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30 Septembre 1807.

Paris le 19 Septembre.

Copenhague est aux Anglois. Il a capitulé vingt-un jours après leur débarquement dans la Zeelande! L'Europe ap prendra avec surprise que cette place soit tombée en leur pouvoir sans que la tranchée ait été ouverte, et seulement par la terreur d'un bombardement. Il est vrai que les premiers effets en ont été affreux; une partie de la ville a été incendiée, une multitude de femmes et d'enfans a péri, et le général danois a cru devoir signer la capitulation suivante.

Tout porte à penser que cette capitulation ne sera pas ratifiée par le roi de Danmarck. Le prince royal a témoigné la plus vive indignation de voir qu'un général ett fait des concessions qui excédaient ses pouvoirs militaires. Déjà il a refusé de recevoir l'agent anglais Jackson qui s'étoit présenté devant Kiel; il a déclaré qu'il resterait en guerre avec l'Angleterre, et qu'il reprendrait par la force des armes ce qui Jui avait été arraché par la surprise et la trahison.

On remarque dans l'article 7, que les Anglais parlent d'union et d'harmonie entre les deux états. Ainsi ils peuvent supposer que les Danois les aiment! en effet, sans raison, sans prétexte, sans déclaration de guerre, même en conservant à Londres avec leur ambassadeur toutes les formes d'une amitié sincère, ils ne leur ont fait d'autre mal que de prendre leurs vaisseaux, leur munitions de guerre, d'incendier leurs maisons, et de porter l'épouvante et la mort au sein de leur paisibles familles !

Après un tel outrage, si les Danois ne font une guerre implacable à l'Angleterre; si un sentiment de haine et de vengeance ne les enflamme tous du vieillard jusqu'à l'enfant, de l'amiraljusqu'au mousse, c'en est fait de la nation danoise. Elle a Vraiment cessé d'exister, car l'injure qu'elle aura soufferte impunément contre son indépendance, est saus exemple dans l'histoire du monde. Le langage humain n'a point d'expres sions pour caractériser une pareille entreprise.

Le Danmarck a joué un rôle de dupe, et il a eu cela de commun avec la plus grande partie du continent toujours méfiant à l'égard de la France, et donnant toute croyance aux promesses et aux protestations de ce loyal cabinet de Londres. Certes! si l'armée danoise eût été dans la Zéelande, au lieu d'être sur le continent, au moment où les Anglois se sont présentés, ils n'auraient pas eu le même succes. Au reste, le ministre anglois n'a pas tant de quoi s'en féliciter. Ce qu'il y a de particulier dans cette expédition c'est qu'elle est réellement au désavantage de l'Angleterre, et quelle qu'en soit l'issue, l'histoire ne la fera pas moins regarder comme une folle atrocité. Car quel en était le but? D'empêcher les Français de s'emparer de la flotte danoise; mais le pouvaient-ils, tandis qu'elle était renfermée dans le port d'une île éloignée ?

et quand ils s'en seraient emparés, était-il en leur pouvoir de l'armer et de la conduire dans les ports de France? Voulaiton augmenter la flotte anglaise de 15 ou 20 morceaux de bois, qui étaient dans l'arsenal de Copenhague? Mais ce ne sont pas les vaisseaux qui manquent à l'Angleterre.

Espérait-on s'emparer du détroit du Sund et en rester les maîtres comine de celui de Gibraltar?

Mais par la capitulation, le général anglais s'oblige à évacuer la Zéelande et n'attaque point la Fionie.

Craignait-on que la France n'angmentât ses moyens hostiles de toutes les forces du Danemarck? Le moyen de l'empêcher n'était pas judicieux. Ou les Danois cédaient aux menaces de l'Angleterre et alors la France s'emparait du Holstein, du Jutland, de l'ile de Fionie, des ports des Tonningen, de Keil, enfin des trois quarts du royaume de Danemarck, ou ils s'élevaient avec indignation contre cette injurieuse demande, comme on ne pouvait en douter d'après le noble caractère du prince royal et le courage de la nation; alore, soulevés par cette atrocité on les forçait à courir aux armes et à faire cause commune avec la France. Ainsi, dans les deux hypotheses, cette aggression donnait des ennemis nouveaux à l'Angleterre, et ne pouvait être conseillée que par des politiques insensés ou par des ennemis secrets de sa puissance; preuve consolante pour l'humanité qu'une opération injuste n'est jamais utile!

Le cabinet anglais ne pouvait rien imaginer de plus dé favorable à ses intérêts, de plus propre à indigner toute l'Europe que cette iniquité scandaleuse. Croit-il par une capitulation imposée par la force à la faiblesse et peut-être à l'ineptie, s'être tiré d'un pas dangereux? il a perdu pour jamais l'amitié du Danemarck, et l'estime de toutes les nations.

Il ne peut ni se servir des vaisseaux qu'il a pris, ni garder la Zéelande. La saison approche où les Indes Orientales, Occidentales, l'Irlande, l'Angleterre même peuvent être attaquées, pendant que la majeure partie de ses forces sera à se mor fondre dans les glaces de la Baltique. Ou les Anglais resteront en Zeelande, et ils en seront chassés pendant l'hiver, quelle qu'y soit leur armée; ou ils l'évacueront, comme ils s'y engagent dans la capitulation, et alors le Sund leur est définitivement fermé. On ne réussit qu'une fois par la perfidie et la trahison.

Le Danemarck a des forces de terre supérieures aux attaques des Anglais, et sans la fausse sécurité qu'ils lui ont inspirée en l'alarmant sur les projets de la France, il aurait tenu 40 mille hommes à Copenhague; et lord Cathcart aurait trouvé sous ses murailles la réception glorieuse qu'ont eue le duc d'York à Dunkerque, en Hollande, et les Anglais partout où ils ont osé mettre le pied sur le continent.

Maintenant, est-ce en prenant la flotte du Danemarck,

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incendiant sa capitale, violant son indépendance et brisant sa neutralité que le ministère anglais ou son général ont cru que le Danemarck deviendrait neutre? Alors on serait fondé à avoir aussi mauvaise idée de leur prudence que de leur justice. S'ils croient se maintenir dans la Zéelande, il faut qu'ils y réunissent au moins 80 mille hommes, et alors ce sera encore peu de chose.

Cette aggression paraîtra plus folle et plus inique, si on veut la considérer dans les effets qu'elle doit avoir sur les puissances continentales, dans la haine qu'elle doit exciter, et dans les ressources qu'elle fournit à la vengeance.

L'Empereur Alexandre venait d'offrir sa médiation à l'Angleterre. Pour réponse à ce bienfait, elle envahit la mer dont ce prince a garanti l'indépendance: elle vole la flotte et brûle la capitale d'une puissance à laquelle il est attaché par tous les liens de la politique, de l'amitié et du voisinage. Ainsi les Anglais payent les services que la Russie leur a rendus dans tous les tems, la préférances qu'elle a donné à leur commerce, et les sacrifices enormes qu'elle a faits à leur ambition. Lorsqu'ils pouvaient encore tirer un grand parti d'un reste de liaison, ils la bravent dans son honneur, J'insultent dans ses alliés, l'attaquent dans ses plus chers intérêts; et dans le conflict qu'ils provoquent, ils exposent la respectabld maison du Danemark, qui tient à la famille même du roi d'Angleterre, à tomber victime de ce déplorable attentat!

Vainement chercherait-on, pour en faire pardonner l'atrocité, à supposer à la France des desseins contre le Danemarck. Alors il était mal-à-droit de les prévenir par une aggression plus scandaleuse; mais ici l'intérêt de sa gloire et de son peuple eussent seuls détourné l'empereur des François d'une telle violation du droit des gens et de la morale éternelle des nations, dont l'effet eût eté de rallumer la guerre, d'irriter la Russie, et de mettre le continent en feu. Dans tous les cas, il était plus prudent à l'Angleterre de ne pas prendre l'avance de cette manière; elle était toujours maîtresse de porter ses flottes devant l'ile de Zéelande pour la défendre, et alors elle aurait eu pour elle la Russie, la Suède, le Danemarck et la justice de sa cause.

Ainsi quand on considère cette expédition dans son but, dans son exécution et dans ses effets, on n'y voit que la politique aveugle et féroce de la crainte, qui ne calcule, ne conpait et ne respecte rien. Qu'il est difficile après cela de croire à la sublimité d'une constitution qui permet de telles combinaisons, et d'admirer le vain parlage d'un parlement qui souffre de pareilles injustices, et nous pouvons le dire, de pareils crimes!

24 Septembre, 1807.

COMPTES GÉNÉRAUX DU TRESOR PUBLIC

Recettes et Dépenses pendant l'an 14, 1806,

Rapport fait à l'empereur par le ministre du trésor public

Sire,

J'ai l'honneur de présenter à votre majesté le compte des recettes et des dépenses du trésor public pendant l'exercice de l'an 14, 1806. Cet exercice se compose des cent derniers jours de l'au 1805, et des douze mois de l'an 1806.

Dans cet espace de 465 jours les recettes cumulées de tous les exercices présentent un total de 986,992,539 fr.

Les dépenses aussi cumulées un total de 932,449,419 fr. La forme du compte que je mets sous les yeux de votre majesté est encore la même que celle des comptes antérieurs : il est composé des mêmes élémens; les résultats qu'il présente se développent dans le même ordre.

Le compte que j'ai présenté l'année dernière pour l'exercice an 13, était entièrement étranger à mon administration; et mon devoir est encore de rappeler que le premier tiers de l'exercice 1806 était expiré lorsque votre majesté m'a appelé au ministère. Mais déjà la crise qui avait fatigué la banque dans les premiers mois de cet exercice, commençait à se calmer; les écarts de l'escompte, qui s'était élevé à un trois quarts par mois, tendaient à se modérer; la présence de votre majesté avait ranimé sa capitale.

Cette circonstance, Sire, est une de celles qui caractérisent. le règne de votre majeste; il ne pouvait appartenir qu'à votre majesté seule, lorsque le trésor de l'empire éprouvait un déficit de plus de cent millions, les ressources du crédit paraissant taries, la banque se remettant à peine du long ébranlement qu'elle avait souffert pendant près de cinq mois, d'arrêter subitement le désordre, de rappeler tous les paiemens à l'exactitude prescrite par le décret du 16 Fructidor, an 11, d'environner votre ministre de ressources telles qu'il put maitriser et modérer successivement le taux de l'escompte, lors même que les besoins provoquaient de plus abondantes négociations.

C'est ainsi que votre majesté a, presque subitement, affranchi son trésor de la langue et ruineuse dépendance dans laquelle l'avaient retenu les divers entrepreneurs des escomptes du trésor. Des prévarications graves avaient surtout marqué la gestion des derniers; votre majesté ne les a punis qu'en les écartant de son service: elle a pu, sans inconvénient, ne consulter à leur égard que sa clémence, car elle a rendu impos sible le renouvellement de reils écarts.

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