Page images
PDF
EPUB

a été arrêté à Londres. Ils donnent aux chouans de nouveaux chefs pris parmi les officiers de l'émigration, ce qui indispose les insurgés; on veut les faire travailler aux fortifications, ils murmurent; on leur fait prendre des habits rouges, et bientôt ils regrettent leurs forêts. Cependant le fort Penthièvre était tombé un moment au pouvoir des émigrés; l'avantage leur était resté dans plusieurs combats soutenus avec un courage que rendirent bientôt impuissant les renforts qui arrivaient à Hoche. Les émigrés et les chouans pouvaient encore, abandonnant la presqu'ile, s'ouvrir un chemin dans les terres : les émigrés s'obstinèrent à rester. Alors, voyant la ruine instante de son parti, Puisaye se jette, trop tôt peut-être, dans une barque et regagne la flotte anglaise. Déjà Georges Cadoudal et trois autres chefs s'étaient frayé un passage les armes à la main.

On connaît l'issue de cette expédition: le fort Penthièvre fut repris, un dernier combat livré, et tout ce qui était resté vivant sur le champ de bataille réduit à déposer les armes, à la suite d'une capitulation qui malheureusement ne fut que verbale; 1,200 chouans prisonniers furent épargnés ainsi que les déserteurs; 700 émigrés jugés militairement furent fusillés; et alors périt l'élite des officiers de notre ancienne marine, dont étaient principalement composés les régimens d'Hector et de Dudresnay.

Dès lors la guerre des chouans prit un autre aspect. Les insurgés sont repoussés devant Saint-Malo. De Tinteniac périt sous les murs du château de Coêtlogon. Scépeaux, Tête-Carrée, Palierne prennent et perdent Segré, Oudon, Ingrande, Varade. La flotte anglaise, qui porte une armée, menace de la débarquer à SaintGilles et ne réalise qu'un versement de munitions (12 août). Le comte d'Artois, que la Vendée attend, séjourne trois semaines sur les rochers de l'ile d'Yeu, et regagne enfin, sur les vaisseaux qui l'ont apporté, la terre étrangère où va se prolonger sans gloire son exil.

Bientôt Puisaye ose se remontrer dans le Morbihan: il est arrêté, jugé par les siens et obtient avec peine un acquittement. Cependant l'insurrection a semblé Encyclop. d. G. d. M. Tome V.

prendre une nouvelle vie. Mais Cadoudal est complètement battu à Elven, à Sarzeau, tandis que Bourmont, Scépeaux et d'Andigné font des courses jusqu'aux portes d'Angers. Une nouvelle insurrection éclate dans l'Orléanais et dans le Berry; mais les nouveaux insurgés ne tardent point à être soumis.

Hoche venait de terminer la guerre de la Vendée par la prise et l'exécution de Charette et de Stoflet. Il dirige son action sur la rive droite. Vaincu dans trois combats, Scépeaux dépose les armes; battu dans deux rencontres, Georges Cadoudal est réduit à faire sa soumission. De Frotté, ne pouvant soutenir le choc, passe en Angleterre. De la Vieuville, de Sérent, d'autres chefs sont tombés les armes à la main, et Puisaye s'est embarqué pour le Canada. Enfin, tous les troubles de l'Ouest semblent finis; le héros pacificateur s'éloigne, et une partie de son armée se dirige vers les frontières du Nord.

Mais le vœu de la guerre était toujours dans l'esprit des chefs comme dans les passions et dans les habitudes des populations insurgées. Après les revers des armes françaises en Italie (1799), la chouannerie reprit une audace nouvelle.

Bientôt la ville de Coutances fut prise et les chouans détenus furent enlevés. Le commandement avait été ainsi organisé à Londres: De Frotté eut la Normandie, Georges Cadoudal le Morbihan, de Bourmont le Maine, Le Chandelier le Perche, de la Nougarède la Mayenne, de la Prévalaye une partie de la Haute-Bretagne, et de Châtillon la rive droite de la Loire inférieure. Scépeaux et Puisaye ne paraissent plus dans cette campagne. Elle est marquée d'abord par quelques succès : le Mans est surpris par Bourmont; Cadoudal entre à SaintBrieuc et à Redon; à la faveur d'une nuit sombre, Châtillon s'introduit dans la ville de Nantes (19 nov. 1799), délivre un prêtre prisonnier, et, une heure après son entrée, lui et son armée ont disparu avant les premiers rayons du jour.

L'incendie s'étendait rapidement; on le vit arriver à trois lieues de Versailles, et peut-être, sans la révolution du. 18 brumaire, l'année 1800 aurait-elle

50

vu le rétablissement de l'ancienne mo- | narchie; mais l'avénement de Bonaparte tua la guerre civile dans l'Ouest. Bientôt le général Brune fut envoyé dans ces contrées avec un renfort de 30,000 hommes. Les chefs, partout battus, finirent par accepter l'amnistie proposée et se soumirent en frémissant. De Frotté, qui seul voulait encore résister, fut pris et fusillé. Alors la guerre se trouva finie, et la paix due au consulat fut maintenue sous l'empire.

En 1814 et 1815, l'insurrection éclata de nouveau sur les deux rives de la Loire. Les chouans, mieux organisés,eurent pour chefs MM. de Coislin sur la rive droite jusqu'à la Vilaine, d'Andigné dans la Mayenne, d'Ambrugeac dans la Sarthe, de Courson dans les Côtes-du-Nord, de Sol de Grisolles dans le Morbihan, l'Illeet-Vilaine et le Finistère. Mais la bataille de Waterloo, en finissant les destins de l'empire, laissa le drapeau blanc se relever sous la Restauration, sans trouble et sans nouveaux combats. Les chefs furent faits maréchaux-de-camp ou lieutenans-généraux; plusieurs entrèrent à la chambre des pairs; l'un d'eux obtint le bâton de maréchal, et de nombreuses pensions grevèrent le trésor de l'état.

qui leur enlève leur principe âcre et les met dans le cas de se conserver longtemps. C'est un aliment salubre et nour rissant, utile dans l'économie domeștique et dans les voyages de long cours, bien qu'il ne possède pas les qualités anti-scorbutiques dont on s'est plu à le parer. Si l'équipage de Cook fut soustrait aux ravages du scorbut, cela fut dú aux précautions hygiéniques de toute es pèce que le célèbre capitaine sut réunir autour des hommes confiés à ses soins, Quoi qu'il en soit, voici la manière de faire cette préparation, pour laquelle Stra bourg, chef-lieu d'une province où s choux sont renommés pour leur grosse et leur poids, jouit d'une réputation pré minente. On prend de préférence le cho cabus blanc, qu'on divise, après l'aper dépouillé de ses grandes feuilles vertes, en tranches minces, formant elles-mėna de nombreux rubans. C'est une espec de plane qu'on emploie pour cet usage Alors, dans un tonneau ayant conten vin, du vinaigre ou de l'eau-de-vie, place par couches alternatives des choux et du sel de cuisine (du poids total), ajoutant quelques poignées de semences de genièvre ou de carvi pour aromatiser. Le tout est foulé fortement et couvert Depuis la révolution de juillet, de sour- d'une planche qu'on charge de pierres des intrigues et des manœuvres plus cri- Bientôt le sel se fond dans l'eau de va minelles qu'habiles ont voulu rallumer tation, et cette première saumure, la guerre civile dans l'Ouest. Mais en dissolvant le principe âcre des chous, est vain la duchesse de Berry est-elle venue trouble, acide et fétide, doit être soutiencourager par sa présence l'insurrec-rée et remplacée par une autre qu'on tion: l'insurrection n'a pu ni s'étendre ni s'organiser. Il y a eu des bandes et point d'armées, des meurtres et point de combats. Réduite enfin à se cacher ellemême, la princesse a été arrêtée, à Nantes, dans un état qui devait détruire l'enthou-jours la choucroûte est préparée et peut "siasme de ses partisans, et bientôt l'ancien être conservée long-temps et transportée, foyer de la Vendée et de la chouannerie pourvu qu'on la tienne dans un s'est trouvé éteint, après avoir dévoré frais et couverte de saumure. 3 millions de Français dans le cours de *sa longue durée et de ses fureurs. V-VE.

tire également jusqu'à
ce qu'elle n'ait
plus de mauvaise odeur. La température
du lieu où l'on opère ne doit pas être
élevée, afin que la fermentation sait
lente et paisible. Au bout de 15 à 18

endroit

La choucroute a une acidité marqués et une saveur particulière à laquelle il faut s'accoutumer; c'est d'ailleurs aliment beaucoup plus digestible que chou dans son état naturel. On left cuire ordinairement avec de la viande,

CHOUCROUTE, mot corrompu de sauer kraut, qui signifie chou aigri, par lequel on désigne un mets dont on fait un grand usage en Allemagne et dans tout le nord de l'Europe. La choucroûte surtout avec celle de porc, qu'elle accom

en effet consiste dans des choux auxquels on a fait subir une préparation

pagne convenablement, et l'on y ajout du vin blanc.

FR

Le chtchi des Russes, aliment ordinaire des classes inférieures, est une choucroûte de bas étage, peu digne d'intéresser les gourmands. Ce sont des choux aigris qu'on mange en forme de potage, et aussi dans une pâtisserie grossière que l'on prépare pour chaque S. repas.

CHOUETTE (strix). Sous ce nom générique consacré à désigner un genre d'oiseaux de l'ordre des rapaces, il faut comprendre non-seulement les chouettes proprement dites, mais aussi les hiboux, qui, offrant avec elles une conformité complète d'organisation, de formes et d'habitudes, n'en diffèrent que par quelques plumes relevées en aigrette sur le front. Ces oiseaux de proie nocturnes ont pour caractères distinctifs une tête volumineuse, de gros yeux logés dans de larges orbites entourées d'une couronne de plumes raides, de longues oreilles, un bec comprimé, crochu, couvert à sa base d'une membrane ou cire poilue, des pieds emplumés et offrant quatre doigts, dont trois devant, entièrement divisés. Mais ce qui caractérise d'une manière non moins frappante ces disgracieux bipèdes, c'est la singularité de leurs mœurs. Éblouis par la lumière solaire à laquelle leurs pupilles donnent une trop large entrée, ils ne peuvent distinguer les objets qu'à la faible lueur du crépuscule. Ils n'ont donc, pour la recherche d'une proie, que les courts momens qui séparent une obscurité complète du jour qui va finir ou naître. C'est alors qu'habiles à profiter de la sécurité trompeuse qui leur livre leur proie à demi endormie, ils fondent sans bruit sur les petits oiseaux qu'ils engloutissent tout entiers, ou font la chasse aux rats, aux mulots, aux taupes; de là leur est venu le nom de chat-volant ou chathuant, et l'usage où l'on est dans certains pays de les élever à la place des chats, auxquels ils le disputent en adresse. En vertu d'une organisation particulière à leur estomac, ils rejettent, sous forme de petites pelotes, les parties dures des animaux qu'ils ont avalées. Les chouettes se tiennent blotties pendant le jour dans les excavations des vieux troncs d'arbres, dans les fentes des rochers ou au milieu

des décombres d'édifices abandonnés
C'est là qu'on trouve leurs nids, garnis
de 2 à 4 œufs, d'où éclosent des petits
couverts en naissant d'un épais duvet.
L'oiseau lucifuge est-il obligé de quit-
ter son obscur réduit, adroits à profiter,
de la supériorité, que leur donne le
trouble où le jette une vive lumière, les
oiseaux dont il fait sa proie se réunis-
sent pour le poursuivre à coups de bec.
Néanmoins quelques espèces peuvent
affronter le grand jour. Le cri aigre et
plaintif de cet animal *, joint à la bizar-
rerie de ses formes et de ses mouvemens,
à l'aspect lugubre des lieux qu'il habite,
sont sans doute la source des terreurs
fantastiques et des tristes présages dont
il est l'objet chez le vulgaire supersti-
tieux.

Parmi les hiboux ou ducs, nous citerons le grand, le petit, et le moyen duc ou hibou commun, tous trois connus en France. Le dernier a 13 pouces de longueur depuis le sommet de la tête jusqu'au bout de la queue, des aigrettes à 6 ou 8 plumes d'un brun-noirâtre; les parties supérieures d'un roux clair et variées de brun et de gris cendré; les parties inférieures roussâtres avec des taches oblongues, brunes; les yeux entourés d'un disque de plumes frisées, blanchâtres, bordées de noir. Chez la femelle le fond du plumage est d'un blanc grisâtre.

Parmi les chouettes, l'espèce la plus commune en Europe est l'effraie, ainsi nommée probablement de l'effroi qu'elle inspire. Elle a 13 à 14 pouces de longueur; les parties supérieures d'un fauve clair et piquetées de points blancs avec zig-zags gris et bruns; les parties inférieures blanches, quelquefois fauves, avec ou sans mouchetures noires; le bec blanc à son origine et noir à la pointe. On imite le cri des chouettes en frouant à l'aide de certains instrumens, dans le but d'attirer dans des piéges les oiseaux de la contrée; c'est ce qu'on appelle chasser à la pipée. C. S-TE.

La chouette a dû à ses mœurs solitaires, à son air sombre et réfléchi, et à ses veilles nocturnes, l'honneur de deve(*) Il lui a fait donner en allemand le nom poétique d'Ou-hou.

[ocr errors]

|mitri ou Démétrius (voy.). VASSILI on Basile, l'un des trois fils d'Ivân Choniski, paraît avoir été témoin de la mort de ce jeune prince, assassiné, dit-on, par ordre de Godounof; mais il garda un prudent silence à cet égard. Toutefois, lui et DrMITRI, son frère, s'opposèrent d'abord à l'usurpateur; enfin ils se soumirent, d Boris gagna Dimitri en lui donnant sa sœur en mariage.

nir le symbole de la sagesse et des études. Les Grecs en ont fait l'oiseau favori de Pallas, et à ce titre elle figura sur les monnaies et sur divers emblèmes des Athéniens, comme le symbole de cette divinité. Elle fut en grand honneur dans la ville de Minerve et y présageait le bonheur et la victoire. Cet oiseau était tellement identifié avec Athènes qu'il avait passé en proverbe de dire porter une chouette à Athènes (γλαυκ' εἰς Αθή vas), pour exprimer l'idée de faire une chose inutile, ou, comme on dit vulgairement, porter de l'eau à la rivière. Tous les anciens cependant ne partageaient pas le respect des Athéniens pour les hi-mula pas assez ses préférences pour les boux; ils étaient regardés par d'autres peuples comme des messagers de mort, et cette croyance s'est reproduite dans le moyen-âge et depuis. L'oiseau nocturne, apparition de mauvais augure, est réputé porter malheur. On en a fait le symbole des sorcières. S.

CHOUISKI, nom d'une ancienne famille russe, originaire de Chouïa, ville du gouvernement de Vladimir, et qui formait une branche cadette de celle des princes apanagés de Souzdal et Nijegorod. La principauté devint ensuite le patrimoine des Chouïski, jusqu'à ce que İvân III Vassilievitch les en dépouillât. Alors cette famille vécut à Moscou, où Herberstein, au commencement du xvi siècle, en connut deux membres. Pendant la minorité d'Ivân IV Vassiliévitch, les Chouïski disputèrent la régence aux Glinski ; à leur tour ils furent renversés en 1538, après avoir horriblement abusé de leur autorité, répandu des flots de sang, arraché violemment Ivan Belskoi de l'appartement du jeune tsar, destitué le métropolitain Joseph, et tyrannisé le peuple.

Cependant les Chouïski continuèrent de figurer parmi les principaux boïars: IVAN Chouiskoi fut désigné par Ivan Vassiliévitch le Terrible pour être membre du conseil de régence pendant la minorité de son fils Fœdor. Mais cette régence fut de courte durée: Boris Godounof, beau-frère de Fœdor, s'empara du pouvoir et plus tard même du trône, lorsque la branche directe de Rurik se fut éteinte dans la personne du jeune Di

On sait que Boris Godounof transmit la couronne à son fils: sous le règne de ce dernier, le peuple se déclara pour l faux Dimitri, qui marcha sur Mosco Maître de la ville, l'imposteur ne dissi

Polonais et pour le clergé romain; deplas, il se rendit odieux par son libertinageet par ses cruautés. Une conspiration se trama contre lui entre les boiars russes: le prince Vassili Chouïski, quoiqu'il eût déjà succombé dans une première tenta tive et qu'il eût manqué de payer de sa tête sa témérité, y entra, et cette fois l'entreprise réussit; le faux Dimitri fut livré à la vengance de ses ennemis, et Vassili le remplaça sur le trône. Il y eut une espèce d'élection dont le rusé boiar sut faire tourner les chances en sa faveur. Il régna de 1606 à 1610; mais privé des talens nécessaires pour se maintenir dans des temps aussi difficiles, sans énergie et sans confiance en lui-même, hai des boiars, qui, l'ayant connu leur égal, refusaient de lui obéir, il chercha un point d'appui à l'étranger et livra aux Suédois plusieurs portions de l'empire. nouveaux imposteurs surgirent dans la nation et trouvèrent de nombreux par tisans. Enfin la Pologne, jalouse des progrès de la Suède et avide deressaisir l'influence qu'elle avait exercée sur le pre mier faux Démétrius, envoya son grandgénéral Zolkiewski vers Moscou. Vassili, abandonné de ses sujets, ne put leur op poser aucune défense: la capitale fut prise et ravagée; les princes Chouiski furent emmenés en captivité, et Vassili, qui mourut quelques années après à Gostynine, fut enterré à Varsovie, ainsi que

son frère Démétrius.

Deux

On l'accusait d'avoir, par jalousie, fait donner du poison à son neveu, le prince MICHEL-Chouişki-Skopine,

le

[ocr errors]

très intrigant et d'une ambition démesurée; cependant les lignes suivantes, du même écrivain, ne viennent pas trop à l'appui de son jugement. Flatteur adroit de l'impératrice, Ivân Chouvalof ne lui parlait jamais que d'humanité ou de gloire. Il lui extorqua par ce moyen des dons immenses et il lui inspira le désir de faire écrire l'histoire du règne de Pierre Ier, désir qu'il sut aussi tourner à son profit en s'attirant les louanges de Voltaire. » En effet, c'est à Ivan Ivanovitch Chouvalof, traducteur du monologue d'Hamlet et de quelques autres morceaux de littérature, et non pas à André Pétrovitch (voy. ci-dessous), que se rapportent ces mots de l'Histoire de Pierre

plus vaillant de la famille et qui avait le plus contribué à soutenir le trône chancelant et déconsidéré de son oncle. Vassili, ayant nommé Michel gouverneur de Novgorod, l'avait chargé de conclure avec les Suédois un traité d'alliance défensive et offensive, qui fut en effet signé en février 1609. Le boïar russe concerta ses opérations avec le général suédois Pont de la Gardie et eut des alternatives de revers et de succès; le peuple attendait de lui sa délivrance, lorsqu'il mourut subitement (mars 1609). J. H. S. CHOUVALOF*, nom d'une famille noble en Russie, dont l'élévation date du règne de l'impératrice Élisabeth. Trois Chouvalof, pages ou gentilshommes de la chambre de cette fille de Pierre-le-le-Grand : « C'est le même qui m'a fourni Grand, lorsqu'elle n'était encore que grande-princesse, entrèrent dans la conspiration à laquelle elle dut de monter sur le trône de son père; par reconnaissance elle les nomma (1741) chambellans et officiers de sa garde, avec rang de général-major. Ce furent PIERRE, AlexanDRE et IVAN Chouvalof, les deux premiers frères, et le troisième leur cousin; ceux-là furent nommés comtes en 1746, et celui-ci paraît avoir obtenu la même faveur quelques années après.

C'est lui qui joua le plus grand rôle des trois, et qui fut le plus avant dans les bonnes graces d'Élisabeth. Il devint grandchambellan, conseiller privé actuel, curateur de l'université de Moscou récemment créée (1755), membre de l'Académie des sciences (1776) et de différens conseils administratifs; ce fut dans sa maison que l'impératrice eut, en 1776, une entrevue secrète avec le malheureux Iván Antonovitch, et ce fut aussi lui, dit-on, qui eut, un des premiers, l'idée de donner à Élisabeth un autre successeur que le grand-prince Pierre Fodorovitch. Castéra le peint comme un homme (Il n'y a pas de raison pour écrire Schouwalow ou Schuwaloff, à l'imitation des Allemands; notre manière d'orthographier ce nom russe en rend exactement la prononciation avec le moins de lettres possible, et l'on sait que c'est une méthode que nous avons adoptée (voy. C); car, quant à la forme, le cha russe, pour lequel un signe suffit dans cette langue, ne ressemble ni au ch français, ni au sh anglais, ni au ss polonais, ni enfin au sch allemand, et il en est de même de plusieurs autres lettres.

[ocr errors]

tous les mémoires sur lesquels j'écris.» Pierre III ne l'éloigna pas de sa cour, et sous Catherine II il resta revêtu de ses hautes fonctions. Il amassa de grandes richesses. Nous ignorons à quelle époque il mourut.

Le comte Pierre Chouvalof, cousin du précédent, mourut en 1762, peu de mois après avoir été nommé feld-maréchal. Jusque là il avait eu le grade de grandmaître de l'artillerie (feld-zeugmeister) qu'Élisabeth lui avait conféré, et on le cite parmi ceux qui ont le plus contribué à perfectionner l'artillerie russe. Dans la guerre de Sept-Ans, on employa, sous le nom d'obus de Chouvalof, des pièces qui se distinguaient en ce qu'elles avaient l'ame en ovale et qu'elles lançaient des projectiles qui se disséminaient dans le sens de la largeur et non dans celui de la hauteur. « Le comte Pierre Chouvalof, dit Castéra, était un génie hardi, romanesque, et l'opposé en tout de son cousin Ivân Chouvalof, qui n'avait que de la cupidité. Pierre s'est rendu célèbre en Russie par son ambition, et en Europe par l'invention des canons qui portent son nom.»>

Son fils, ANDRÉ PÉTROVITCH, chambellan, conseiller privé actuel et chevalier de l'ordre de Saint-André, a pris place dans la littérature française par son Épître à Voltaire et celle à NinonLenclos (1774); la dernière a pu être attribuée au grand poète-philosophe, dont cependant on y faisait l'éloge. << Mais ce n'est pas Voltaire, a dit Lévê

« PreviousContinue »