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clamer par un tiers; toutefois on ne doit les délivrer qu'en exigeant de suite caution pour les représenter à toutes réquisitions.

Si ce sont des oies, canards ou autres volatiles malfaisants, on peut les tuer sur place, mais en ayant soin de ne pas s'en emparer.

Si c'est du gibier ou des poissons, ne s'en emparer également que du consentement du délinquant, à moins qu'on ne les trouve abandonnés sur place, ou enfin qu'on puisse s'en saisir sur le terrain du propriétaire, au moment de la prise des objets pêchés ou chassés.

SECTION V.

COMPTABILITÉ D'un garde,

Nous ne tracerons pas ici un mode de comptabilité comme chez un banquier, seulement nous indiquerons ce qu'il y a de plus simple pour la comptabilité d'un garde exploitant, consistant uniquement en un livre journal portatif, folioté (avec une table alphabétique à la fin), contenant :

1° Recettes générales jour par jour et par numéros d'ordre;

2. Dépenses générales;

3° Comptes particuliers pour les dépenses extraordinaires ;

4o Comptes avec tous les ouvriers par doit et avoir; 5o Et enfin un compte pour la façon de chaque es

pèce de marchandise, l'entrée et la vente, c'est-à-dire la livraison de l'ouvrier de la vente, ainsi que le résidu sur feuille ou en magasin pour balance, en ayant soin que les numéros d'ordre aux recettes et dépenses soient reportés aux comptes particuliers, pour y recourir au besoin, et comme contrôle.

Ce mode nous paraît, d'après notre expérience, le plus convenable; nous ajouterons encore qu'il est de l'intérêt du marchand ou du propriétaire de parapher, le plus souvent possible, les divers articles de comptabilité, et de surveiller, notamment, l'enregistrement de toutes recettes, dépenses et autres opérations, sans interruption ou lacune, à l'instant même où elles ont lieu retarder l'inscription de ces opérations, c'est tenir une porte ouverte à l'infidélité et, en outre, s'exposer aux omissions, aux erreurs, et compromettre les intérêts du propriétaire.

CHAPITRE XVII.

DE LA DISPARITION DU CHATAIGNIER EN PLEINE FUTAIE ET DE SON EMPLOI POUR CHARPENTES.

Les charpentes de nos plus anciennes cathédrales, couvents et vieux châteaux sont presque toutes en châtaignier. Ce bois était choisi de préférence, parce qu'il présente autant de solidité, à couvert, que le chêne : il a en outre, sur ce dernier, l'avantage d'être plus léger et de ne pas être attaquable par les vers; en outre, l'araignée ne s'y fixe jamais et il ne se déjette pas.

En échalas, avec son écorce, il dure au moins sept ans. Aujourd'hui le chêne est seul employé pour charpentes; quelquefois et par économie on se sert du sapin, du hêtre, de l'orme et du peuplier, parce que le châtaignier manque.

C'est en vain qu'on voudrait actuellement substituer le châtaignier au chêne, on n'en trouverait pas; quelle en est donc la cause?

La première, c'est que, pour avoir de plus beaux fruits, on greffe en grosses châtaignes, appelées marrons, presque tous les jeunes châtaigniers; ce qui déjà les mutile et les rend presque tous impropres à la charpente.

La seconde, c'est que le châtaignier gèle facilement quand il est exploité en janvier et février; aussi grand nombre de forestiers en attribuent la disparition aux grands hivers de 1460, 1507, 1594, 1638, 1696, 1709, 1740, 1789 et 1795.

:

Nous ne partageons pas cette opinion le châtaignier est indigène; coupé en temps convenable, il n'a plus à craindre que les gelées de printemps.

L'hiver le plus rigoureux, par exemple, celui de 1709, qui a fait périr presque tous les noyers (arbres exotiques), a respecté le châtaignier comme le chêne et les autres arbres de nos forêts.

Avant 1709, la France était encore en grande partie couverte de futaies et d'étangs : alors elle était plus froide, les hivers étaient plus longs et plus rigoureux; cependant il y avait des châtaigniers partout où l'on pouvait en cultiver. Ce ne sont donc pas les gelées d'hiver ou de printemps qui les ont fait disparaître, mais leur mauvaise exploitation.

(Voir ce que nous avons dit sur l'époque de la coupe du châtaignier, qui est meurtrière quand elle est faite lorsqu'il est en séve, et dans ce cas il gèle à périr dans l'année. P. 78 et suivantes.)

La France, du xe au xive siècle, époque où l'on a construit le plus d'églises et de couvents, possédait au moins 30 millions d'hectares de bois; aujourd'hui elle en a seulement 6,842,623 hectares. Dans l'abatage primitif et inconsidéré des forêts, le châtaignier, comme étant le plus recherché alors pour les constructions,

a d'abord succombé sous la hache des colons que les seigneurs attiraient vers leurs forêts, en leur accordant pacage et droits d'usage, et, plus tard, son fruit, qui n'était plus qu'un faible accessoire à la nourriture des habitants de la campagne, a été rem

placé par la pomme de terre, importée d'Amérique

par Drake, en 1563. C'est peu de temps après que le châtaignier a cessé d'être moins bien cultivé. Auparavant, la châtaigne était en grand crédit et attirait pour sa culture toute l'attention des populations; car c'était la manne des champs: on allait à la récolte de la châ– taigne avec plus d'empressement encore qu'on ne va aujourd'hui à celle du gland. Mais, à mesure qu'on a défriché, la châtaigne est devenue plus rare, et se trouve maintenant reléguée dans les contrées montagneuses et presque incultes; le propriétaire de bois, dans son intérêt, aura cherché à en tirer parti ; il en aura d'abord défendu la récolte gratuite, mais inutilement on lui en volait plus qu'il n'en vendait. L'habitude d'avoir ce fruit pour rien n'a pu se passer tout à coup, et les propriétaires, n'en pouvant rien obtenir, souffrant alors de la rapacité des maraudeurs de châtaignes, de mauvaise humeur ou autrement, ils auront arraché sans pitié cette essence. Ensuite, les terres ayant plus que doublé par les défrichements, étant en outre mieux cultivées et produisant d'abondantes récoltes en céréales, ont réduit la châtaigne à un rôle secondaire de peu d'importance pour certaines contrées.

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On remarque, en effet, que la culture du châtai

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