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Les lettres C. L. indiquent que l'article est traduit du Conversations-Lexicon. C. L. m. signifie Conversations-Lexicon modifié.

ERRATA.

Tome VIII, p. 581, col. 2, line 36, lisez 1520, au lieu de 1620.

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DES

GENS DU MONDE.

C (suite de la lettre).

| des hommes dont la carrière révolutionnaire a laissé les plus odieux souvenirs. Il n'était qu'un obscur procureur quand la révolution éclata, et jusque là rien dans sa vie n'avait pu faire présager les atrocités où l'entraîna son zèle fanatique pour le triomphe des idées nouvelles. Cependant, envoyé à la Convention en 1792, il se rangea sur-le-champ parmi les membres les plus ardens, et l'année suivante, il concourut à la formation du tribunal révolutionnaire, après avoir voté la mort de Louis XVI et repoussé l'appel au peuple; plus tard, il réclama l'arrestation du duc d'Orléans, son collègue, et prit une part active à la journée du 31 mai, qui amena la proscription de la Gironde. A cette époque Montagne victorieuse, voulant impri

CARRIER, ouvrier employé à l'exploitation des carrières (voy.) et qui peut être assimilé au mineur : même obligation de travailler sous terre, dans des positions souvent pénibles; emploi des mêmes moyens pour extraire les miné raux qu'ils recherchent; mêmes dangers d'être enseveli sous les éboulemens ou blessé par les explosions des mines qu'on fait jouer. D'ailleurs, ces deux professions présentent quelques chances différentes: ainsi, les carriers ont bien plus rarement à craindre les inondations et les exhalaísons méphitiques, mais ils sont exposés à respirer une atmosphère pulvérulente, source d'affections de poitrine souvent graves, surtout dans les carrières d'où l'on extrait le grès et la pierre à plâtre. On a remarqué que l'isola lement dans lequel vivent les carriers développait chez eux des sentimens misanthropiques, auxquels peuvent ajouter le défaut d'éducation et l'intempérance qui leur est familière.

mer

aux départemens une impulsion conforme à ses vues, songea à revêtir quelques-uns de ses membres de pouvoirs proconsulaires. Chargé d'abord d'une courte mission de ce genre en Normandie, Carrier fut ensuite envoyé à Nantes. Ses instructions autorisaient l'emploi de toutes les rigueurs pour mettre un terme à l'esprit d'insurrection qui se maintenait et s'étendait dans les dé

C'est avec des coins, des leviers, des tarières et des marteaux de forme et de dimensions différentes, que le carrier attaque les blocs de pierre qu'il doit diviser. Souvent aussi, pour opérer avec plus de promptitude et sur des masses plus consi-partemens de l'Ouest. Il dépassa tout ce dérables, il a recours à l'action de la poudre à canon ou à un moyen plus simple et très puissant, l'introduction dans les fentes de coins en bois sec et poreux sur lesquels on jette de l'eau pour les faire gonfler.

F. R.

CARRIER (JEAN-BAPTISTE), né à Yolai, près d'Aurillac, en 1756, est l'un

Encyclop. d. G. d. M. Tome V.

qu'on avait pu attendre de lui à cet égard. Arrivé à Nantes le 8 octobre 1793, il organisa sur-le-champ une légion de satellites, dite compagnie Marat, avec laquelle il jeta la terreur dans les esprits. Lui-même était bien fait pour l'inspirer par son extérieur d'effréné démagogue, livré à une sorte de délire

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farouche qu'exaltaient encore des excès de tout genre, et menaçant de la guillotine quiconque s'opposerait à ses moindres volontés. Tel se montra cet homme, jeune encore, aux autorités du département. Dès l'abord il avait annoncé l'intention de frapper sans pitié et à la fois le fédéralisme et la Vendée: une commission révolutionnaire fut instituée pour juger ces deux classes de prisonniers, alors entassés par milliers à l'entrepôt. On fusillait les uns et on guillotinait les autres. Ce moyen ne lui parut pas assez expéditif et il conçut l'effroyable idée de se servir de la Loire pour l'exécution de ses sanglans arrêts. Quatre-vingt-dix prêtres furent placés sur un bateau, puis de là déposés à fond de cale dans un bâtiment dont on avait cloué les sabords; l'entrée du pont étant fermée par des planches, les exécuteurs se retirèrent, et des charpentiers, en ouvrant les flancs du bâtiment, le firent couler bas avec les victimes, que 98 autres suivirent de près. Ainsi s'effectua ce genre de supplice renouvelé du temps de Néron et qui a conservé le nom de noyades nantaises; Carrier lui- | même, par une atroce dérision, l'appelait déportations verticales ou baignades révolutionnaires. Après ce premier essai, il écrivit à la Convention, et, sa lettre ayant été mentionnée honorablement au procès-verbal, il ne mit plus de bornes à ses fureurs : des exécutions sans nombre eurent lieu par le même moyen et par les fusillades ; des enfans, des femmes, y furent compris. On dit que parfois deux personnes de l'un et de l'autre sexe étaient liées ensemble pour périr ainsi dans les flots, union que Carrier ou ses bourreaux appelèrent un mariage républicain. On évalue à 4 ou 5,000 personnes le nombre de victimes qui périrent ainsi dans la Loire. L'eau du fleuve était infectée par ces cadavres : une ordonnance de l'autorité municipale défendit aux habitans d'en boire, comme aussi de manger le poisson, devenu malfaisant, qu'on y pêchait. Tant d'horreurs émurent enfin la Convention, et Robespierre, qui avait conçu le projet de gouverner par un autre système, envoya à Carrier un agent pour arrêter le cours de ces exécutions et le rappeler. Avant le 9 thermidor la

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Bretagne était délivrée de la présence du cruel proconsul. Carrier, de retour à la Convention, lutta avec énergie contre la réaction amenée par cette journée et qui devait l'atteindre des premiers. Averti qu'il allait être mis en accusation, il ne voulut ou ne put s'enfuir, et fut en effet, après une instruction qui dura 21 jours, traduit par la Convention, à la majorité de 98 sur 500, devant le tribunal revolutionnaire. Dans sa défense il avait cherché à faire retomber ce qu'il y avait eu d'excessif dans sa conduite sur les comités et sur la Convention elle-même, dont il avait suivi les instigations et qui avait accordé des éloges à son patriotisme. Il dit avec véhémence, que s'il était coupable, tout dans cette enceinte l'était comme lui, « jusqu'à la sonnette du président. Il reproduisit ces mêmes moyens de défense dans le cours du procès, qui dura deux mois, et où il eut pour coaccusés les membres du comité révolutionnaire de Nantes et quelques soldats de la compagnie Marat. Accablé par les déclarations de témoins nombreux, dont les paroles firent plus d'une fois frémir l'auditoire, et surtout par des ordres d'exécution sans jugement préalable signés de lui et qu'on lui représenta, Carrier fut condamné à mort, le 16 décembre 1794, ainsi qu'un membre du comité et un de ces soldats, qui avaient servi de ministres à ses cruautés, Pinard et Grandmaison, qui avaient pris une part directe aux noyades; les autres furent considérés comme des instrumens passifs d'un système qui avait un moment dominé le pays

tout entier. Carrier et ses deux coaccusés marchèrent ensemble à l'échafaud, le premier protestant toujours de son innocence et de son patriotisme. Au moment de l'exécution, Pinard, transporté d'une sorte de rage, se précipita tête baissée sur lui, et, le frappant à la poitrine, le jeta presque sans vie sur les degrés de l'échafaud. Il y fut porté inanimé après ses deux complices.

La mission et le procès de Carrier ont donné lieu à divers écrits; on remarque dans le nombre celui qui est intitulé: la Vie et les crimes de Carrier, 1794, par Gracchus Babeuf, devenu lui-même un peu plus tard le chef du parti dont

Carrier avait été le bourreau.

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P. A. D. CARRIÈRE. On désigne sous ce nom les lieux d'exploitation d'où l'on tire la pierre, le marbre, le granit, le sable et la plupart des matériaux propres à différens travaux et à diverses constructions. Ces lieux sont toujours plus ou moins utiles à observer pour ceux qui s'occupent de géologie ou plutôt de géognosie, parce qu'on y voit distinctement la succession des couches qui forment l'écorce du globe. Sous ce rapport, elles sont un sujet d'études pour le géolo giste.

Au lieu de ne suivre que la routine de ses devanciers ou de ne faire des recherches que sur des indications vagues et incertaines, celui qui veut exploiter une carrière devrait toujours consulter les personnes qui s'occupent de géologie: elles lui indiqueraient si la matière que l'on désire se procurer est disposée en bancs continus ou en masses isolées, notions essentielles à connaître d'une manière précise, avant de déterminer le mode d'exploitation; ou bien, ce qui est encore plus important, il apprendrait par elles s'il y a probabilité pour que l'on trouve la matière à exploiter. Combien d'argent dépensé inutilement et que de simples notions de géologie auraient épargné, en faisant voir que telles substances ne pouvaient exister là où on les cherchait! Ces exemples, en se renouve lant, ont dû prouver à beaucoup d'entrepreneurs d'exploitations hasardées ou infructueuses l'utilité de la géologie dans ses applications à différentes branches d'industrie.

Quant à ce que nous avons à dire des carrières sous le point de vue technologique, nous commencerons par rappeler qu'on leur donne ordinairement des noms différens, selon la nature des substances qu'on exploite. Ainsi, s'agit-il du marbre, de l'ardoise, du plâtre, du sable ou de la terre-glaise, etc., on donne aux excavations pratiquées pour extraire ces matières les noms de marbrière, ardoisière, plátrière, sablière, glaisière, etc.

La disposition qu'affectent, dans le sein de la terre, les substances à exploi ter détermine le mode d'exploitation.

Ainsi, celles-ci sont-elles à peu de distance de la surface du sol ou en masses isolées ? on pratique des carrières à ciel ouvert. Sont-elles disposées par couches ou par bancs, à une profondeur telle que les frais de découverte doivent augmenter considérablement la main-d'œuvre? on ouvre les carrières à ciel couvert, ou, pour mieux dire, en galeries. C'est ce qui a lieu surtout lorsque les matières à exploiter forment une série de bancs superposés; le banc supérieur est alors ménagé pour former ce qu'on appelle le ciel de la carrière, et de nombreux piliers en maçonnerie sont construits pour le soutenir. Tantôt on ouvre ces sortes de carrières dans le flanc des collines, comme à Nanterre et à SaintLeu, ou sur le plateau, comme à Montrouge, à Châtillon, à Saint-Nom, etc.; dans ce dernier cas on descend dans la masse par un puits, et c'est au moyen d'un treuil placé à l'ouverture que l'on enlève les pierres exploitées. La craie, le calcaire grossier ou la pierre à bâtir des environs de Paris, et le gypse ou pierre à plâtre, s'extraient, selon les localités, suivant l'un ou l'autre de ces modes.

Ajoutons que, lorsque la pierre est tendre ou d'une faible dureté, ou facile à se fendre par la percussion, on la tranche, c'est-à-dire que l'on fait avec le pic, gros marteau pointu aux deux extrémités, une trace profonde sur son lit supérieur, et que l'on place aussi dans cette petite fente un coin en fer sur lequel on frappe avec une masse pour en déterminer la rupture. Le calcaire grossier, et même le grès à pavé, se fendent de cette manière; mais plus ordinairement on pratique dans l'une ou l'autre pierre un trou avec une tarière; on l'emplit de poudre, et, en y mettant le feu, la mine produit le résultat désiré. C'est ainsi que les carriers (voy.) séparent les grosses masses de gypse. Quant à la pierre meulière, lorsqu'on l'exploite pour en faire des meules d'un seul morceau, on trace, dans le bloc d'où l'on veut tirer la meule, un cercle; puis, de distance en distance, on y fait un trou dans lequel on enfonce un coin en bois très sec; après quoi on verse de l'eau

dans ce trou, et le coin, en se gonflant par l'effet de l'eau, opère la rupture de la pierre suivant la circonférence tracée.

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parler des carrières sous Paris, dont une partie a obtenu, depuis quelques années, une célébrité presque populaire, sous le nom de Catacombes.

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Il est aisé de concevoir que, lorsque cette ville commença à prendre un certain accroissement, vers les x11 et x111 siècles, surtout aux temps de PhilippeAuguste et de saint Louis, ses faubourgs qui, d'abord, se trouvaient à une assez grande distance des ateliers souterrains d'où l'on tirait les matériaux de construction, s'en rapprochant peu à peu, finirent par les recouvrir et même par s'étendre au-delà. Une portion de ces faubourgs se trouva ainsi reposer sur des vides considérables, d'autant plus dangereux qu'ils étaient alors à peu près ignorés, puisqu'aujourd'hui même on ne les connaît encore qu'imparfaitement. On sait que ces anciennes carrières s'étendent sous les quartiers populeux des faubourgs Saint-Jacques', Saint-Germain et Saint-Marcel, sous une partie de la plaine de Mont-Rouge et de la route d'Orléans, etc. (Nous ne parlons pas ici de celles qui existent hors des barrières, à Saint-Maur, Charenton, Vaugirard, Passy, etc.). Dans le vaste espace que nous avons indiqué se trouvent compris, comme on voit, des édifices de premier ordre, tels que le Val-de-Grace, l'Observatoire, le Musée d'histoire naturelle, le palais du Luxembourg, etc.

Les excavations pratiquées dans les couches horizontales du calcaire grossier des environs de Paris, pour l'extraction de la pierre à bâtir, sont généralement plus considérables que celles que, dans le même but, on pratique dans les granits et les schistes ardoisiers, ou dans les carrières de marbres antérieurs au dépôt de la craie. Nous croyons même que c'est dans la craie et dans le calcaire grossier qui lui est supérieur qu'ont été creusées les carrières les plus étendues. Qui ne connaît les profonds et vastes souterrains qui servent de caves à Épernay et dans les environs de cette ville? ils sont creusés dans la craie et n'ont pas besoin de construction en maçonnerie, parce que leurs voûtes se soutiennent; il suffit d'y ménager des piliers. C'est aussi dans un calcaire semblable, mais plus inférieur, plus tendre et plus grenu, qu'au sein de la montagne de Saint-Pierre, à Maestricht, les carrières se sont succédées depuis une époque très reculée. On ne connaît pas le nombre ni l'étendue des galeries souterraines qui minent cette colline; mais il est facile de s'en faire une idée par la date de leur origine, qui paraît remonter à 18 siècles; par leur étendue, qui, bien que mal connue, occupe au moins 5 à 600 mètres de largeur sur 12 à 1500 de lon-lés, et dont plusieurs sont consignés dans gueur, et par le nombre de malheureux qui, à diverses époques, se sont égarés dans ce vaste labyrinthe, où ils ont trouvé le désespoir et la mort. Les carrières creusées dans le calcaire grossier des environs de Paris peuvent rivaliser d'étendue avec celles même de Maestricht. Voy. l'art. suivant. J. H-T.

CARRIÈRES SOUS PARIS. Indépendamment des carrières de pierre à plâtre, à chaux et à bâtir, qui existent en grand nombre aux environs de Paris et dont le voisinage a exercé une si heureuse influence sur l'accroissement rapide de cette capitale, il en est d'autres qui, bien qu'abandonnées depuis long temps, n'en sont pas moins dignes d'un intérêt tout particulier. Nous voulons

"Des accidens trop souvent renouve

les journaux et mémoires du temps, appelèrent enfin, sur les causes qui les faisaient naître, l'attention d'une police trop peu vigilante. Ce ne fut qu'en 1776 que l'on comprit enfin la nécessité d'entretenir, au moyen de voûtés, de murs et de remblais solidement établis, ces excavations pour la plupart en très mauvais état, et dont la chute, de plus en plus probable, pouvait amener de si effrayans résultats. Ces travaux furent exécutés de 1777 à 1808, par les soins de M.Guillaumot,nommé inspecteur-général des carrières, et continués après sa mort par une commission composée de géomètres et d'architectes; puis enfin définitivement confiés à l'administration des mines. M. Héricart de Thury a été

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