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certaines dénominations spéciales, auxquelles il faut recourir pour en avoir la description (voy. MYSTÈRES, FETES, SACRIFICES, FUNÉRAILLES, etc.); nous ne les envisagerons ici que dans leur ensemble, sous un point de vue général et philosophique.

On a voulu diviser les cérémonies en trois classes: les religieuses, les politiques, les politico-religieuses. Dans cette dernière catégorie on a fait figurer les pratiques où la politique est mêlée à la religion, comme dans le mariage. Il nous semble, toutefois, que les deux premières classes peuvent embrasser tout ce que l'antiquité avait de cérémonies. Les devoirs purement politiques qui s'attachent à certains actes du citoyen appartiennent à la législation civile et ne doivent pas être désignés par un mot qui exprime uniquement les formes régulières et extérieures du culte ou les formalités à observer dans les rapports politiques.

Les cérémonies religieuses, chez les anciens, étaient les sacrifices, les offrandes, les jeux, les prières publiques, la consécration du mariage, les funérailles, etc. Leur usage remonte à l'origine des sociétés; c'est dire suffisamment qu'on ne peut raisonner à ce sujet que par conjectures et inductions. Les rapports de famille enfantèrent les rapports de société; les droits du vieillard sont devenus, avec le temps, les droits du magistrat; ceux du père ont été remplacés par ceux du chef de l'état. Le respect et l'obéissance de la part des jeunes gens et des sujets, la gravité et la sagesse chez les hommes âgés et les princes, voilà les premiers élémens des plus anciennes cérémonies. Le fils se tenait debout devant❘ son père; il l'accompagnait aux champs et à la guerre; il traînait son char, le servait à table, l'assistait à sa dernière heure, lui fermait les paupières quand il avait rendu le dernier soupir, enveloppait son cadavre dans le plus précieux de ses vêtemens et le déposait dans une fosse qu'il avait creusée lui-même. Puis, le jeune homme rassemblait ses parens et ses amis et les invitait à honorer la mémoire du défunt. Ce théâtre de silence et de mort devenait alors une arène bruyante où les jeux et les festins se succédaient pendant

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plusieurs jours. Le vainqueur recevait son prix aux acclamations de la multitude, et la bande pieuse ne s'éloignait pas sans avoir jeté sur la tombe de celui qui n'était plus, de la terre, des rameaux, des fruits et des fleurs.

Le culte rendu à la divinité ne comportait pas alors de grandes cérémonies: il était simple et pur comme le cœur des patriarches. Mais quand le développement des sociétés eut amené celui des besoins et des ambitions, il devint nécessaire de demander plus souvent aux dieux immortels une plus large protection. Aussi, dans les circonstances solennelles, vit- on le père de famille choisir dans son troupeau la plus grasse génisse et l'offrir en holocauste à la divinité qu'il implorait. C'était pour le ciel encore qu'il réservait les prémices de la moisson; c'était pour lui que grandissait une jeune fille, l'orgueil de sa mère, ou un tendre fils, l'espoir de sa race. Abraham, Jephthé et Agamemnon ne reculèrent pas devant de semblables sacrifices.

Les anciens législateurs avaient senti que sans la religion aucune société ne peut avoir une organisation stable ni heureuse. Moise consacra 38 années de sa vie à préparer le culte qu'il voulait laisser à son peuple; Zoroastre, Cong-Fut-Zée, Solon, Lycurgue et Numa passèrent également leur vie à méditer sur ce même objet; mais, après eux, l'esprit humain continua sa marche progressive et la reli. gion demeura stationnaire; il fallut recourir aux prêtres et leur demander où s'étaient retirés les dieux. L'institution des prêtres assura aux cérémonies religieuses des formes de plus en plus multipliées et bizarres; et, en effet, de quelle utilité eussent-ils été sans les cérémonies? pourquoi le peuple, les grands et l'armée auraient-ils entretenu à grands frais des devins, des sacrificateurs, des hiérophantes, des aruspices, des pontifes, des lévites, des rabbins, des druides, des bonzes et des derviches, si le culte rendu à l'Être suprême avait conservé sa candeur primitive, sa nudité originelle ? L'influence des ministres de la religion se fit sentir partout: elle suivit le magistrat dans le temple de Thémis, le soldat sur le champ de bataille, le citoyen dans l'intérieur

de sa vie privée ; elle saisit l'enfant au berceau, l'accompagna sur la route du monde et se présenta à son lit de mort. La nuit et le jour, en tous lieux et en tous temps, l'homme la retrouva comme une main de fer, comme un œil sans paupière. Variée à l'infini, selon les époques, les lieux et les circonstances, elle eut partout un but unique, une idée fixe : la domination universelle.

elle les avait vues sous leur véritable jour. La religion elle-même intervenait au couronnement des princes. Les rapports des souverains entre eux étaient basés sur le besoin réciproquement senti d'environner la majesté royale d'un éclat imposant plutôt que sur les positions respectives de fort et de faible, de vainqueur et de vaincu. La génuflexion devant la personne royale, le baisement des mains et des pieds, et toutes les momeries politiques qui ont traversé les siècles, en ré

En Égypte, la théocratie fut le premier gouvernement connu, et même après l'établissement de la royauté, les pané-sistant à l'impulsion de l'intelligence hu

maine, sont d'une époque de décadence postérieure au temps des rois pasteurs et à celui des héros chantés par Homère.

Plus un peuple était ignorant et corrompu et plus les cérémonies politiques s'éloignaient chez lui de la simplicité antique; c'est une vérité d'observation applicable aux peuples modernes. C. F-N.

gyries étaient des assemblées à la fois politiques et religieuses. La classe des prêtres fournissait les juges. Quand le roi mourait, les temples étaient fermés et les cérémonies suspendues pendant 72 jours. Au bout de ce temps, la royale momie était exposée à l'entrée du tombeau, et un prêtre prononçait son éloge pendant qu'un tribunal de 42 jurés décidait si le défunt monarque était digne, ou non, de la sépulture. Aucune guerre n'était entreprise sans que la protection des dieux ne fût invoquée par des cérémonies religieuses. Dans les fêtes d'Isis et d'Osiris, les prêtres et les dévots, coiffés du mas-mythe et de son culte. Les anciens attrique à tête de chien, de crocodile ou d'oiseau, portaient processionnellement les attributs de ce culte bizarre et les jetaient ensuite dans le Nil.

L'histoire de la Grèce et celle de Rome, les annales des plus anciens peuples de l'Asie et de l'Europe nous montrent également, sous un aspect à peine varié, mais avec mille dénominations qui échappent à l'analyse, les impudiques processions, les bacchanales, les mystères, les purifications, les monstrueux sacrifices humains, volontaires ou obligatoires, les expiations, la pénitence, le jeûne, la mutilation, la flagellation, et cent autres cérémonies ridicules ou cruelles.

Les cérémonies politiques concernent le couronnement des rois, les relations de souverain à souverain, celles des sujets avec les princes, les devoirs et les droits des ambassadeurs et des fonctionnaires, etc. Une même idée a présidé à l'origine de toutes les cérémonies politiques chez les anciens : celle de frapper la multitude et de lui imposer un profond respect pour des choses qu'elle aurait dédaignées si

CERES. Chez les Grecs Déméter, sans doute de yñ et pńτap, terre-mère, c'est-à-dire nourricière, designe la nature comme mère de tous les êtres; et l'histoire de son enfant perdu et retrouvé formait sans doute la véritable base de son

buaient surtout à Cérès l'invention de l'agriculture, et la représentaient, en conséquence, avec des épis de blé à la main. Ils lui attribuaient la fondation de toute la société humaine, et la regardaient comme attachant au sol le sauvage errant et lui donnant par-là des mœurs plus douces, une propriété, des lois protectrices (de là son surnom de Thesmophoros),enfin une patrie; et jamais chez les Grecs les arts n'ont perdu de vue cette idée.

Cérès était fille de Chronos et de Rhéa; elle était née non loin de la ville d'Enna en Sicile, circonstance par laquelle on a voulu désigner la fertilité de ce pays. Elle engendra avec Jupiter, son frère, Proserpine qui d'avance était vouée par le roi de l'Olympe au roi des enfers. Pluton l'ayant enlevée, Cérès parcourut sous une forme humaine toute la terre. Elle alluma ses flambeaux aux flammes de l'Etna, et, montée dans son char traîné par des dragons, elle visita tous les pays sans la retrouver. Hecate lui dit seulement avoir entendu les cris de sa fille. Dans ses courses, elle se rendit aussi à

de l'Olympe grec et romain, qu'on célébrait avant la moisson, les Céréales, ou Thesmophories et Éleusinies. Chez les Romaius les fêtes céréales, qui duraient plusieurs jours, se célébraient en avril.

Le nom de CÉRÈS a aussi été donné à l'une des quatre petites planètes (voir PLANÈTES) entre Mars et Jupiter. Cérès fut découverte à Palerme, par l'astronome Piazzi, le 1er janvier 1801. C. L.

Éleusis, chez Célée, renommé pour son hospitalité, épisode si admirablement décrit dans l'hymne sur Déméter, attribué à Homère, hymne qui est la principale source du mythe de Cérès, dont il est peu question dans l'Iliade et pas du tout dans l'Odyssée. Là elle se fit consacrer un autel et un temple, et après avoir enfin découvert la retraite de sa fille chérie, grace au secours d'Helios à l'œil perçant, elle fit don à Triptolème, fils de Célée, de son char attelé de dragons et de ses précieux épis de blé, pour qu'il les répandit sur la terre et que par lui tous les hommes prissent part à la béné- | diction des dieux. Elle redemanda alors hautement sa fille à l'Orcus, et Jupiter accorda sa demande à la déesse irritée, à condition que Proserpine n'eût encore pris aucun aliment dans le royaume de Pluton. Mais déjà elle avait avalé quelques grains d'une grenade, et dès lors tout ce que Cérès put obtenir, ce fut de posséder sa fille sur la terre pendant six mois de l'année.

Jason, à qui l'on attribue l'introduction de l'agriculture dans l'ile de Crète, ayant engendré avec Cérès, Plutus, le dieu des richesses, Jupiter le tua d'un coup de foudre dans un moment de jalousie. Ce mythe fait encore allusion à la découverte et au développement de l'agriculture.

L'art grec, en perdant de vue la partie mystique des attributs de Cerès, s'est particulièrement appliqué à représenter cette déesse comme mère. Mais c'est surtout à Athènes que, parvenu à sa plus grande perfection, l'art a créé ces iílustres modèles dont nous croyons posséder quelques copies; car on n'a pas pu encore prouver l'identité de nos statues grecques de Cérès avec celles que nous connaissons par les auteurs classiques. Le plus souvent on trouve son image sur des monnaies ou sur des monumens funèbres: elle est alors avec Proserpine, qu'elle cherche ou qu'elle accompagne ; et c'est ici que son noble caractère de mère paraît dans toute sa pureté. Par Iacchus, Triptolème et Cora, une grande connexité s'établit entre le mythe de Cérès et celui de Bacchus. C'est en l'honneur de cette déesse, l'une des plus importantes

CERF. Ce nom s'applique, en histoire naturelle, à tous les ruminans dont les individus mâles ont la tète garnie d'un bois qui croit et tombe périodiquement. Ces bois, espèce de végétation osseuse formée par un mécanisme semblable à celui de tout autre os, et continus avec celui du front, ne doivent pas être confondus avec les cornes du bœuf. Le rapprochement que Buffon voulait établir entre le développement, la chute de ces singulières productions, et les phases correspondantes de la végétation, est dénué de tout fondement. Il paraît qu'il faut en chercher la cause dans l'atflux des humeurs vers les organes génitaux du mâle à l'époque du rut. C'est en effet à cette époque qu'a généralement lieu la chute des bois, qu'on peut au contraire perpétuer au moyen de la castration. Par-là on explique aussi comment les femelles en sont dépourvues (excepté les rennes), la gestation, puis l'allaitement, entretenant vers l'appareil de la reproduction une fluxion sanguine qui doit s'opérer vers la tête pour la formation du bois. Quoi qu'il en soit, c'est dans sa configuration que l'on trouve les meilleurs caractères pour la distinction des diverses espèces du genre cerf. Jusqu'à deux ans ils n'ont qu'une branche nommée dague ou perche. Les ramifications qui en naissent plus tard s'appellent andouillers. Leur nombre et leur direction indiquent l'espèce et l'âge de l'animal. Que dirions- nous qui ne soit parfaitement connu du corps svelte, des jambes fines, du pelage propre et brillant de ces élégans quadrupèdes? Leur voix est un braiement qui n'a rien d'agréable. D'un naturel doux et timide, ils n'ont pour se défendre que les pieds, les bois leur étant alors d'un inutile secours. Ils font preuve d'intelligence dans les ruses nombreuses

qu'ils emploient pour éviter les chasseurs. | lage abondant, le cerfeuil musqué et le On peut les apprivoiser, et même réduire cerfeuil commun. On se sert de la plante en domesticité certaines espèces vivant fraiche qu'on hache menu pour l'introen troupes, comme les rennes. La plu- duire dans différens mets en l'associant part habitent au sein des forêts, d'autres à quelques autres plantes aromatiques. dans les plaines, sur le bord des eaux. On Les semences, qui contiennent beaucoup ne les voit jamais quitter leur sol natal, si d'huile volatile, sont négligées chez nous, ce n'est pour des émigrations passagères, tandis que les anciens avaient coutume suivies du retour. Ces quadrupèdes peu- de les employer comme celles du cumin, plent les différentes parties de l'ancien du carvi, etc. F. R. et du nouveau continent.

Le CERF COMMUN (cervus elaphus) perd au printemps son bois qui, repoussant aussitôt, est refait en août. Quand le faon måle atteint sa troisième année, les dagues qu'il portait sont remplacées par un bois ayant trois ramifications. Pendant chacune des années suivantes on peut compter un andouiller de plus, jusqu'à sept ans. Malgré les anciens préjugés accrédités sur la longévité de cet animal, il ne dépasse guère 20 ans. La femelle ou biche, pubère avant la fin de l'année, porte pendant huit mois un seul petit ou faon. Naturellement doux et pacifique, le cerf entre au temps du rut dans les accès d'un transport sanguinaire qui n'épargne pas même les biches qui ont servi à ses plaisirs. On trouve cette espèce dans toutes les contrées tempérées et boréales de l'ancien monde. Les cerfs de l'Atlas (Afrique) | paraissent y avoir été naturalisés. La chair de ce quadrupède est assez estimée. On retire de ses bois une gélatine qui n'a rien de particulier et qu'on employait autrefois en médecine sous le nom de gelée de corne de cerf.

Pour les autres espèces principales voy. les mots ÉLAN, DAIM, RENNE, et CHEVREUIL.

C. S-TE.

CERFEUIL (scandix cerefolium), plante vivace de la famille des ombellifères, cultivée à cause de la saveur chaude et aromatique qu'elle possède et qui l'a fait introduire depuis long-temps dans l'économie domestique. Ses formes et ses caractères botaniques sont parfaitement connus, et l'on sait que c'est un des assaisonnemens les plus usités dans la cuisine française. On en connaît plusieurs variétés qu'on multiplie de semis ou de transplantation; les principales sont le cerfeuil frisé qu'on recherche à cause de son feuil

Encyclop. d. G. d. M. Tome V.

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est

CERF-VOLANT (h. n.). Cet insecte, le plus grand coléoptère de France, rangé par Latreille dans le genre iucanes, tribu des lucanides, famille des lamellicornes, section des pentamères, de l'ordre indiqué plus haut. Le måle, plus grand que la femelle, est noir avec des élytres brunes, ainsi que le corselet et la tête. L'excessive longueur de ses mandibules lui a mérité le nom de cerf, sous lequel on le connaît vulgairement. Les femelles, dont la tête est plus étroite, et qui ont les mandibules beaucoup plus courtes, sont appelées biches. Cette espèce, fort commune et que l'on voit souvent piquée contre les murs des appartemens à la campagne, vole le soir autour des grands arbres, principalement des chênes, dans l'intérieur desquels la femelle cherche à introduire ses œufs. Leur vie à l'état d'insecte parfait est courte: ils meurent peu de temps après leur accouplement. La larve a des mandibules propres à la fois à couper et à broyer; elle habite l'intérieur des chênes, où elle demeure six ans, pour passer à l'état de nymphe, qui dure trois semaines. Les Romains, sous le nom de cossus, mangeaient avec délices cette larve, que l'on regardait comme un mets fort délicat. Suivant quelques entomologistes, le ver blanc ou mans aurait partagé avec la larve du lucanus cervus l'honneur de figurer sur les tables du peuple-roi. Les pies servaient merveilleusement bien à la recherche des premiers de ces animaux en frappant les arbres à coups redoublés de leur bec robuste. C. L-R.

CERF-VOLANT (technol.), appareil destiné primitivement à servir de jouet aux enfans et dont on a fait quelques applications curieuses. C'est une sorte de châssis en forme de cœur, fait en osier et recouvert de papier, aux deux extrémités duquel est fixée une anse de corde dont le milieu

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donne attache à une corde plus ou moins | époque. Hégésippe est aussi de ce sentilongue qui sert à l'enlever, comme on dit. ment, et saint Ignace d'Antioche, qui siS'il était quelqu'un qui n'eût jamais enlevé gnale toutes les hérésies de son temps, ne un cerf-volant, il faudrait lui dire qu'il parle point de Cerinthe, ce qui prouve doit courir contre le vent pour le faire qu'il ne s'était point encore fait connaître. mouter d'abord un peu, puis lâcher peu à peu la ficelle, en résistant cependant à l'impulsion du courant atmosphérique. On a remarqué que le cerf-volant monte. en faisant avec l'horizon un angle aigu, | et qu'arrivé à une hauteur proportionnée à sa surface et au poids qu'il porte, il s'y maintient, pourvu qu'on l'ait garni d'une queue, espèce de lest destiné à l'empêcher de donner des coups de tête en bas. La cause de son ascension est facile à reconnaitre; c'est l'impulsion oblique du vent: aussi ne peut-on faire l'expérience lorsque le temps est parfaitement calme.

Franklin a employé les cerf-volans à une expérience de physique curieuse: il faisait monter par un temps d'orage un cerf-volant garni à la tête d'une pointe métallique, laquelle allait soutirer l'électricité aux nuages. Il avait aussi proposé comme un moyen de passer les rivières à la nage, d'attacher le nageur par la ceinture à la corde d'un grand cerf-volant; mais cette expérience aurait pu avoir du danger dans le cas où le vent serait tombé tout d'un coup, et n'aurait d'ailleurs été praticable que quand le vent aurait soufflé dans une direction convenable.

On s'est quelquefois servi de ce moyen pour porter au sommet d'un clocher ou d'un arbre une corde destinée à y monter d'autres objets. Enfin, on a quelquefois attaché à la queue d un cerf-volant des lanternes de papier coloré ou des pièces d'artifice qu'une mèche préparée faisait éclater en l'air. F. R.

CERINTHE. Cet hérésiarque vivait, suivant l'abbé Faydit (Éclaircissemens sur la doctrine et sur l'histoire ecclésiastique des deux premiers siècles, 1695), du temps de l'empereur Adrien et non du temps des apòtres. Tertullien et saint Épiphane disent formellement que Cerinthe vint après Carpocrate, contemnporain de Valentin, que saint Irénée place sous le règne d'Antonin. D'ailleurs, saint Clément d'Alexandrie assure dans ses Stromates que les premiers sectaires ne commencèrent à dogmatiser que vers cette

Cerinthe ne parait pas à ce savant avoir jamais été pharisien ou même Juif; son nom est grec. Eusèbe nous le dépeint comme un épicurien et un voluptueux du premier ordre, qui n'aimait que les femmes et le vin, le luxe de la table et les plaisirs des sens; et ce fut pour cela qu'il imagina le règne temporel de Jésus-Christ et un paradis de volupté, où les élus seraient plongés dans tous les genres de debauches. Après avoir voyagé en Égypte

pour
s'instruire dans les sciences qu'on y
cultivait, il séjourna dans l'Asie mineure
où il séduisit plusieurs personnes par ses
erreurs et en scandalisa un plus grand
nombre par la corruption de ses mœurs.
Il tenait pour dogme principal que Jésus-
Christ était un pur homme, né par la voie
ordinaire de Joseph et de Marie; mais
que, comme il surpassait tous les autres
hommes en vertu et en sagesse, le Christ,
envoyé par le Dieu souverain, était des-
cendu en lui au moment de son baptême,
sous la figure d'une colombe. Du reste, il
enseignait que le monde, et même la loi
judaïque, n'étaient pas l'ouvrage de Dieu.
Il permit qu'on mêlat à son erreur quel-
ques cérémonies mosaïques. Il n'est pas
vraisemblable qu'il ait composé une Apo-
calypse, encore moins que saint Jean ait
écrit la sienne pour combattre celle de
Cerinthe.

On a nommé Cerinthiens les hérétiques qui suivaient la doctrine de Cerinthe et qui certainement y mêlèrent du leur. Ils ne se sont pas grandement étendus et n'ont pas duré long-temps. Fleury et Pluquet ne nous semblent pas avoir parlé très exactement de cette secte. J. L.

CERISIER (cerasus). Cet arbre paraît originaire des environs de Cérasonte, aujourd'hui Kerasoun, près de la mer Noire, sandjiak et eyalet de Trabésoun (Trébisonde). Tournefort l'a vu prospérer naturellement sur les collines qui entourent cette ville. Tout le monde sait que c'est Lucullus qui, le premier, le transporta en Italie après la victoire qu'il avait remportée sur Mithridate, vers l'an de

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