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ébranlé par la défection d'une partie de la force armée qui avoit juré de le défendre : nous pourrions profiter des dispositions fidèles et patriotiques de l'immense majorité des habitants de Paris pour en disputer l'entrée aux rebelles, mais nous frémissons des malheurs de tout genre qu'un combat dans ses murs attireroit sur les habitants.

« Nous nous retirons avec quelques braves que l'intrigue et la perfidie ne parviendront point à détacher de leurs devoirs, et puisque nous ne pouvons pas défendre notre capitale, nous irons plus loin rassembler des forces et chercher sur un autre point du royaume, non pas des sujets plus aimants et plus fidèles que nos bons Parisiens, mais des François plus avantageusement placés pour défendre la bonne cause.

« La crise actuelle s'apaisera. Nous avons le doux pressentiment que les soldats égarés, dont la défection livre nos sujets à tant de dangers, ne tarderont pas à reconnoître leurs torts, et trouveront dans notre indulgence et dans nos bontés la récompense de leur retour.

« Nous reviendrons bientôt au milieu de ce bon peuple, à qui nous ramènerons encore une fois la paix et le bonheur.

« A ces causes, nous avons déclaré et déclarons, ordonné et ordonnons ce qui suit :

Art. Ier « Aux termes de l'article L de la charte, la session des deux chambres, pour l'année 1814, est close. Les pairs et les députés se sépareront à l'instant.

II. « Nous convoquons une nouvelle session pour l'année 1815, dans un lieu que nous indiquerons. Toute

1815.

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assemblée de l'une ou de l'autre chambre, qui se réuniroit ailleurs sans notre autorisation, est dès à présent déclarée nulle et illicite.

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DE FRANCE

DEPUIS LA MORT DE LOUIS XVI

JUSQU'AU TRAITÉ DE PAIX DU 20 NOVEMBRE I
1815.

HUITIÈME ÉPOQUE.

DEPUIS LA RÉVOLUTION DU 20 MARS 1815 JUSQu'au traité
DE PARIS DU 2 NOVEMBRE DE LA MÈME ANNÉE.

CETTE dernière époque de notre histoire ne comprend qu'un espace de huit mois; mais ces huit mois ont été remplis pardes événements tels qu'heureusement on en voit peu de semblables dans le cours de plusieurs siècles.

Un roi qu'entouroit l'amour de vingt-huit millions de sujets, et que défendoit une armée de quatre cent mille hommes, chassé de ses états par un aventurier qui n'avoit, pour l'attaquer, d'autres forces que le bruit de ses. anciens forfaits, et une armée de onze cents hommes.

Cet aventurier, qui redevient empereur, et qui, remonté sans violence apparente, et sans brûler une amorce, sur un trône qu'il avoit occupé pendant qua

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Examen des cau

torze ans, et non sans quelque gloire, en est précipité à son tour, non par une poignée de onze cents aventuriers comme lui, mais par une armée de huit cent mille hommes, composée de tous les peuples de l'Europe; voilà, certes, des événements fort extraordinaires, et dont nous pensons que le récit doit être précédé de l'examen des causes qui les ont amenés.

Jamais, peut-être, aucun roi ne fut accueilli par son ses de la peuple avec une ivresse de joie plus générale et plus tion du pure que celle dont Louis XVIII fut l'objet, lors de sa 20 mars. rentrée à Paris, le 4 mai 1814.

révolu

Hélas! cette expansion d'amour eut l'éclat, et n'eut que la durée d'un beau jour. L'enchantement qu'une entrée si brillante avoit produit dans tous les cœurs ne tarda pas à se dissiper.

Dès que le monarque fut assis sur son trône, où l'appeloient ses droits héréditaires, moins encore que le vœu unanime de ses sujets, il voulut reconnoître leur amour en s'occupant exclusivement de leur bonheur.

Il étudia leur caractère, leurs mœurs et leurs lois; il se fit rendre compte de leurs besoins et de leurs habitudes; il écouta leurs plaintes et leurs réclamations; il voulut connoître à fond des maux auxquels il avoit résolu d'appliquer des remèdes efficaces.

Quel triste tableau se déroula devant ses yeux! De quels sentiments douloureux son ame dut être affectée à la vue de ce peuple écrasé d'impôts, mutilé par la conscription, dévoré par la guerre, aigri par aigri par le malheur, dégradé par la servitude;

A la vue d'une armée mécontente, indisciplinée, et qui manifestoit sans déguisement des prétentions absurdes, quand elle ne jetoit pas des cris séditieux;

De cette multitude d'exilés que la révolution avoit dépouillés de leurs biens, qui réclamoient des restitutions fondées sur des droits que la justice ne pouvoit méconnoître, mais que la pénurie du trésor public et les lois nouvelles ne pouvoient satisfaire;

D'une autre foule de solliciteurs effrontés, avides, insatiables, qui faisoient valoir avec insolence de légers services, déja trop payés par d'immenses libéralités;

De ses anciens serviteurs qui, à cause et pour prix de leurs opinions royalistes, lui demandoient toutes les places et tous les honneurs de la monarchie ;

Des valets et des courtisans de l'empereur qui imposoient pour condition de leur obéissance et de leur soumission la conservation de leurs places et de leurs hon

neurs.

Pour arranger des intérêts si compliqués, le roi auroit eu besoin de toutes les lumières du Ciel, et de toute sa puissance, pour les satisfaire.

Sa première opération fut de garantir la paix extérieure de son royaume par un traité honorable avec les quatre grandes puissances de l'Europe : la seconde, d'assurer la paix intérieure par une charte, qui lui parut propre à calmer tous les esprits, parcequ'elle garantissoit tous les droits.

C'étoit un grand pas vers le bien: mais, au lieu des expressions de la reconnoissance publique, auxquelles il devoit s'attendre, il ne reçut que des reproches et n'entendit que des réclamations.

Les partis, que la main puissante de Buonaparte avoit dispersés, commençoient à se rallier dans l'ombre; et à tous les partis que la révolution avoit enfantés se

1815.

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