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flottable en trains; à cette station, il a parcouru 100,000 mètres ou 22 lieaes et demie d'après les cartes de Cassini.

D'Armes à Auxerre, où l'Yonne porte bateau, le trajet est de 65,000 mètres, 14 lieues et demie; de la source de l'Yonne à la Seine (Montereau), 58 lieues, et jusqu'à Paris, 86 lieues.

Avant de faire connaître les détails de la construction d'un train, nous allons, au surplus, en vue de les faire mieux apprécier, établir le prix et la quantité de marchandises ou étoffes qu'on y emploie, savoir: 1° Chantiers 500 à 160 fr. le millier. 2° Grandes rouettes à coupler 15 bottes

rouettes cha

80 fr. «

de 50

cune,

750 r.

3. Rouettes

3,000 à 21 f. le 100 63 »

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Un entrepreneur de flottage sachant faire confectionner ses étoffes ou les bien choisir, et surveillant activement ses ouvriers, peut faire des économies, sur

les quantités que nous venons de fixer pour chaque train, mais surtout s'il a des ouvriers assez adroits pour savoir les ménager utilement; c'est souvent là tout son bénéfice, comme un marchand de Paris celui du cordage (on aura la dimension des étoffes du flottage (Ier v., page 203, et 2° v., p. 71 et 76).

De toute cette défroque d'étoffes ou débâcle de 162 fr. 80 c., qui croirait que, arrivée à Paris, où le bois est à peu près du tiers plus cher que sur les ports flottables, à cause de la grande consommation de combustible et des frais toujours très-considérables dans cette capitale, elle ne s'y vend que 75 à 80 fr.? ce qui prouve, sans réplique, qu'il y a un énorme avantage à en faire dans les exploitations qui environnent les ports flottables en trains.

DÉTAIL SUR LA CONSTRUCTION D'UN TRain.

Chaque train se compose de 18 coupons en deux parts distinctes, par tête et queue, de chacune 9 coupons.

Un coupon comprend 4 branches dans lesquelles il entre 6 mises ou portions de 26 pouces, liens compris (*), plus 2 petites mises de 4 pouces environ (11 centimètres), appelées acoulures; ces mises sont contenues chacune, d'abord en tête par 2 rouettes doublement croisées, appelées simples coupières, puis par deux autres, à la fin de chaque mise, dites rouettes de tête liées à un simple

(*) Voir rouettes, p. 90, et fig. 51.

tour; les deux acoulures le sont par des rouettes dites d'acoulures, également liées à un simple tour, mais qui se tournent doublement sur le bout du chantier et terminent la confection de la branche en formant un nœud comme une rosace. Toutes ces différentes rouettes, ainsi que les simples coupières, sont toutes passées sur le chantier de dessous pour lier ensemble celui de dessus et contenir le bois de chaque mise ou acoulure.

Chaque branche ayant 6 mises et 2 acoulures couchées en travers sur 4 bûches de 42 pouces (114 centimètres), le coupon a donc 14 pieds carrés environ (4 m. 547 mil.), la part contenant 9 coupons 126 pieds de long, le train 252 pieds (81 m. 860 mil.).

là,

ils

Entre Lucy et Châtel-Censoir, on lie au bout l'une de l'autre deux parts pour compléter un train. A la gare de Régennes, 3 lieues 1/4 au-dessous d'Auxerre, on réunit 2 trains ensemble, et, forment ce qu'on appelle un couplage en les plaçant en double l'un de l'autre, sauf celui de tête, qui porte le conducteur en chef et excède l'autre de la longueur d'un coupon pour la facilité de la conduite; ce couplage alors a 266 pieds (86 m. 407 mil.).

MISE EN OEUVRE D'UN TRAIN.

Avant de placer le bois dans les mises des branches entre 4 chantiers, on arrange d'abord à la pioche le terrain sur lequel on doit construire le train, en ayant soin de donner de la pente à l'atelier, pour qu'à mesure du fassement du bois dans les mises

il puisse facilement couler à l'eau et débarrasser l'atelier du flotteur, comme le coton sortant du tuyau de la carde mécanique, l'un chassant l'autre.

La première branche achevée est aussitôt poussée à l'eau, de la longueur d'une bûche, pour faire place à la seconde, et ainsi de suite; cette première branche est retenue par 2 chantiers appelés prux d'atelier, auxquels sont attachées deux chaînes en rouettes tenant à un pieu sur terre et au coupon; l'une au gros bout des chantiers, l'autre à la pointe pour retenir les branches jusqu'à l'achèvement d'un coupon et d'une première branche pour le second coupon auquel le premier fait appui.

Le gros bout des prux d'atelier est fixé à terre par des bûches ou débris de bois d'environ 18 pouces (50 centimètres), et une chaîne en rouettes liée à plusieurs bûches ou pieux, faisant l'office de crans de crémaillère, de même la pointe ou petit bout qui se place sur l'acoulure de la première branche du coupon, garnie d'un petit habillot appelé fuseau. C'est avec ces deux prux d'atelier qu'on empêche le coupon d'entrer en rivière, avant que la première branche du second coupon ne soit achevée; harponné par eux, on dirige à volonté le mouvement de chaque coupon, à mesure qu'il se confectionne et jusqu'à ce qu'il soit entièrement à l'eau.

Ces indications préliminaires ont pour objet de rendre plus sensibles les détails de la construction d'un train.

Le terrain déblayé et en pente, enfin l'atelier formé,

le flotteur commence par poser 12 chantiers appelés coulières, armés au gros bout d'anneaux qu'on fiche en terre à la partie supérieure de l'atelier par des piquets crochus; ces chantiers, par leur position, tombent de toute leur longueur par leur pointe dans la rivière, comme des chevrons sur un bâtiment, faisant enfin l'office de cales.

Ces chantiers étant le plus fort bagage d'un atelier de flottage, ils se transportent, au besoin, facilement d'un endroit à un autre, en amont ou en aval; sur les grands ports de l'Yonne, ils restent presque toute l'année sur l'atelier du flotteur ambulant.

Cela exécuté, la tordeuse prépare ses rouettes (*), encoche les 4 chantiers d'une branche, place les simples coupières aux deux chantiers de dessus ; le brouetteur ou l'approcheur abat les piles de bois et en amène d'avance au devant de l'atelier; le garnisseur ou la garnisseuse aide au flotteur à ficher en terre 4 bûches comme pieux d'arrêt, à 42 pouces de distance (114 centimètres), sur la rive de l'eau, qu'il garnit ensuite de 4 ou 6 bottes de rouettes en travers pour appuyer sa première branche, apprêts provisoires et qu'on retire dès que la branche est achevée et enchainée les chantiers appelés prux.

par

Après ce dernier soin donné à la confection de l'atelier, le flotteur commence à bâtir, sur 2 chantiers de dessous garnis de leurs simples coupières, la première mise, et, quand le bois est petit et peut ébouler au premier choc, il le soutient entre des bûches très(*) Rouettes ou barts (p. 90, et 1er v., p. 202.)

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