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l'extraction de leurs produits sera plus difficile, le charbon de bois deviendra précieux et d'une nécessité telle, qu'il faudra se hâter de faire des plantations pour en obtenir. Cependant le charbonnage est, comme la moulée ou bois de chauffage, ce qui rend le moins en exploitation de bois, quant à présent; mais il ne faut pas perdre de vue qu'on peut réduire toutes les espèces de bois en charbon, même les plus grands arbres, en les fendant dans les grosseurs qu'on voudra donner à cette marchandise, et en prenant en considération qu'avec elle on fait de l'argent à volonté et que même sous les tropiques elle a toujours un débit certain.

Les hauts fourneaux, les forges, les braseros en Espagne, les cassolettes en Asie, les cuisines de toutes les nations en ont un besoin absolu et continuel.

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L'écorce et les copeaux exceptés, tout ce qui est bois peut se carboniser les vieilles souches, racines et recoupes font d'excellent charbon; on en fait encore avec les ramilles ou branches au dessus d'un pouce (27 millim.) de diamètre, qui se réduisent en braise et qui se triquent avec soin pour l'industrie des maréchaux et la classe des indigents, d'autant qu'elles seraient perdues dans les interstices du charbon.

Un meuble qui daterait de plusieurs siècles, s'il n'était pas vermoulu, ferait encore du charbon. Dans beaucoup de localités, on carbonise tous les résidus d'une exploitation; et, alors même qu'on en tirerait un peu moins qu'à les détailler, on a son argent

plus tôt et mieux assuré, et par là on nettoie tout d'un coup une vente de tous bois traínants et épars.

Le charbonnage qui est scié est beaucoup plus productif que celui fait à la serpe. Les bouts façonnés, même avec l'instrument le plus tranchant, se consument entièrement, particulièrement ceux placés sur terre ceux écuissés où l'air s'introduit s'endommagent encore plus, souvent même bien au delà de la plaie, parce que le feu s'y incruste et fait ravage sans qu'on puisse y remédier; au contraire, celui qui se fabrique à la scie ne perd qu'à la dessiccation, n'importe à quel rang ou lieu on le place.

Le charbon de la forêt d'Othe, notamment entre Joigny et Troyes (Yonne et Aube), et des bords de l'Yonne, est considéré, à Paris, comme le meilleur; nous croyons que celui de Beauce le vaut bien, que même en Brie il y en a qui a plus de qualité qu'en certaines contrées basses et marécageuses de l'Yonne. La bonté du charbon tient à celle du bois, et particulièrement à la qualité du terrain qui le produit.

Il y a grand avantage à livrer du charbon sortant du fourneau, surtout quand il est cuit par un charbonnier intelligent, qu'il est presque tout en son entier, et qu'on est quelquefois obligé de le briser pour le placer dans la mesure ou dans le sac. Voilà pourquoi on préfère conduire cette marchandise, qui casse comme du verre, en banneau fourré de paille, garni de rouettes, de jeunes branches d'arbres, ou en sac, encore, plutôt qu'amoncelée dans une charrette ou dans un bateau, où, par son poids et par le

temps qu'elle y reste, elle s'écrase davantage et tombe en poussier.

Nous tenons d'un maître de forges instruit et grand praticien, dont le père avait été forgeron, que le charbon qui vient d'être fabriqué et jeté immédiatement dans un gueulard de fourneau à fonte est excellent. « Pas de hâle pour les hauts fourneaux, nous disait«< il; mettre les charbonnages en tout temps en feu, «< plutôt encore par la gelée et la neige que par le «< chaud; employer le charbon tout frais et au « fur et à mesure de sa cuisson, parce qu'alors il << est dans toute sa valeur; le charbon non brisé et << dans son entier divise mieux les matières qu'il << doit mettre en fusion, le vent y pénètre plus faci«<lement; en un mot, ce combustible, n'ayant « éprouvé aucune détérioration, surtout lorsqu'il est <«< de forte dimension, dans ce cas se trouve dans << toute sa puissance; c'est alors, ajoutait-il, qu'il « y a un grand avantage à se servir d'un charbon << fraîchement cuit, notamment pour la fabrication « de la fonte. >>

Sans contredire absolument cette opinion, nous pensons cependant qu'un charbon cuit en été, ou par un temps très-sec, a besoin d'un peu de hâle pour se coudrer, en terme de forgeron, ou plutôt pour s'imprégner d'une légère couche d'humidité. Un peu reposé, il vaudra mieux que tout chaud, particulièrement pour les petits fers et aciers. Ne voiton pas le forgeron faisant agir son soufflet de la main gauche, tenant de la main droite son goupillon,

arrosant souvent son charbon pour lui donner plus de force et håter, par ce soin, la fusion des métaux qu'il travaille? Par exception, toutefois, nous croyons que, pour les forges qui réduisent la fonte en fer, il faut de nécessité, choisir le plus petit charbon, ayant notamment quelques mois de hâle, parce qu'il procure plus de poussier ou fraisil, résidu qui favorise et donne de la qualité aux fers et aciers fabriqués aux marteaux et martinets spécialement.

Aussi, sans être forgeron ni chimiste, nous avons la confiance, que, pour la qualité du fer, il faut qu'il y entre un peu de carbone, que cette substance est indispensable à sa fabrication et le fait préférer, même à un prix bien plus élevé, à celui fabriqué au moyen de la houille.

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L'usage aujourd'hui le plus répandu est de voiturer le charbon en sac, par terre et par bateau. Les charrettes pour les transports par terre se font que exclusivement chez un charron en réputation de Goubert près Paris; nous en avons vu à deux roues seulement qui contenaient plus de 300 hectolitres. Les sacs s'achètent depuis 2 francs jusqu'à 3, chez des marchands de toiles, près la halle aux farines à Paris : on en trouve de tout faits et en aussi grande quantité qu'on le désire.

Les sacs à charbon se lient avec des jeunes branches de bouleau, ou avec deux bâtonnets croisés sur la gueule du sac et tenant le charbon tellement serré qu'il n'en peut sortir; ou enfin, avec des fumerons en croix bridant également

le sac au point d'empêcher le charbon de s'échapper. On emploie quelquefois de la ficelle; cela est plus dispendieux et prend en pure perte 20 centimètres du sac sur sa longueur, mais c'est plus solide. L'octroi de Paris a droit de réclamer, par voie ou double hectolitre, 1 franc 10 centimes; il se contente, assez ordinairement, de cette redevance par sac qui contient 2 hectolitres 172, en considération du déchet qui s'opère jusqu'à la vente, et c'est justice.

Nous dirons enfin que, pour tirer du charbonnage la quantité et la qualité réunies du charbon, il faut tenir à l'exécution des conditions suivantes :

SECTION VII.

CLAUSES ET CONDITIONS A IMPOSER AUX OUVRIERS POUR LA FABRICATION DU CHARBONNAGE ET DU CHARBON.

1o Le charbonnage sera coupé proprement d'un seul coup, autant que possible, par une serpe bien tranchante, afin que le morceau ne s'écuisse pas et soit immédiatement et avec facilité nettoyé à vif de ses ramilles, chicots et noeuds apparents, en donnant seulement à la coupe l'oblique nécessaire pour que la bûche soit tranchée nettement et non en bec de canne très-allongé, attendu que toute la partie de la coupe serait du bois perdu sans aucun profit. 2° N'employer en charbonnage qu'un bois sain et droit; quant aux rameaux ou branches courbes, les redresser en les coupant, ou d'un morceau en faire plutôt deux demi-longueurs. Plus le bois est exploité

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