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villon qu'à 10 ou 12 fr., que le défrichement ne reviendrait toujours qu'à 150 fr. l'arpent ou 300 f. au plus l'hectare, qui seraient payés par une première récolte en avoine, navette ou pomme de terre.

Un pavillon de souches et racines s'empile en un carré de 4 pieds; il est de 64 pieds cubes (2 stères 371 millistères), équivalant, dans beaucoup de lieux, à une corde de charbonnage valant le double au moins pour chauffage.

D'après ces instructions, on pourra se déterminer sur le défrichement en plein, c'est-à-dire en faisant travailler à jauge ouverte, comme nous l'avons dit, et en arrachant tout, depuis l'arbuste jusqu'aux plus vieux arbres, avant de rien façonner ou en ne commençant le défrichement qu'après l'exploitation entière du bois et l'enlèvement de ses produits.

Quant au prix du défrichement et façons des produits, il y a souvent danger d'avoir recours au bon marché, quand l'ouvrier ne gagne pas son pain; il renonce à l'entreprise ou travaille mal. Nous pensons que, pour mieux assurer le succès d'un défrichement, il faut le donner au pavillon plutôt qu'à la perche, en un mot à un prix auquel l'ouvrier puisse y trouver la récompense de son travail; ainsi, dans un arpent où il se trouve 24 pavillons de souchons et racines, le propriétaire en aura le tiers ou moitié ; supposons moitié, ci 12 pavillons;

L'arracheur l'autre 1/2, ci

12

Quantité égale au produit,

24

et, si l'arracheur ne peut se charger de cette quantité de 12 pavillons pour son usage ni en trouver le débit, il est de l'intérêt du propriétaire, pour activer son défrichement, de lui racheter sa moitié, qu'il pourra, d'ailleurs, au besoin, transformer en charbon, s'il ne juge pas à propos d'en tirer parti autrement, et dont il pourra enfin se défaire plus aisément que l'arracheur, parce qu'il a plus que celui-ci le moyen d'en attendre la vente, d'autant qu'à 8 à 10 fr. le pavillon il y a avantage à le convertir en charbon, opération à laquelle l'ouvrier ne peut sẻ livrer.

L'entreprise du défrichement à la perche oblige à une grande surveillance; on doit donc suivre activement les travaux de l'ouvrier et y prendre d'autant plus d'attention que cet ouvrier, nécessairement dominé par son intérêt personnel, peut quelquefois n'enlever que le gazon, et, lorsqu'on veut semer des céréales, on se trouve obligé de faire procéder à un second défrichement; ceci nous est arrivé.

Le mode le plus convenable et propre à mettre en bon état le terrain, c'est le défrichement, à raison de 5 à 9 fr. du pavillon; tout arracher sans rien excepter, même le chevelu des arbres qu'on a, toutefois, grand intérêt d'abandonner à l'ouvrier, pour qu'il n'en bourre pas ses pavillons en compagnie de bois mort, et même de ramilles ; ces faibles résidus devenant sa propriété, il les cherche plus avidement, et il en résulte que, plus l'ouvrier laboure profondément, plus il extirpe et poursuit les fortes racines, alors

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plus il y a de pavillons à livrer et plus il y croit gagner; en outre, n'a-t-il qu'un pavillon de fait, il peut en demander le montant ou toucher dessus un fort àcompte; ce qui accommode souvent très-bien cette classe nécessiteuse.

A la perche, au contraire, on ne peut en donner que de très-faibles, et souvent ils sont perdus lorsqu'il arrive que le travail n'est qu'à moitié fait, c'est-àdire qu'il se trouve dans un tel état d'imperfection qu'il faut le recommencer, et cela dans une saison où les ouvriers sont rares et se payent très-cher.

A Theil, près Sens (Yonne), 32 lieues de Paris, nous avons assisté au défrichement d'un parc aux prix suivants, avec la condition de fouiller le terrain de 12 à 15 pouces de profondeur; cependant l'opération ne s'est faite qu'à 7 et 9 pouces seulement.

Les allées et quinconces ont été payés; dans les aunaies et peupliers, à 4 f. 50 c. le pavillon ou 9 f. la corde, les essences d'orme, chêne et platane, à 13 f. la corde, 6 fr. 50 c. le pavillon; en plein bois, 8 fr., le pavillon.

L'arrachage à la perche, du plein bois, de toutes essences, 2 fr. 25 c. la perche ou 225 fr. l'arpent de 51 ares 7 centiares. A ce prix, l'ouvrier du pays ne pourrait y gagner sa subsistance du jour, tandis que le pionnier du Vivarais et de l'Auvergne y trouverait d'assez bonnes journées.

Ces prix, à la vérité, sont bas et ne sont point ceux d'une profitable exploitation; le bon marché revient souvent fort cher: aussi ils ont donné lieu à des con

testations sur plusieurs points, notamment avec les entrepreneurs du défrichement en plein bois, et même on a été forcé à de nouveaux labours qui ont occasionné un supplément de dépenses que nous évaluons à 50 c. par perche pour le plein bois et à 30 c. pour les quinconces et allées.

De plus, ce surcroît de travail n'a pas permis de faire une récolte abondante en avoines; cultivées trop tardivement, elles ont produit deux tiers en moins, et, dans les parties défrichées ou nettoyées de tous bois après le 15 avril, on n'a pu y semer que des pommes de terre dont les façons ont absorbé presque tout le prix; le mieux eût été de céder le terrain pour le labourer derechef, et à la condition d'y faire des pommes de terre à moitié fruit, et, en conséquence, de donner à la terre

1° Trois façons à la bêche ou pioche, compris deux binages;

2o De fournir la semence ;

3o De mettre la portion du propriétaire dans ses sacs et de les charger sur sa voiture ;

4° Lors de l'arrachage, de couvrir les pommes de terre de paille ou de leur fane pour les mettre à l'abri des gelées.

En dernière analyse, nous ne saurions trop nous attacher à faire comprendre qu'il y a tout à perdre en culture, quand les façons ne sont pas complètes et qu'on ne les fait pas en bonne saison.

Un défrichement fait à moins de 7 à 8 pouces

de profondeur, est une opération manquée; il faut la

recommencer.

Enfin, pour qu'un défrichement soit entier, il faut, de toute nécessité, qu'il soit fait ainsi que nous venons de le prescrire; mais on obtiendra difficilement l'exécution précise des conditions ci-dessus, même du pionnier le plus habile, si on ne lui accorde pas, au moins, les prix suivants.

QUINCONCES ET ALLÉES.

1o Les peupliers, ypréaux, aunes et trembles se règlent au pied d'arbre ou au pavillon de 4 pieds carrés, 2 pour une corde de 128 pieds cubes, 4 à 5 f. le pavillon.

2o En chêne, orme, charme, hêtre, avec mélange de bois blanc et autres essences, 6 à 7 fr. le pavillon.

3o L'arrachage de l'orme, du frêne, de l'acacia, du buis et autres arbres dont la culée est propre à l'industrie et que, par conséquent, il faut conserver avec l'arbre, se règle à l'ouvrier arracheur, savoir:

De 3 pieds (1 mètre) de tour et au-dessus, mesuré à 4 pieds du tronc, par pied métrique, 15 c. ou 45 c. le mètre;

Au-dessous de 3 pieds jusqu'à 10 pouces (10 c. le pied);

Au-dessous de 10 pouces, 2 fr. le cent.

NOTA.- Dans ce dernier échantillon, ce sont de jeunes arbres qu'on peut destiner à être replantés. 4° Pour une seconde façon ou labour au terrain,

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