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ainsi que le bordage jusqu'au petit pont (4 à 5 pieds), souvent même le brion et l'étambot (devant et derrière), quand on peut se procurer des pièces courbes et assez fortes pour embrasser le cintre du vaisseau. Nous concevons cette préférence sur le chêne, parce que l'orme, lancé sur un récif, grâce à sa nature compacte, se déchirera par morceaux plutôt que de rompre; c'est la même différence qu'entre le plomb et le fer; l'un se courbera, l'autre cassera on sait, en outre, que l'orme dure dans l'eau autant que le chêne.

Les bons semis d'orme se font aussitôt après la récolte de la graine (fin de mai), 28 à 30 kilogrammes par hectare; et en répandant six pouces de sable terreux en avril sous des ormes, dès le mois d'août suivant, on aura une pépinière innombrable, dont les plants seront excellents à repiquer en novembre.

L'aubier de l'orme, s'employant comme le cœur, se toise au quart, c'est-à-dire sans réduction, et pèse de 26 à 27 kilogrammes le pied cube.

Fraichement abattu, il contient sur cent parties :
En bois.

En eau..

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44 5/10

La graine d'orme se vend, à Paris, 2 fr. 50 c. le kilogramme.

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Le frêne est un arbre de la première grandeur. Il est indigène, car on le trouve dans les forêts

les plus anciennes; on ne lui connaît pas de variétés, si ce n'est dans les jardins anglais.

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Il aime un bon terrain, et surtout humide il prend une couleur jaune et languit sur un sol médiocre; il ne peut exister sur un mauvais.

La souche de cet arbre repousse facilement, même lorsqu'on le coupe à un âge avancé ; il se reproduit par ses graines, qui sont très-abondantes; mais dans leur nombre il s'en trouve beaucoup d'infécondes : ses racines ne poussent point de drageons.

Si on sème ses graines pendant l'automne, à la charrue, dans une terre préparée à l'avance, elles lèveront six à neuf mois après; mais, si on les sème au printemps, elles ne lèveront qu'au printemps suivant.

Lorsqu'on plante des frênes sur des terrains fangeux, il faut avoir la précaution de couper le terrain par des fossés d'au moins 18 pouces (50 centimètres) de largeur et d'un pied (33 centimètres) de profondeur, en ayant soin, en outre, de les espacer de 3 en 3 pieds (1 mètre), sauf à les dédoubler, c'est-à-dire les mettre à une distance de 6 pieds l'un de l'autre,, s'ils viennent bien (2 mètres).

Le frêne pousse vigoureusement sur ces terrains; il y en a quelquefois de plus gros à 50 ans que le chêne à 60 ans; mais autant sa tige s'élève lorsqu'il est pressé par d'autres arbres, autant elle est petite et se garnit de branches lorsqu'il est isolé.

Le bois de frêne est souple, sa fibre longue et élastique, ce qui le rend propre au charronnage soit ordinaire, soit de luxe.

Il pivote rarement, mais il pousse de grosses racines latérales dont la longueur est proportionnée à sa hauteur. Dans les terrains fangeux, les racines sont apparentes; près des marais, il réussit où d'autres essences périssent; il est souvent en voisinage de l'aune, du peuplier et du tremble, qui aiment les terrains frais son bois, fort recherché pour tous les instruments aratoires, l'est davantage encore pour fabriquer des meubles dont la beauté surpasse celle de l'acajou. Un mobilier tout en frêne est aujourd'hui de rigueur dans les appartements les plus élégants. Aussi avons-nous été témoin de la vente d'une planche de frêne de 3 pieds (1 mètre) sur 20 pouces (55 centimètres), 3 pouces (9 centimètres) d'épaisseur représentant trente pouces cubes et provenant d'une loupe de frêne, pour la somme de 50 fr.; c'est cent vingt francs la solive ou 40 fr. le pied cube.

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Les charrons emploient beaucoup ce bois, ainsi que les tourneurs et les fabricants de chaises dans les ports de construction, on en fait des rames de navires; pour ce dernier objet, le frêne d'Amérique surpasse tous les autres en qualité.

Les sabots en frêne sont excellents, les cercles de cuves sont très-recherchés.

La feuille est, en hiver, une fort bonne nourriture pour les moutons ; dans certaines localités, on fait de grands approvisionnements de ces feuilles, ainsi que de celles des peupliers suisses ou carolins. Les moutons sont très-friands de cette sorte de fourrage.

Les plants de frênes prospèrent assez bien au milieu des herbes, lorsqu'ils sont légèrement abrités par d'autres bois; sans cela, ils y languissent pendant 10 ans avant de bien pousser, mais leur végétation est rapide à l'abri des jeunes bois blancs: M. de Perthuis en a planté au milieu de jeunes trembles, sur un terrain convenable, qui, à 4 ans, avaient déjà 10 pieds de hauteur.

Le frêne n'est pas aussi sensible à la gelée que le chêne; en taillis, il ne paraît pas souffrir des hivers les plus rudes; il est rare d'en rencontrer un qui ait été fendu par le plus grand froid.

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On voit peu de frênes très-vieux, excepté dans les haies désignées sous le nom d'étrognes; comme les saules et chênes, on les étête tous les 5 ou 6 ans.

La rareté, l'utilité de ce bois dans le charronnage, et plus encore sa valeur commerciale, ne permettent guère de le laisser vieillir; et, dans le fait, ce ne serait que par curiosité que l'on en conserverait, car à 70 ans il a déjà acquis une grosseur et une hauteur plus que suffisantes pour les besoins de l'agriculture et des arts.

(Pour la longévité et la grosseur, voir notre article sur la longueur et la grosseur des arbres, et ce que nous rapportons du frêne du parc de Beauvoir). La séve du frêne est un remède éprouvé contre la gangrène.

On exprime cette sève des feuilles, en les macérant, ou on l'extrait du bois vert en le mettant au feu. Les mouches cantharides aiment beaucoup les feuilles de frêne; elles s'y fixent et les dépouillent quelquefois

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entièrement l'odeur qu'elles répandent assez loin les fait reconnaitre à ceux qui les recherchent.

Pour semer un hectare en frêne on y emploie 40 à 45 kilogrammes de graine. L'aubier du frêne s'employant comme le cœur, ainsi que l'orme et tous les bois propres au charronnage, se toise au quart, et pèse, après un an de coupe, 24 à 25 kilogrammes le pied cube, suivant son âge et le sol où il

a crù.

Ce bois, fraîchement abattu, contient, sur 100 parties :

En bois.

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28 7/10

La graine de frêne se vend, à Paris, de 1 fr. 50 c.

à 3 fr. le kilogramme.

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Le merisier est dans la classe des arbres forestiers, de la seconde grandeur; en pleine forêt il s'élève jusqu'à 60 pieds de hauteur, avec peu de branches et bouquets très-grêles; sa grosseur n'est remarquable que sur les rives et isolé; elle va jusqu'à 5 pieds de tour. On trouve le merisier dans tous les bois, mais en petit nombre; dans les futaies de 120 à 150 ans on n'en rencontre plus; on y voit seulement des rejetons poussés de leurs racines. Ces particularités font présumer qu'il ne vit pas plus d'un siècle et qu'il est indigène.

I.

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