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irruptions et dégâts qui peuvent arriver par de fortes pluies, et, notamment, par la fonte des neiges.

L'auteur du Manuel du marchand de bois M. Marié de l'Isle, a donné le devis d'un empellement d'étang; nous engageons nos lecteurs à recourir à cet ouvrage (*).

Les déchargeoirs doivent être construits en bonnes pierres de taille, qui ne gèlent pas; meilleurs alors, et à tous égards, que lorsqu'ils sont en bois, dans ce cas moins sujets aux dégradations et aux filtrations des eaux, ils se coordonnent et se consolident mieux enfin; ils sont, sans doute, beaucoup plus durables, mais aussi bien plus chers suivant les localités.

L'étang de flottage, construit en 1835 pour le ruisseau de Houdan (Nièvre), par le commerce des petites rivières, compte en largeur, à sa base, 17 mètres, au sommet, 8 mètres, élévation de la bonde depuis le gravier 6 mètres; la chaussée en terre a le talus d'amont garanti par un mur en fort moellon, d'un mètre d'épaisseur, à chaux et sable; le bondage est tout en pierre de taille; en outre, deux chemins en pierres partant de l'étang et conduisant aux ports. Tous ces travaux ont coûté au commerce 13,000 f.; ce sont les derniers de ce genre exécutés sur la rivière d'Yonne. Il contient trois courues ou 65 mille mètres cubes d'eau.

(*) Voir, au Manuel des marchands de bois par Marié de l'Isle, la Description des travaux nécessaires à la construction d'un étang. (Roret, éditeur, rue Hautefeuille, n. 10, à Paris.)

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Cet étang, construit simplement en terre avec un bondage en bois et sans chemin, ne serait revenu qu'à 4 ou 5,000 francs.

Les étangs qui ont intérieurement des sources abondantes pour les alimenter ou des ruisseaux au-dessus et qui se jettent dedans, comme celui de l'Yonne près Château-Chinon (Nièvre), en une nuit se remplissent, tandis que ceux qui n'ont que les eaux pluviales ont besoin de plusieurs jours et nuits; il en est à qui il faut tout l'hiver et même la fonte des neiges, comme ceux d'Aron, de la Colancelle et autres (Nièvre).

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Faute d'une source qui ne fournit pas abondamment, on ne peut, sur des ruisseaux ingrats, jeter quelquefois son bois la première année; alors, chaque année qu'un bois est en non-jouissance, il perd en détérioration et intérêt du capital 20 pour 100. Or il est nécessaire, sur ces ruisseaux, d'avoir un surveillant et de donner l'ordre de jeter au moment où il y a possibilité de flotter, sans perdre un seul instant; ainsi une forte pluie arrivera le soir à quatre ou cinq heures; le lendemain matin, à pareille heure, même auparavant, la source qui alimente l'étang de flottage ou le ruisseau permettra de jeter le quart ou la moitié du bois déposé sur les ports, et assez ordinairement la totalité, comme aux ruisseaux de Chamoux (Youne), de Houdan et d'Arthel (Nièvre); il faut done en profiter sur-le-champ, car quelques heures plus tard il ne serait plus temps.

On emploie, dans ce cas, les ouvriers au jetage sur de pareils ruisseaux, même la nuit, à la clarté de la

lune ou à la lueur des feux allumés sur les bords, pour chauffer et sécher les flotteurs.

Quand l'eau baisse et qu'il n'y a plus que la quantité nécessaire pour conduire un tiers ou moitié des bois au port de flottage en train, il ne faut pas négliger de couper queue, c'est-à-dire de cesser le jetage; on le reprend ensuite à une autre occasion d'eau, pour ne pas être forcé de retirer en route en totalité ou en partie le bois qu'on aura mis dans le ruisseau.

Un étang contient depuis une courue jusqu'à douze, même plus et à l'infini quand il peut s'emplir toutes les nuits; on entend par courues d'eau autant de journées de flottage, et ces journées durent depuis deux ou trois heures du matin jusqu'à trois à quatre heures du soir, suivant l'importance de l'étang et des bois du ruisseau : il y en a de dix heures, de huit, de six, même de quatre, en un mot, d'après ce qu'on peut avoir d'eau en réserve, du temps qu'on peut conserver les ouvriers et de l'intérêt qu'on a de prodiguer ou de ménager les courues.

Chaque ruisseau doit suivre exactement son règlement d'eau.

Les moulins et usines doivent avoir leurs vannes onvertes pendant vingt-quatre heures, moyennant les rétributions dont nous avons parlé, page 247.

Les premières courues ne prennent que quelques pouces de la superficie de l'eau, notamment quand l'étang a une vaste étendue; toutefois elles sont toujours les plus avantageuses au flottage, parce qu'en sortant de la bonde de l'étang elles sont refoulées

par celles qui restent, le poids de ces dernières pesant constamment sur celles qui s'écoulent.

Les gorges des hautes montagnes où les sources et ruisseaux abondent sont très-favorables à la construction des étangs et ruisseaux de flottage, si, cependant, les rochers ne s'y opposent pas; lorsque les ruisseaux pourtant en sont par trop hérissés, on y fait jouer la mine et on parvient ainsi à les rendre navigables, en considérant que sur quatre pieds de large seulement on peut faire couler un flot de bois à bûches de 114 centimètres de long.

Une construction d'étang de flottage coûte de 2,500 à 25,000 francs, selon son importance, c'està-dire d'après le volume d'eau qu'il doit contenir, la largeur de la chaussée d'une colline à l'autre ; enfin sa situation sur un emplacement plus ou moins favorable quant au danger des inondations, il y a tel étang du Morvan qui, lors des orages, serait abîmé par les torrents d'eau s'il n'était construit avec intelligence sur la connaissance des lieux et trèssolidement.

Un étang où il y a de l'eau se dégrade moins que lorsqu'il est à sec; les rats, les mulots, les serpents font des percées et abiment les chaussées, lesquelles se crevassent, en outre, dans les grandes sécheresses; il faut donc toujours y tenir un peu d'eau; c'est un moyen de conservation pour les empellements, les grils et la chaussée surtout.

En vue de compléter notre article sur le flottage, nous croyons devoir parler des allingres dont on se

sert dans le Morvan, pour jouir des bois des hautes montagnes de cette contrée.

Sur les ruisseaux de la Brouelle, aux environs de Château-Chinon (Nièvre), on voit des forêts sur des montagnes tellement escarpées et hérissées de rochers, qu'on dépenserait la valeur de leurs produits en bois de chauffage à vouloir les extraire en voiture ou à dos de mulet'; dans cette position inaccessible même pour les bouviers, on forme des couloirs ou espèces de montagnes russes, sur lesquelles on fait glisser les bûches à l'époque du flottage, soit pour les charger à leur chute sur voiture, afin de les amener au port de flottage, soit afin qu'elles tombent directement sur le ruisseau même.

Leur construction étant entièrement en bois qu'on prend sur les lieux, la dépense n'en est pas très-considérable; elle équivaut à peu près au charroi par terre sur un chemin ordinaire à une lieue du port, environ 8 à 10 fr. par décastère, 5 fr. par corde.

Nous devons ajouter, il est vrai, qu'il se casse quelques bûches, surtout en hêtre, bois très-cassant, ce qui arrive plus particulièrement quand les bûches ne tombent pas verticalement sur l'eau du ruisseau ; ces bois jetés ainsi, ayant quelquefois de 50 à 100 mètres et plus à parcourir depuis la rive de la forêt jusqu'au ruisseau.

Ces allingres se font brutes en quelque sorte avec des brins de taillis même, mais des plus forts, équarris légèrement sur un côté seulement.

Elles ont ordinairement 4 à 5 pieds de large (1 mètre 35 cent. à 1 mètre 70 cent.) avec un rebord

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