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D'après le vœu de l'autorité, vos soins ne doivent plus se borner à instruire la jeunesse dans la morale religieuse, onomier éléments des sciences humaines, vous devezanosilcomplete son instruction par quelques connaissances de l'art agricole qu'elle est appelée principalement à pratiquer. Afin de vous mettre à même de donner ces utiles leçons, vous avez déjà dû vous instruire vous-mêmes des principes et des règles de cet art, considéré avec raison comme le premier et le plus utile de tous, dans les traités de MM. Moll, Bentz et Chrétien, agriculteurs habiles, formés à l'école pratique de Roville. Pour vous mettre en position de mieux apprécier quelles sont celles de ces règles théoriques, qu'il est possible d'appliquer à notre agriculture pratique, il devient indispensable, selon nous, que vous joigniez à vos premières connaissances, celles de l'ancienne législation rurale du pays, dont l'influence se fait et se fera toujours sentir, et celles, en outre, de la législation actuelle qu'il n'est permis à personne d'ignorer, à plus forte raison par vous, si vous voulez être en état d'accomplir toute la somme de bien que vos relations avec les cultivateurs vous permettent de faire. Vous ne pouvez au surplus bien enseigner un art, sans

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connaître vous-mêmes les bases légales sur les quelles il repose.

Nous allons tacher, dans le travail suivant, de remplir cette lacune dans l'instruction agricole. La première partie comprendra l'histoire ancienne de l'agriculture du pays de Lorraine, et des lois rurales qui la régissaient : la seconde partie retracera la marche de l'agriculture moderne sous l'empire des lois qui lui ont été données depuis la révolution française.

Nous ne pourrons suivre la série des anciennes institutions agricoles, sans dire un mot des annales si glorieuses des anciens duchés de Lorraine et de Bar, et sans remarquer celles des institutions qui ont rapport à l'état des personnes et des biens, depuis le XI'siècle jusqu'au XVIII®, époque à laquelle nos pays furent réunis à la France. Vous serez bien aises aussi de connaître les faits éclatants arris vés en ce royaume, depuis la fin du XVIIͶsièele jusqu'à nos jours.

Nous terminerons notre travail par le tableau de l'état actuel de l'agriculture de notre pays, dans les différentes zones de terrains qu'il embrasse, en indiquant les améliorations dont elle est encore susceptible, et les mesures légales qu'elle réclame.

GUÉRARD,

Membre du conseil général de la Meurthe,

DE

LA LORRAINE

DEPUIS

GÉRARD D'ALSACE JUSQU'A NOS JOURS.

PRÉCIS DE L'HISTOIRE ANCIENNE, DE LA LÉGISLATION,

DES INSTITUTIONS ET DE L'AGRICULTURE DE LA LOR-
RAINE ET DU BARROIS.

La Lorraine et le Barrois faisaient anciennement partie de la Belgique qui s'étendait jusqu'à la Marne, et dont les habitants étaient Germains d'origine. De tous les peuples des Gaules, dit César, les Belges sont les plus vaillants, parce qu'ils sont plus éloignés du luxe et de la politesse qui règnent dans la province Romaine, et que les marchands étrangers ne leur apportent pas ce qui amollit le courage. Tels furent nos ancêtres. Les Romains eurent beaucoup de peine à les dompter; mais enfin, ils parvinrent à les ranger sous leur domination. Les usages, la langue et les goûts de Rome se répandirent insensiblement dans nos provinces, et dans la suite le droit de bourgeoisie romaine fut accordé à tous.

Le vaste empire des Romains déchiré au dedans, attaqué au dehors de toutes parts s'écroula enfin. Les Francs passèrent le Rhin, et après plusieurs efforts, s'établirent dans une partie des Gaules, et surtout dans la Belgique. Nos provinces furent habitées à la fois par les Belges, par les Romains et par les Francs, et il s'y opéra un mélange des mœurs et des lois de ces trois peuples, jusqu'à ce qu'enfin le christianisme, point de départ de la civilisation moderne, vint les régénérer après le baptême de Clovis, en l'an 496 de notre ère.

Sous la première race des rois de France, l'Oosterrich ou partie orientale, dite par corruption Austrie ou Austrasie, fit toujours partie de leur monarchie : il y a eu des descendants de Clovis, rois de Metz ou d'Austrasie. La reine Brunehaut veuve de Sigisbert roi d'Austrasie, eut beaucoup de part aux grands événements de la fin du VIe siècle et du commencement du VII. Romaric, prince d'Austrasie, fonda la célèbre abbaye de Remiremont en l'an 620. La régente Bathilde, mère de Clovis III, opéra un grand bien en réduisant aux chefs de famille ou feux, l'impôt qui se payait par tête: cet impôt d'abord acquitté en nature avec les fruits de la terre fut ensuite converti en argent. Vulfoade, maire du palais, fonda l'abbaye de Saint-Mihiel en 709. Pepin d'Héristal, père de Charles Martel, fut duc d'Austrasie, et le fils de celui-ci, Pépin le Bref, maire du palais et duc de France, s'empara du trône qu'il transmit à ses descendants qu'on appela Carlovingiens du nom de son fils Charlemagne.

L'Austrasie après avoir fait partie du vaste empire de Charlemagne et de son fils, tomba dans le partage de l'empereur Lothaire, et composa ensuite celui de Lothaire, son fils. I régnait sur une grande étendue de pays, entre la Meuse, l'Escaut et le Rhin, à laquelle il donna le nom de Lotharin ge, d'où est venu celui de Lorraine que notre seule province a conservé, quoiqu'elle ne fit plus qu'une faible partie du tout et qu'elle n'eût alors aucune ville considérable. O. croit que dès ce temps-là quelques coutumes établirent que la mère anoblirait les enfants, quoique le père fût roturier.

A la mort du roi Lothaire, Charles-le-Chauve, son oncle, se jeta promptement sur la Lorraine, et se fit couronner à Metz au préjudice de Louis-le-Germanique : ensuite ils partagèrent le pays entre eux, de là vinrent les prétentions de la France et de l'Allemagne au sujet de la possession de la Lorraine.

Le royaume de Lorraine, depuis Charles-le-Simple, disputé par les Francs et par les Germains, et toujours victime de leurs guerres cruelles, fut ensuite gouverné par des ducs: ils tenaient leur pouvoir ou des rois de France, ou des empereurs d'Allemagne.

Réinier-au-Long-Col, le premier de ces ducs, gouverna

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