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la moelle épinière, et elle est logée dans | ciens, en partie dans les poissons et les un étui osseux formé par les os du crâne oiseaux; qu'il n'y a pas de lobes céréet les vertèbres constituant par leur réu- braux dans les raies et dans les squales, nion la longue tige flexible nommée co- et de lobes olfactifs dans plusieurs poislonne vertébrale ou épine du dos. Vu sons osseux. Enfin le nombre des lobes dans son ensemble, l'encéphale se com- cérébraux varie dans les mammifères. La pose de deux faisceaux de substance ner- communication entre les diverses parties veuse, sécrétée collatéralement à l'axe, du corps et l'encéphale est établie par dans l'intervalle de deux tubes concen- des cordons blanchâtres de matière nertriques formés par une membrane vas- veuse (voy. l'article NERFS). Ces nerfs culaire à réseaux très fins, appelée la pie- sont au nombre de 43 paires et provienmère. Il ne se dépose pas de matière ner- nent tous de la moelle épinière ou du cerveuse dans le calibre du tube intérieur, veau (y compris la première paire de nerfs dont la cavité s'oblitère ou se dilate en- cérébraux, que l'on devrait plutôt consitre des points déterminés de la longueur, dérer comme une portion à part du cerpour les diverses classes et pour les dif- veau). De ces 43 paires, 12 naissent du férens âges des mêmes espèces dans cha- cerveau ou de la moelle allongée, les que classe. Car c'est une tendance de la 31 autres paires proviennent de la pornature de faire passer des animaux su- tion de la moelle épinière logée dans l'épérieurs par des états transitoires ana- tui vertébral, Ces nerfs se divisent presque logues à l'état qui est permanent pour tous en un grand nombre de rameaux et de des êtres inférieurs. La pie-mère, formée ramuscules, qui vont se perdre par des par une multitude de vaisseaux sanguins filamens d'une ténuité extrême dans la plus ou moins fins et tortueux provenant substance des divers organes. Les uns, de l'encéphale, ou s'introduisant dans sa tels que les nerfs de la vue ou de l'audisubstance, afin de modérer la force avec tion, sont spéciaux pour les sensations; laquelle le sang y arrive, exhale par la les autres, tels que les nerfs du bras, de face externe de son tube intérieur et la jambe, etc., sont à la fois destinés à par la face interne de son tube ex- conduire les sensations et à l'excitation térieur, des couches nerveuses con- du mouvement volontaire. C. L-R. centriques pour le tube extérieur, excentriques pour l'intérieur. Toutes les fois que l'encéphale ne présentera pas de renflemens, on conçoit facilement que le calibre du tube intérieur sera diminué au point de disparaître entièrement. Au contraire, là où les deux tubes offriront des dilatations, se développeront des cavités nées de l'agrandis sement de la cavité primitive. L'axe cérébro-spinal ne se compose pas d'un nombre uniforme de parties; il renferme au complet : la moelle épinière, le cervelet, composé lui-même de trois parties qui peuvent manquer toutes ensemble ou isolément, le cerveau, renfermant les tubercules quadrijumeaux, les lobes du cerveau, les lobes olfactifs. Les seuls de ces organes dont l'existence soit constante dans toutes les classes des vertébrés sont la moelle épinière et les lobes optiques ou tubercules quadrijumeaux. C'est ainsi que le cervelet manque entièrement chez les grenouilles et les autres reptiles batra

CÉRÉMONIAL. On entend par ce mot le résumé de tous les usages observés dans certaines occasions solennelles de la vie publique. L'étiquette (voy.) qui est le résumé des règles prescrites dans les cercles de la haute société, et notamment dans les différentes cours, forme une branche du cérémonial et fixe le rang que les états et les individus ont à garder entre eux. On s'étonne de voir quelle haute valeur la société humaine a toujours attachée à de simples formes et comment elle a pu trouver des marques plus ou moins honorifiques, plus ou moins distinctives, dans les choses les plus insignifiantes en elles mêmes. On ne peut attribuer cette tendance, qui se rencontre chez tous les peuples, dans tous les pays, qu'à la symbolique de la vie, et partant à la symbolique du droit en général, qui disparaît au fur et à mesure que les nations sortent des ténèbres où elles sont plongées pour passer de leurs impressions confuses et incomplètes à

des idées plus nettes et plus raisonnables. | des cours de l'Europe, de Rousset (3 v.

in-fol., Amst., 1739), ouvrage qui fait suite au Corps universel diplomatique du droit des gens de Dumont (8 vol., Amst., 1726 et suiv.); pour la France spécialement ceux que nous indiquons à la fin de cet article; pour l'Allemagne le Deutsches Hofrecht de K.-F. Moser (2 v.,

pays, les ouvrages presque tous publiés avec luxe sur les couronnemens des derniers empereurs d'Allemagne, de George IV d'Angleterre, et de Charles X, roi de France. La base essentielle du céré

même, l'observation exacte du rang des personnes, ou bien la théorie de la place d'honneur en général, tant pour la marche que pour les cas où l'on s'arrête et s'assied durant la cérémonie.

Le cérémonial donne en général la mesure du respect ou du mépris que l'on a pour la dignité de l'homme et de la manière dont on envisage l'honneur. L'esclave place sa tête sous le pied de son maître; le vassal courbe le genou; l'Européen d'aujourd'hui ne courbe plus que l'échine. L'usage de baiser lepied a été suc-in-4°, Francf., 1754); puis pour divers cessivement remplacé par celui de baiser l'habit (comme on fait encore dans le Nord) et ensuite la main; et bientôt on le verra se perdre dans le simple et måle serrement de la main. Le cérémonial peut se diviser en cérémonial est, outre l'action principale ellemonial d'état et de cour, et en cérémo- | nial diplomatique, dans les relations d'états à états. Le premier dépend du caprice de chaque état en particulier; l'autre se fonde sur un consentement réciproque, formel ou tacite. Dans les états monarchiques, la cour est le centre autour duquel se meut la vie publique: aussi dans les grandes solennités, à l'occasion de couronnemens, de mariages, de funérailles, d'audiences extraordinaires, etc., les premiers officiers de la couronne sont-ils toujours chargés des dispositions du cérémonial. Certes, ce n'est pas toujours une chose aisée pour un grandmaître des cérémonies que d'ordonner toute une solennité de manière à ce que, d'un bout à l'autre, elle marche sans entrave et sans incident. D'anciennes coutumes sont alors consultées par lui; il tire de la poussière des bibliothèques et des archives plus d'un parchemin, plus d'une charte oubliée depuis des siècles, de peur que l'étiquette toujours suivie dans une semblable occasion ne soit blessée en quelque point. On pourrait écrire et l'on a écrit des volumes entiers sur la manière de disposer les auditoires, les salles du trône, les chapelles, les églises; sur le nombre des marches qui doivent conduire`au trône et aux autres places d'honneur; sur le costume de chacun, sur les places assignées aux diverses personnes, selon leur rang, et sur les us à observer pendant la cérémonie elle-même. Des livres utiles à consulter à cet égard sont le Theatrum ceremoniale historico-politicum, de Koenig (Leipzig, 2 vol. in-fol., 1719-20); le Cérémonial diplomatique

[Les puissances européennes se sont long-temps disputé entre elles le rang qu'occuperait chacune dans les solennités où elles se trouveraient réunies, soit dans la personne des souverains, soit par des ambassadeurs qui les représentent. Autrefois le premier rang appartenait incontestablement au chef du Saint-Empire, seul empereur proprement dit (car maintenant chaque souverain prend le titre qu'il lui plait); puis venait le roi de France; mais le roi d'Angleterre lui disputait le second rang, et cependant l'Espagne ne voulait jamais céder le troisième, celui qui venait immédiatement après la France. A cet égard il règne aujourd'hui une anarchie complète: l'àge ou le rang hiérarchique des diplomates règle le plus souvent la préséance, et dans plusieurs cours on a introduit ce qu'on appelle le pêle-mêle. On peut consulter sur ces importantes futilités les Mémoires de Ségur et ceux de plusieurs autres diplomates. S.]

C'est aux plus hautes dignités qu'appartient la place la plus rapprochée du souverain, et toujours la droite, d'après l'usage généralement reçu en Europe. Dans toutes les cérémonies d'église, l'autel forme le centre, et c'est alors à droite que l'on voit la place d'honneur (depuis la nef); de là vient l'adage à l'église main gauche prévaut (en tournant le dos à l'autel, bien entendu). De même aussi,

dans le blason, le côté gauche a l'avan- | tage sur le droit, c'est-à-dire le côté qui se trouve à la gauche de celui qui regarde. Dans la salle du tròne c'est le trône qui forme le centre. A table c'est encore au centre que se place le souverain, et de ce point, en partant de la droite et de la gauche, se règle l'ordre des autres convives. La place vis-à-vis de celle d'honneur forme une seconde catégorie, toujours en partant du centre et en le prolongeant à gauche et à droite | jusqu'aux extrémités. Debout, en marchant, comme assis entre deux, la place d'honneur est toujours à droite; lorsqu'on est plusieurs c'est le centre. Dans les cortéges et processions, le centre est là où se trouve la personne du plus haut rang, ou l'objet qu'on montre en parade, comme le monarque dans les couronnemens, le prélat portant l'hostie ́consacrée, l'ambassadeur qui fait son entrée, le cercueil dans les inhumations, etc. En avant du centre marchent les personnes d'un rang inférieur; derrière elles, les dignitaires du premier ordre, et devant les personnages principaux les officiers de service. Viennent ensuite les invités avec les assistans. L'observation des rangs, à l'occasion d'entrevues de têtes couronnées, d'audiences extraordinaires, de réceptions d'ambassadeurs, de même que du salut maritime, fait partie du cérémonial diplomatique. Le baron de Meyerberg, ambassadeur de Léopold Ier, en descendant de cheval près de Moscou, avait grand peur que le dignitaire envoyé à sa rencontre par le tsar ne mît pied à terre qu'un instant après lui, et il mesura bien sur lui tous ses mouvemens.

Le cérémonial des chancelleries est la somme des règles à observer dans les différentes écritures qui en émanent, tant pour être adressées aux diverses autorités du pays même qu'aux puissances avec lesquelles on se trouve en relation. Ces règles déterminent la forme extérieure (lettres patentes ou lettres closes), la matière (le papier ou le parchemin: on ne se sert plus guère de ce dernier qu'en Angleterre, et à la | chancellerie apostolique de Rome), le cachet (apposé ou attaché en forme de bulle), le titre sur l'adresse, et celui

dans le corps de la lettre, ainsi que la formule de l'introduction, du salut et de la conclusion de ces divers écrits. De ce nombre sont le titre de frère que se donnent entre eux les empereurs et les rois, le titre de majesté d'abord réservé au seul empereur, et celui d'altesse qu'on ne donnait autrefois qu'aux princes réellement régnans (voy. ces mots). La république de Venise, la Pologne, les Pays-Bas, l'ordre de Malte, recevaient le titre de sérénissime qu'on donne aujourd'hui à la Confédération germanique, en allemand durchlauchtigst. Napoléon, dans sa correspondance avec les princes de la Confédération du Rhin, les appelait très excellens princes. Les communications de souverain à souverain, en leur propre nom, se font de différentes manières : 1o par des lettres de chancellerie, la forme la plus solennelle, dans laquelle on se sert de tous les titres du prince qui écrit, lesquels, selon le rang qu'il occupe, se placent au commencement ou à la fin de l'épitre; 2o au moyen de lettres émanées du cabinet, en style ordinaire, que l'on modifie selon les circonstances; et 3° par lettres autographes, en style épistolaire. Déjà beaucoup d'états ont commencé à s'écarter dans leurs correspondances des formules ridiculement empesées employées jusqu'aujourd'hui. Les ministres se servent entre eux du style épistolaire ordinaire et abrégent souvent encore toutes formules, en réduisant leurs correspondances à de simples notes, dans lesquelles l'écrivain emploie la troisième personne, sous la forme d'un pro memoria, ou d'une note verbale, sans introduction et sans signature. En général, le cérémonial d'aujourd'hui a beaucoup perdu de son antique raideur et se simplifie encore journellement. Mais dans les cours d'Orient le cérémonial le plus rigoureux est maintenu avec une grande susceptibilité, et il brille surtout dans toute son étendue dans l'empire chinois. On connaissait déjà le cérémonial en Europe sous Charlemagne. Emprunté à la cour byzantine, il se répandit plus généralement par le mariage du roi Othon II avec la princesse grecque Théophanie, et envahit de plus en plus toutes les cours sous le règne de Charles-Quint.

Il faut voir, dans les mémoires de madame Campan et autres, le cérémonial de la cour de France au dernier siècle; par exemple, quelle affaire c'était pour une reine que de passer une chemise, et à quelles chances elle était exposée pendant qu'elle s'occupait de cette grave opération. C. L. et S. Théodore Godefroy et son fils Denys, historiographes, ont publié le Cérémoniul de France (Paris, 1619, in-4°; et 1649, 2 vol, in-folio). On y trouve les cérémonies qui étaient observées aux sacres et aux couronnemens, aux entrées solennelles, aux mariages, festins, naissances, majorités, funérailles des rois, des reines, etc.; aux États-Généraux, aux assemblées des notables, aux lits de justice, aux processions, etc. Chaque prince, dans sa chancellerie, avait un cérémonial particulier et manuscrit, afin que les secrétaires ne se trompassent jamais dans les formules de la correspondance. Le Cérémonial de l'Empire français fut imprimé à Paris en 1805 (un vol. in-8° de plus de 500 pages). On y trouve les honneurs civils et militaires à rendre aux diverses autorités, les grands et les petits costumes des fonctionnaires, les rangs assignés à chacun, et tout ce qui constituait la fastueuse étiquette de la cour impériale. V-VE. CÉRÉMONIES (Cereris munia, mystères de Cérès, ainsi nommées apparemment parce que cette divinité, qui présidait à l'agriculture,avait un culte extérieur un peu complexe et qui devint le type de toutes les démonstrations religieuses du même genre. Cette étymologie est la plus naturelle*; cependant quelques-uns décomposent le mot comme il suit: Cere munia, mystères de Céré. Céré était une bourgade à la proximité de Rome, dans laquelle, lors des premières invasions gauloises, les Romains, considérant l'arrivée de ces Barbares comme une

(*) Elle le serait si les Romains n'avaient pas écrit plus souvent cærimonia que ceremonia; dès

lors l'étymologie de Care, ville pelasgique près de Tarquinie, en Tuscie, devient plus probable (voir Val. Max. I, 1, 10). On donne encore une troisième étymologie en dérivant le mot de cœlum et en le regardant comme corrompu de cœlimonia; et une quatrième ea lui donnant, comme Festus, pour racine caritas. J. H. S.

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manifestation du courroux céleste, établirent, pour rentrer en grace avec les puissances du ciel, un système plus régulier d'expiations, d'offrandes et autres œuvres sacerdotales. Il est probable que ce local avait eu dès l'origine cette destination spéciale de servir au culte, destination indiquée par son nom, et que les deux mots Cérès et Céré se rapportent à une racine commune.

Quoi qu'il en soit, on entend anjourd'hui par cérémonies des démonstrations extérieures symboliques, appliquées dans les différens ordres d'idées sociales, l'ordre religieux, le politique, le civil. Ainsi le baptême, l'ordination du prêtre, la bénédiction des cloches, ont pour objet de faire intervenir la consécration divine dans l'acte humain; le couronnement d'un prince, l'introduction d'un ambassadeur, ne font que donner la sanction de solennité aux affaires qui se rattachent à des intérêts collectifs; le mariage, dans la partie non religieuse de sa célébration, le serment, en tant que geste et formule, servent à donner de l'importance et de la valeur aux engagemens de la volonté et à faire contracter celui qui s'oblige envers la société entière, de laquelle il devient justiciable, en cas de violation, tandis que, sans ces accessoires indispensables, il ne le serait que de Dieu et de sa conscience.

Les cérémonies ne sont, pour ainsi dire, que les formes dont les mœurs d'un peuple se revêtent pour devenir sensibles et sujettes à l'observation. Elles doivent servir de fil à l'historien pour ne pas s'égarer dans le labyrinthe des vieilles traditions; et il peut, avec une méthode d'interprétation convenable, traduire en résultats importans les données qu'elles lui fournissent et qui, au premier coup d'œil, paraissent vagues et sans relation avec le fonds des choses. C'est ainsi qu'en Judée la rigueur qui présidait à l'observance scrupuleuse des rits quelconques, l'effrayante pénalité qu'entraînait la moindre négligence à cet égard, ne sauraient manquer de révéler la nature de la constitution théocratique, qui ne peut se maintenir sans une excessive sévérité. En Égypte, les rits eurent aussi une importance immense, parce que la direction gouverne

et bien fou celui qui prétendrait les maintenir par une autorité quelconque! Le seul égard qu'on leur doive, quand elles sont inoffensives et respectables par leur ancienneté, c'est de leur ménager la douce et lente fin de la désuétude.

mentale était en grande partie aux mains des prêtres; mais leur caractère n'est pas le même que chez les Juifs: ils perdent quelque chose de cette teinte sombre et terrible qui les caractérise chez les Hébreux, et ils empruntent à la science ce qu'elle a de plus imposant; de telle sorte que, chez les deux peuples, le sacerdoce atteignait le même but par des moyens différens. Chez les Indiens, que le climat énerve et tient dans sa dépendance, on retrouve encore la même justesse de calcul de la part des fondateurs de cérémonies; car ils les font consister pour la plupart en ablutions, en spéculations inertes, propres à satisfaire les exigences d'une atmosphère tiède et à favoriser la paresse selon le goût général des habitans.

Enfin, généralement le rapport est intime entre le rituel d'un peuple et son état moral, de telle sorte qu'on peut s'en servir comme d'une échelle qui donne le degré de civilisation de chaque nation à chaque époque; et ce serait vraiment un livre utile et piquant a faire que celui qui établirait une histoire universelle du cérémonial (voy.), à partir de l'état barbare et des sacrifices humains jusqu'aux délicatesses puériles de l'étiquette, signes évidens d'une décadence prochaine.

Deux mobiles qui se combattent déterminent tour à tour ou concurremment les actes humains: l'un est la foi, dans la plus vaste et la meilleure acception du mot, c'est-à-dire ce sentiment instinctif et irréfléchi qui produit aussi bien la poésie et l'amour que la religion; l'autre c'est la raison, qui porte à connaitre là où la foi portait seulement à aimer. Quand un peuple, primitif encore, se trouve sous l'influence de la première de ces puissances, c'est le moment pour les législateurs de lui donner des cérémonies mul.iples et saisissantes, par lesquelles il pourra diriger selon sou intention cette sève d'enthousiasme qui surabonde; s'il y manque, l'usage, répondant bien ou mal au besoin de pâture pour l'imagination, en fait naître çà et là irrégulièrement de là tant de cérémonies bizarres et parfois monstrueuses. Quand, au contraire, la raison domine sur les masses avec ses froides appréciations, le temps des cérémonies est passé,

Si les sociétés sont jeunes, tout y devient matière à cérémonies dans les actes, comme tout y devient matière à images dans les discours. Dans la suite la langue et les mœurs acquièrent à la fois l'une sa précision, les autres leur fixité; la première dépouille les métaphores, qui ne sont que des cérémonies parlées, et les autres renoncent aux cérémonies qui ne sont que des métaphores en action.

Au moyen-âge, dans les relations de sujet à prince, d'homme à femme, de vassal à suzerain, d'ennemi à ennemi, il n'est absolument rien qui ne se complique d'un cérémonial, avec une couleur et des allures analogues à l'idée qu'on veut rendre aujourd'hui, au contraire, où le positif a tout envahi, cherchez dans notre pays de France les cérémonies, et vous en trouverez quelqu'une, pauvre échappée à qui le temps fait grace et qui fait de vaines protestations en faveur de ce bon passé si éminemment démonstratif dans ses joies, dans ses douleurs, dans ses émotions.

En Europe, le bon temps des cérémonies est passé : le peuple lui-même n'en veut plus ou presque plus. Une classe seulement leur reste fidèle, celle des érudits qui, fort heureusement pour l'histoire, pour la connaissance exacte et complète du passé, ne les abandonneront pas légèrement. Mais, en Orient, elles prospèreront, à l'abri des vieilles croyances, aussi long-temps que les ardeurs du soleil ne cesseront pas d'échauffer les imaginations.

Quant à cette question philosophique, posée tant de fois et jamais résolue, de savoir si une religion peut se passer de cérémonies, si une doctrine simple et rationnelle sur Dieu et sur l'immortalité de l'ame peut suffire aux besoins religieux du genre humain, c'est au mot RELIGION qu'elle se posera et qu'on essaiera de la résoudre. P. L-E.

CÉRÉMONIES CHEZ LES ANCIENS. Elles étaient comprises sous

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