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2° Que toutes les racines, radicules, chevelus, chicots et tout ce qui pourrait nuire à la culture des céréales, seront extirpés à fond, les trous ravalés et comblés, les mottes divisées et cassées, le terrain nivelé, en un mot que la charrue pourra passer librement, et sans aucun obstacle faire son service, à peine de tous dépens, dommages et intérêts.

3° Que toutes les souches seront fendues et réduites au moins à un volume tel qu'elles puissent facilement être placées dans un foyer de 18 pouces (54 cent.) de largeur sur autant de hauteur et profondeur.

4o Les arbres arrachés, quelle que soit leur dimension, seront détachés à la scie le plus près possible des racines, et précisément sur la marque que le propriétaire ou son garde aura faite; ils seront débités, exploités au prix des marchands de la contrée dans laquelle se fera le défrichement (ou on le fixera, ce qui serait mieux), et suivant les échantillons qu'on indiquera dans le cours de l'exploitation.

NOTA. Il est fort important pour le propriétaire que la culée soit courte, parce qu'elle est prise sur la plus riche partie de l'arbre et la meilleure en qualité, dans un arbre de 50 pieds de long sur 30 pouces d'équarrissage; un seul pouce en moins fera perdre sur 3 pièces 2 pieds 10 pouces; à 6 fr. seulement la pièce, 20 fr. 85 c.; de pareil bois vaut quelquefois 12 à 15 fr. la pièce, cet échantillon étant très-rare.

L'attention de l'exploitant doit donc se porter activement sur le déculage, notamment pour frapper de

son marteau l'endroit où il voudra que le bûcheron place sa scie, afin de séparer l'arbre du tronc. L'orme, le frêne, l'acacia et autres, dont les racines sont employées par l'industrie, ne se déculent pas.

Nous engageons, en outre, l'exploitant à n'enregistrer ni recevoir, ou marquer un arbre que lorsque la culée en sera entièrement détachée; car il peut arriver que l'ouvrier, craignant pour la sûreté de ses outils et, particulièrement, quand il a tout ou moitié de la culée, ne cherche à faire sa découpe le plus éloignée possible du tronc, même à dépasser la marque qui aurait été tracée. Il pourrait faire cette détache au delà même de plusieurs pouces; alors la bille qui tient à la culée n'aurait plus sa dimension, ne lui manquât-il qu'un pouce, même une ligne que l'ouvrier aurait pris dessus par négligence ou dans l'intention d'en bonifier la culée; l'exploitant perdrait 25 cent. sur la longueur et 2 cent. sur la rotondité ou le carré. (Voir nos instructions sur le toisé des bois, p. 33.)

Quand les travailleurs sont des ouvriers de tous métiers, qu'ils n'arrachent que pour avoir du bois et ne sont même pas bûcherons, on leur fait seulement scier la culée; cette opération, facile pour tout journalier, se fait avec de grandes scies appelées passepartout, dont les charrons, équarrisseurs ou charpentiers sont toujours munis, et qu'on peut leur louer pendant l'exploitation, mais que l'exploitant achète à cet effet presque toujours; car, en général, les ouvriers trouvent rarement à emprunter des outils

qui s'usent ou ne peuvent faire une pareille dépense (*).

Avec des pionniers ou gens qui ne savent pas façonner les bois, on doit donner par entreprise l'exploitation des arbres arrachés à des bûcherons de profession, qui mettent en moulées, charbonnages et bourrées, toute leur défroque au fur et à mesure de leur abatage. On gagne toujours à ce que les façons soient bien faites, par cette raison que marchandise parée est à moitié vendue.

Il y a deux manières d'arracher un bois : la première consiste à faire attention de mettre en bon ordreet exploiter avec les bras d'ouvriers habiles le jeune bois par avance, mais laissant, cependant, tout ce qui a plus de 15 pouces (406 mil.) de tour pour être arraché sur pied; la seconde, à n'exploiter la superficie qu'après avoir arraché tout jusqu'aux plus petites racines.

Le premier mode, en mettant les arracheurs à la suite des exploitation et vidange de la superficie, est le plus prompt, et les façons mieux soignées, il est vrai, parce que chacun travaille dans sa partie. Tout ouvrier qui a de la force peut arracher un arbre sans savoir même faire un fagot, mais de cette manière il y a plus de perte; il est facile de concevoir que la scie, notamment quand elle peut mordre sur les racines,

(*) On peut se procurer cet instrument, à Paris, maison de l'OrmeSaint-Gervais, pour le prix de 15 à 20 fr., chez M. Gauthier, rue François-Miron, no 6, ainsi que chez les forts quincailliers de province. (Voir fig. no 29.)

fait de plus beau bois, et les troncs, quand on peut les laisser avec la bûche de pied, gagnent beaucoup, tandis que l'entaille de la cognée fait une perte de 8 p. 0/0 au moins.

Par ce premier mode on peut sortir et vendre une très-grande partie des marchandises avant que le terrain soit défoncé, et même les mettre en chantier dans un des coins du terrain à défoncer, au fur et à mesure de l'exploitation.

Au contraire, par le second, tout est en travail à la fois et pêle-mêle, de telle manière qu'il n'y a point de possibilité d'aborder les terrains qui dépendent du défrichement.

Ces deux modes de défricher présentent chacun des avantages que les diverses positions, les circonstances et les localités surtout peuvent seules résoudre.

Le mode de commencer par tout arracher sans rien couper par le pied est, sans contredit, dans les contrées où les bois se coupent à 1 ou 2 pouces audessus de terre (3 à 6 cent.), le plus profitable, s'il est bien dirigé et si les ouvriers sont en nombre suffisant: il y a, toutefois, à craindre la confusion et la lenteur d'une exploitation qui se trouve fort embrouillée par la chute des arbres, en un mot par l'embarras de tout avoir à faire à la fois ; cependant le premier mode près de Paris et environs, comme dans tous les pays où le bois est très-recherché et, par conséquent, où les ouvriers ont l'habitude de couper en pot, c'est-à-dire sur racines et profondément, surtout quand on ne

détache pas la culée à la scie ou très-légèrement, est presque aussi avantageux que le second, parce que la patte de l'arbre est très-productive au cordage, étant prise dans sa partie la plus forte; il faut, en outre, considérer que le débit de la moulée ou de tous autres bois est plus assuré que celui des souches, et enfin que ce qui restera en souches et racines presque partout s'extirpera pour le bois, et que même dans les lieux que nous venons de citer, si l'exploitation n'est pas considérable ni trop pressée, on pourra encore s'en réserver le tiers ou le quart.

Pour conclure, nous dirons cependant que nous sommes partisan du mode de tout arracher avant de façonner les produits d'un bois en défrichement, travailler à jauge ouverte de 12 à 15 pouces de profondeur (si le terrain le permet), en minant et poursuivant devant soi toutes les racines et radicules les plus minces. Cette opération coûte ordinairement, nous le répétons, 2 fr. 50 c., 3 fr. 50 c. la perche, ou 250 fr. à 350 francs l'arpent; mais on aurait en racines et troncs l'équivalent environ de ces dépenses, attendu qu'on peut compter généralement sur 40 à 50 pavillons, 20 ou 25 cordes de 128 pieds cubes l'hectare ou par 2 arpents forestiers.

Ces résidus, pour les fendre, reviennent, ramassage et empilage compris, de 2 fr. 50 c. à 3 fr. le pavillon. Admettons la valeur du pavillon à 15 fr. et, façon déduite, à 12 f. nets, cela correspondrait à la dépense environ du défrichement; mais serait-on encore obligé, dans certaines qualités, de ne vendre le pa

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