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D'ailleurs, je répondrai en un seul mot; l'empereur a pû être réservé avec un ambassadeur que sa cour avait, pour ainsi dire, désavoué, et qu'il a aussi considéré comme auteur des démarches hasardées que les faits ont démenties; mais il n'a pas fait appeler un seul homme de la confédération; de l'avis de se tenir prêt à celui de marcher que vous avez donné, il y a loin. Les troupes qui étaient sur la Saôue et la Meurthe, y sont encore, et n'ont pas bougé.

L'Ambassadeur.-Mais une partie de ces promesses a été effectuée; on n'a rien ajouté à l'organisation militaire. Le Ministre.-On a tout fait pour inquiéter.

L'Ambassadeur.-Je ne crois pas que les exercices aient été continués pendant l'hiver.

Le Ministre.-A Trieste, pendant l'hiver, les milices ont été exercées dans le vieux théâtre.

L'Ambassadeur. Enfin, si le roi Joseph n'a pas été reconnu, il faut l'attribuer à la conférence d'Erfurt. Certes, si l'empereur avait voulu admettre à cette conférence l'empereur mon maître, ou seulement s'il n'avait été permis d'y aller, ainsi que je l'avais proposé, la reconnaissance aurait été pro noucée. Elle ne l'a pas été, parce que cette conférence a donné des soupçons, parce que la Russie est intervenue, parce que son langage, fort peu amical, a offensé, parce que cette réunion des deux grandes puissances dont on ignorait les vues et les résolutions, a fait juger que cette affaire de la reconnais sance se trouvait liée à d'autres arrangemens dont a cru devoir exiger la connaissance.

Le Ministre.-Votre promesse était absolue; elle a été faite dans un tems où la conférence d'Erfurt était prévue; elle était faite en retour d'une promesse du gouvernement français d'évacuer la Silésie, promesse qu'il a effectuée. Au surplus, ce résultat de la conférence d'Erfurt vous a été connu. Vous savez bien qu'elle n'était pas dirigée contre vous. Pourquoi donc n'avez-vous pas fait cette reconnoissance?

L'Ambassadeur.-Mais le général Andréossy a rejeté la reconnaissance conditionelle que nous avions offerte. D'ail leurs, si nous n'avions pas fait la reconnaissance, nous avons parlé de conserver des relations amicales avec le roi Joseph, comme roi d'Espagne.

Le Ministre.-M. l'ambassadeur, je crains que vous ne vous trompiez ces termes ne sont point dans la réponse de votre cour. Est-ce en faisant imprimer avec affectation les libelles des insurgés? Est-ce en quittant Madrid et en suivant les insurgés, que votre chargé d'affaires à Madrid a prouvé qu'il avait ordre d'être l'ami du roi Joseph? Au surplus, que prétendaient la France et la Russie en vous demandant cette reconnaissance? Faciliter la paix avec l'Angleterre, ne laisser à cette peuissance aucune chance de troubler le continent, et par là la porter à la paix dont tout le monde a besoin. Vous

êtes venu à la traverse, vous avez pris le langage et embrassé la défense de l'Angleterre. Vous avez dit au public que vous arwiez. Vos gazettes, qui sont d'une si grande circonspection, ont été pires que les plus mauvais libelles de Londres. La paix avec l'Angleterre n'a pas eu lieu. L'Angleterre triomphe à Constantinople de vous voir courir à la guerre. Qu'en es pérez-ous?

L'Ambassadeur. Actuellement que nos troupes vont sortir de l'état de paix où elles étaient, on verra la différence entre cet état et celui où elles vont se placer.

Le ministre. On verra le résultat de neuf mois de préparatifs. Croyez-vous de bonne foi qu'ils puissent faire peur et en imposer à personne? Au surplus, je vous le répète: l'empereur, qui ne vous demande rien que de le faire jouir de la sécurité de la paix, ne veut pas la guerre; il l'a fera si vous l'y Contraignez. 11 ne vous en a pas donné le plus léger prétexte. Je lui rendrai compte de la communication que vous venez de me faire. Je ne sais où vos mesures vous entraîneront; mais si la guerre a lieu, c'est parce que vous l'aurez voulu.

cour.

L'Ambassadeur. (en s'en allant)-Je ne parle jamais de moi; mais vous savez comme je suis traité dans les cercles de la On m'a dit que l'empereur se plaignait du traitement fait à son ambassadeur à Vienne. Je proteste que le général Andréossy a jusqu'à ce dernier moment, été parfaitement traité par l'empereur mon maître.

Le ministre. Vous savez, M. l'ambassadeur qu'il n'y a pas de rang établi à la cour. L'empereur ne se plaint pas de M. de Metternich; mais il ne peut plus accorder la même confiance à l'ambassadeur qui a été, pour ainsi, dire démenti par sa propre cour. Votre cour, en n'exécutant pas vos promesses a senle blessé la dignité de votre caractère.

A Paris, le 2 Mars.

Paris, le 18 Mai.

Aujourd'hui, à sept heures et demie du soir, le colonel Guehenluc, aide de-camp de S.Exc. le maréchal duc de Montebello, est descendu au palais de S. A. S. le prince Archichancelier de l'empire, chargé par S. M. l'empereur et roi de lui porter la nouvelle que le 12 du mois l'armée française est entrée dans Vienne, et de remettre à S. A. S. la proclamation suivante, qui a été mise à l'ordre du jour.

"Soldats,"

Un mois après que l'ennemi passa l'Ian, au même jour, à la même heure, nous sommes entrés dans Vienne.

Les landwehrs, ses levées en masse, ses ramparts crées par la rage impuissante des princes de la maison de Lorraine n'ont

point soutenu vos regards. Les princes de cette maison ont abandonné leur capitale, non comme des soldats d'honneur qui cèdent aux circonstances et aux revers de la guerre, mais comme des parjures que poursuivent leurs propres remords. En fuyant de Vienne, leurs adieux à ses habitans ont été le meurtre et l'incendie; comme Médée, ils ont, de leur propre main, égorgé leurs enfans.

Le peuple de Vienne, selon l'expression de la députation de ses faubourgs, délaissé, abandonné, veuf, sera l'objet de vos gards: J'en prends les bons habitans sous ma spéciale protection: quant aux hommes turbulens et méchans, j'en ferai une justice exemplaire..

Soldats! Soyons bons pour les pauvres paysans, pour ce bon peuple qui a tant de droits à notre estime: ne conservons aucun orgueil de nos succès; voyons-y-une preuve de cette justice divine qui punit l'ingrat et le parjure.

(Signé)

NAPOLEON.

En exécution des ordres du prince archi-chancelier, la proclamation ci-dessus a été lue dans tous les théâtres, où elle a excité la plus vive émotion, et les témoignages les plus éclatans de la reconnoissance publique, en même tems que le cannon annonçait la prise de Vienne à la Capitale.

SEPTIEME BULLETIN.

Vienne, le 13 Mai, 1809.

Le 10, à neuf heures du matin, l'empereur a paru aux postes de Vienne avec le corps du Maréchal duc de Montebello; c'était à la même heure, le même jour et un mois juste après que l'armée Autrichienne avait passé l'Inn, et que l'empereur François II. s'était rendu coupable d'un parjure, signal de sa ruine.

Le 5 Mai, l'archiduc Maximilien, frère de l'impératrice, jeune prince, âgé de 26 ans, présomptueux, sans expérience, d'un caractère ardent, avait pris le commandement de Vienne et fait les proclamations ci-jointes.

Le bruit était général dans le pays que tous les retranchemens qui environnent la capitale étaient armés, qu'on avait construit des redoutes, qu'on travaillait à des camps retranchés et que la ville étoit résolue de se défendre. L'empereur avoit peine à croire qu'une capitale si généreusement traitée par l'armée français en 1805, et que les habitans dont le bon esprit et la sagesse sont reconnus, eussent été fanatisés au point de se déterminer à une aussi folle entreprise. Il éprouva donc une douce satisfaction, lorsqu'en approchant des immenses faubourgs de Vienne, il vit une population nombreuse, des 11 112

femmes, des enfans, des vieillards se précipiter au-devant de 'armée française et accueillir nos soldats comme des amis.

Le général Couroux traversa les faubourgs, et le général Thureau se rendit sur l'esplanade qui les sépare de la cite. Au moment où il débouchait, il fut reçu par une fusillade et par des coups de cannon et légèrement blessé.

Sur 300 mille habitans qui composent la population de la ville de Vienne, la cité proprement dite, qui à une enceinte avec des bastions et une contrescarpe, contient à peine 80 mille habitans et 1300 maisons. Les huit quartiers de la ville qui ont conservé le nom de faubourgs, et qui sont séparés de Ja ville par une vaste esplanade et couvers du côté de la campagne par des retranchemens, renferment plus de 5 mille maisons et sont habités par plus de 220 mille âmes qui tirent leur subsistance de la cité, où sont les marchés et les magasins.

L'archiduc Maximilien avait fait ouvrir des registres pour recueillir les noms des habitans qui voudroient se defendre. Trente individus seulement se firent inscrire, tous les autres refusèrent avec indignation; déjoué dans ses espérances par le bon sens des Viennois. Il fit venir 10 bataillons de Landwehr et 10 bataillons de troupes de ligne, composant une force de 15 à 16,000 hommes, et se renferma dans la place.

Le duc de Montebello lui envoya un aide-de-camp, porteur d'une sommation; mais des bouchers et quelques centaines de gens sans aveu, qui étaient les satellites de l'archiduc Maximilien, s'élançèrent sur le parlementaire, et l'un d'eux le blessa. L'archiduc ordonna que le misérable, qui avait commis une action aussi infâme, fut promené en triomphe sur le cheval de l'officier français et environné par le landwehr.

Après cette violation inouie du droit des gens, on vit l'affreux spectacle d'une partie d'un ville qui tirait contre l'autre, et d'une cité dont les armes étaient dirigées contre ses propres concitoyens.

Le general Andréossy, nommé gouverneur de la ville, organisa dans chaque faubourg, des municipalités, un comité central des subsistances et une garde nationale, composée des négocians, des fabricans et de tous les bons citoyens, armés pour contenir les prolétaires et les mauvais sujets.

Le général gouverneur fit venir à Schonbrunn une députation des huit faubourgs: l'empereur la chargea de se rendre dans la cité, pour porter la lettre ci-jointe, écrite par le prince de Neuchâtel, major-général, à l'archiduc Maximilien. I recommanda aux députés de représenter a l'archi duc que, s'il continuait à faire tirer sur les faubourgs, et si un seul des habitans y perdait la vie par ses armes, cet acte de frénésie, cet attentat envers les peuples, briseraient à jamais les liens qui attachent les sujets à leurs souverains.

La députation entra dans la cité, le 11 à dix heures du matin

et l'on ne s'apperçut de son arrivée que par le redoublement du feu des ramparts. Quinze habitans des faubourgs ont péri, et deux Français seulement ont été tués.

La patience de l'empereur se lassa: il se porta, avec le duc de Rivoli, sur le bras du Danube qui sépare la promenade du Prater des faubourg-, et ordonna que deux compagnies des voltigeurs ocupassent un petit pavillon sur la rive gauche, pour protéger la construction d'un point. Le bataillon de grépadiers qui défendait le passage, fut chassé par ces voltigeurs et par la mitraille de 15 pièces d'artillerie. A huit heures du soir, ce pavillon était occupé et les matériaux du pont réunis. Le capitaine Portalès, aide-de-camp du prince de Neuchâtel, et le sieur Susaldi, aide-de-camp du général Boudet, s'étaient jetés les premières à la nage pour aller chercher les batteaux qui étaient sur la rive opposée.

A neuf heures du soir, une batterie de vingt obusiers, construite par les généraux Bertrand et Navelet, à cent toises de la place, commença le bombardement; 1800 obus furent lancés en moins de quatre heures, et bientôt toute la ville parut en flammes. Il faut avoir vu Vienne, ses maisons à huit à neuf étages, ses rues resserrées, cette population si nombreuse dans une aussi étroite enceinte, pour se faire une idée du désordre, de la rumeur et des désastres que devait occasionner une telle opération.

L'archiduc Maximilien avait fait marcher, à une heure du matin, deux bataillous en colonne serrée, pour tâcher de reprendre le pavillon qui protégeait la construction du pont. Les deux compagnies de voltigeurs qui occupaient ce pavillon qu'elles avaient crenélé, reçurent l'ennemi à bout portant: leur feu et celui de quinze pièces d'artillerie qui étaient sur la rive droite, couchèrent par terre une partie de la colonne; le reste se sauva dans le plus grand désordre.

L'archiduc perdit la tête au milieu du bombardement, et au moment surtout où il apprit que nous avions passé un bras du Danube, et que nous marchions pour lui couper la retraite. Aussi faible, aussi pusillanime qu'il avait été arrogant et inconsidéré, il s'enfuit le premier et repassa les ponts. Le res pectable général O'Reilly n'apprit que par la fuite de l'archiduc, qu'il se trouvait investi du commandement.

Le 12, à la pointe du jour, ce général fit prévenir les avantspostes qu'on allait cesser le feu, et qu'une députation allait être envoyée à l'empereur.

Une députation fut présentée à S.M. dans le parc de Schoenbrunn. Elle était composée de messieurs.

comte Dietrichstein, maréchal provisoire des états.

Le prélat de Klosternenbourg.

Le prelat des Ecossais.

Le comte Pergen.

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