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encore portés dans notre actif que pour 6,520,000 fr. prix d'achat.

Et l'époque où la neuvelle émission a été arrêtée, ces 578,000 fr. de rente valaient au plus bas cours du moment 9,168,000 fr.

Différence entre sa valeur lors de l'émission et le prix d'achat 2,548,000 fr.

Ces 2,548.000 fr. répartis entre les 45,000 anciennes actions, donuent pour chacune 56 fr. 62c. lesquels joints aux réserves réunies de 147 fr. 59 c. donnent un accroissement total de 204 fr. 21 c. lequel joint au capital primitif, porte la valeur réelle de l'action ancienne à 1204 fr. 21 c.

Conséquemment l'évaluation de l'action ancienne, et le prix des nouvelles ne peuvent présenter aucune lésion. Et l'éva luation de l'action ancienne qui a servi de type à la fixation du prix des actions nouvelles, est d'autant plus modéré que, depuis, les rentes sont montées de près de 10 pour 100, ce qui porterait à environ 10,000,000 la valeur des 573,000 fr. de rente appartenant aux anciennes actions, et ferait ressortir ces anciennes actions à 1222 fr.

La loi du 22 Avril, 1806, veut aussi que les 45,000 actions nouvelles aient leurs fonds de réserve comme les anciennes. C'est pour préparer cette réserve aux uouvelles actions, et les mettre ainsi au niveau des anciennes, que la banque acquis 445,000 fr. de rentes.

Ces rentes jointes à celles que nous avions déjà, couvrent tous nos frais.

C'est après des actes aussi importans et des

mesures aussi sages, émanées du conseil général, que M. Crétet, premier gouverneur de la banque de France, a été appelé au ministère de l'intérieur.

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Le président de la banque avait dit en l'an 9, lors de la première réunion des actionnaires:

"Le conseil général de régence s'empressa d'adresser des "remerciemens au citoyen Crétet, conseiller d'état, l'un des "actionnaires, dont les soins répétés et la constante sollici❤ ❝tude en faveur de la banque, ne laissent échapper aucun "des moyens propres à assurer le succès de cet établissement. "Nous ne pouvons nommer ici le citoyen Crétet sans faire un "you; c'est celui de voir nos successeurs recevoir de ce ma"gistrat la continuation de ses conseils, et la constante assis "tance de ses lumières; nous les invitons d'y avoir recours "avec autant d'empressement et de confiance que la régence "actuelle."

Ce discours, Messieurs, peint bien mieux que nous ne pourrions le faire nous-mêmes, et la satisfaction universelle qui éclata lors de la nomination de M. Crétet au gouvernement de la banque, et les nouveaux droits qu'il a acquis dans cette place la considération publique, et les motifs qui ont déter

miné le conseil général à décerner une médaille d'or à S. Exé. et l'empressement que le nouveau gouverneur a mis à obtenir l'assurance de pouvoir toujours recourir à ses lumières.

Le conseil général s'occupe, Messieurs, de la rédaction du projet des nouveaux statuts qui doivent être faits en exécution de la loi du 22 Avril, 1806.

Lorsque le projet sera définitivement arrêté, il devra être présenté à S. Exc. le ministre des finances à qui la banque, lors de sa création vota de si justes remerciemens et à qui, depuis, elle a eu taut d'occasions d'en renouveler l'hommage.

Les statuts devront être soumis à l'approbation de S. M.

Le conseil général s'occupera ensuite de co-ordonner le réglement intérieur aux changemens établis par la loi du 22 Avril, 1806.

La tenue des bureaux sera toujours une partie essentielle de ce réglement.

Les employés connaissent les principes de l'administratinn. Elle ne s'en écartera jamais.

Les emplois doivent être le patrimoine de ceux qui les occupent, tant qu'ils les remplissent avec la probité et le zèle qui les y ont fait appeler.

L'avanceinent sera toujours la récompense du travail. Aucun étranger ne viendra se mettre à une place qui pourrait être remplie par un autre employé déjà attaché à la banque.

Mais aussi que tous se rendent dignes de cette bienveillante sollicitude de l'administration; que chacun dans sa sphère travaille à imiter le zèle des agens supérieurs qui, par leurs talens et leurs services, se montrent constamment dignes de notre confiance. Vous connaissez maintenant, Messieurs, la marche et les résultats de l'administration' depuis votre dernière réunion.

Qu'il me soit seulement permis d'ajouter tout ce qui est dû de gratitude à MM. les sous-gouverneurs pour leur infatigable assiduité, à MM. les censeurs pour leur vigilance, à MM. les régens pour leur exactitude et leurs travaux; à MM. du conseil d'escompte pour leur discernement et leur impartialité.

Mais aussi de quel sentiment ils sont tous animés! Le besoin de remplir ses devoirs, et ils sont toujours sacrés pour un honnête homme, le désir de contribuer à la prospérité du commerce, l'honneur que chacun attache à augmenter l'éclat de l'établissement, l'ambition de mériter la continuation de la protection que S. M. daigne accorder à la banque de France; voilà, Messieurs, les motifs qui répondent aux actionnaires du dévouement et des succès de son administration.

Paris, le 31 Octobre.

La conduite du gouvernement anglais envers le Danemarck, a excité l'étonnement et l'indignation de l'Europe. On ignorait quel pouvait être le but d'un tel attentat; on l'eût vainement cherché dans les écrits des généraux qui commandaient les forces britanniques en Zéelande. Ces pièces ne présentaient rien qui pût satisfaire la curiosité à cet égard. Cependant on pensait qu'un motif secret et d'un grand intérêt avait porté le gouvernement anglais à cet acte odieux, et qui, par cela même qu'il était odieux, ne pouvait être supposé avoir été commis sans but.

Le cabinet de Saint James vient enfin, par une déclaration officielle de faire cesser toute conjecture. Il éclaire les peuples du continent, et le peuple anglais lui-même qui ne présumait pas, sans doute, que son gouvernement le livrait à l'exécration de l'Europe, sans qu'il dût en résulter aucun avantage pour lui. La déclaration que nous allons rapporter, sera à jamais une note d'infamie pour ses auteurs, et mettra dans le plus grand jour pour la postérité, leur impéritie et leur dé loyauté.

S. M. se doit à elle-même (disent les ministres par cette "déclaration) et elle doit à l'Europe d'exposer franchement les "motifs qui lui ont prescrit ses dernières opérations dans la "Baltique."

Sans doute le souverain dont l'ame est généreuse, remplit un devoir qu'il doit lui être doux de remplir, lorsqu'il rend compte à ses peuples des entreprises qu'il a formées pour leur prospérité et leur gloire; mais qu'un monarque ne craigne pas d'exposer publiquement les motifs d'uue action honteuse, et qu'il s'enorgueillisse de l'avoir commise, c'est ce dont on chercherait vainement un autre exemple.

"S. M. avait différé de faire cet exposé, parce qu'elle "avait l'espérance de conclure avec la cour de Danemarck "des arrangemens plus désirables, arrangemens pour lesquels "S. M. était disposée à faire de grands sacrifices, et qu'elle "n'a jamais perdu de vue, même depuis le commencement "des hostilités."

Cruelle ironie! Quels sont donc les grands sacrifices que S. M. britannique était disposée à faire au Danemarck? Elle demandait que vingt vaisseaux de ligne qui étaient dans le port de Copenhague, la ville, la forteresse, lui fussent remis; et, par un sacrifice vraiment généreux, elle consentait à rendre la flotte danoise à la paix. Mais ne sait-on pas que le ministère anglais a érigé en principe la convenance et la nécessité d'une guerre perpétuelle.

Or, s'engager à rendre cette flotte à la paix, c'était pour le

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gouvernement anglais, se promettre à lui-même de ne la rendre jamais. Eh! quels arrangemens pouvaient être désirables pour le Danemarck? Que pouvait-il accepter de ces méprisables marchands, accoutumés à trafiquer du bonheur et du sang des nations? Tout l'or des Indes réuni, le capital même tout entier de l'immense dette de l'Angleterre pouvait-il entrer en compensation avec l'atteinte portée à l'honneur de la couronne de Danemarck, à la dignité et à l'indépendance de la nation danoise? Cet affront ne peut être lavé que dans le sang anglais. Payé avec l'or de l'Angleterre, il eût été éternel; la nation malheureese qui l'a souffert n'aurait jamais vu renaître cette dignité, cette indépendance, cet honneur: elle aurait été détruite et déshonorée sans retour.

"S. M. profondément affligée d'avoir vu s'évanouir ainsi l'espoir qu'elle avait conçu, trouve cependant des motifs de "consolation dans la pensée que tout a été fait de son côté 86 pour obtenir d'autres résultats. Et tandis qu'elle déplore la "cruelle nécessité qui l'a forcée de recourir à des actes d'hos"tilité contre une nation avec laquelle il était vivement à dé

sirer d'établir des relations d'intérêt commun et d'alliance, "S. M. est persuadée qu'aux yeux de l'Europe et du monde, "sa conduite sera justifiée par le devoir impérieux et indispensable de pourvoir à tems à la sûreté de son peuple.”

Comment peut-on effacer ainsi toute notion du juste et de l'injuste, et substituer hardiment à la place de ces bases éternelles du droit des gens, des maximes aussi subversives de toute civilisation?

Tout ce qui est convenable au gouvernement anglais de vient juste à ses yeux. Les rédacteurs maladroits de cette déclaration ne supposent pas même qu'on puisse mettre en doute si ce qui est injuste peut être utile à une nation; bien "différens des Athéniens qui rejetterent une proposition de Thémistocle, porcequ'Aristide déclara qu'il pouvait être utile de l'adopter, que l'adoption était même nécessaire à la sûreté "d'Athènes, mais qu'elle était injuste.

En supposant même, selon la maxime anglaise, que les considérations d'utilité dussent l'emporter sur celle de justice, il resterait à savoir si l'expédition du Danemarck était utile à la sûreté de l'Angleterre or les événemens ont prouvé el prouveront tous les jours davantage, que non-seulement cet attentat n'était pas nécessaire à la sûreté de l'Angleterre, mais qu'il est le plus grand malheur qui lui soit arrivé depuis longtems; malheur plus funeste pour elle que ne le serait la declaration de l'indépendance de l'Irlande.

S, M. avait été informée de la manière la plus positive de la résolution où était le chef actuel de la France d'occuper, 66 par une force militaire, le territoire du Holstein, à l'effet de * fermer à la Grande Bretagne les canaux ordinaires de la "communication avec le Continent, d'engager ou de forcer la cour de Danemarck à fermer également le passage du

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"Sund au commerce et à la navigation de l'Angleterre, et de * s'assurer ainsi de la marine danoise pour opérer des débarquemens sur le territoire britannique."

Pourquoi le cabinet de Loudres ne fait-il pas connaître les 'sources où il a puisé ces informations qu'il dit si positives? La raison en est simple; c'est que le cabinet de Londres n'a point reçu d'informations sur ce sujet. Il n'a existé aucun pourparler, aucune négociation, aucun traité entre la France et le Danemarck. L'empereur des Français n'a pas pu avoir l'intention de faire la guerre au Danemarck; il ne le pouvait point, parce que cela eût été injuste, et qu'il est trop grand, trop éclairé pour ne pas savoir que le premier principe. de toute sage politique, est la justice. Ce n'est pas ainsi que pensent les olygarques ténébreux qui dirigent les affaires de 'Angleterre. Mais comment n'ont-ils pas vu que la guerre de la France contre le Danemarck était inutile à l'empereur des Français? Sil avait attaqué le Danemarck, il l'aurait précipité dans les bras de l'Angleterre ; il aurait donné à son ennemi l'empire du Sund; il se fût assurément et sans difticulté emparé du Holstein et de la Fionie: mais l'armée daRoise, réfugiée dans ses propres îles, couverte par ses propres flottes et par celles de l'Angleterre se serait bientôt trouvée hors de toute atteinte. Ainsi, l'unique résultat d'une injuste aggression aurait été de contraindre le Danemarck à faire cause commune avec la Suède et l'Angleterre. Si les ministres anglais raisonnent mal, ils devraient du moins savoir que l'empereur des Français est meilleur logicien qu'eux. Un autre motif plus puissant encore a dû leur échapper. Incapables de le sentir, il n'est point étonnant, qu'ils ne l'aient point deviné. L'attaque du Danemarck aurait été une injustice signalée; elle serait devenue, pour l'empereur Napoléon, une tache aux yeux de la postérité; et l'opinion de la postérité n'est point indifférente à ce grand souverain.

Les liens de toute nature qui attachent l'empereur de Russie au Danemarck, sont connus de l'Europe entière. Attaquer le Danemarck, c'eût été violer le traité de Tilsit, c'eût été recommencer la guerre, c'eût été perdre les avantages conquis à Friedland, c'eût été augmenter les forces de l'ennemi de 40,000 Danois et de toute l'indignation de l'Europe. La paix de Tilsit aurait donc été une garantie pour le Danemarck, s'il avait eu besoin de chercher des garans ailleurs que dans la neutralité et dans la sage conduite de son gouvernement.

Mais, diront peut-être les ministres de Londres, une ligue contre l'Angleterre avait été arrêté à Tilsit, et le Danemarck devait en faire partie. Cette assertion qui serait aussi ridicule que toutes les autres est démontrée fausse par l'événe◄ ment. Elle ne laisserait à l'Angleterre que la honte que ne peut éviter un gouvernement qui règle constamment sa conduite sur des soupçons et sur de fausses hypothèses; habitude qui caractérise à la fois la faiblesse et la tyrannie. Şi cepen

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