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« Ce même intérêt se trouvant partout, il « serait naturel de penser que les hommes « ont donné quelque attention à la culture « des bois; cependant rien n'est moins « connu, rien n'est plus négligé. Le bois paraît être un présent de la nature qu'il « suffit de recevoir tel qu'il sort de ses mains; « la nécessité de le faire valoir ne s'est pas « encore fait sentir, et la manière d'en

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jouir n'étant pas fondée sur des expé«riences assez répétées, on ignore jusqu'aux « moyens les plus simples de conserver les forêts et d'augmenter leurs produits. »

Malgré tous ces salutaires avertissements, nous sommes resté stationnaire dans cette culture qu'on nous écoute, et on arrivera promptement à la connaître.

Notre ouvrage est le résultat d'une conviction profonde, consciencieuse, de près de cinquante années d'expériences et d'observations suivies; en considérant qu'on ne coupe les bois que de 15 à 30 ans d'âge, et même au delà, il faut bien, en effet, l'étude de près d'un demi-siècle pour se croire appelé à établir des règles dans cette

partie, et nous aurions à peine osé entreprendre cette tâche, si dans notre travail nous n'avions été aidé des renseignements fournis par d'habiles forestiers, et notamment par l'excellent ouvrage de M. de Perthuis, publié par son fils en 1803, ouvrage d'expérience comme on en faisait autrefois; il n'a été rien écrit, sur cette matière, de plus judicieux et de plus précis, et si nous nous sommes déterminé à traiter le même sujet, ce n'a été qu'avec l'intention, en avouant la bonté des théories de M. de Perthuis, de leur donner plus de développement, de les fortifier, d'y ajouter les remarques faites, comme propriétaire et marchand exploitant, et, enfin, de les faire mieux apprécier par des considérations nouvelles.

1 'lus praticien que lui, nous nous sommes occupé spécialement du détail de l'exploitation des bois; nous n'avons même pas reculé devant les plus minimes articles, dans la vue de nous mieux faire comprendre des propriétaires, et de ceux, entre autres, qui ne possèdent pas assez de bois pour avoir des aménagements réglés, et n'ont, par consé

quent, à s'occuper que par intervalles de l'administration de leurs coupes.

Nous nous sommes également aidé des ouvrages de MM. Duhamel du Monceau, Dralet, Noirot, et autres forestiers distingués; nous dirons même que, nous trouvant d'accord avec eux sur différents points, nous les avons copiés, et nous ajouterons toujours que nous avons dû relever des erreurs, et réparer des omissions qu'une plus grande expérience acquise, comme marchand exploitant et comme propriétaire, nous a fait connaître; nous avons aussi indiqué les innovations avantageuses que le temps a fait naître, et donné une appréciation plus précise de tout ce qu'on peut obtenir aujourd'hui du produit des bois, produit bien supérieur à celui de l'époque où vivaient MM. Duhamel et de Perthuis.

La manière d'exploiter ce genre de propriété si importante présente maintenant des changements tels, qu'un nouvel ouvrage sur les bois était vivement désiré; celui que nous offrons au public, étant le fruit d'actes et de faits couronnés de succès, sera, nous l'espérons, accueilli favorablement de ceux

qui se font une jouissance de l'exploitation des bois par en x-mêmes, ou sous leur surveillance immédiate.

Les terres et les prairies ont été explorées avec les plus grands soins, et ont reçu toutes les améliorations possibles; tandis qu'on n'a rien fait pour les bois. Qu'on ne s'étonne pas de cette assertion, car elle exprime un fait incontestable; aussi l'art forestier est encore dans l'enfance; nous aurons souvent occasion de le répéter, la raison en est facile à saisir les céréales et les prés même ne viennent pas sans culture; semez du blé, graine bien vivace; eh bien, sans fumier et sans avoir donné à la terre tro's à quatre façons, vous n'aurez que de mauvaises herbes, peu ou pas de grain: le bois, au contraire, on l'obtient presque sans s'en occuper; de là l'insouciance et la paresse de la plupart de nos officiers forestiers, conséquemment l'ignorance de la culture d'un produit qui arrive naturellement. Il y a encore une autre raison: les bois, en général, appartiennent à de grands propriétaires, qui en abandonnent le soin à des hommes assurément recommandables, mais

souvent d'une grande incapacité, ou qui, pour ne pas troubler leur quiétude, sont esclaves des vieilles routines, sans chercher à en approfondir les vices, et se font ainsi une sinécure de leurs régies; il en résulte, dans l'un ou l'autre cas, que les plus belles forêts de France sont encore administrées sans discernement et sous l'influence spéciale de l'ordonnance de 1669, remarquable d'ailleurs pour le temps où elle fut rendue, mais nullement en harmonie avec l'usage qu'on fait maintenant des bois, et la haute valeur que l'avenir leur assure. Il en serait de même, par comparaison, d'un financier de premier rang habitant la chaussée d'Antin, qui se trouverait fort mal logé et trop à l'étroit au moins, rue de la Corroierie ou Saint-Pierre-aux-Bœufs, dans l'hôtel du bon saint Éloi, réunissant, en 628, quoiqueévêque et orfévre, tous les ministères du roi Dagobert.

Il faut marcher avec son siècle, et c'est cette pensée qui nous porte à désirer vivement`une amélioration dans l'administration des bois, d'autant que les moins bien gouvernés, nous ne saurions trop le dire, sont ceux des

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