Page images
PDF
EPUB

avait des systèmes politiques dans sa boîte osseuse! Fasse de la physiologie qui veut, cela ne tire pas à conséquence; mais lorsque l'on songe que nos destins sont confiés à un homme qui prend des bras pour des cônes, on ne peut s'empêcher de frémir.

[ocr errors]

M. J.

«Le lien naturel qui unissait toutes les » monarchies européennes était la religion...... Veut-on renouer ce lien salu>> taire? Devons-nous le retrouver dans la » Sainte-Alliance? » Par ce peu de mots qui paraissent si simples, M. de Châteaubriand est entré dans le fond de la question, et a donné la mesure de ce que nous pouvons craindre ou espérer.

Ah! sans doute, personne n'admire plus que moi la Sainte- Alliance, les principes sur lesquels elle se base, et les souverains. qui ont conçu cette grande et noble idée; mais, il faut le dire, il est une alliance encore plus sainte, encore plus nécessaire, c'est l'alliance avec Dieu elle seule peut

nous sauver.

:

Dans nos calculs politiques, nous suppo

sons aux hommes plus d'influence qu'ils n'en ont réellement : trop attentifs à l'observation des causes secondes, nous n'apercevons pas l'action de la cause première; et, semblables à ceux dont parle le prophète, nous mettons notre confiancé dans les instrumens du succès, et nous oublions cette intelligence suprême de qui seule il dépend.

:

On ne peut plus se le dissimuler, nous assistons à un grand spectacle; et le problême le plus important va se résoudre sous nos yeux. Les nations, vieillies et énervées par l'excès de la civilisation, peuvent-elles se régénérer, ou doivent-elles disparaître pour faire place à des nations nouvelles? Voilà la question qui va se juger.

Si nous ne consultions que l'histoire, et si nous jugions de l'avenir par le passé, la question semblerait décidée, cependant elle est loin de l'être.

Depuis le commencement du monde jusqu'à Constantin, l'histoire nous présente un spectacle uniforme. La terre est comme une vaste arêne où les nations descendent pour se combattre et se détruire tour-à

tour. Un peuple inconnu paraît, subjugue ses voisins, s'agrandit avec rapidité, fonde un immense empire, dont l'histoire semble presque fabuleuse; et, après avoir brillé d'un éclat éphémère, disparaît pour faire place à un autre peuple destiné à suivre les mêmes phases d'agrandissement, de gloire et de décadence, et à s'anéantir à son tour, sans laisser même de traces de son existence. Voilà en peu de mots l'histoire de tous les peuples. Les bonnes mœurs et la frugalité mènent à la puissance, la puissance est suivie par le luxe, le luxe corrompt les mœurs publiques, et la dépravation des mœurs annonce, prépare et né cessite la ruine des Etats.

Ce n'est donc pas la puissance qui soutient les empires; les Assyriens et les Perses furent puissans ce ne sont pas les sciences, les arts et la philosophie; les Grecs y excellèrent : ce ne sont pas la sagesse des lois et la force des institutions ; dans ces choses nul people n'a égalé les Egyptiens : ce ne sont pas l'opulence et le commerce; autrement les Carthaginois existeraient encore: ce ne sont pas le nombre et la discipline

des armées, et les talens des gens de guerre ; car les Romains ont disparu comme les au

tres.

Depuis Constantin, l'histoire offre un spectacle tout différent, mais aussi uniforme; les empires avec des proportions moins gigantesques sont plus stables. Ils éprouvent des vicissitudes, des secousses, d'affreux malheurs, d'étranges révolutions; mais ils résistent à ces secousses, ils se relèvent de ces malheurs, ils survivent à ces: révolutions, ils subsistent; et la république de Saint-Marin compte aujourd'hui plus de siècles d'existence qu'aucun des grands empires de l'histoire ancienne. Il y a donc dans les nations modernes un principe de vie qui ne se trouvait pas dans les anciennes nations; et ce principe de vie, c'est le christianisme.

L'homme en effet ne peut rien par luimême, tous ses ouvrages portent l'empreinte de la faiblesse de leur auteur, et comme lui sont sujets à la caducité; mais l'homme peut tout, réuni avec Dieu : Dieului prête une portion de sa toute-puissance, et communique à ces ouvrages, faits pour

[graphic]

283

ainsi dire en commun, une partiTIMBRE

éternité.

La religion seule peut donc soutenir en core sur le penchant du précipice es me mes nations qu'elle a maintenues si longtems: seule elle peut les préserver d'une ruine funeste que tant de symptômes menaçans semblent annoncer; elles n'ont qu'un moyen de salut, c'est de laisser marcher le siècle, puisque le siècle marche vers le matérialisme, et de rétrograder vers la religion. Rétrograder, oui, c'est le mot propre : celui de régénérer est plus à la mode, je le sais; mais une nation qui a eu le malheur de perdre ses mœurs et sa religion ne peut se régénérer qu'en rétrogradant.

Si nous voulions lire l'histoire et y voir ce qui y est, nous ne tarderions pas à nous apercevoir que le peuple de Dieu n'est pas le seul dont les infortunes et les prospérités aient constamment suivi son attachement ou ses infidélités à la loi du Seigneur. Il entrait dans les vues de la Providence que pour ce peuple les punitions ou les récompenses fussent plus promptes et plus marquées ; mais il n'en est pas moins vrai que pour un

« PreviousContinue »