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THIÉBAUT II.

Thiébaut II, qui n'étant encore que seigneur de Neufchâteau, avait épousé Isabelle de Rumigny, succéda au duc Ferry, en 1303, Il avait déjà signalé sa valeur dans plusieurs batailles, et combattait en 1298, pour Albert d'Autriche, contre Adolphe de Nassau. Il fut obligé de soumettre par les armes les seigneurs du pays, qu'il battit auprès de Lunéville. Après avoir été opposé à Philippele-Bel, il combattit pour ce prince à Mons-en-Puelle ; vainquit l'évêque de Metz auprès de Frouard, et fit prisonniers les comtes de Bar et de Salm. Il avait eu une petite guerre contre le comte de Vaudémont, et fut blessé au combat de Pulligny.

En 1308, Walther Furst d'Ury, Werner de Stauffach de Schweitz, et Arnold de Milchthal, pays d'Underwald, jetèrent les fondements de la liberté helvétique.

Thiébaut eut des querelles touchant la ville de Neufchâteau, et mourut à son retour de Milan, en 1312. Il avait ordonné dans son testament, que les sujets de ses domaines payeraient leurs tailles en argent coursable au duché de Lorraine, et que l'héritage d'autrui qu'il avait enclos en son parc de Nancy et d'Einville serait rendu. Jean de Lignières, astronome, vivait sous le règne de Thiébaut.

FERRY IV.

Ferry IV, fils aîné du duc Thiébaut, lui succéda; il était né à Gondreville en 1182, et avait épousé Isabelle d'Autriche, fille de l'empereur Albert. Au commencement de son règne, les templiers, arrêtés dans toute la France dès l'année 1507, condamnés ensuite au concile de Vienne, perdirent les biens qu'ils possédaient en Lorraine, mais rien n'établit qu'ils y furent persécutés. Ferry était d'une force extraordinaire, et il eut presque tou

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jours les armes à la main. Par un traité passé sous la garantie du roi de France, en 1314, Édouard I", comte de Bar, las de sa prison, renonça à l'hommage du comté de Vaudémont. En 1515, une horrible famine, précédée d'inondations prodigieuses et de tremblements de terre, fit périr le tiers des habitants en Lorraine. Le duc Ferry, en 1315, laissa les mines d'argent au Val de Saint-Die en retenant le dixième. La même année, Louis-le-Hutin, approuvant une constitution de l'empereur Frédéric, en ordonna l'exécution; l'article XI défend, sous quelqu prétexte que ce puisse être, et sous la peine du quadruple et d'infamie, de troubler les laboureurs dans leurs travaux, de s'emparer de leurs biens, de leurs personnes, des instruments de culture, des boeufs, etc. Ainsi l'agn culture, le plus utile, le plus innocent de tous les arts, cette base fondamentale de la prospérité des états, fut alors noblement protégée. Vous verrez que bientôt après, donna des règles au commerce qui la suit immédiatement. C'était le fruit nécessaire des affranchissements; les vertus sociales commençaient à germer avec la liberté, sûreté publique à s'établir. En 1316, le duc Ferry donna un règlement fort sage, en forme de statuts pour Tabellions. Ce prince attaché aux rois de France, Charles-le-Bel et Philippe de Valois, fut tué à la bataille de Cassel, en Flandres, et son corps apporté à l'abbaye de Beaupré où il fut enterré. L'urne cinéraire de son épouse, Isabelle d'Autriche, se trouva dans l'église de Saint-Georges à Nancy, lors de sa translation de 1743. C'est au temps du duc Ferry IV qu'on remarque les titres des affranchissements faits par les vassaux duché de Lorraine, et par les comtes de Bar. Les ser gneurs soumettaient les principaux lieux de leur obéis sance à certaines assises, lois et redevances particulières. Par exemple, en 1325, Edouard comte de Bar, affranchit les habitants de la ville de Stenay. L'année suivante, Simon comte de Sarrebruche, affranchit ses ville de Commercy, du consentement de Mahaut d'Apre sujets de la certaines lois et les soumit à payer certaines redevances; mont, sa femme, et de Jean leur fils. Il leur prescrivit par exemple: quatre sols par conduit, ou par maison, et

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un chapon par an; au lieu qu'auparavant, comme il dit, un traile il y pouvait à sa volonté, le haut et le bas, le plus et le 14, Edouard moins. Les affranchissements ont été fréquents dans le quatorzième siècle comme dans le précédent.

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Avant que les princes et les seigneurs eussent affranchi et abonné les sujets de leurs terres, ceux-ci pouvaient être légitimement pris et gagés pour leurs seigneurs, comme un bien à eux appartenant; de manière que ceux qui voyageaient et qui trafiquaient hors du lieu de leur demeure, devaient prendre des précautions pour n'être pas arrêtés, pour les faits ou dettes de leurs seigneurs. peine d Nous en avons un exemple dans les marchands de Neufchâteau qui, en 1524 prirent une attestation de Simon e leurs de Sarrebruch, seigneur de Commercy qui déclare que ces marchands ne sont responsables que de leur propre fait, comme étant libres et abonnés avec leur seigneur.

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Les vassaux usaient en commun avec leurs sujets des ient pâturages et des bois des lieux de leur obéissance; et imme dans ces sortes de domaines, comme dans ceux de nos princes, cette communauté a été l'origine des communaux alie de paroisse. Dans un accord de 1314, on remarque que c Fer Henri, sire de Blâmont, régle et délimite avec l'abbé de atus Haute-Seille, et le comte de Salm des droits de pâtude rages et de glandée communs entre lui et ses hommes ou éal sujets.

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RAOUL OU RODOLPHE.

Raoul succéda à son père en 1329: il était mineur à Lla mort de son père. La noblesse Lorraine assemblée eur déféra la régence à sa mère Isabelle d'Autriche : ce fut cette princesse qui bâtit la petite ville de Château-Salins. all Raoul en 1339, fonda la collégiale de Saint-Georges dans son palais de Nancy. De son temps, les marchands du pays formèrent une confrérie en l'honneur de Saint Georges. Jean de Maron en fut le premier roi : quatre marchands élus de Nancy et de Saint-Nicolas, l'aidaient à terminer les affaires, sur des règlements fort simples, mais

s'attacha à adoucir les maux dont ses sujets étaient accablés. Il confirma, le 15 avril 1377, les lettres accordées aux marchands merciers. Jean anoblit, le 6 décembre 1382, Thirion Milian, procureur général, et Jean de Haut : ce furent les premiers anoblissements en Lorraine. Les ducs de Bar en avaient fait en 1363, et les rois de France dès 1270. Le 27 janvier 1390, le duc Jean ordonna qu'il serait fait un marteau à la marque d'un alérion pour marquer les arbres qui seraient à couper tant dans ses forêts que dans celles dont les communautés étaient usagères; lequel marteau serait déposé dans une huche, qui serait placée derrière l'autel de monseigneur saint Georges, et fermerait à trois clefs, dont une serait tenue par le prévôt de Saint-Georges, la seconde par le secrétaire d'état et la troisième par le gruyer. Sous ce règne Guillaume de La Marche en Barrois et Beuve fondèrent à Paris le collége de La Marche. Erard du Chastelet était mareschal de Lorraine et Robert Desarmoins mareschal du Barrois. Le duc Jean mourut à Paris en 1390. Son corps ramené à Nancy en grande pompe fut enterré à Saint-Georges. Il avait ordonné qu'au jour de ses obsèques on conduirait en offrande ses trois chevaux, l'un en harnais de guerre, l'autre en harnais de joute, et le troisième en parement de tournois, en signe, disait-il, que tout doit retourner à Dieu.

Ce prince continua les affranchissements, et opposa les franchises populaires à la puissance des grands vassaux : en cela il imitait la politique des rois de France.

Quelques écrivains brillaient en Lorraine au XIV siècle du nombre était le chroniqueur Jean de Bayon. Cependant les livres étaient encore très-rares. Le testament d'un nommé Laurent de Nancy, daté de 1316, fait connaître tout le prix qu'on attachait aux livres à cette époque : il donne à l'abbaye de Sainte-Glossinde de Metz sa Bible et ses bréviaires à condition que les religieuses ne les vendront et ne les engageront jamais.

Dans ce siècle Pierre Perrat, célèbre architecte, acheva les cathédrales de Metz, de Toul et de Verdun.

Au XIVe siècle, la culture de la vigne fixa l'attention des magistrats de la cité de Metz. Par un atour, en date du 23 novembre 1338, le maître eschevin, les treize

avaient ordonné d'arracher tous les plants de vigne de la grosse espèce, appelés alors gottz, gots, goez. Cet atour portait aussi la défense expresse de planter de nouvelles vignes. On le renouvela en 1540, 1392 et 1393, et l'on fit arracher toutes les vignes qui avaient été plantées depuis 1572. Ces règlements étaient fondés sur ce que la grande quantité de mauvais vins qu'on faisait alors dans le pays messin avait détruit l'ancienne réputation de ses vignobles. En 1338, il fut aussi défendu pour assurer le débit des vins du pays, d'introduire dans Metz des vins étrangers. Un autre atour de 1555 fixait avec le plus grand détail les époques, le mode de culture pour la vigne, les salaires des vignerons, et les obligations qu'ils avaient à remplir envers les maîtres. Le 22 janvier 1581, nouveau style, les magistrats de Metz permirent aux habitants de Norroy, devant Pont-à-Mousson, d'introduire leurs vins dans la ville et ses faubourgs, sous la condition qu'ils imiteraient ceux d'autour de la ville de Metz qui avaient arraché depuis longtemps les gottz, et planté des formantaulx blancs et néirs.

CHARLES II.

Charles II succéda au duc Jean son père en 1390. Il fut élevé à la cour de Charles V de France et suivit en Afrique Enguerrand de Coucy, son beau-frère. En 1392 il y eut une assemblée générale de la noblesse; on y fit des règlements pour la justice. En ce temps, les paysans quittaient les travaux de la campagne pour jouir des bienfaits de la bourgeoisie dans les villes et bourgs affranchis: par une charte du 13 septembre 1392, le duc Charles promet de ne plus recevoir en bourgeoisie les sujets de ses vassaux, à charge qu'eux-mêmes ne recevraient pas ceux de ses domaines. On a de lui une ordonnance, en date du 10 mars 1395, qui défend d'arracher les bornes de séparation entre les finages, clamps et autres héritages, sous peine du fouet et de la marque, et en outre du bannissement de ses états. En la même année Charles épousa

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