Page images
PDF
EPUB

4° Quant aux époques de payement et autres conditions de sûreté, suivre celles mentionnées pour les superficies de bois.

Fait double à.....

Le.... (*)

A la lecture de ces conditions d'ordre et nullement inquiétantes pour un honnête exploitant, les marchands maraudeurs soutiendront qu'elles sont vexatoires et inexécutables; ils le diront, surtout dans leur intérêt de marchands, ou pour obtenir plus de concessions sur le prix et les termes de payement.

Il faudra ne pas s'en tourmenter; les laisser dire et les maintenir avec fermeté; tôt ou tard l'espérance du gain ou la crainte de la concurrence les ramènera, et le traité s'effectuera.

Dans le cas cependant où l'on serait obligé d'exploiter soi-même seulement pour démontrer la possibilité de mettre ces conditions en pratique, il sera nécessaire de les suivre ponctuellement; on pourra mieux faire encore. Le propriétaire ayant ce qu'on appelle vulgairement les coudées franches, il se

(*) Nous aurions désiré donner à notre modèle de traité une meilleure rédaction, ou au moins plus sacramentelle en cette intention; nous l'avons déposé, au moment de l'impression, à quatre notaires; trois n'ont pu s'en occuper, un était disposé à faire ses notes lorsqu'il s'est aperçu que nos réflexions sur le choix des professions étaient inconvenantés à l'égard de sa compagnie; nous exprimons ici nettement ces reproches pour qu'on nous pardonne ce que nous aurions pu dire d'offensant, déclarant que nous n'avons eu d'autre pensée que d'instruire les néophytes marchands de bois, et non d'être hostile à la plus honorable des professions de la société.

formera des réserves provisoires, les échangera ensuite à son gré contre de plus belles que l'exploitation lui découvrira; il fera, en outre, une infinité de choses favorables à son fonds, auxquelles un marchand ne pense pas et qu'on ne peut même lui imposer.

Qu'on nous pardonne tous ces détails, ils sont de la plus haute importance pour un propriétaire de bois, d'autant plus qu'ils résument presque toute la science forestière.

Pour conclure, nous répétons encore, et peut-être pour la dixième fois, qu'un bois ne peut être bien exploité que par son propriétaire, parce qu'il a intérêt à sa génération puisse un terme être mis à la dilapidation qui s'exerce chaque jour sur les fonds de nos bois...! plutôt par ignorance encore que par le mauvais vouloir des personnes intéressées à leur dévastation! S'il en arrive ainsi, notre tâche sera remplie, ne souhaitant rien tant que de parvenir à les faire cultiver, à l'avenir, avec discernement, et notamment avec la connaissance si simple et si naturelle des premiers principes de la végétation.

Nous garantissons que, nous atteindrons ce but, et promptement même, si la routine et certains amourspropres ne se trouvent pas blessés de notre franc parler, et par conséquent ne dédaignent pas de suivre nos conseils.

CHAPITRE VII.

DU FLOTTAGE SUR LES RUISSEAUX.

Nous avons parlé très-succinctement, dans notre premier volume, des essais du flottage des bois à bûches perdues, comment et de quelle manière ils avaient eu lieu en France; persuadé que ce mode économique de transport pourra être adopté dans quelques contrées où les bois sont sans valeur ou chez les peuples moins avancés que nous en industrie, nous allons entrer dans de plus grands détails à cet égard.

Le bois le plus lourd, après six mois d'empilage seulement, peut flotter sur un pied d'eau et même moins quand le ruisseau a beaucoup de rapidité.

Il est important d'abord d'empiler le bois à mesure qu'il arrive de la vente sur les ports, il sèche mieux qu'en roule(*); en outre, l'ordre et l'intérêt de l'exploi tant l'exigent. Il y a, sur presque tous les ports, du bois appartenant à différents marchands, qui se dis

(*) Un roule diffère d'une pile en ce qu'il est fait sans roseau et sans symétrie; on prend le bois du roule pour en former les piles.

putent souvent l'avantage de l'avoir près du ruisseau, en ce que non seulement il en coûte moins de frais de jetage, mais étant plus aéré, il sèche mieux, et, en outre, la jouissance en est certaine, parce qu'il part avec les premières eaux, tandis que les bois des dernières piles d'un port restent quelquefois, lors des eaux rares, pour l'année suivante; dans ce cas, ils perdent en intérêt, et en détérioration, 20 pour 100.

Pour être en premier rang, c'est-à-dire le plus près de la rive, on a grand soin de marquer sa place plusieurs mois à l'avance.

Quand un marchand intelligent craint la concurrence, il se hâte alors de faire scier quelques bûches des premières lances *) abattues dans la forêt, et aussitôt les fait frapper de son marteau (qui, selon l'usage, est dûment enregistré au greffe du tribunal civil) et les envoie au port, en les répandant çà et là à trois et quatre pieds l'une de l'autre sur la rive ou le terrain du port qu'il a l'intention de faire occuper par les produits de son exploitation; une corde suffit pour assurer l'emplacement de mille.

Celui qui déposerait son bois sur un port marqué serait obligé de rendre l'emplacement usurpé, ensuite de le transporter ailleurs, et serait en outre condamné, d'après les usages et coutumes des ports flottables, à tous les dommages-intérêts qui se règlent par le tribunal de commerce ou le juge de paix du lieu, à raison du tort plus ou

(*) On appelle une lance l'arbre sur pied ou tige de belle venue.

moins grand qu'il aurait causé au premier occupant.

Les bois empilés doivent être martelés et régalés à la fin d'octobre (nous entendons par régalage un double martelage).

Un marteleur soigneux de son ouvrage doit repasser sur un premier martelage et frapper de son marteau toutes les bûches oubliées ou mal marquées. Avant, pendant et après ces opérations préliminai

les eaux qui servent au flottage des ruisseaux sont retenues par des étangs dont les uns sont spécialement destinés au flottage et les autres à alimenter des moulins, forges et autres usines, mais qui doivent toutes leurs eaux quand les flots de bois sont en coulage (*). Ceux qui nourrissent du poisson ont deux bondages, l'un pour le flottage, l'autre pour la pêche du poisson; ce dernier bondage est situé audessous du niveau de l'autre.

On a soin, avant le flottage, de nettoyer le ruisseau de ses joncs, on creuse les graviers amoncelés par les eaux, et même dans les endroits où le ruisseau est trop large, on garnit ses bords de pieux et de fascines pour le rétrécir ou le rendre plus rapide; enfin on le dégage autant que possible de tous les objets qui peuvent entraver l'écoulage du flot, on retient ensuite, en aval des étangs, les eaux sur les biez des moulins où le commerce a toujours à sa disposition une porte ou couloir, qu'on appelle vanne des marchands. Cette vanne est construite à peu de

(*) Chap. XVII, art. 13. Ord. de 1672.

« PreviousContinue »