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MOISE

ου

LES LOIS FONDAMENTALES DES SOCIÉTÉS

L'HISTOIRE, LES SCIENCES ET LA PHILOSOPHIE

D'APRÈS LE PENTATEUQUE

PAR C. TRIPARD

AVOCAT, MEMBRE DE L'ACADÉMIE DE BESANÇON

Cogitationes consiliis roborantur
(Prov., XX, 18.)

TOME PREMIER

PARIS

JACQUES LECOFFRE & Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS

RUE DU VIEUX-COLOMBIER, 29

1858

101. L. 34.

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PRÉFACE.

L'âme éprouvée accepte la vie comme un devoir. Dans ce monde des larmes et de la douleur, elle comprend bientôt que les choses visibles, palpables, apparentes, n'ont que la valeur d'un songe fugitif, d'une réalité éphémère. Elle se rattache alors aux biens qui sont de sa nature, c'est-à-dire aux réalités invisibles, spirituelles, éternelles. Souvent la vigueur de la santé étouffe les énergies de l'âme et l'entraîne vers les biens matériels, qui participent de la fragile nature du corps. Heureuse l'âme qui peut briser les chaînes de ce honteux servage et reporter ses aspirations vers l'Esprit incréé, immense, éternel, au sein duquel par le devoir et l'amour nous devons brûler de reposer!

Le triomphe de l'âme ou des sens ne s'établit pas sans combat. Cette lutte, qui s'engage dans la cons

cience, n'est pas autre chose que cette lutte des sociétés, ces éternels conflits de l'humanité, là se manifestant dans les arcanes de l'âme, ici dans la vie extérieure, dans les événements qui constituent l'histoire. On peut donc aller de l'âme à l'humanité et de l'humanité à l'âme, et par cette étude combinée saisir les secrets des lois de la conscience et de la nature humaine. Il nous avait donc semblé qu'il ne serait pas sans intérêt de reproduire les grands conflits de l'humanité, au point de vue seulement des idées, des opinions, des croyances qui produisent les faits. Cette chronologie des idées devait mettre en lumière le côté humain, relatif, transitoire, et le côté impersonnel, permanent et divin des sociétés, dans leur évolution progressive et terrestre.

par

Ce travail eût été immense, puisqu'il devait comprendre le tableau des religions et des philosophies qui se sont partagé le monde. J'ai été arrêté dans cette entreprise, moins par l'étendue du labeur que le sentiment de mon insuffisance. Il eût été beau cependant de montrer comment les idées du judaïsme et du christianisme ont précédé toutes les religions, toutes les philosophies, comment nous sommes les aînés dans l'ordre des idées, et comment tombent dans une dégradation croissante ceux qui s'écartent

des grandes inspirations qui ont présidé aux premiers pas de l'humanité.

Pouvais-je m'engager dans ce vaste labyrinthe, lorsque la société, battue en brèche, traduite au tribunal de l'opinion, déjà les mains liées, semblait sur le point de succomber sous les accusations des novateurs? Les traditions humaines seraient-elles vaincues devant les théories nouvelles? L'humanité, la civilisation, devaient-elles renier leur passé pour s'abaisser sous le niveau du socialisme? Dans cette circonstance solennelle et pressante, nous avons dû restreindre notre travail, concentrer nos études sur le premier monument de la pensée; libre de toutes préoccupations politiques, consulter les premiers principes qui avaient réglé la marche des sociétés antiques, et, palpant ainsi sur le cœur la jeune humanité, lui demander compte de sa vitalité religieuse et sociale, et nous informer si le tempérament des sociétés modernes était compatible avec ces éléments invariables que l'histoire, la philosophie et la religion avaient jusqu'ici respectés.

Tandis que tant d'écrivains ne visent à la célébrité qu'en persécutant le public par l'audace de leurs nouveautés et l'insolence de leurs paradoxes, il nous a semblé utile de recueillir modestement les vérités

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