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de bois, ainsi qu'il advint à la duchesse d'Orléans, fille d'Henriette d'Angleterre, et petite-fille d'Henri IV, dans un des palais de Louis XIV, son plus proche parent, en 1648.

La lecture et la bureaucratie entraînent une énorme consommation de bois au ministère des finances, par exemple, on brûle annuellement de 4 à 5,000 stères, presque autant que tout Paris sous Philippe le Bel (1289), et la vente des cendres se met, tous les ans, en adjudication publique au profit du trésor; en 1834, elles ont été vendues 605 francs.

La première ordonnance de police sur les bois a été rendue en 1299, sous Philippe le Bel, à l'époque où Guillaume Giboust était prévôt des marchands.

Les bois, dans ce temps, se déposaient tous sur le rivage de la place de Grève; après y avoir séjourné deux jours, ils devaient être enlevés le troisième pour être mis dans les greniers (*).

Nous partirons de ce point pour faire connaître les ordonnances, lettres patentes, et causes qui ont signalé le mouvement progressif de la population de Paris et de sa consommation en bois; ces documents ont été recueillis avec le plus grand soin aux archives du royaume, pour les ordonnances et lettres patentes, et dans Dulaure et autres historiens, quant à la population de Paris, savoir :

(*) Les greniers alors étaient de grands magasins ou hangars qui contenaient grains, sel, bois et autres denrées destinées à une consommation journalière ; les magasins de sel s'appelaient greniers à sel.

1299. En carême, sous Philippe le Bel, ordonnance sur la police des bois à brûler: population, 220,000 âmes;

1318. Idem sous Philippe le Long;

1375. Charles V, idem sur l'arrivage des bois à Paris: population, 230,000 âmes;

1402. Sous Charles VI, idem, qui, en outre, a fixé la longueur de la bûche à 42 pouces (114 centimè tres), article 13 de l'ordonnance : population, 235,000 âmes;

1515. Sous François Ier, règlements sur les arrivages de bois; sous le même, en 1520, confirmation de l'ordonnance de 1515, et plus explicite encore, en faveur du commerce de bois population, 250,000 âmes;

1547. Premier essai du flottage à bûches perdues sur les rivières de Cure et de l'Yonne, par René Arnould, et non par Jean Rouvet ce dernier, flotteur imaginaire, a été mis en crédit d'abord par Sainct-Yon (*); tandis que les titres de René Arnould sont constatés par lettres patentes, accordées par Henri II, de 1547 à 1559, et renouvelées authentiquement le 23 décembre 1566, sous Charles IX.

(Voir les lettres patentes du 7 septembre 1561, les arrêts du parlement de Paris, des 26 février 1569 et 31 juillet 1571, en faveur de René Arnould, Jean

(*) Voir, volume II, ce que nous en disons au chapitre de l'invention des flottages en train.

Guenaut, Pierre Courìain, et autres marchands de bois.) Il est bon de remarquer ici que l'entreprise du flottage fut considérée, dans l'origine, comme une lentative folle; elle n'a pas moins eu, pour la Nièvre, les plus heureux résultats.

1563. 10 janvier, arrêt du parlement concernant les bois pour l'approvisionnement de Paris : population, 260,000 âmes;

1566. 23 décembre, ordonnance de Charles IX, en faveur de René Arnould, bourgeois et marchand de bois de Paris, confirmative d'une autre accordée au même en 4547, dont la teneur va suivre : population, 265,000 âmes.

« Autorisation à René Arnould et compagnie de flotter sur les rivières de Cure et Yonne, sans qu'il «<leur fût donné empêchement par les tenanciers et " propriétaires ou autres possesseurs d'aucuns « moulins, écluses ou ayants droit de seigneurie, "pêcherie ou autres, et défense au parlement « de Dijon de s'immiscer dans les contestations « sur le flottage des bois, attribuées spécialement aux " prévôts et échevins de la bonne ville de Paris, en première instance, et par appel au parlement de « Paris. >>

Un sieur Salonnier, des environs de Château-Chinon (Nièvre), se réunit, dit-on, à ce capitaliste; ils donnèrent ensemble une plus grande extension au flottage à bûches perdues et en trains: ils réussirent malgré toutes les entraves des seigneurs et gens mainmorte, , que le flottage contrariait à cause du

de

chômage de leurs moulins, ainsi que du passage des flotteurs sur leur héritage, et les dégâts que les eaux du flottage occasionnaient sur les rives de leurs propriétés. Les marchands étaient, dans ces temps de féodalité, continuellement en procès avec les propriétaires des héritages bordant l'Yonne et la Cure; nul doute que, sans le secours des ordonnances de nos rois et la nécessité d'approvisionner Paris, le flottage à bûches perdues aurait échoué en grande partie, au moins jusque sous Louis XIV, qui savait se faire obéir.

1574. Sous Charles IX, arrêts du parlement de Paris en faveur de René Arnould et compagnie, pour le flottage à bûches perdues sur l'Yonne et la Cure : population, 270,000 âmes;

1582. 2 novembre, sous Henri III, lettres patentes en faveur de Guillaume Girard, marchand de Paris, et Guillaume Mazurier, pour flotter sur les rivières de Seine, Yonne, Cure et Beuvron population, 280,000 âmes.

1597. «Lettres patentes en faveur de René Arnould et compagnie, autorisant de nouveau le flottage à bûches perdues sur les rivières de Cure, Yonne, et, par extension, sur la Loire, avec faculté de donner six à sept pieds d'ouverture aux pertuis, depuis Clamecy jusqu'à Saint-Léonard (Corbigny, Nièvre), attendu que c'est de cet endroit qu'il sort le plus de charpente pour la bátisse.» Populat., 285,000 âmes. 1604, en juin; 1607, juillet.

1610. A la mort de Henri IV: pop., 320,000 âmes. 4635. 3 avril, sous Louis XIII, arrêt en faveur de Louis Berthaut, bourgeois de Troyes, pour flotter sur les rivières de Luignes et Seine. Population, 350,000 âmes.

1639. Lettres patentes en faveur des sieurs Bouteroux et Guyon, pour la construction du canal de Briare, affluant à la Seine et communiquant aujourd'hui à celui de Loing, à Montargis (Loiret).

1639. Commencement du flottage à bûches perdues de la haute Seine, l'Aube, et le Beuvron (Nièvre).

1642. 9 avril, il y eut un débordement d'eau jusqu'alors sans exemple, qui jeta plus de vingt mille cordes de bois sur les rives de l'Yonne, depuis le bourg de Montreuillon jusqu'à Mailly-la-Ville : chacun en prit à sa volonté, et, pour ce qui resta sur les rives, on réclama de tels dommages, que le bois. même n'aurait pu les payer.

Le roi, en son conseil, en acquitta entièrement les marchands d'une part; de l'autre, il ordonna que cinq compagnies de cavalerie tiendraient garnison à Coulange-sur-Yonne et Châtel-Censoir, pour présider au ramassage des bois, et faire restituer ceux qui avaient été volés. L'arrivée de ces troupes occasionna une terreur générale parmi les ouvriers flotteurs de Coulange, Châtel-Censoir et environs, qui cessèrent leurs travaux de tirage et mise en état du grand flot de l'Yonne; ils s'enfuirent dans les bois, et cette fuite fit cesser tout à coup le flottage en train

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