Page images
PDF
EPUB

Jefus-Chrift & le royaume de Dieu. Quand fera-ce, ô mon Dieu, que vous regnerés parfaitement en nous par Jefus Chrift, & que par luy -même nous regnerons en vous? Qu'il arrive, & qu'il arrive bien-tôt ce regne fi défirable! Que vôtre regne arrive, ô Pere qui êtes dans le ciel ! Que vôtre re gne arrive, ô JEsus, que nous attendons du ciel! Que vôtre regne arrive, Eglife fainte, Epou fe de l'Agneau, qui êtes éma née de Dieu & décenduë du ciel, & qui devez y remonter environnée & pénétrée de la gloire de Dieu, pour y être à jamais fon temple, fa ville, & fon royaume! Que nous gémiffions fans ceffe dans votre fein pendant les jours de vôtre exil & du nôtre fur la terre; afin que nous puiffions chanter avec vous dans

dans le fein de Dieu ce chant de joye a. Enfin le royaume de ce monde est devenu le royaume de nôtre Seigneur & de fon Chrift; & il regnera dans les ficcles des fiecles. Amen. Nous vous rendons graces, Seigneur, Dieu tout puissant, qui êtes, qui étiez, & qui ferez toujours, de ce que vous êtes entré en poffeffion de vôtre grande puiffance, & de vôtre regne, & de ce que c'est maintenant qu'eft établi le falut, & la force, & le regne de nôtre Dieu, &la puiffance de fon Christ.

[ocr errors]

POUR LE MATIN.

Vertu.

L'ESPERANCE.

L n'y a guere d'ambition qui ne fe bornât à la possession d'un royaume & d'un empire; ́a Apoc. 11. 15. & 17. b ibid. 12, 10. N

mais il n'y a guere, d'efperance humaine qui tende jufques- là & qui fe flatte d'y pouvoir arriver. Il n'eft pas moins rare de vouloir bien partager fon efperance avec un autre, quand il eft question de regner ; & il n'y a peut-être jamais eu que l'impuiffance de regner feuls, qui ait porté quelques Empereurs à en faire regner d'autres avec eux. Il n'y a que l'efperance chrétienne qui infpire en même temps. tous les membres de Jefus-Chrift le defir de regner & de regner tous enfemble fur un même thrôhe. C'eft cette efperance qui doit faire toute nôtre ambition. C'eft à ce royaume éternel qu'il faut tendre par le mépris de toutes chofes, & même de tous les empires de la terre, s'ils étoient en nôtre pouvoir.

Rien ne rend plus méprifable

à

ce que l'on poffede, que l'attente de quelque chofe de plus grand. Celuy qui fe voit deftiné à un empire, ne fçauroit être content de toute autre fortune. Rien auffi ne doit détacher plus efficacement une ame chrétienne des plaifirs de la vie, de l'enivrement des fauffes grandeurs & des richeffes du monde, & de tout ce que l'ambition se peut figurer de plus grand, que l'efperance d'un royaume dont l'empire de l'univers ne merite pas d'être l'ombre, & que Pattente de cette joye celefte & fouveraine qui fera le bonheur éternel.

C'est ce que doit produire en nous l'esperance chrétienne. Et en vain nous nous flatons de l'avoir dans nôtre cœur, fi nous aimons les chofes de la terre auffi vivement que fi nous n'atten

dions pas le Royaume de Dieu. Car elle n'eft point dans nôtre cœur fi elle n'y fait rien ; & elle n'y fait pas ce qu'elle y doit faire, fi elle ne le détache de l'amour de la vie prefente; fi elle ne luy en donne du dégoût ; fi elle ne luy fait defirer d'en 'voir bien-tôt la fin ; fi elle ne nous tient toûjours prêts à la quitter au premier ordre ; semblables à ces anciens Peres de nôtre ef perance auffi-bien que de nôtre foi, Abraham, Ifaac, & Jacob, qui demeuroient dans ce pays délicieux que Dieu leur avoit luimême donné, comme dans une terre étrangère, habitans fous des tentes parce que n'ayant que quelque centaine d'années à vivre, ils ne croyoient pas que cela valût la peine de s'établir fur la terre, en bâtiffant des villes & des mai

« PreviousContinue »