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INTRODUCTION.

Il n'eft pas encore éloigné ce temps, où tous les Peuples de la Terre, étoient unis d'intérêt & d'affection, aux projets & aux espérances de la Nation Françoise; il n'est pas encore éloigné ce temps, où l'on imaginoit, que le premier Royaume de l'Europe, joindroit une nouvelle gloire à fes hautes destinées & donneroit l'exemple d'une heureuse régénération dans les principes politiques. On n'avoit pu confidérer, fans émotion, les premiers développemens de la liberté publique, chez une Nation célèbre à tant de titres ; & de partout les regards s'étoient fixés, avec attendriffement, fur cette mémorable époque, où un Monarque, héritier d'une Puiffance, dont les limites étoient inconnues, prenoit la réfolution généreuse de les fixer lui-même, & où, dédaignant l'ambition d'une autorité fans bornes, il fe livroit aux mouvemens d'une Tome I.

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ame vertueufe & cherchoit des garans de tout le bien qu'il vouloit faire.

Les hommes fenfibles, les hommes d'une ame élevée, Etrangers ou François, furent. préfens en efprit à cette grande journée, où l'Augufte Bienfaiteur de la France, envi ronné des Députés qu'il avoit appelés autour de fon Trône, concertoit avec eux les moyens d'affurer, pour toujours, la félicité publique. On eût dit, en parcourant à cette époque, les divers pays de l'Europe, que les premiers Représentans de la Nation Françoise avoient à acquitter, envers leur Roi, la reconnoiffance de tous les Peuples; & l'on eût dit auffi qu'ils tenoient en leurs mains, la caufe de l'Univers, tant les coeurs s'affocioient au fuccès de leur importante miffion. On aimoit encore, à voir fortir de l'abaiffement ou de l'obscurité, cette nombreuse claffe de citoyens, que d'injuftes coutumes avoient offenfé de tant de manières ; & malgré leur ingratitude, Pacte éclatant du Monarque, qui releva leurs droits & leur dignité, confervera fon rang dans

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la mémoire des hommes; car une grande idée morale, indépendante des événemens triomphe des faux jugemens & furvit à toutes les paffions. L'Europe, dont je retrace en ce moment les divers fentimens, vit avec peine, les premiers combats de nos préten tions, & ces rivalités fi connues, qui détournoient les Législateurs François, d'avancer dans la route ouverte à leurs regards. Cependant, les efpérances dés étrangers fe maintenoient encore, même après cette époque de' révolution que les annales de l'Affemblée Nationale ont confacrée; la fingularité des circonftances, & une forte de majefté, que les distances ménagent aux grands événemens, en jetant un voile fur les petites caufes, foutinrent les opinions au- dehors de la France; & les déplorables excès, dont les premiers momens de l'infurrection de' Paris furent fouillés, n'avoient pas encore détruit l'intérêt, qu'infpiroit un grand Peuple, marchant vers un grand but, avec toute Pindifcipline des grandes paffions. On ima

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