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AVERTISSEMENT.

Petit-fils et fils de marchands de bois exploitants, nous pourrions dire que nous sommes né, en quelque sorte, sur une souche; nos premiers regards ont vu l'Yonne, ses flots à bûches perdues et la navigation de ses trains; en outre, nous avons fait l'occupation de toute notre vie de la partie des bois, soit comme propriétaire, soit comme marchand; nous en avons exploité de toutes essences, de tous âges, et dans différents climats (*); nous n'hésitons même point à

(*) Le mot climat, en terme forestier, vient d'une différence de terrains gras, sablonneux, granitiques, argileux, aquatiques; toutes les nuances enfin sont autant de climats différents, même les expositions. Le Morvan, par exemple, est un climat exceptionnel en France, où la coupe ne peut être réglée qu'au furetage.

prétendre qu'il n'y a peut-être pas en Èurope maintenant un seul forestier qui puisse compter autant d'années d'étude et de service que nous dans la culture et dans l'exploitation des bois.

Nous avons aperçu les vices et tous les dangers des vieilles routines, ainsi que les erreurs des divers auteurs célèbres (*) qui, connaissant peu la physiologie végétale des arbres et encore moins la manière d'exploiter utilement l'une des principales richesses de la France, ont cependant composé des ouvrages sur cette partie, en ne consultant probablement que des documents incomplets, ou des gardes peu instruits; ceux-ci, pour la plupart, ignorant même les plus simples éléments de la culture forestière. Nous nous sommes donc attaché à démontrer le préjudice que de fausses théories ont produit, et nous avons surtout cherché les moyens de mettre la science forestière à la portée de toutes les intelligences.

(*) Entre autres, MM. de Buffon, Réaumur, Cotta, Hartig, Baudrillart, etc.

C'est dans nos coupes annuelles et dans celles que nous achetions que nous avons fait nos expériences; c'est aussi dans les aménagements appropriés à la nature du sol et aux essences que nous avons étudié la culture et l'exploitation des bois.

La réforme que nous demandons aujourd'hui, et qui est réclamée de toutes parts, est urgente et inévitable, et tous nos efforts tendent à la provoquer; c'est même un intérêt national. Les propriétaires, le commerce et les consommateurs y trouveront d'immenses avantages; et, pour qu'on ne se méprenne pas sur nos intentions, nous déclarons d'avance que nous n'avons aucun intérêt dans la réforme, aucune spéculation particulière en vue, et que nous sommes mû seulement par le vif et pressant désir de faire connaître la plus facile de toutes les cultures, qui jusqu'ici est restée ignorée comme aux temps de la plus profonde barbarie. Qui pourra le croire? Toutefois nous nous offrons de le prouver en moins de deux heures, et sans réplique, sous les murs mêmes de Paris, au moyen des exploitations qu'on fait annuel

lement dans les bois de Boulogne et de Vincennes, lesquelles, nous l'assurons, sont cependant dirigées par des personnes de mérite, d'un grand zèle et d'une rare probité; enfin par tout ce qu'il y a de plus distingué dans l'administration forestière, et pour qui nous professons de cœur la plus haute estime.

Suivant nous, il est on ne peut plus pressant de modifier une très - grande partie du système actuel de la culture des bois; nous ne négligerons rien pour soutenir cette entreprise, dont le succès ne peut entraîner à aucune dépense, et tient uniquement à une bonne direction, et notamment à se renfermer dans les vrais principes forestiers indiqués si amplement par la nature, qui sont d'une extrême simplicité et, par conséquent, d'une efficacité irrévocable. Buffon, T. X, page 178, s'exprimait ainsi qu'il va suivre sur l'ignorance de la culture forestière:

« Le cultivateur éclairé apprend à ne « pas se tromper, ou du moins à se tromper << peu, sur les moyens de rendre son terrain plus fertile. >>

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