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PARIS." - IMPRIMERIE ÉMILE VOITELAIN ET C', RUE J.-J.-ROUSSEAU, 61

TATI

PARIS EN DÉCEMBRE 1851

ÉTUDE HISTORIQUE

SUR

LE COUP D'ÉTAT

PAR

EUGENE TÉNOT

Rédacteur du Siècle, auteur de la Province en décembre 1851

AL

PARIS

ARMAND LE CHEVALIER, ÉDITEUR

61, RUE DE RICHELIEU, 61

-

1868

Tous droits réservés.

SATHER

AVANT-PROPOS

DC214 T3 18686

Il y a deux ans et demi, je publiai le récit des résistances que le Coup d'État du 2 décembre avait rencontrées dans les départements.

En écrivant ce travail sur la Province en décembre 1851, Je m'étais proposé un double but :

1o Fournir quelques matériaux utiles aux historiens de l'avenir, en racontant des faits importants, qui menaçaient de demeurer oubliés, quoique contemporains;

2o Détruire par un récit simple, impartial, appuyé sur de fortes preuves, cette légende de la jacquerie démagogique de décembre en province, légende qui passait de plus en plus à l'état de fait historique incontesté.

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Cette dernière partie de ma tâche, je dois le dire, me te nait particulièrement à cœur. J'avais souffert des accusations odieuses, assassinats, pillages, viols, incendies avec lesquelles on essaya de flétrir, en 1852, les républicains des départements qui avaient résisté, les armes à la main, au Coup d'État du 2 décembre, et que les conseils de guerre et les commissions mixtes avaient jetés, par milliers, à Cayenne, en Afrique ou en exil.

Républicain moi-même, bien que je ne fusse encore alors qu'un adolescent, j'éprouvais, avec la vive sensibi

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lité de cet âge, une douleur plus forte que je ne saurais l'exprimer, en voyant que personne ne répondait à ces accusations. Que de fois me suis-je senti humilié, navré, en voyant les personnes même qui refusaient d'y croire, réduites à l'impossibilité de répondre par quelque preuve po

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sitive à ceux et Dieu sait s'ils étaient nombreux

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de très-bonne foi, répétaient ces récits d'excès révoltants, commis par des bandes de jacques, menées au meurtre et au pillage par les démagogues, sous prétexte de défendre la Constitution et la République contre le Coup d'État?

Lorsque, douze ans plus tard, diverses circonstances favorables m'eurent mis à même de rechercher et d'établir la vérité sur ces événements, de jeter bas cet entassement de calomnies, d'inventions éhontées, que la majorité du public français avait cru réelles, je pensai que je ferais une œuvre utile en livrant à la publicité le résultat de mes patientes et -j'ai le droit de le dire, consciencieuses recherches.

L'accueil que firent à ce travail un grand nombre d'hommes, aussi distingués par le caractère que par le talent, me permit de croire que je ne m'étais pas trompé.

On m'a souvent engagé, depuis la publication de la Province en décembre 1851, à compléter cette impartiale étude des événements de décembre par le récit du Coup d'État à Paris.

J'ai hésité longtemps, ayant conscience de mon insuffisance en présence d'une tâche aussi ardue.

Une considération me détermine aujourd'hui.

Les années passent. Il y en a tantôt dix-sept écoulées depuis le 2 décembre. Toute une génération a grandi, qui ne sait pas, qui ne peut savoir comment s'est accompli ce Coup d'Etat célèbre, origine du régime sous lequel elle vit.

Où irait-elle puiser la connaissance exacte des faits? Où est le livre honnêtement écrit qui raconte ces événements? Les quelques relations publiées en France, à ce sujet, dans les premiers mois de 1852, sont effrayantes de partialité. Les faits s'y noient dans une masse boueuse de calomnies, de faussetés, d'incidents défigurés, de documents tronqués. Ces récits ne peuvent servir qu'à ceux qui ont le temps et les moyens d'y démêler le réel du faux, en controlant soi

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