilà les qualités que doit avoir votre amour; vous devez aimer vos femmes fans les éloigner du falut, mais au contraire en les portant à la piété, pourvoir à leurs befoins fans favorifer leur luxe, veiller fur leur conduite fans les contrifter, les tenir afsujetties fans les contraindre, leur complaire fans flatteries, fans baffeffe, les aimer fans jaloufie, fans inquiétude, fans paffion.

Et vous, époufes chrétiennes, quel fera votre amour pour vos maris? celui-là même que I'Eglife a pour Jefus - Christ, un amour mêlé de refpect & de foumiffion. Il eft vrai, vous êtes égales à vos maris en ce qui concerne les droits du mariage; c'eft pour le marquer que Dieu vous a tiré d'une côte de l'homme, mais vous êtes inférieures pour le refte, c'eft un arrêt prononcé contre Eve, & contre toutes les épouses, qu'elles feront fous la puiffance de leurs maris, (x) & qu'elles feront tenues de leur obéir, de leur té

(x) Gen. 3.

moigner

moigner leur foumiffion lors même que des maris cruels les traiteroient durement. Oui, il faut, époufes affligées, que vous foyez des Abigaïls fi vos maris font des Nabals des Moniques s'ils font des Patrices; il faut dans le tems de leur colere ne leur réfifter ni par actions, ni par paroles, mais par la douceur & le filence; il faut que vous fçachiez fupporter avec patience, déguifer avec adreffe, pardonner avec joye.

L'union de Jefus-Chrift avec fon Eglife, eft une union d'aide & de fecours, Jefus Chrift a travaillé pour l'Eglife, & l'Eglife travaille pour la gloire de Jefus & le bien de fes élûs; telle doit encore être votre union, époux & époufes chrétiennes, tout doit être commun entre vous le repos & le travail, les douceurs & les amertumes, les confolations & les afflictions, les profpérités & les infortunes; vous devez vous accorder en tout, excepté dans le mal, parce qu'alors ce ne feroit plus une union chrétienne, mais une union déteftable; jamais le mari ne doit entrer dans la paffion de fa femme, ni la femme dans celle de fon mari, leur devoir eft au contraire de travailler à la correction l'un de l'autre ; Vous devez vous accorder dans les exercices de piété, la fréquentation des Sacremens, l'éducation des enfans, le gouvernement d'une maifon & l'administration du temporel, la femme en le difpenfant à propos, le mari en le confervant, en y ajoûtant même par fon travail & fon économie. Voilà les devoirs réciproques des époux; j'ai parlé dimanche de ceux qui concernoient l'éducation des enfàns, ils font tous renfermés dans cette pensée de faint Auguftin, qu'il faut les mettre au monde avec amour, les nourrir avec bonté, les élever avec piété; pour les remplir tous ces devoirs fi multipliés & fi diffiTom. I.

T

ciles, combien de graces font néceffaires! com bien n'en faut-il pas pour une amitié toujours fidelle, toujours pure, toujours efficace, toujours conftante, toujours pacifique, toujours véritablement conjugale?

Elles vous font toutes promifes ces graces, mes freres, pourvû que vous apportiez les difpofitions néceffaires au mariage quand vous y entrerez, & pourvû que vous foyez fincérement répentans de ne les avoir pas apportées, vous qui vous êtes engagés facrilégement: fi l'état de grace, la délibération, l'intention droite ont été ou font dorénavant vos difpofitions, vous ferez affurés de la protection des Saints, des lumieres néceffaires pour vous conduire au milieu de tant de dangers, d'une grace qui changera vos larmes en joye, vos amertumes en confolations, vos peines & vos charges en plaifirs & en douces Occupations. Votre bonheur, mes chers freres, y eft intéreffé pour le tems & pour l'éternité ; conduifez-vous en perfonnes fages, votre état fera pour vous un état heureux, un état de fanctification; mais de quels malheurs êtes-vous menacés fi la paffion s'en mêle? c'est alors que le vin fe changera en eau, les ris en larmes, la joye en trifteffe, l'amitié en haine, la paffion de l'amour en paffion de fureur; votre maifon ne fera plus que l'image de l'enfer, le feu de la difcorde y fera allumé, l'ennemi fera toujours préfent à vos yeux, il ne vous laiffera aucun repos, par la funefte commodité qu'il aura de vous tourmenter toujours, tout un voifinage retentira de vos cris, de vos emportemens, de vos grincemens de dents, des malédictions que vous porterez contre le jour infortuné qui forma les liens que vous détefterez alors; on vivra, on mourra peut-être dans ces difpofitions, & on paffera de l'enfer du mariage

à l'enfer des démons, de l'enfer du crime à l'enfer des châtimens éternels.

Mon Dieu, ne permettez pas qu'aucun de cet auditoire tombe dans ce malheur, arrêtez ceux qui s'approcheroient d'un Sacrement fi augufte avec de mauvaises difpofitions, préfervez-les de ces dépits, de ces repentirs, de ces divisions, de cette cruelle fervitude dans laquelle ils s'engageroient, en fe plaçant contre l'ordre de votre providence ; répandez vos bénédictions fur ceux que vous appellez à un état qui figure votre union fainte avec l'Eglife; répandez-les fur ceux qui y font engagés; répandez-les fur nous tous, afin que nous vous en rendions de continuelles actions de grace dans l'éternité bienheureuse. Amen.

E

EVANGILE

du III. Dimanche après l'Epiphanie.
Math. 8.

N ce tems-là, Jefus étant defcendu de la montagne, une grande foule de peuple l: fuivit; & un lépreux venant à lui l'adoroit, en lui difant: Seigneur, fi vous voulez vous pouvez me guérir. Jefus étendant la main le toucha, & lui dit : Je le veux foyez guéri; & fa lépre fut guérie au même inftant. Alors Jefus lui dit : Gardez-vous bien de parler de ceci à perfonne; mais allez vous montrer au Prêtre, & offrez le don prefcrit par Moyfe, afin que cela leur ferve de témoignage. Jefus étant entré dans Capharnaum, un centenier vint le trouver, & lui fit cette priere: Seigneur, mon ferviteur eft malade de paralyfie dans ma maison, & il fouffre extrêmement.

Jefus lui dit; l'irai & je le guérirai. Le centenier lui répondit: Seigneur, je ne fuis pas digne que vous entriez dans ma maison; mais dites feulement une parole, & mon ferviteur fera guéri. Car quoique je ne fois qu'un homme foumis à d'autres, ayant néanmoins des foldats fous moi, je dis à l'un: Allez, & il va; & à l'autre : Venez, & il vient ; & à mon ferviteur Faites cela, & il le fait. Jefus entendant ces paroles fut dans l'admiration, & dit à ceux qui le fuivoient: Je vous dis en vérité, que je n'ai point trouvé une fi grande foi dans Ifraël. Auffi je vous déclare que plufieurs viendront d'orient & d'occident, & auront place dans le royaume du ciel avec Abraham, Ifaac & Jacob mais que les enfans du royaume feront jettés dans les ténébres extérieures. C'est là qu'il y aura des pleurs & des grincemens de dents. Alors Jefus dit au centenier: Allez, & qu'il vous foit fait felon que vous avez cru. Et fon ferviteur fut guéri à la même heure.

*

CE

Homélie fur la Priere.

Ette montagne d'où Jefus - Chrift descend, eft celle-là même où il avoit fait cette divine inftruction, qui contient l'abregé de toute la morale évangélique. Les peuples l'avoient admirée; (a) il falloit que d'une ftérile admiration ils paffaffent à une foi vive & pratique des vérités fur lefquelles ils avoient été inftruits. Pour infpirer cette foi, les miracles étoient alors néceffaires, & l'occafion d'en faire ne manqua point à celui qui pouvoit la faire naître à fon gré. D'abord il fe préfenta un lépreux, fur qui Jefus-Chrift étendit la main, & qu'il guérit par le feul acte de fa volonté enfuite & lorfqu'il

(a) Math, 5.

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