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MM. les abonnés qui ont souscrit pour dix-huit numéros ou deux volumes, et dont l'abonnement expire au mois d'août, sont priés de vouloir bien le faire renouveler, afin de ne point éprouver de retard dans l'envoi de leurs nu

méros.

Inductions morales et physiologiques. Par
M. H. Kératry.

VOICI M. Kératry, Madame; ce n'est pas
M. Kératry l'orateur, et se précipitant à la
tribune pour y développer les plus hautes
questions de la politique; ce n'est point
M. Kératry le journaliste, improvisant
treize articles sur la loi des élections, et
ajoutant ses obscurités aux obscurités des
doctrinaires ; ce n'est point M. Kératry pé-

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rorant sur le salon, et discutant les productions de nos artistes : c'est M. Kératry le métaphysicien, s'enfonçant avec un courage héroïque dans les profondeurs de la métaphysique, et spéculant à perte de vue sur l'être matériel et spirituel, sur le néant, sur le libre arbitre, sur le beau, sur la vie, sur la vertu et sur l'immortalité. Il n'y a pas de question qui ait échappé à ses investigations, et son omnipotence s'étend à tout.

Tout auteur est modeste, comme chacun sait; et M. de Kératry, Madame, l'est à lui seul plus que tous les auteurs ensemble: il commence par s'humilier devant son lecteur, par protester de son insuffisance; il regarde son entreprise comme une témérité, et le lecteur est tout prêt d'être de son avis; mais tout-à-coup M. de Kératry se relève : il se dresse sur la pointe des pieds, il grandit, il grandit, et le voilà presque l'égal de la divinité elle-même : c'est du moins lui qui l'affirme ; écoutez-le, Madame :

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Quand nous songeons, dit-il, que cet » écrit embrasse le ciel et la terre, le tems » et l'espace, le créateur et la créature, le » moment présent et les deux éternités qu'il

» réunit à-la-fois, nous sommes tenté de »nous demander si l'espèce à laquelle nous » appartenons ne tient pas d'une nature di-» vine, puisqu'il lui est permis de s'entre» tenir de ces choses. »

que,

Vous l'entendez, Madame, c'est M. de Kératry lui-même qui parle ; et vous voyez si tout-à-l'heure son humilité s'était prosternée jusqu'à terre, s'il s'était perdu dans la poussière avec les insectes, le voilà maintenant dans les nuages et en corrélation de puissance avec, Dieu même.

Mais sans doute vous vous épouvantez à l'aspect de cette série de questions que va traiter le métaphysicien du Finistère, et Vous vous imaginez peut-être que je vais vous en présenter l'analyse; rassurez-vous, Madame: pour analyser il faut comprendre, et j'avoue ici, en toute humilité, qu'il ne m'a pas toujours été donné de saisir les fils impalpables qui unissent entre eux les raisonnemens de l'auteur ; il paraît que je ne suis pas seul à qui la grâce ait été refusée, car le reproche d'obscurité, et c'est lui-même qui le dit, lui avait déjà été adressé au sujet d'un Traité de l'existence de Dieu et de l'immor

le

talité de l'ame, qu'il a autrefois composé, et qu'il nous invite à lire : ce dont j'ai cru devoir me dispenser. Je ne ferai donc point un crime à M. Kératry de son obscurité, je l'en remercierai même, parce qu'elle m'a dispensé de lire en entier ses Inductions physiologiques et morales; et j'en induis que je ne lirai point les ouvrages qu'il pourrait composer par la suite, n'ayant pas pour l'avenir plus de confiance dans mon intelligence et dans sa lucidité.

Néanmoins, Madame, afin que vous ne vous imaginiez pas que j'aie abandonné la partie sans avoir fait quelques efforts, je veux vous mettre sous les yeux un échantillon de la profondeur de M. Kératry : je tire ma citation du livre intitulé le Néant; vous allez voir comme l'auteur est tout plein de son sujet.

4

«La plus grande altération possible de la matière, dit-il, et sa dispersion indéfinie - dans l'absolu de l'espace, étant sa condition rigoureuse, on peut dire qu'elle n'appartient réellement à aucune région d'un abîme incommensurable. Négative dans ses parties, 'elle n'était susceptible que d'être aperçue'

dans son ensemble, ou, pour mieux s'exprimer, dans l'infinité de son contenant ; car, appliquée aux divisions imaginaires d'un tout représenté par une seule de ses frac tions, elle échappe à la pensée. Or, l'esprit de Dieu, seul habile à embrasser l'immensité de l'espace et l'univers invisible qui y était renfermé, a pu seul concevoir la possibilité de la création : ainsi la matérialité n'a reçu l'être et n'a produit de corps positif, qu'à l'époque précise où un grand moteur d'a fixée dans un espace circonscrit : de ce seul moment elle a vraiment occupé un local, de ce seul moment elle a revêtu les qualités avec lesquelles elle apparaît à nos regards, nous voulons dire l'étendue et l'impénétrabilité. »

Voilà, Madame, voilà à peu près ce qu'il y a de plus clair dans l'ouvrage de M. Kératry; de tout cela, que reste-t-il après la lecture? Néant! N'ai-je donc point eu raison de dire que l'auteur était tout plein de son sujet ?

Mon dessein, ainsi que je vous l'ai dit, n'est point de vous faire voyager à travers toutes les questions métaphysiques que

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