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REVUE

DE PARIS.

XXXI.

IMPRIMERIE DE H. FOURNIER ET CIE, RUE SAINT-Benoit, 7.

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AU BUREAU DE LA REVUE DE PARIS,
QUAI MALAQUAIS, 17.

1841.

Contin, Kiersemann 2-14-29

17800

GRÉTRY.

En juillet 1726, un vieux curé allemand, un chanoine épanoui de Notre-Dame de Presbourg, passant à Blegnez, dans un voyage à Liége, s'arrêta soudainement dans ce village, au souvenir d'une nièce bien-aimée, qui vivait là dans les tracas poétiques de la vie champêtre. C'était un dimanche après vêpres; le vieux curé, après avoir entendu au loin la voix solennelle des cloches, entendit bientôt les accords dansans d'un violon : « C'est bien cela, dit-il; ce diable d'homme se console de la vie, et console pareillement sa femme en jouant du violon. O seigneur Dieu! oubliez leurs péchés. » Tout en disant ces mots, il s'avançait toujours vers le violon émoustillant. Il rencontre un paysan: Mon ami, lui demande-t-il, c'est bien par là, de l'autre côté de l'église, au bout de cette haie, que demeure Jean-Noë Grétry?

- Oui, monsieur le curé, dit le paysan dont les jambes flageollaient un peu; le meilleur cabaret du terroir. Par ma foi! vous y boirez, s'il vous plaît, de la bière ou de l'eau-de-vie à votre guise; et si le cœur vous en dit, il vous fera danser un petit brin avec de jolies filles, un peu drues, ne vous déplaise.

Le curé poursuivait son chemin.

- Diable! dit-il, notre neveu est un grand profane, il enivre son prochain de toutes façons. C'est là une charité malentendue; mais après tout, un peu de joie à ces pauvres créatures, c'est un péché que Dieu lui-même absout en souriant; voyons donc !

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