En examinant un bloc de houille allongé, ayant la forme d'un tronc d'arbre écartelé, on remarque trèsdistinctement les mailles du bois ou lignes verticales semblables à la trame d'un tisserand, qui s'étendeut des racines à la cime; on distingue même encore le brillant des veinures ou facettes appelées miroirs, si remarquables dans le chêne et le hètre.

M. Séguier fils, savant distingué à qui nous avons communiqué notre opinion sur la houille, non-seulement l'a approuvée, mais a ajouté qu'on pouvait encore parfaitement distinguer les essences dans plusieurs houillères, que pour certain on y avait trouvé des troncs de palmiers entiers, que Cuvier en avait aussi découvert dans le bassin de la Seine, quoique cet arbre ne soit pas indigène et qu'on ne le rencontre que dans les climats chauds; ces deux opinions, qui, à nos yeux, sont d'un grand poids, nous confirment entièrement dans la pensée d'un bouleversement, qui a déplacé le monde et changé les climats, et a fait un vaste fourneau de plusieurs forêts accumulées par les convulsions de la terre, ou peut-être par les flots, ainsi que nous l'avons dit,ce qui explique aujourd'hui, ce nous semble, l'inégalité des couches de la houille. En Angleterre, la houille qui a jusqu'à 28 pieds de couche, qui produit 250 millions par an et occupe la vingtième partie du territoire, doit, dit-on, suflire à une consommation de trente siècles; c'est beaucoup sans doute, mais enfin un terme d'épuisement est fixé, comme en toute chose, même dont on croit ne voir jamais la fin, ainsi que de tout ce qu'on a en abon

dance; pour nous, il est évident que toujours plus vite qu'on s'y attend.

cela s'épuise

de ce

Tous les jours, en effet, n'abusons-nous pas que la nature nous prodigue? Ce terme, au surplus, qui paraît si éloigné, qu'on y prenne garde, est susceptible d'être rapproché par une plus forte consommation, aujourd'hui universelle, de ce combustible, en outre par des exportations au dehors; qui sait, en définitive, où le système à vapeur s'arrêtera.

Trente siècles, au résumé, ne représenteront que la durée de vie de 90 personnes et une ombre seulement pour l'éternité.

En France, les plus riches houillères n'ont que 18 à 21 pieds de couche, beaucoup même n'en ont que 7; elles sont, en général, inclinées et ondulées.

Sur un territoire de 53 millions d'hectares, dont la population s'accroît chaque jour, et où l'on détruit nos plus belles forêts, sans y faire attention, le gouvernement agirait avec prévoyance en assignant une certaine portion de fonds pour encourager à en découvrir de nouvelles, car celles que nous possédons maintenant s'épuiseront peut-être en peu de siècles. Lorsque nous en serons là, les forêts alors seront précieuses et soignées, nous l'espérons, comme les autres cultures et, sans doute, ainsi que nous le désirons.

CHAPITRE III.

INSTRUCTIONS SUR LE CUBAGE DES BOIS EN GRUME ET ÉQUARRIS.

SECTION PREMIERE.

DÉSIGNATION DES MESURES.

Les bois destinés à la charpente, à la marine, au charronnage et à la menuiserie se livrent de diverses manières; chaque localité a en quelque sorte son usage spécial. Les mesures les plus usitées en France, particulièrement à Paris et sur les ports de mer,

sont

1o Le pied cube de 144 pouces carrés, au pied ancien (325 millim.), représentant 144 chevilles ou petites règles ayant un pouce plein (27 millim.) sur chaque bout et un pied de long, ou 1,728 pouces cubes (343 dix-millistères (*), mesure métrique).

2o La pièce, appelée grand cent de Paris, ou soļive; représentant 72 pouces carrés, trois pieds cubes, morceau de bois de 12 pieds de long, équarri à 6 pouces sur 4 faces égales, 5,184 pouces cubes, ou autant de petits dés d'un pouce carré sur 6 faces, 432 chevilles (1 décistère 28 dix-millistères).

(*) Les décimales sont des millièmes de décistère ou dix-millièmes de mètre cube.

3° La grande marque, usage de Normandie, 3,600 pouces cubes, ou 300 chevilles d'un pied de long sur un pouce carré (710 dix-millistères).

4° La petite marque de 96 chevilles, ou 1,152 pouces cubes (23 dix-millimètres).

5o La somme, en usage dans la Picardie et dans le Nord, équivaut à 24 pieds cubes, 8 pièces de Paris, 3,456 chevilles, 41,472 pouces cubes (8 décistères 227 dix-millistères).

432 chevilles équivalent à 3 pieds cubes ou à une pièce.

Une marque et demie de 450 chevilles est la représentation d'une pièce ou solive, plus un 24* de 18 chevilles (24 multiplié par 18 donne le nombre 432).

La pièce équivaut à 1 décist. et 28 dix-millistères; mais la fraction 28 est si minime, qu'on désigne ordinairement la pièce pour un décistère et 10 pièces ou solives pour un stère.

6o Le stère ou mètre cube, mesure employée exclusivement par le gouvernement, correspondant à environ 10 solives, 50,400 pouces cubes (9 pièces 2/3), ou 4,283 chevilles.

De ces diverses mesures anciennes et nouvelles, le commerce de Paris a continué de prendre pour type de ses toisés en bois carrés la pièce ou solive de 12 pieds de long sur 6 pouces d'équarrissage, dont la réduction se fait par toise on demi-toise (6 ou trois pieds), ou au pied plein; il a reconnu et consacré par un usage constant que ces deux modes sont les

plus faciles et les plus abréviateurs, à l'exception du cubage métrique qui n'a point encore prévalu dans le

commerce.

SECTION II.

Les bois destinés à être équarris ou à l'industrie sont connus, dans le commerce, sous les désignations suivantes :

1° La poutre propre aux constructions maritimes ou à faire des charpentes de première qualité; cet échantillon doit porter, en longueur, au moins 24 pieds (7 mètres 796 millimètres); en équarrissage, 12 pouces (325 millimètres) et au-dessus.

2o Le bois bátard, depuis 5 pieds de long (1 mètre 624 mil.) et au-dessus, doit porter de 9 à 11 pouces d'équarrissage (244 à 298 millimètres).

3o La solive, de 6 à 7 pouces d'équarrissage, jusqu'à 8 à 9 (217 à 244 millimètres).

4o La brindille, de 4 à 5 pouces d'équarrissage et de toutes longueurs, jusqu'à 5 et 6 (135 à 163 mil.).

5o Le chevron, de 2 à 3 pouces d'équarrissage, jusqu'à 3 et 4 (81 m. à 108 m.). Ce dernier échantillon, ayant régulièrement 3 à 4 pouces d'équarrissage (81 à 108 millimètres), se vend, ordinairement, sur les ports de Paris, à la toise et à 6 toises pour une pièce ou décistère.

6o Le bois en grume; c'est l'arbre ébranché, avec ou sans son écorce, mais non encore équarri.

7° Le bois méplat, portant un équarrissage inégal, c'est-à-dire moins épais que large, comme, par