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fonds: l'une assujétie à des lois, à des formules géométriques qu'il ne s'agit plus que de traduire en délinéamens matériels: c'est ce qu'on appelle la projection, c'est la portion rudimentaire de l'art; l'autre exigeant l'examen et la discussion préalables de tous les élémens dont l'ensemble doit former le sujet de la carte: c'est là qu'est l'œuvre de science du géographe, c'est là que se résument en un point, en un trait, des semaines, des années de recherches et de calculs.

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géographiques. Jusqu'ici le cartogra-
phe, guidé par les formules du géomètre,
n'est qu'un artiste: pour aller plus loin,
il faut d'abord qu'une érudition vaste,
profonde, complète, lui ait ouvert toutes
les sources où il est possible de puiser
des élémens pour le travail spécial auquel
il va se livrer. Initié aux opérations et
aux calculs astronomiques, il discutera
tous les résultats obtenus par cette voie,
saura apprécier le degré de justesse des
instrumens d'observation et les correc-
tíons constantes ou accidentelles à leur
appliquer; il tiendra compte du degré
d'habileté de l'observateur, et, après
s'être assuré que les données recueillies
méritent confiance, il effectuera on vé-
rifiera les calculs au moyen desquels ces
données procurent des positions géono-
miques. Familier avec les procédés les
plus parfaits de la géodésie comme avec
ses plus grossières, et, il faut le dire, ses
plus fréquentes applications, il devra
soumettre à une discussion sévère et in-
telligente la valeur de chaque ligne, de
chaque angle qu'elle lui aura fourni;
une connaissance exacte des mesures
anciennes et modernes, nationales ou
étrangères, fixes ou variables, linéaires
ou chronométriques, lui rendra faciles
toutes les réductions de mesures hétéro-
gènes à un mètre commun; une soi-
gneuse étude des lois et des anomalies
du magnétisme terrestre, le mettra à
portée d'apprécier les corrections appli-
cables, suivant les circonstances et les ré-
gions, aux variations de l'aiguille aiman-
tée, pour ramener tous les gisemens aux
pôles du monde; un tact exquis le gui-
dera dans le triage et le classement,
suivant leur diverse importance, des
données qu'il aura ainsi rassemblées,
vérifiées, discutées; des notions précises
sur les formes onomastiques, propres ou
appellatives, des idiomes locaux, se ré-
uniront à un scrupuleux examen des
circonstances topographiques, pour fixer
les repères des élémens provenus de dif-
férentes sources, et conduire avec assu-
rance entre deux écueils également dan-
gereux, le double emploi d'un point
unique et la confusion de plusieurs
points distincts. Enfin, la plus grave et la
plus ardue des opérations du géographe,

Nous allons essayer de donner tour à tour une idée précise de chacun de ces deux ordres de travaux.

Et d'abord, résumons en peu de mots ce qu'est la projection et quels en sont les divers modes usités. Opposer la forme sphéroïdale de la terre à la surface plate et unie de la feuille de papier ou de tel autre plan sur lequel on veut représenter tout ou partie de notre globe, c'est indiquer à la fois le but et les difficultés de la question à résoudre par le moyen de la projection. Pour la réduire à sa plus simple expression, il suffit d'observer que comme les méridiens et les parallèles terrestres (voy. ces mots) partagent la surface convexe du sphéroïde en une multitude infinie de quadrilatères étagés par rangées depuis l'équateur jusqu'aux pôles (où ce sont des triangles qui forment la dernière rangée), et comme l'on peut, sans inconvénient sensible, considérer chacun de ces quadrilatères élémentaires comme offrant une surface plane, il s'ensuit que le problème consiste en définitive à tracer sur le papier des séries de quadrilatères se succédant et s'étageant entre eux d'une manière analogue à la disposition des facettes supposées du solide sphéroïdal; ou, en d'autres termes, qu'il s'agit de tracer sur le papier les lignes représentatives des méridiens et des parallèles terrestres. On a eu recours, pour y parvenir, à trois modes divers de représentation : les vues perspectives, les développemens de surfaces osculatrices, et les tracés conventionnels. Nous expliquerons tous ces modes à l'article PRO

JECTION.

Mais le choix et le tracé de la projection ne procurent qu'un simple chassis dans lequel doivent s'encadrer les détails

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c'est la mise ensemble de ses matériaux. | circonstances nautiques; quand il s'agit Envain paraissent-ils réduits à une échelle des eaux courantes qui sillonnent un pays, commune, convenablement orientés, des canaux et des lacs qu'il renferme, assujétis à des positions observées : ce on joint le nom de ce pays à la dénomiserait grand hasard qu'il y eût dès l'a- nation d'hydrographique. On appelle bord une parfaite concordance entre les orographique la carte spécialement desdonnées; presque toujours au contraire tinée à représenter l'enchaînement et la elles offrent des dissidences, soit de dé- disposition des reliefs montagneux; phytail, soit d'ensemble, dont il faut appré- sique, celle qui donne dans leur ensemcier la portée réelle, rechercher les ble les caractères extérieurs du sol; causes, pour les faire disparaître au géologique, celle qui, par des signes ou moyen d'ingénieuses rectifications mû- des teintes conventionnelles, fait conrement pondérées et appliquées avec naître la nature des terrains; elle dejustesse. Les lacunes, le défaut de re- vient minéralogique si elle s'attache à pères, viennent compliquer les difficultés; indiquer plus particulièrement le gisec'est à en triompher heureusement ment des espèces minérales; il y en a de qu'est le talent du géographe. botaniques ou phytographiques, et de zoologiques, figurant la distribution des végétaux et des animaux à la surface de la terre; il y en a d'historiques, de routières, de politiques, de militaires, d'administratives, et de beaucoup d'autres espèces encore, suivant l'objet principal que l'auteur a eu en vue. Elles ne sont que conjecturales quand il supplée par un tracé hypothétique aux défauts de lumières réelles. Enfin la dénomina→ tion d'encyprotypes désigne les cartes qui, au lieu d'être gravées d'après un dessin antérieur, sont immédiatement exécutées sur le cuivre, procédé usité au dépôt de la marine, et adopté par quelques cartographes.

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Voilà l'indication rapide des principales qualités qu'exige la construction des cartes de la part de l'homme qui ne veut point se borner à une aveugle compilation, qui fait entreprise de science et non de commerce.

L'œuvre ainsi produite reçoit le nom de mappemonde, lorsqu'elle offre les deux hémisphères terrestres projetés côte à côte sur le plan de l'un des grands cercles du globe; on l'appelle planisphère lorsque toute la surface terrestre y est représentée sur une projection plate ou réduite. La carte est générale ou particulière, suivant qu'elle renferme une grande étendue de pays, ou qu'elle est bornée à une contrée spéciale; elle devient chorographique quand elle offre le détail d'un canton; topographique lorsque tous les accidens du terrain y sont figurés. Elle est à grand ou à petit point, suivant la dimension de l'échelle. On la nomme hydrographique ou marine lorsqu'elle donne exclusivement les rivages des terres, avec les sondes, rescifs, bancs, hauts et bas fonds, et autres

Le Mémorial du Dépôt de la guerre, le Traité de topographie et d'arpentage de M. Puissant, l'Introduction à la Géographie de M. Lacroix (à peu près copiée par Malte-Brun), sont les meilleures. sources où l'on puisse étudier la théorie générale des projections. Quant à la critique géographique, elle ne peut être réduite en traités; elle s'apprend à l'école des grands maîtres, par la lecture et la méditation des mémoires spéciaux de de L'Isle, de d'Anville, de Rennel, et du petit nombre de contemporains qui ont marché sur leurs traces. A..... CARTES GÉOGRAPHIQUES (notice historique). L'histoire des cartes géographiques considérée sous le rapport de leur degré plus ou moins grand d'exactitude et de précision mathématique, ainsi que sous le rapport des diverses contrées de la terre qui s'y trouvent représentées,

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Quant au dessin matériel des cartes, c'est chose d'artiste, assnjétie à certaines règles conventionnelles dont l'observation procure à la fois la netteté et l'élégance dans la disposition du tracé figuratif, de la lettre, et des signes divers. Souvent on confie l'exécution de cette partie à des dessinateurs de profession; d'Anville faisait tout de sa main, et son élève Barbié du Bocage avait conservé cette louable habitude.

les travaux d'Ortelius et de Mercator, les deux principaux fondateurs de ce système. Cette période, commencée par eux, est faiblement continuée et terminée par les Sanson. 6° La sixième époque, que nous nommerons époque de réforme, est celle de la refonte du système de géographie moderne, commencée par Guillaume de L'Isle et continuée par d'Anville, les deux plus grands géographes des siècles modernes. 7° La dernière et septième époque, est celle de notre temps, où un plus grand nombre de découvertes, d'observations, de levées et de travaux géodésiques, ont permis de donner aux cartes géographiques de grands perfectionnemens qui sont loin encore de suffire aux besoins de la science. On peut nommer cette époque celle de perfectionnement.

1° Pour la première époque, par le mot anciens,nous entendons parler seulement des Grecs et des Romains. Nous avons bien vu quelques cartes des Indiens et des Chinois, qu'on dit anciennes; mais, dans l'état actuel de nos connaissances relativement à ces peuples, il est impossible d'en déterminer la date. Quant à leurs cartes modernes et à celles des Grecs de nos jours, des Turcs et des Persans, elles sont des copies de celles de nos géographes, et même ordinairement des plus mauvaises et des plus surannées. On n'en peut donc tirer aucun parti, soit pour l'histoire de la science géographique, soit pour les progrès actuels ou futurs de cette science. Mais il n'en est pas tout-à-fait ainsi des anciens, c'est-à-dire des anciens Grecs et des Romains. Leurs écrits nous apprennent qu'ils avaient deux sortes de cartes: les unes propres à donner une idée de la forme, de l'étendue et de la situation relative des diverses contrées de la terre; les autres, indiquant seulement les distances des lieux et les embranchemens des routes, avec des indications propres à faire connaître la nature et l'importance des villes, villages ou stations qui s'y trouvent mentionnés. Ces dernières espèces de cartes étaient nommées itineraria picta, itinéraires peints, par opposition aux itinéraires écrits, itineraria annotata. Du grand nombre de cartes

est l'histoire même de la géographie, et le lecteur pourra trouver les notions qui la concernent aux mots GÉOGRAPHIE, VOYAGES, DÉCOUVERTES. Nous devons seulement signaler ici les principales révolutions qu'a subies l'art de la construction des cartes, sous le double point de vue que nous venons d'énoncer; ce qui sera d'autant plus utile que nous ne connaissons encore aucun ouvrage, soit français, soit étranger, où cette matière se trouve, nous ne dirons pas approfondie, mais exposée sommairement.

L'histoire de l'art de dessiner, sur une surface arrondie ou plane, toutes les contrées connues de la terre, de manière à présenter aux yeux une image fidèle de leur forme, de leur étendue et de leur situation respectives, telle que la science acquise nous la fait concevoir, se partage, suivant nous, en sept époques distinctes. 1° Celle des anciens, qui commence aux temps les plus reculés de l'histoire et se termine au vie siècle. Les noms de Ptolémée et de Cosmas-Indicopleustes marquent l'état du plus haut progrès et de la plus grande décadence de cette longue période. 2o La seconde époque est celle des Arabes, que le nom d'Edrisi résume en Occident. 3o La troisième époque, que nous appellerons l'époque des cosmographes, signale l'aurore de la renaissance des lettres parmi les peuples de l'Europe devenus barbares, du moins relativement à la géographie: elle commence à Marco-Polo et se termine à Fra-Mauro, au xv siècle. 4° Nous appellerons la quatrième époque celle des hydrographes, parce que ce fut aux grandes découvertes des marins dans l'Ancien et le Nouveau-Monde que l'on dut les rapides progrès qui eurent lieu dans la construction des cartes et des globes pendant cette période. A elle se rattachent les noms de Martin Behaim, de Christophe Colomb, d'Americ Vespuce, de Juan de la Cosa; ceux de divers éditeurs de la géographie de Ptolémée; des auteurs de collections de voyages et de traités de géographie, de Grineus, de Ramusio et de Sébastien Munster. 5° La cinquième époque, que nous nommerons époque du système géographique des modernes, est signalée par

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és

que les géographes anciens avaient dressées dans ces deux genres, il ne nous en reste que deux, c'est-à-dire une dans chaque genre: ces cartes sont celles de Ptolémée et celle de Peutinger, et encore n'avons-nous pas ces deux monumens précieux tels qu'ils sont sortis de la main de leurs auteurs. Ptolémée n'a probablement jamais construit de cartes; mais il zécrit une géographie, en 8 livres, toute mathématique, et avec laquelle on peut reconstruire sa carte générale et celles des différentes contrées de la terre connues de son temps. Un certain géomètre, ou artiste d'Alexandrie, nommé Agathodæmon, avait, dit-on, pris ce soin; mais nous n'avons pas les cartes d'Agathodæmon, dont l'existence même est douteuse et dont l'époque est incertaine. Les cartes qui accompagnent les manuscrits, soit grecs, soit latíns, de la géographie de Ptolémée, ont été dessinées dans les XIII, XIV ou xv siècles, d'après la projection qu'il' a donnée, et d'après les longitudes et les latitudes des lieux que renferme son ouvrage. Mais comme, après la renaissance des lettres et l'învention de l'imprimerie, on trouva que ces cartes n'étaient pas toujours d'accord avec le texte de l'auteur auquel elles se trouvaient jointes, de savans mathématiciens et d'habiles géographes s'occupèrent à les rectifier et à en faire d'autres. Celui qui a accompli cette tâche avec le plus de succès est Mercator. Depuis, personne n'a tenté de recommencer une telle œuvre, quoiqu'elle fût très susceptible d'être accomplie avec plus de perfection encore. Ainsi donc, les cartes de Ptolémée, que l'on cite sans cesse, ne sont point celles de cet auteur, mais bien les cartes de Mercator, construites d'après l'ouvrage de Ptolémée. Nous ne possédons aucun manuscrit très ancien de cet auteur, et tous ceux que nous avons offrent entre eux de nombreuses variantes et souvent des interpolations modernes faites au texte. Ptolémée lui-même, en voulant fixer astronomiquement le point que chaque lieu doit occuper sur le globe, a introduit dans la géographie des erreurs plus fortes que celles qui existaient dans les cartes d'Eratosthène, de Marin de Tyr, et des autres géo

| graphes anciens. Ces cartes, construites au moyen des itinéraires, et à projection plate, conservaient au moins les distances respectives des lieux qui dépendaient de chacun de ces itinéraires, et qui se trouvaient sur les mêmes routes. Ce fut, sans doute, une grande et belle idée que de vouloir fixer la position que chacun de ces lieux occupe sur le globe, par leur distance à l'équateur et à un premier méridien, mais il fallait pour cela des observations de longitude et de latitude mieux faites et en plus grand nombre que n'en possédait Ptolémée. Les cartes que Ptolémée avait sous les yeux offraient les côtes tracées avec autant de précision que le permettaient les travaux des navigateurs; les diverses sinuosités de ces côtes ne présentaient qu'une seule et même ligne différemment contournée, et celte ligne ne pouvait être confondue avec aucune autre; mais en assujétissant aussi à sa projection les positions de l'intérieur des terres que ces cartes contenaient, des sans prendre en considération les directions et les croisemens de routes ou d'itinéraires, qui en avaient déterminé la position, Ptolémée a brouillé toutes ces différentes lignes et a commis des erreurs telles qu'on ne peut aujourd'hui les rectifier, parce qu'on n'a plus les matériaux dont il s'est servi pour composer son ouvrage. Voilà pourquoi on retrouve encore pour les côtes des mesures de distances qui permettent à la critique de rétablir cette portion de l'ouvrage de Ptolémée dans son intégrité primitive, tandis que pour l'intérieur cela devient impossible. La table de Peutinger se rapproche davantage de la carte ancienne qu'elle reproduit, que les cartes de Mer cator de celles de Ptolémée, ou de celles qui ont servi de base à cet auteur. Le moine du XIIIe siècle qui a copié ou compilé la carte de Peutinger d'après une ou plusieurs cartes romaines, ne pouvait en inventer la moindre partie; mais un examen attentif nous y fait découvrir quelques interpolations et des fautes dont le copiste est l'auteur.

Malgré ces imperfections et ces défauts, les cartes dites de Ptolémée, et la carte de Peutinger, ainsi nommée parce qu'on en doit la connaissance à Peu

qui vivait vers la fin du xi siècle **.
2°Quand les Arabes eurent fondé une
nouvelle religion et un nouvel empire,
les sciences et les lettres firent parmi
eux de grands progrès, tandis que l'occi-
dent et le nord de l'Europe étaient encore
plongés dans la barbarie et dans l'igno-
rance. Les Arabes s'appliquèrent à la
géographie: ils avaient l'ouvrage de Pto-

tinger (voy. ce mot), sont les deux mo-
numens géographiques les plus impor-
tans qui nous restent des temps antiques.
Non-seulement ils fournissent les plus
grands secours pour l'étude de la géo-
graphie ancienne, mais ils peuvent être
encore de quelque utilité pour la géogra-
phie moderne, certaines contrées ayant
été mieux connues des anciens qu'elles
ne le sont de nos jours; telles sont l'in-lémée; mais depuis les Romains le mon-
térieur et le nord de l'Afrique, et l'Asie-de avait changé de face. Ils ne pouvaient
Mineure.
le reconnaître dans les dénominations
antiques qui ne subsistaient plus. Eux-
mêmes avaient pénétré dans des contrées
inconnues aux anciens. Les Arabes aban-
donnèrent donc la géographie des Grecs
et des Romains et en créèrent une qui
leur fût propre. Ils s'aperçurent qu'ils ne
pouvaient assez compter sur leurs obser-
vations astronomiques pour adopter la
méthode savante de Ptolémée. Ils divisè-
rent le monde par bandes ou climats, et,
en y ajustant leurs itinéraires, ils parvin-
rent à figurer les terres connues de leur
temps, d'une manière moins imparfaite
que ne l'avaient fait les ignorans cosmo-
graphes des siècles antérieurs. Leurs
cartes, quoique inférieures à celle de Pto-
lémée, avaient au moins le mérite d'être
originales et de représenter les connais-
sances acquises par eux; d'être plus en
rapport, que les cartes des anciens, avec
les noms nouveaux des diverses contrées
de la terre. Édrisi, un de leurs plus sa-
vans géographes, fabriqua pour Roger,
roi de Sicile, un globe terrestre en argent
du poids de 800 marcs, et il composa pour
l'expliquer un ouvrage géographique dont
nous avons des manuscrits, accompagnés
de cartes, dessinées probablement d'a-
près le globe qu'Édrisi avait construit.

3o L'ouvrage d'Édrisi et ses cartes
sont du milieu du x11 siècle; ce fut
d'après ses cartes que les cosmographes
d'Occident dressèrent les leurs. Aucun
des peuples d'Europe n'était alors aussi
instruit et aussi éclairé que les Arabes;
mais les voyages du Vénitien Marco-

Ptolémée est du second siècle de l'ère chrétienne; la carte itinéraire romaine, dite de Peutinger, est du 111° siècle, ou peut-être postérieure. L'irruption des Barbares ayant détruit l'empire romain en Occident, toutes les sciences rétrogradèrent, et la géographie plus que toutes les autres, de sorte que l'étude de Ptolémée et des cartes itinéraires fut entièrement négligée; nous n'avons de cette seconde époque, qui s'étend jusqu'au x siècle, que des cartes confuses et tracées selon les idées que l'on se faisait du monde, d'après quelques descriptions abrégées des anciens, Ces descriptions ramenaient au système géographique d'Eratosthène, ou à un système plus imparfait, suggéré par quelques passages de l'Écriture. La carte de Cosmas Indicopleustes, gravée dans le supplément des œuvres de saint Athanase, du père Montfaucon; d'autres cartes qui se trouvent dans la bibliothèque des avocats d'Édimbourg, dans la bibliothèque Cottonienne, dans les chroniques de SaintDenis, et dont plusieurs ont été gravées dans l'ouvrage de géographie ancienne et moderne du docteur Playfair *, sont de cette nature: elles ne sont utiles que pour l'histoire de la science. Pour l'Angleterre spécialement, il existe une carte qui tient le milieu entre l'époque ancienne et cette époque de décadence: c'est celle qui accompagne l'ouvrage de Richard de Circenster. Évidemment rédigée d'après une carte romaine, cette carte a subi tant d'interpolations qu'il devient souvent impossible à la critique de démêler ce qui appartient à la carte originale ou à l'interpolateur, moine de Westminster

(A system of Geography ancient and modern, 1808, in-4°, t. I, p. xcvш, pl. 1, 2, 3.

(**) On trouvera cette carte dans l'ouvrage in titulé: The description of Britain translated from Richard de Circenster, with the original treatise & De situ Britannix, etc., in-8°. La carte, en latin barbare, a pour titre : Mappa Britanniæ, faciei Romani secundum fidem monumentorum per Veterum depicta

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