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1809.

Manifeste

de guerre

aux habitants de la Pologne, en date du 16 avril 1809, l'archiduc Ferdinand disoit :

« Je vous annonce que l'empereur d'Autriche ne fait la guerre qu'à l'empereur Napoléon, et que nous sommes les amis de tous ceux qui ne défendent pas sa cause. Nous combattons contre lui, parceque nous espérons trouver dans la guerre une sûreté que nous avons inutilement cherchée dans la paix. Nous combattons contre lui, parceque chaque jour de paix augmente, sa puissance et ses usurpations. Nous combattons contre lui parceque ses forces augmentées de toutes celles des peuples qu'il subjugue, menacent de plus en plus notre indépendance et nos propriétés, etc.»>

De son côté, Napoléon ne laissa pas sans réponse ces griefs et ces incriminations. Il accusa l'Autriche d'ingratitude et de perfidie; d'ingratitude en oubliant la générosité avec laquelle il l'avoit traitée après la bataille d'Austerlitz: de perfidie, en écoutant les conseils, en recevant les subsides, en secondant les projets hostiles de l'Angleterre.

Le sénat s'étant assemblé le 15 avril pour entendre la lecture de la correspondance de MM. de Metternich et de Champagny, ministres d'Autriche et de France, correspondance arrangée de manière à mettre tous les droits du côté de la France, et tous les torts du côté de l'Autriche, le sénat, disons-nous, entendit en même temps et approuva le rapport dans lequel le ministre de France disoit à l'empereur :

« Votre majesté n'a pas recueilli le tribut de reconde la noissance qui lui étoit dû. L'empereur d'Autriche a France. bientôt oublié ce serment d'une amitié éternelle. A peine rétabli sur son tròne, égaré sans doute par des con

seils trompeurs, il n'a eu d'autres vues que de réorganiser ses moyens de force, et se préparer à une nouvelle lutte. La guerre contre la Prusse fit promptement connoître ces dispositions malveillantes. L'Autriche se hâta de réunir des armées en Bohème, mais la victoire de Jéna vint déconcerter ses projets.

"

Depuis, les troubles de l'Espagne ont éclaté. Ils étoient fomentés par les Anglois. Alors on vit plus clairement ce qu'on n'avoit qu'entrevu avant la bataille de Jéna. Le feu de la guerre allumé dans le midi ranima les espérances de l'Autriche: elle crut le moment favorable pour anéantir le traité de Presbourg. Elle arma. Toute la population fut appelée aux armes. Les princes autrichiens parcouroient les provinces, répandant des proclamations, comme si la monarchie étoit en danger. Le port de Trieste fut ouvert aux Anglois. Les courriers françois étoient assassinés dans la Croatie. L'Autriche ne gardoit plus de mesure. Ce fut alors que votre majesté, renonçant à tout espoir de paix avec elle, renonça en même temps à ses projets contre les Anglois, aux embarquements qui devoient avoir lieu à Brest, à Boulogne, à Flessingue et à Toulon. Tout fut contremandé. Les troupes de votre majesté se dirigèrent vers l'Allemagne, celles de la confédération furent aussi mises en mouvement.

«

<< Non, ce n'est pas parceque la France veut la guerre que l'Autriche s'est mise sous les armes, c'est au contraire parcequ'elle a cru trouver la France affoiblie par une autre guerre et qu'elle a jugé le moment favorable au rétablissement de son ancienne influence, qu'elle a fait ces prodigieux efforts. Elle fait la guerre, parcequ'elle en espère des succès. Elle fait la guerre

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sans un motif de plainte, sans la faire précéder d'aucune demande, sans laisser le choix d'un autre parti. Elle fait la guerre, lorsque votre majesté, loin de rien exiger d'elle, n'a manifesté que des voeux pour sa prospérité, lorsqu'elle lui a offert la garantie et l'intégrité de son territoire.... Ainsi ce n'est point pour sa sûreté qu'elle prend les armes; tous les bienfaits sont meconnus, tous les engagements sont violés. Votre majesté reçoit la nouvelle que les armées autrichiennes ont franchi l'Inn. Elles ont commencé les hostilités. Une lettre du général en chef annonce aux généraux françois qu'il marche en avant, et qu'il traitera en ennemi tout ce qui lui fera résistance. Votre majesté peut se rendre ce témoignage d'avoir fait pour éviter cette guerre, si inconsidérément entreprise, tout ce que la prudence et la modération pouvoient suggérer. Elle vouloit épargner ce nouveau sujet d'inquiétude à ses peuples, et à l'humanité une lutte sanglante. Sire, votre peuple vous secondera dans cette lutte nouvelle, etc. etc..."

Napoléon ne se contenta pas de ce manifeste, qui étoit au moins écrit dans un style sage et convenable; il fit remplir ses journaux de notes impertinentes contre les prétendus projets de l'Autriche, contre les archiducs, et contre l'empereur lui-même. Il ne craignit pas d'ajouter l'outrage au mensonge, sans se douter que, loin d'appuyer les droits qu'il réclamoit, ses injures en démontroient la vanité.

Le 13 avril 1809 il quitta Paris pour aller prendre le commandement de ses armées, qui, depuis quinze jours, s'avançoient dans le cœur de l'Allemagne. Le 16

il vit le roi de Bavière à Dillingen, passa une demi-heure avec ce prince, et lui promit de le ramener en quinze jours dans sa capitale, et de le faire plus grand que ne fut jamais aucun de ses ancêtres. Le 17, il arriva à Donaverth, et fit, aussitôt après son arrivée, publier en allemand et en françois la proclamation sui

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« Le territoire de la confédération a été violé. Le général autrichien veut que nous fuyions à la seule vue de ses armes, et que nous abandonnions nos alliés à sa merci. Je me hâte d'arriver avec la rapidité de l'aigle. Soldats! vous étiez autour de moi lorsque le souverain d'Autriche vint me trouver à mon bivouac; vous le vites implorer mon indulgence, et me jurer une éternelle amitié. Nous avons été vainqueurs dans trois guerres. L'Autriche dut tout à notre générosité, et trois fois elle fut parjure. Le passé est pour nous un sûr garant de la victoire qui nous attend. Marchons donc, et que l'ennemi, en nous voyant, reconnoisse ses vainqueurs. »

Son armée se composoit de six grands corps, commandés par les maréchaux duc de Rivoli, duc de Montebello, duc de Dantzick, duc d'Auerstaedt, prince de Pontecorvo, et le général Oudinot. Tous ces corps étoient au grand complet, et formoient une masse de cent quatre-vingt mille hommes, non compris les troupes de la confédération.

Les hostilités commencèrent le 19. Ce jour-là le général Oudinot rencontra à Psaffenhoffen un corps

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de trois mille Autrichiens, qu'il battit et dispersa en 1809. lui faisant trois cents prisonniers. Le même jour, le

général Saint-Hilaire culbuta un régiment de dragons cantonné dans le village de Peissing. Le 20, l'empereur, à la tête des Bavarois et des Wurtembergeois, et secondé par les divisions Dantzick et Montebello', attaqua le corps du général Hille, posté sur Abensberg; le combat ne dura qu'une heure. L'ennemi se retira en bon ordre, mais en se retirant il laissa à découvert Landshut et les magasins qui s'y trouvoient. Le duc d'Istrie culbuta la cavalerie qui étoit devant cette ville, et s'en empara.

Tous ces petits succès en préparoient deux autres plus importants, l'un à Eckmül, où quatre corps de l'armée autrichienne étoient en position, sous le commandement de l'archiduc Charles. Ils furent attaqués sur tous les points, tournés par leur gauche, et successivement dépostés de toutes leurs positions par les trois maréchaux de Montebello, de Dantzick, et d'Auerstaedt. Ils se retirèrent vers Ratisbonne, en laissant sur le champ de bataille quinze drapeaux, douze cents morts et deux mille prisonniers.

La conquête de Ratisbonne fut la suite et le prix de cette bataille. Cette malheureuse ville n'eut pas le temps de fermer ses portes. Les François y pénétrèrent avec les fuyards, sabrèrent tout ce qui fit résistance, et pillèrent les maisons que le feu épargna.

On ne pouvoit pas ouvrir la campagne d'une manière plus brillante. Dans tous ces combats, nous perdîmes le général de division Cervoni, le général de brigade Hervo; nous eûmes six mille hommes de tués et cinq mille blessés.

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