Page images
PDF
EPUB

péninsule. Ils ont employé leur influence spirituelle 1809.

pour nuire à la nôtre. Il m'a été démontré que cette influence étoit contraire à l'indépendance de la France, à la dignité et à la sûreté de mon trône.

« Par le traité de Vienne, tous les rois et souverains mes alliés ont acquis et acquerront un accroissement de territoire.

« Les Provinces Illyriennes (1) portent sur la Save les frontières de mon empire. Contigu avec celui de Constantinople, je suis en situation de surveiller les intérêts de mon commerce dans la Méditerranée et le Levant. Je protégerai la Porte si elle veut s'arracher à la funeste influence de l'Angleterre ; je saurai la punir si elle se laisse dominer par des conseils perfides.

« La Hollande, placée entre l'Angleterre et la France, est le débouché des principales artères de mon empire. Des changements y deviennent nécessaires (2): la sûreté de mes frontières et l'intérêt des deux pays l'exigent.

« La Suède a perdu, par son alliance avec l'Angleterre, la plus belle de ses provinces (la Finlande).

« Mon allié et ami, l'empereur de Russie, a réuni à son vaste empire la Finlande, la Moldavie, la Valachie, et un district de la Gallicie. Je ne suis jaloux de rien de ce qui peut arriver d'heureux à cet empire.

« Lorsque je me montrerai au-delà des Pyrénées, le Léopard épouvanté cherchera l'Océan pour éviter la honte, la défaite et la mort.

(1) Ce fut de ce nom qu'il baptisa la Carniole, l'Istrie, la Dalmatie, le cercle de Willach, Trieste, Fiume et autres provinces qu'il avoit enlevées à l'Autriche par le traité de Vienne.

(2) Cette phrase présageoit la réunion prochaine de la Hollande à son empire.

1809.

ne.

« Je ne demande à mes peuples aucun nouveau sacrifice.

[ocr errors]

Que durent penser les huit ou dix souverains témoins de cette cérémonie, et qui entendirent un pareil discours! Nous pensons, nous, qu'Aureng-Zeb et Tamerlan n'auroient pas parlé avec plus d'insolence à leurs kans et à leurs visirs.

Lorsqu'une députation du corps législatif alla, suivant l'usage, lui présenter son adresse de remerciement, il fit une réponse dans laquelle on remarqua cette phrase:

« Pour conduire la France dans la situation où elle se trouve j'ai surmonté bien des obstacles. Moi et ma famille nous saurons toujours sacrifier même nos plus chères affections aux intérêts et au bien-être de cette grande nation. Ce fut là le premier mot du grand secret, qui déja n'en étoit plus un pour personne.

Répudia- Avant d'épouser une archiduchesse, il falloit romtion de Joséphi- pre le mariage qu'il avoit contracté avec madame Joséphine Beauharnais. Cette rupture devint une affaire d'état, et le sujet d'un sénatus-consulte, en date du 16 décembre. Il étoit précis, et portoit, article premier:

« Le mariage contracté entre l'empereur Napoléon et l'impératrice Joséphine est dissous. »

Il avoit envoyé au sénat les motifs de cette résolution, en ces termes :

« La politique de ma monarchie, l'intérêt et le besoin de mes peuples, qui ont constamment guidé toutes mes actions, veulent qu'après moi je laisse à des enfants, héritiers de mon amour pour mes peuples, ce trône où la Providence m'a placé. Cependant, depuis plusieurs années, j'ai perdu l'espérance d'avoir des en

fants de mon mariage avec ma bien-aimée épouse l'impératrice Joséphine; c'est ce qui me porte à sacrifier les plus douces affections de mon cœur, à n'écouter que le bien de l'état et à vouloir la dissolution de notre mariage.

« Parvenu à l'âge de quarante ans, je puis concevoir l'espérance de vivre assez pour élever dans mon esprit et ma pensée les enfants qu'il plaira à la Providence de me donner. Dieu sait combien une pareille résolution a coûté à mon cœur; mais il n'est aucun sacrifice qui soit au-dessus de mon courage, lorsqu'il m'est démontré qu'il est utile au bien de la France. »

L'impératrice Joséphine ne souscrivit à sa répudiation qu'avec beaucoup de peine, et après une longue résistance... On vint cependant à bout de lui arracher son consentement, et voici en quels termes on lui dicta sa soumission.

« Avec la permission de notre auguste et cher époux, je dois déclarer que, ne conservant aucun espoir d'avoir des enfants qui puissent satisfaire les besoins de sa politique et l'intérêt de la France, je me plais à lui donner la plus grande preuve d'attachement et de dévouement qui ait jamais été donnée sur la terre. Je tiens tout de ses bontés; c'est sa main qui m'a couronnée.

« Je crois reconnoître tous ces sentiments en consentant à la dissolution d'un mariage qui désormais est un obstacle au bien de la France, qui la prive d'être un jour gouvernée par les descendants d'un grand homme si évidemment suscité par la Providence pour effacer les maux d'une terrible révolution, et rétablir l'autel, le trône et l'ordre social; mais la dis

1809.

1809.

Mariage de l'empereur

chidu

solution de mon mariage ne changera rien aux sentiments de mon cœur. L'empereur aura toujours en moi sa meilleure amie. »

Le sénat répondit à ces deux communications par une adresse dont voici la phrase éminente.

« La puissance la plus étendue, la gloire la plus éclatante, l'admiration de la postérité la plus reculée, ne pourront jamais payer, sire, le sacrifice de vos affections les plus chères. L'éternel amour du peuple françois, et le sentiment profond de tout ce que vous faites pour lui, pourront seuls consoler le cœur de votre majesté.» (1)

Lorsque toutes les négociations relatives à la rupture du lien civil et du lien spirituel furent terminées, avec l'ar- l'empereur envoya le prince de Neufchâtel à Vienne, chesse. pour faire la demande solennelle de la main de l'archi1810. duchesse Marie-Louise, demande qui fut faite le 8 mars dans les formes accoutumées. Voici les discours qui furent prononcés à cette occasion.

Discours du prince de Neufchâtel à l'empereur d'Autriche.

" Sire,

« Je viens, au nom de l'empereur mon maître, vous demander la main de l'archiduchesse Marie-Louise, votre illustre fille.

« Les éminentes qualités qui distinguent cette princesse ont assigné sa place sur un grand trône.

(1) Tout étoit faux et mensonger dans ces communications de l'empereur et du sénat. On le savoit; et l'on pouvoit se demander, comme dans la comédie: Qui trompoient-ils done?

" Elle y fera le bonheur d'un grand peuple et celui d'un grand homme.

« La politique de mon souverain s'est trouvée d'accord avec les vœux de son cœur.

« Cette union des deux familles, sire, donnera à deux nations généreuses de nouvelles assurances de tranquillité et de bonheur. »

Réponse de l'empereur d'Autriche.

« Je regarde la demande en mariage de ma fille comme un gage des sentiments de l'empereur des François, que j'apprécie.

Mes vœux pour le bonheur des futurs époux ne sauroient être exprimés avec trop de vérité. Il fera le

mien.

"

« Je trouverai dans l'amitié du prince que vous représentez de précieux motifs de consolation de la séparation de mon enfant chéri. Nos peuples y voient le gage assuré de leur bien-être mutuel.

« J'accorde la main de ma fille à l'empereur des François.

"

Discours du prince de Neufchâtel à S. A. I. l'archiduchesse
Marie-Louise.

1810.

[ocr errors][merged small]

« Vos augustes parents ont rempli les vœux de l'empereur mon maître.

« Des considérations politiques peuvent avoir influé sur la détermiuation de nos deux souverains, mais la

« PreviousContinue »