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rages artificiels qui y sont placés, pourrait assurer aux troupeaux une nourriture plus abondante que celle qui croît spontanément sur le sol.

Le cours des moissons qui a toujours fait la réputation des plaines de la Lorraine, doit cesser d'être tourmenté, du moins dans les exploitations un peu étendues; il est reconnu le plus propre à la nature du sol et le plus facile à faire ployer au retour fréquent des mêmes productions, avec le moins d'inconvénients; et seul, il peut assurer la production des grains que réclament toujours plus impérativement les besoins de la consommation; en même temps que dans sa distribution régulière, il permet encore aujourd'hui de ramener dans les bergeries quelques troupeaux de moutons, l'unique espèce de bétail qui puisse produire et nourrir le sol sec et peu abondant en pâturages des larges plateaux de nos pays. Le parcage de ces animaux est d'ailleurs le seul moyen d'entretenir en état de fertilité l'excessive quantité de terres mises aujourd'hui en cultures.

Enfin l'éducation du gros bétail n'a jamais pu exister dans la région des plaines, que dans la limite du besoin des ménages et des exploitations; elle est mieux faite aujourd'hui, sans que la quantité des individus ait pu s'élever au niveau des besoins de la consommation. L'éducation des bêtes ovines, au contraire, y a toujours été et y est encore la cause de bénéfices réels: un cheptel de ces animaux, placé dans une ferme, rapporte encore actuellement au laisseur un intérêt de plus de dix pour cent. Dans la situation actuelle de la propriété, les troupeaux sont dans une position difficile, mais non impossible.

Le but définitif de l'économie agricole est d'obtenir des cultures un bénéfice net. C'est sous ce point de vue que nous allons actuellement envisager l'agriculture de notre pays. Nous avons remis jusqu'ici à constater le produit brut des principales moissons en Lorraine, parce que si on en déduit en même temps les frais de production, le résultat net sera établi.

Dapuis 1791, l'agriculture de la région des terrains à base siliceu, vulgairement terres légères, a singulièrement gagné, et sous le rapport de la production brute, et sous celui du bénéfice net. C'est le résultat des cultures

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alternes et de la progression des engrais dans cette région. I Le sol arable bien cultivé et suffisamment amendé, rend, terme moyen, 18 hectolites de seigle par hectare, avec 225 litres de semence; en sarrasin, 20 hectolitres, avec 60 litres de semence par hectare; en avoine, 26 hectolitres par hectare, avec 330 litres de semence; en pommes de terre, 175 hectolitres par hectare, qui exigent 750 litres de semence. Le produit du trèfle, en fourrage sec, varie de 2,500 kilogrammes à 3,000 par hectare. Enfin, un hectare de prairies arrosées rend communément en foin et regain 5,000 kilogrammes.

La valeur vénale de ces terrains faciles à cultiver et propres aux petites cultures, a augmenté successivement de nos jours. Le taux de leur location a dû nécessairement Chercher à s'équilibrer d'une part avec le prix d'achat, et de l'autre avec l'augmentation des produits qu'on en a obtenus. Dans l'économie de l'assolement triennal, le tiers du produit brut de la terre doit payer le prix de la location, le second tiers est absorbé par les frais de culture et le dernier tiers doit former le bénéfice du cultivateur. Ce mode de supputer, dans tous les temps, est encore celui qui sert de base aux calculs, dans l'agriculture usuelle de nos pays, même dans la région des terres légères. Ainsi les frais de culture de quatre hectares de ces terrains, que nous supposons d'une fertilité moyenne, et dont un demeure en prairies naturelles s'établissent ainsi :

La valeur locative de ces quatre hectares, en raison de la plus forte production qu'on obtient de la terre actuellement, de 125 fraucs qu'elle était anciennement, s'élève actuellement à celle de 175 francs, ci.. 175 fr. Les frais de main-d'œuvre, des sarclages,

des semences,
de la moisson et du battage des
grains, et la quote-part que doivent supporter
quatre hectares dans l'entretien du mobilier
d'exploitation, montent actuellement à la
somme de....

175 fr.

Les fourrages et les pailles produites par les quinze hectares sont consommés par les animaux attachés à la culture, qui doivent, par compensation fournir leur travail et les engrais, ci.. mémoire.

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Voici maintenant le produit des trois hectares en cul

ture:

1° Première année de l'assolement : l'hectare qui entre en saison est aujourd'hui cultivé, moitié en pommes de terre et moitié en sarrasin, et ainsi alternativement, chaque trois années, pour nettoyer le sol. Les 50 ares en pommes de terre produisent 87 hectolitres, et les 50 ares en sarrasin 11 hectolitres, qui ont une valeur de....

2° Seconde année de l'assolement. L'hectare qui a reçu les 15 voitures de fumier, du poids de 1500 kilog. chacune, que peuvent produire les foins et les pailles des quatre hectares, produit communément 18 hectolitres de seigle qui, au prix de 10 fr. l'un, font,.....

15

3o Troisième année de l'assolement. Un hectare semé en avoine, produit, terme moyen, sacs de chacun 175 litres qui, au prix de 9 fr. le sac font..

Total du produit....

Si de ce produit, on déduit les frais qui se montent à

210 fr.

180 fr.

135 fr.

425 fr.

350 fr.

175 fr.

Il reste de bénéfice au cultivateur ou 43 fr. 75 centimes par hectare. Ce résultat peut encore être augmenté du bénéfice que laisse l'éducation des vaches laitières et des porcs, entretenus dans la limite des besoins de la ferme.

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Le produit brut de la terre, sur le plateau argilo-calcaire des plaines de Lorraine, est moins fort que dans l'autre région, mais il est plus estimé, aux yeux des populations, en ce qu'il se compose principalement de la meilleure moisson, qui est celle des froments. Ici, le résultat des moissons est fort inégal, selon que le sol et plus ou moins riche, qu'il est situé en plaines, ou en escarpements. Les zones des marnes irrisées et du lias qui traversent le pays de Lorraine, du sud au septentrion, parallèlement à la chaîne des Vosges, sont les plus productives en blés: là, un hectare de terre, sur jachère fumée, peut rendre, dans les bonnes années, par exemple, en 1825, 1834 et 1840, jusques à 31 à 32 hectolitres; et

le poids d'un sac de 125 litres approche du poids de 100 kilog. C'est un des plus forts produits, sur tous les sols, et qui justifie l'adage des anciens cultivateurs du pays : que sur un bon fonds, la sole des froments doit payer pour celle des versaines. Le rendement général des bonnes terres, sur jachère, est de 18 hectolitres de froment par hectares, et celui des terres d'une fertilité moindre, de 15 hectolitres. C'est le produit qu'avait déjà annoté, chez nous, l'agronome Arthur Jung, avant la révolution française. Les anciens documents du pays portent la production du froment, dans les admodiations à 18 hectolitres; mais c'était sans doute à une époque où les bonnes terres seulement étaient cultivées, et qu'elles recevaient les engrais des marcaireries et des bergeries qui déjà se trouvaient réduites à l'époque de 1791. L'ensemencement des blés exige 225 litres par hectares. Après le froment, l'orge est la plus importante des céréales, cultivées dans les terres fortes: elle réussit principalement dans les terres blanches du bas des coteaux, et rend de 17 à 26 hectolitres par hectare, à raison de trois hectolitres de semence. L'avoine ne réussit bien, dans les terres argileuses, que dans les années humides, et ne rend guère, terme moyen, que de 17 à 21 hectolitres, à raison de trois hectolitres de semence. Les prairies qui tapissent le fond alluvial des collines de la région argilocalcaire, rendent un foin meilleur, mais moins abondant que dans l'autre région : C'est ce peu de produit qui a porté les cultivateurs depuis un siècle, à en déchirer successivement la majeure partie. L'hectare ne produit guère en foin et regain que 2750 kilog. La luzerne est la prairie artificielle en réputation; sur ces sols compactes et secs; elle rend dans les terres arables 5,000 kilog. par hectare de fourrage sec et fort estimé. Dans les vignes défrichées et bien défoncées, elle rend presque le double. Le sainfoin est la seule ressource pour faire valoir les terrains en côte, qu'un zèle maladroit a poussé à défricher: il ne rend guère que 2500 kilog. de foin sec par hectare. Les terrains occupés par les luzernes et les sainfoins, sont rendus à la culture des céréales qu'ils produisent alors en abondance: les fermiers sont toujours à guetter l'instant ou ils pourront défricher

ces terres reposées. Enfin la pomme de terre, qui n'a pu être cultivée aussi en grand dans cette région que dans l'autre, en raison des difficultés, des frais et des inconvénients que nous avons déjà fait connaître, est néanmoins d'un fort produit dans certains terrains calcaires: il s'élève, terme moyen, à 200 hectolitres par hectare, en raison de 15 hectolitres de semence.

Nous n'avons pas à nous arrêter sur le produit des petites cultures dans les terres fortes : les jachères sont surchargées de récoltes épuisantes et tardives, et les froments qui leur succèdent, ne rendent plus 12 hectolitres par hectare. Ce déficit dans la production de la céréale la plus essentielle, serait effrayant, si ce vice de succession de récoltes ne se corrigeait tous les jours, et s'il n'était à présumer que ces petites cultures qui entravent les moyennes et grandes exploitations, ne tarderont pas à se concentrer, comme dans les temps anciens, autour des habitations, où le dessolement opéré de la terre peut permettre les combinaisons que réclament les besoins du petit propriétaire.

En prenant le terme moyen du produit brut de la terre argilo-calcaire, celui net s'établit comme nous allons l'indiquer. Le prix du loyer, dans cette région, ne s'est élevé que de la différence entre le prix ancien des denrées et le cours actuel. Ainsi cinq sacs de blé et cinq sacs d'avoine valant aujourd'hui 155 francs, cette somme est le taux que le propriétaire obtient de quatre hectares de terrain, dont un est censé en prairie, pour nourrir les animaux attachés à la culture, ci...

Les frais d'exploitation se montent à pareille somme de 135,formant le 1/10 de celle de 1550 francs à laquelle on évalue l'intérêt et l'entretien du mobilier, les frais des employés de services, les semences, les frais de récoltes et autres menues dépenses d'une ferme de 40 hectares, ci....

Les fourrages et les pailles sont consommés par les animaux attachés à la culture qui, en retour fournissent leur travail et les engrais, ci.

135 fr.

135 fr.

mémoire

Total des frais 270 fr.

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