LE TOMBEAU D'ÉLÉONORE. ELLE n'eut parmi nous qu'une aurore éphémère : La mort de son printems a moissonné les fleurs. Grâces, prenez le deuil! gémis, luth de Cythère ! Et vous, Amours, laissez couler vos pleurs! Sur le sein maternel son enfance succombe; De ces myrtes cucillis pour orner ses cheveux ! J'ai vu, s'abreuvant de nos larmes, Les Parques déployer leur lugubre appareil, Ah! plaignons la; bientôt le serment d'hyménée Rien ne suspendait plus la pompe fortunée : Trompeuse illusion! quand sa pudeur tremblante„ La clarté fuit sa paupière mourante, Elle s'éteint la jeune Eléonore! Philomèle d'amour, sur la branche isolée, Et j'entends le vent seul frémir dans la vallée Que charmait naguère ta voix! Par E. MICHELET, Officier de la garde royale. STANCES Adressées à l'auguste enfant que S. A. R. madame la duchesse de Berri porte dans son sein. Si jusqu'à Dieu montaient nos vœux! Ce premier cri, signal heureux Ces accens de ta voix chérie Mais un doux noeud t'enchaîne encore O nuit, nuit funeste, où ta mère Sans doute, en ta prison vivante Le secret de ton existence LETTRES CHAMPENOISES. DIX-HUITIEME LETTRE. AVIS ESSENTIEL. MM. les abonnés qui ont souscrit pour dix-huit numéros ou deux volumes, et dont l'abonnement expire au mois d'août, sont priés de vouloir bien le faire renouveler, afin de ne point éprouver de retard dans l'envoi de leurs nu méros. Toutes les réclamations doivent être adressées au bureau d'abonnement des Lettres Champenoises, rue Saint-Andrédes-Arcs, no 33. DE L'ESPRIT DE SOCIÉTÉ (1). J'APPELLE esprit de société la faculté d'imprimer à chaque chose le genre particulier d'agrément qui doit plaire à ceux qui nous entourent. Aussi plein de sagacité que de (1) Extrait de la seconde édition de l'Observateur au dixneuvième siècle, qui est actuellement sous presse. prestesse, l'esprit de société devine et saisit toujours juste la forme qui convient au moment. Condamné à une sorte de mutation perpétuelle, il ne blesse pas de son inconstance parce qu'il n'y a rien en lui de fortement arrêté. Il amuse sans entraîner, et distrait sans préoccuper : à ces divers signes il est facile de reconnaître que l'esprit de société est d'invention féminine. Je le pense; et dirai-je que chez nous, où le sexe exerce un si grand pouvoir moral, l'esprit de société, après avoir atteint la perfection, s'est échappé des rapports ordinaires de la vie pour soumettre à son empire les lettres et la politique? Et d'abord l'esprit de société effleure sans cesse les sentimens les plus énergiques comme les affections les plus tendres; par-là, il fatigue et épuise la sensibilité : d'un autre côté, il faut qu'il sache au besoin se défendre de toute sensation, et qu'il badine lui-même de la certitude de sa propre opinion. Il en résulte qu'il ne laisse ni conviction dans l'esprit, ni force dans le cœur ; enfin, il enlève tout ce qui féconde le génie, Maintenant à quel siècle l'esprit de so |