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trouver fon bonheur que dans cequi lui eft fuperieur.Or elle n'a rien au deffus d'elle que Dieu qui l'a faites & toutes les creatures fenfibles & corporelles étant au deffous d'elle, ne fçauroient la faire vivre heureuse.

Voilà, dit faint Auguftin, en quoy confifte la Religion chrétienne telle qu'elle eft préchée par tout le monde. Mais helas que cette union avec Dieu eft foible en cette vie ! Et telle qu'el le eft, à combien de viciffitudes n'eft-elle point fujettes à quels perils n'eft-elle point exposée, quelles furieufes attaques n'aF'elle point à foûtenir; de combien d'ennemis n'a-t-elle point à fe défendre Tant il eft vray que cette vie est un combat, une tens tation, & une mifére continuelle. La mort feule nous en peut délivrer. Et celui quia de la foi,

loin de la regarder comme fon ennemie & de la füir comme for malheur, devroit aller au devant d'elle par fes defirs, & la recevoir, quand elle fe préfente, comme fa libératrice & comme une amie qui la décharge d'un fardeau pefant & incommode, pour la faire paffer d'un païs ennemi dans un lieu de fureté, & de la region de la mort au fejour aimable & délicieux de la vie bienheureufe. Car il eft néceffaire, dit un fçavant Auteur,« que celui-là meure de bon« cœur, qui aime & qui defire le « bonheur où la mort nous con- « duit. Et ceux qui la fuyent fous « prétexte de vouloir encore de profiter dans la vertu, font moins voir un vray defir d'y « avancer, qu'une preuve certaine de leur peu d'avancement; « e Ang. vel alius aut, qq. 17. in Matb.

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puis que c'eft dans le defir de "la mort que confifte le progrés de la pieté. Qu'ils defirent donc " ce qu'ils fuyent pour devenir parfait, & dés-là ils feront

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Ne difons donc jamais ces paroles: Nôtre Pere qui êtes dans le ciel, fans nous fouvenir que celui à qui nous parlons, eft non feulement le Pere & le principe de la vie de nôtre ame, mais encore qu'il en est la fin & le centre; que là où eft nôtre Pere celefte, c'est là que nous doivent élever tous nos defirs, où nous devons tendre de tout nôtre. cœur comme au lieu de nôtre établiffement; & que ce Pere adorable voulant être lui-même dans l'éternité nôtre vie, nôtre repos, & nôtre bonheur parfait ; la mort, qui eft le paffage à cette félicité immuable, doit être

l'objet de nos fouhaits & de notre impatience.

POUR LE MATIN.

Vertu.

101

L'ESPRIT DE RELIGION.

L

A premiere vertu dans la quelle on doit fe renouveller pour fe préparer à paroître devant Dieu, en renferme plufieurs; & j'appelle cette vertu compofée, la réligion du cœur. Elle nous apprend avant toutes chofes, à bien connoître ce qu'on doit adorer, & comment on le doit adorer; à n'adorer que Dieu, & à l'adorer par Jefus Christ, c'eft à dire, par fes mérites & par fa grace, dans fon corps & par fon efprit, qui nous étant donné, nous infpire une difpofition intime & permanente.

d'eftime, de refpect, de fou miffion, & de dépendance à l'é-gard de Dieu & de tout ce que nous connoiffons de fes perfe &tions, de fes myftéres, de fa conduite, de fes dons, en un mot, de tout ce qui eft de Dieu: difpofition qui a sa racine dans une foi vive & amoureufe de fa grandeur, de fa fainteté, de fa fageffe, de toute fa puiffance, & de fa bonté infinie.

Celui qui porte cette difpofi tion dans fon cœur, n'a jamais d'i dées baffes de l'être infini & incréé. Il rejette toutes les pensées qui lui attribüent quelque chofe d'indigne de fa grandeur, ou qui le font entrer en comparaifon avec fa créature. Il a continuel-lement dans l'efprit cette parole de l'Archange faint Michel:: Quis ut Deus? Qui eft Jemblable à Dien? Et cette autre que Dieu.

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