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voir lui échapper un objet à un prix modéré et tout à sa convenance. Ce serait une clause de sûreté, dont les marchands de bois peuvent seuls apprécier toute la portée.

6o Fixer les surenchères au dixième, puis au cinquième en dernier ressort, non dans les 24 heures, mais dans les trois jours de l'adjudication, pour qu'on ait le temps de voir les bois, prendre ses mesures, s'associer et faire ses fonds pour les premiers frais.

Ce mode déplaira fort sans doute au commerce, mais les bois ne s'en vendront pas moins ; il suffira de tenir bon, et le commerce s'y soumettra. Nous osons affirmer que ce que nous avançons serait notamment dans l'intérêt des mineurs, de l'État et des grands propriétaires de bois, aux dépens desquels il y a toujours les plus ferventes dispositions de s'enrichir, même pour les consciences marchandes les plus timorées.

La faculté de surenchérir du dixième et du cinquième, pour retirer les ventes des mains des premiers adjudicataires, serait, au surplus, au niveau du cours actuel des choses.

Quand on créa les lois et ordonnances sur le tiercement et le demi-tiercement, les superficies de bois se vendaient, à ces époques, 60 francs l'hectare; on les adjuge aujourd'hui à 1,300 francs. C'est vingt fois plus qu'alors, et, dans ces temps, on avait bien plus de peine à trouver 20 francs comptant (toutes affaires se payaient au comptant, quoique l'argent fût alors extrêmement rare) que 400 de nos jours, où presque tout se règle à grands termes avec du papier.

Nous pensons, au résumé, qu'en stipulant toutes ces conditions, sauf expérience contraire, le mode anglais, avec nos amendements, serait le plus avantageux, et particulièrement le plus à l'abri des coalitions, surtout, nous le répétons, pour les bois de l'Etat, des mineurs et des interdits.

Quant aux bois des particuliers, on peut suivre un autre système, par exemple celui de la concurrence; seulement il serait nécessaire de la faire valoir avec intelligence, pour en tirer tout le fruit possible.

Nous conseillons, dans ce cas, d'annoncer d'abord, dès le mois de juillet, la vente d'une superficie de bois, pour la conclure, au plus tard, au mois de septembre, afin que le marchand puisse, autant que possible, y mettre la cognée dans les premiers jours d'octobre. Recevoir avec égard les offres des marchands, quelles qu'elles soient.

Déclarer hautement qu'il n'y aura de préférence que pour celui qui mettra le plus haut prix, et tenir sa parole.

Ne pas être trop exigeant sur les termes du payement. Faciliter le petit marchand dont on connaîtra la bonne conduite; il en sera reconnaissant et fera valoir votre argent à gros intérêts par le prix qu'il mettra à vos bois.

Un gros marchand a quelquefois de grands embarras; il marche souvent sur son crédit; il y a donc plus à perdre avec lui, en certaines circonstances, qu'avec un simple bûcheron devenu marchand de bois à force de travail et d'économie.

Ce dernier, tout glorieux d'être reçu dans un appartement qui annonce la richesse, y est très-humble, servile, même à l'excès, surtout quand il croit faire un bon marché, et alors par orgueil, sentiment vif et qui l'égare quelquefois, notamment quand il est soutenu par la concurrence dont il harcèle le gros marchand de la contrée, en ce qu'il le déteste comme le plus grand obstacle à ses espérances de fortune; il se contentera, dans ce cas, de quelques cents francs seulement, et s'estimera fort heureux, tout en suant sang et eau, d'exploiter vos bois, presque sans nul profit, avec tous ses enfants, et s'il arrive qu'il gagne sur une de vos coupes, dans son innocente et excusable vanité, attendez-vous qu'il se donnera aussitôt, pour jouer l'important, la redingote de propriétaire ou l'habit noir le dimanche.

Le gros marchand, au contraire, qui aura des commis à pied et à cheval, qui ne pourra toujours surveiller ses exploitations par lui-même, exigera de plus grands bénéfices, ou, s'il achète au delà du cours, comme cela n'arrive que trop souvent, ce sera pour se faire des ressources, à l'effet de maintenir son crédit; c'est un indice de gêne, dont il faut se défier: qui ne sait, au surplus, que le commerce de bois fait en grand, à moins de marchés, de fournitures ou d'événements heureux, est comme celui de bœufs, qui, au lieu d'enrichir, conduit plus vite à l'hôpital, et particulièrement les plus intrépides du métier, quelles que soient leur intelligence, leur activité et

leur bonne conduite (*), tandis que les professions d'avoués, huissiers et notaires, intendants ou agents des affaires d'autrui, tailleurs, aubergistes, cafetiers, épiciers, tout en portant ceux qui les exercent à ne se priver de rien, les mènent rapidement à la fortune, qu'ils aient peu ou point de génie?

Ne tenez, au résumé, à aucun marchand spécial quand il y a solvabilité égale; nous conviendrons, cependant, qu'il y a de l'agrément à vendre ses coupes, tous les ans, à un même marchand de bois qu'on estime, et qui en a même grand soin, ce qui, toutefois, est très-rare.

L'homme, par sa nature, abuse généralement des avantages qu'on lui concède.

Un bois valant 1,000 francs l'hectare, que l'on donnera au marchand privilégié, comme à tout autre du reste, pour 700 francs, sera encore trouvé trop cher, et on jurera sur son honneur qu'on y perdra; en un mot, plus on aura de faiblesse à l'égard du marchand, plus son exigence sera progressive tel est l'homme, la reconnaissance, ordinairement, étant presque toujours en sens inverse des bienfaits.

:

Un marchand préféré éloigne toute concurrence, et un propriétaire qui persiste à le conserver perd le plus beau et le plus clair de son revenu. C'est 100 à 150 francs par hectare plus ou moins qu'il aban

(*) Lazare Cornu, les Mouchot, les d'Auvergne, Thomas père (Nièvre), Fouet fils, Subert, Tremeau-Soulmé (Yonne et Loire); Ewig père, Bourdillon fils, Cretté (Seine).

donne à l'amitié de son exploitant, exempts d'impôts, frais de garde et autres.

SECTION PREMIÈRE.

MODÈLE D'UN SOUS-SEING DE VENTE DE SUPERFICIES DE BOIS ET DES PRINCIPAUX PRODUITS FORESTIERS.

Nota. Il est bien entendu qu'avant de chercher à vendre, un propriétaire aura au moins consulté le plan de ses bois, et qu'il pourra moralement garantir l'exactitude de la superficie dont il veut disposer.

Pour peu qu'il soit incertain à cet égard, il devra ne pas regarder à la dépense d'un nouvel arpentage et le faire exécuter surtout par le géomètre le plus en crédit dans le pays. Nous conseillons donc, pour prévenir toutes difficultés, qu'un bois ou toute autre propriété soit toujours vendu en masse, sans garantie de mesure autant que possible, simplement sur le vu du plan, c'est ce qui nous fait insister pour recommander de ne pas économiser les frais d'un arpentage.

Entre Monsieur ou Madame..... d'une part..... M. B....., d'autre part, a été convenu ce qui suit :

ARTICLE PREMIER.

DÉSIGNATION DES BOIS.

Vente, avec promesse de faire jouir, à M. B...., qui l'accepte, de la coupe à faire en la présente année, dans le bois appelé le..... situé commune de....... au lieu dit les...... d'une contenance d'environ..... hectares.....

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