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magnæ). Comme dans ce passage Pline nommait les Garamantes, on ne saurait contester que Carthage ne fût en relation de commerce avec eux.

Quant au commerce maritime, il n'y a point de doute que vers le sud il n'ait atteint les côtes de Guinée, et vers le nord les iles Cassiterides (voy.) et les contrées d'où l'on tirait l'ambre. Le commerce de la Méditerranée s'étendait de Tyr à l'Espagne et se faisait principalement en Sicile et dans les ports de l'Italie. Il ne parait pas que Carthage ait jamais eu de rapports de cominerce avec Marseille, et l'inimitié de cette cité l'a sans doute tenue éloignée des côtes méridionales de la Gaule.

Les objets d'exportation consistaient surtout en produits territoriaux, en articles obtenus par le commerce de terre. Les Carthaginois approvisionnaient de vins Cyrène, les Baléares et l'Afrique occidentale; ils les achetaient en Italie et en Sicile ainsi qu'en Espagne; ils faisaient aussi le trafic des huiles et des grenades; on cite encore le silphium, le ladanum et le nard, qu'ils allaient porter à Cerné en échange de peaux de bêtes et d'ivoire. Nommons encore le fer de l'ile d'Elbe, l'alun de Lipara, l'étain du Nord. Le commerce de l'or présente des particularités fort singulières. Les Carthaginois se rendaient, dit Hérodote, sur une plage au-delà des Colonnes d'Hercule; là ils débarquaient leurs marchandises, allumaient un feu qui produisait de la fumée et retournaient s'embarquer: à la vue de la fumée les indigènes accouraient, déposaient leur or à côté des marchandises et s'éloignaient. Puis les Carthaginois revenaient, et s'il leur paraissait qu'il y avait assez d'or ils l'emportaient; au contraire, s'ils n'en jugeaient pas ainsi, ils retournaient de nouveau à leurs vaisseaux jusqu'à ce que les indigènes eussent placé assez d'or à côté des marchandises. Réciproquement on apportait à ce trafic beaucoup de bonne foi et l'on ne touchait ni à l'or ni aux marchandises que l'on ne se fût préalablement trouvé d'accord. Un voyageur moderne rapporte que le commerce se fait encore de la même manière entre Maroc et les habitans de Tombut. Comme le Périple de Himilcon ne s'est

pas conservé, nous ne savons pas comment se faisait dans le nord et dans l'ouest de l'Europe le commerce de l'ambre et de l'étain. Les Phéniciens avaient fondé beaucoup de colonies de ce côté et les Carthaginois les avaient visitées à leur tour. L'étain était produit par l'Espagne septentrionale, les Cassitérides (les iles Sorlingues) et la Bretagne. Diodore nous apprend que les Carthaginois pénétrèrent jusque là; les Bretons conduisaient leur étain sur une petite ile appelée Ictis, où les Carthaginois l'embarquaient. Les Marseillais aussi faisaient ce commerce, mais plus péniblement, en traversant la Gaule l'espace de 30 jours de marche. Il y a tout lieu de croire que les Carthaginois, ainsi que leurs prédécesseurs les Phéniciens, pénétrèrent jusque dans la Baltique, et certes ils n'auront pas cédé en audace et en habileté à Pythéas, qui, l'an 320 avant J.-C., avait visité ces contrées. Le trafic des peaux et des pelisses se faisait d'une part avec les iles britanniques, de l'autre avec la côte d'Afrique aux Bretons on portait en échange du sel, des vases de terre; aux Africains du vin, des toiles d'Égypte et des tissus fabriqués avec beaucoup d'art. Un Grec appelé Polémon a même fait un traité sur les procédés employés par les Carthaginois; les étoffes de l'ile de Malte étaient préférées à celles de Sidon. L'art du teinturier n'était pas moins perfectionné. Enfin le commerce des esclaves et notamment la vente des nègres, des prisonniers de guerre et des Corses, produisait de grandes richesses. Dans la seconde guerre punique Asdrubal put acheter jusqu'à 5,000 esclaves à la fois.

Religion. La religion de Carthage a été l'objet d'un magnifique ouvrage de l'évêque danois Munter (2o édit., Copenh., 1821, in-8°). Les idées religieuses des Phéniciens n'étaient ni aussi libres ni aussi poétiques que celles des Grecs; leurs conceptions et leurs croyances étaient empreintes d'un caractère sombre, terrible. Carthage ne sépara point sa religion de celle de la métropole; la religion fut de tout temps le lien le plus puissant entre l'une et l'autre. C'était cet antique culte des astres et du feu qui régnait dans tout l'Orient, Hérodote nous dit des

Perses qu'ils sacrifiaient au soleil, à la terre, à la lune, au feu, à l'eau, aux vents, et qu'ils apprirent des Assyriens et des Arabes à sacrifier aussi à Uranie; toutefois cette religion prenait chez chacun des peuples qui la pratiquaient un caractère particulier. Chez les Carthaginois, l'importation de croyances étrangères n'a jamais altéré le fond de la religion. Ainsi les dieux de la Grèce et ceux de la Libye n'apparaissent dans leur histoire que comme des modifications des divinités phéniciennes.

Le nombre des dieux carthaginois paraît avoir été déterminé par celui des puissances de la nature, ainsi que leur rang entre eux. Le premier était celui du soleil et du feu sous les noms de Baal, Moloch, Kronos, Saturne, Apollon, Melkarth ou Hercule; Astarté, déesse de la lune et de la terre, lui était adjointe comme force qui conçoit et produit. Esmun ou Esculape présidait à l'air, élément conservateur de tout ce qui est créé; il était naturel aussi que le dieu de la mer fût invoqué par les navigateurs quand ils allaient au loin fonder des colonies. Les Phéniciens considéraient le dieu de la nuit comme un fils de Kronos

(du temps), et probablement les Carthaginois avaient la même croyance. Il n'est pas surprenant que ceux-ci aient accordé des honneurs divins à Didon, leur fondatrice, à Hamilcar qui périt sur le bûcher dans Himère, aux Philænes qui se sacrifièrent à la patrie, enfin au héros Iolaus révéré dans la Sardaigne, leur principale province. Les divinités étrangères qui étaient le plus en faveur chez eux, Cerès et Proserpine venues de Sicile, prenaient rang après les divinités indigènes, et n'avaient pas même de temple.

Ainsi que Jehovah et Jupiter, Baal (le seigneur), ou Moloch (le roi), ou Belsamen (le roi du ciel), était terrible, et l'on ne prononçait pas son nom. La course du temps se lie à la marche du soleil: aussi les Romains l'appelèrent Saturne, les Grecs Kronos. Apollon n'était qu'une autre forme de la principale divinité; néanmoins il avait à Carthage un temple particulier, car on le regardait comme le dieu des négocians grecs qui

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| demeuraient à Carthage ou y venaient trafiquer. On n'est point sûr de l'identité de Melkarth et de Baal que les anciens regardent aussi comme une divinité astronomique. Il est impossible que les fêtes annuelles célébrées dans toutes les colonies grecques ne l'eussent pas été en l'honneur de Baal que les Grecs parfois traduisent par Hpaxλns, et cependant c'est bien à ce Melkarth-Hercule considéré comme divinité solaire, que s'adressait cet hommage; on allumait un grand bûcher, ce qui signifiait le soleil se consumant luimême et renouvelant sa course. Une médaille de Tarse nous le représente sous la forme d'un aigle qui s'envole, et Dion Chrysostome nous apprend que c'est l'apothéose d'Hercule qui se brûla après ses douze travaux, les douze mois; scène qui, chez les Grecs, avait pour théâtre le mont OEta. C'est la raison pour laquelle Tyr et ses colonies comptaient Hercule comme une divinité principale; on lui offrait la dime du butin; dans la malheureuse campagne contre Agathoclès, les Carthaginoisrenouvelèrent leurs sacrifices à Baal, et ils envoyèrent à Tyr pour apaiser Hercule. Il paraît donc qu'il y avait identité entre Baal et Melkarth, qui pouvait être une incarnation particulière du soleil, une puissance présidant au commerce et à la guerre. A Carthage, on immolait à Baal des victimes humaines; Kronos, Saturne, dévorait ses enfans. Convaincus que ces victimes lui étaient agréables, ses adorateurs lui vouaient, en temps de famine ou de peste, leurs plus beaux enfans et même des hommes adultes et des femmes, mais surtout des prisonniers de guerre. La terrible statue du dieu était debout, les bras étendus vers l'ouverture d'un four où brûlait le fen sacré : on plaçait sur ces bras les victimes, et ils roulaient dans le brasier, tandis qu'une bruyante musique couvrait leurs cris; les lois défendaient à leurs mères le moindre signe de douleur. L'usage s'était introduit d'acheter pour ce cruel usage des enfans d'esclaves; mais lorsqu'on vit Agathoclès menacer l'existence de Carthage, on condamna cette innovation, et d'un seul conp 200 enfans des plus riches familles furent livrés à Baal. On rapporte que 300 pères soup

çonnés d'avoir ainsi sauvé leurs enfans, se précipitèrent eux-mêmes dans les flammes. Cette coutume dura autant que Carthage elle-même. En Sardaigne aussi des prisonniers et des vieillards périssaient ainsi aux éclats d'un rire forcé, d'où est venu l'expression proverbiale rire sardonique. Ce culte jetait beaucoup de férocité dans le caractère national, mais celui d'Astarté n'était pas moins funeste aux mœurs publiques; il y a affinité entre elle et la déesse persane Mitra, l'assyrienne Mylitta, ou l'Alitta des Arabes, et les prostitutions du temple de Babylone se reproduisaient à Carthage. C'était la même divinité que Diape, que Minerve, que la bonne déesse, que Junon samienne, maltaise, lucinienne; il n'est pas douteux qu'elle n'eût un temple à Carthage, et long-temps encore les ruines de celui qu'elle avait à Malte se sont conservées. Les désordres les plus grands se commettaient à Sicca, à 3 journées de marche de Carthage: là on mettait en continuelle pratique cette pensée, que la virginité des filles et la chasteté des femmes devaient être offertes en sacrifice.

Nous avons moins de données sur le culte de Neptune et d'Esculape ou Esmun, que l'on considérait comme étant l'air lui-même, et dont par conséquent le temple était toujours placé dans les lieux élevés. Quant à Neptune, il paraît, par le témoignage d'Hérodote, que c'était une antique divinité libyenne; le lion, le dauphin et le thon, lui étaient particulièrement consacrés; on précipitait les offrandes dans la mer, comme le fit Hamilcar au siège d'Agrigente lorsqu'il fut frappé d'effroi pour avoir violé les tombes grecques. Hannon éleva un temple à Mercure sur le promontoire de Soloé, et il est probable que beaucoup de colonies avaient aussi des temples consacrés à ce dieu.

L'influence de la religion sur la vie privée n'est pas douteuse, puisque tous ces noms propres, Malchus, Annibal, Asdrubal, ont rapport à quelque divinité protectrice. On priait les dieux avant d'entreprendre rien d'important; on les remerciait après le succès. De là les sermens au pied des autels, de là l'invocation des dieux dans les traités.

On ne brûlait pas les morts, de peur de profaner le feu; on croyait à une autre vie; toutefois, la foule était abandonnée à des superstitions barbares; elle était d'un caractère sombre et farouche, servile envers le puissant, hautaine envers le faible. L'habitude des sacrifices humaius étouffait tous les sentimens généreux, et il ne faut pas s'étonner de la barbarie des armées carthaginoises, ni de leur peu de respect pour les temples et les sépultures.

Quant à la bonne foi, on sait l'adage punica fides; l'esprit mercantile ne pouvait que développer cette disposition à la perfidie; et puisqu'on trompait les dieux eux-mêmes, par la substitution de victimes étrangères aux enfans qu'on promettait d'immoler, comment n'eût-on pas trompé les hommes?

La corruption dont l'exemple était donné par le culte d'Astarté était générale parmi les Carthaginois; le lien du mariage était fort relâché, et le préfet des mœurs n'aurait pu porter aucun remède à un mal propagé par le culte luimême et favorisé par le sénat et les habitudes africaines.

Quant à la civilisation, elle était fort avancée. Déjà les Phéniciens avaient communiqué à leurs colons de vastes trésors de science et de connaissances usuelles: l'art du tisserand, celui de battre monnaie, la fusion des métaux, l'usage de la pourpre et du verre, la géométrie, l'as tronomie et la science du navigateur. On peut croire que pendant 7 siècles d'activité et de contact avec les Grecs et les Étrusques tout cela ne se soit perfectionné; mais ce qui distinguait surtout les Carthaginois de tous les autres peuples, c'est leur prédilection pour l'agriculture qui faisait, ainsi que le commerce, leur principale occupation. Les suffètes eux-mêmes s'y livraient avec ardeur. Carthage était entourée de belles maisons de campagne, de vergers, de prairies bien arrosées. Environ 500 ans avant J.-C., Magon écrivit un traité sur l'agriculture dont il nous est resté des fragmens; cela prouve quelle importance attachaient à ce premier des arts les hommes d'état. On estimait beaucoup, chez les Grecs et chez les Romains, le

livre de Magon, et l'on consultait jusque dans les derniers temps de la république ses préceptes sur l'éducation du bétail et la culture de la vigne, des oliviers, des grenadiers, etc. Le sénat romain chargea D. Silvanus de traduire l'ouvrage.

Il nous reste à donner quelques renseignemens sur la topographie de Carthage. Pour se faire une idée juste des localités, il convient de recourir à un plan et de consulter surtout le bel ouvrage de M. Falbe, consul-général du Danemark, publié en 1833 (Recherches sur l'emplacement de Carthage, suivies de renseignemens sur plusieurs inscriptions puniques inédites, avec le plan topographique de la ville et 5 autres planches). La ville couvrait la plus grande partie de la presqu'ile sur l'isthme de laquelle était bâtie Byrsa; elle avait environ cinq milles de circuit du côté de terre; à l'ouest régnait une grande ligne de rochers laissant à peine quelques passages taillés de main d'homme; au nordquest était l'embouchure du Bagradas (le Mezerda), et au nord-est l'île Ægimurus, ou plutôt deux écueils que rappellent deux iles autrefois habitées, presque englouties par la mer. Au nord et à l'est, Carthage était entourée par la mer; au sud, il y avait un lac à l'extrémité du

Guevara, sans citer aucune autorité, donne quelques détails sur l'éducation des Carthaginois: il dit qu'elle durait, | pour les enfans måles, et surtout pour ceux des grands, depuis l'âge de 3 ans jusqu'à 12; que de 12 à 20 ans ils apprenaient les arts et les métiers; que de 20 à 25 ans la jeunesse etait vouée au service militaire, et qu'on ne se mariait pas avant 30 ans; les femmes elles-mêmes ne pouvaient contracter cette union qu'à 25 ans. Il fallait que, dans le mois qui suivait son mariage, l'époux vînt déclarer au sénat s'il voulait être prêtre ou guerrier, navigateur ou agriculteur, ou se livrer à une profession, après quoi il était irrévocablement classé. Le Carthaginois Suniatus ayant averti Denys de Syracuse, par une lettre grecque, des mouvemens de l'armée, le sénat défendit que l'on ap-quel était Tunis. Une langue de terre, ou prit désormais le grec; mais il ne parait pas que l'on ait long-temps respecté ce décret, car Annibal se faisait suivre partout d'un Lacédémonien qui lui euseigna cette langue, et l'on prétend qu'il écrivit en grec un livre sûr la campagne de Cn. Manlius Vulso en Asie. Cicéron cite un philosophe de l'académie, Clitomaque, dont le nom carthaginois était Asdrubal; il vante sa sagacité et son zèle. La littérature nationale des Carthaginois consistait surtout en traités de géographie, d'économie et d'histoire. Il y avait des bibliothèques dont le sénat romain, après la prise de Carthage, fit cadeau aux princes numides.

La langue carthaginoise était, comme le phénicien, une branche de la famille sémitique répandue en Asie. Elle avait donc beaucoup de rapports avec l'hébreu, le chaldéen, le syriaque, mais n'était pas sans mélange de constructions et de mots libyens. Nous n'avons plus que les fragmens conservés dans la comédie de Plaute intitulée Pœnulus. Bellermann a essayé de les expliquer. A peine s'il est resté dans les écrits et sur les médailles quelques mots épars,

plutôt de rocs, séparait le lac de la mer, et Scipion en voulut profiter pour garder le port. L'entrée du port, large de 70 pieds, était garantie par une chaine que l'on étendait pour le fermer. Les négocians étrangers déchargeaient leurs marchandises sur le quai dont le port était entouré. Le port intérieur, appelé Kothon, était pour les vaisseaux de guerre et séparé du port extérieur par une forte muraille probablement assise sur une digue. Le Kothon était de forme carrée ; néanmoins le côté opposé à la muraille se recourbait en demi-cercle. Immédiatement après l'entrée était une île d'où l'on pouvait observer la mer extérieure, sans que du dehors on pût remarquer ce que l'on faisait à l'intérieur. Cette île était habitée par le commandant de la flotte; il y avait des abris pour 220 navires et des magasins immenses. Le pourtour de l'ile et celui du quai étaient garnis de colonnes ioniennes, ce qui formait un beau péristyle. Byrsa, la citadelle, était entourée d'une triple muraille, s'élevant comme en gradins l'une au-dessus de l'autre. L'intérieur avait de vastes écuries, des magasins et des casernes pour

300 éléphans, 4,000 chevaux et 20,000 hommes. A l'époque de sa destruction, Carthage avait, dit-on, 700,000 hommes de population. Pour la description des divers quartiers, tels que Kothon et Magaria, il faut recourir à l'ouvrage déjà cité de M. Falbe.

Silius Italicus a dit, Teucro fundata vetusto. Elle était déjà bien riche quand Scipion en fit le siége, et ses mines d'argent avaient suffi à l'entreprise d'Annibal qui, avant de partir pour l'Italie, y avait pris ses quartiers d'hiver. Les forces de Scipion se montrèrent devant Carthagène en même temps par terre et par mer. Le siége fut sanglant; Scipion lui-même monta à l'assaut. Magon, qui s'était réfugié dans la citadelle, fut obligé de se rendre. Les Romains recueillirent des avantages immenses de cette conquête. Il parait que dès lors la population était fort nombreuse. Elle est aujourd'hui de 30,000 ames; il y a des chantiers, des arsenaux maritimes, des fabriques de voiles, un jardin botanique, un observatoire, une école de pilotes, etc.

Le lecteur qui voudra faire une étude approfondie de tout ce qui concerne Carthage fera bien de consulter les ouvrages suivans: Histoire de la république de Carthage, Francfort-sur-leMein, 1787; Carthago, de Hendreich; le traité de Munter sur la religion de Carthage; l'expédition d'Annibal à travers les Alpes, par Zander; les travaux de M. Letronne sur le même sujet'; les écrits de Becker sur la seconde guerre punique; les Idées de Heeren; le commentaire de Kluge sur le traité d'Aristote intitulé De Politid Carthaginiensium; enfin l'excellent ouvrage allemand publié en 1827 par M. Guillaume Boetticher, sous le titre d'Histoire de Car-trefois partie de la Colombie, est une thage.

P. G-Y.

Nous n'avons rien à ajouter à ce savant article; seulement nous dirons qu'on a cru devoir renvoyer le récit des principaux événemens de l'histoire de Carthage au mot PUNIQUES (guerres) et à T'article qui sera consacré à la république romaine, rivale de la république carthaginoise. Au mot PUNIQUE nous reviendrons aussi sur la langue des Carthaginois, dont M. Hamaker, à Leyde, a fait l'objet de ses profondes recherches. Enfin nous indiquerons à nos lecteurs, comme un travail fort important à consulter, un article de M. Gesenius, dans l'Encyclopédie allemande d'Ersch et Gruber, supplément, t. XXI, pag. 56-101.

S.

CARTHAGÈNE, ville d'Espagne située dans le royaume de Murcie. Elle a un port très avantageux, dont l'entrée est protégée par une île. Carthagène fut fondée par Asdrubal peu de temps avant la guerre punique et non par Annibal, comme le dit mal à propos Appien. Polybe l'appelle Kalvónos, Polyen Phænissa; on l'a aussi surnommée Spartaria,à cause d'une espèce de jonc qui croit en aboudance dans ses environs et que les anciens appelaient spartum. Nous ne tiendrons pas compte de ce que le poète

P. G-Y.

CARTHAGÈNE, chef-lieu de la province de Magdalena, dans la république de la Nouvelle-Grenade, qui faisait au

ville fortifiée avec un excellent port, mais sous un climat insalubre et d'une chaleur excessive. Carthagène, siége d'un évêque, est une ville de 18,000 ames. S.

CARTHAME, fleur du carthamus tinctorius, plante originaire de l'Égypte et cultivée dans les climats chauds, qui appartient à la famille des flosculeuses. Elle est connue dans le commerce sous le nom de safranum ou safran bátard, et il s'en fait une grande consommation pour la teinture. Ce sont les pétales de la fleur qu'on recueille pour cet usage avec beaucoup de précaution et qu'on fait sécher avec soin.

Le carthame contient deux matières co. lorantes essentiellement distinctes: l'une jaune, très soluble dans l'eau et peu estimée, l'autre rouge, de nature résineuse et conséquemment insoluble dans l'eau, et qu'on recherche parce qu'elle fournit de très belles nuances. La couleur de cette substance s'avive singulièrement par l'addition des acides citrique ou tartrique aussi emploie-t-on ces acides comme mordans pour les teintures de

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