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DES

CHAPITRE X 1 I.

Établissemens d'utilité publique et de

bienfaisance.

L'ATTENTION due au maintien de l'ordre
et de la sûreté, et la sollicitude que récla-
ment ces maux, triste apanage de la con-
dition humaine, ou effets déplorables de
l'existence sociale, n'ont pas été perdus
de vue dans les États danois. Il est résulté
des efforts du gouvernement et des parti-
culiers un nombre considérable d'établis-
semens, plus ou moins propres à remplir
le but qu'on s'est proposé en les créant.

aux juges. Les cités d'une étendue considérable ont des tribunaux de police, organisés à-peu-près comme ceux qu'on trouve maintenant dans la plupart des pays de l'Europe. C'est dans la capitale, qu'il a fallu donner le plus de développement à cette partie. Le tribunal, établi depuis assez longtems à Copenhague,a éprouvé plusieurs changemens, dont le dernier est de l'année 1793. L'édit royal adjoint au chef de la police deux assesseurs, ayant voix et séance. Cette mesure était d'autant plus nécessaire, que le tribunal ne se borne point à informer, mais que souvent il juge, et même sans appel. Lorsque l'appel a lieu, il est porté devant la cour suprême. Conformément à l'instruction qui lui a été donnée, le chef de la police doit prévenir les émeutes, réprimer la mendicité, et prendre soin que la ville soit pourvue des subsistances nécessaires ; qu'en cas d'incendie, les secours arrivent promptement; que tous les quartiers soient éclairés, et que le guet fasse exactement son devoir.

Il a été établi des maisons de force et de correction dans plusieurs villes. Mais le

régime intérieur de ces maisons n'offre pas toujours l'ensemble des mesures, qui pourraient leur donner une influence bienfaisante sur la moralité des individus qu'elles renferment. Celle de Christiania est une des mieux dirigées. Il y règne de l'ordre, de la propreté, de la décence, et une distribution de travaux bien calculée. Les détenus, au nombre d'environ deux cents, sont logés et vêtus d'une manière convenable. La maison de force et de correction de Copenhague, occupe un vaste emplacement dans le quartier de Christianshaven. Le corps-de-logis contient une église, le logement du prêtre, celui de l'inspecteur, et des salles pour le travail. L'une des aîles est habitée par les détenus pour correction, l'autre par les malfaiteurs. Un bâtiment particulier est destiné à raper et à scier du bois de Brésil. Ce travail se fait par les malfaiteurs, et il est si fatiguant, qu'on permet à ceux qui y sont condamnés, de se relever toutes les quatre minutes. Les détenus pour correction cardent et filent de la laine, au profit de la maison. On voit réunis, des mendians pris dans les rues,

des femmes de mauvaise vie, des enfans indociles livrés par des parens irrités, des apprentifs et des domestiques surpris en faute par leurs maîtres. D'ailleurs l'aspect de la maison n'offre rien de dégoûtant. On traite les détenus avec humanité, on leur donne une nourriture saine, et les soins que demande leur santé, occupent plusieurs personnes. Les individus attaqués du mal vénérien ne sont point admis. Il y a un autre établissement pour les recueillir et pour les soigner. Les gains du filage, et du commerce du bois de teinture, les intérêts d'un fonds de vingt à trente mille risdales, et divers droits concédés par le gouvernement, forment le revenu de la maison.

Howard ne fut point satisfait de l'état des prisons de Copenhague. Depuis qu'il a voyagé, on a fait quelques réformes, et d'autres sont projetées. Les prisons répandues dans les provinces en sollicitent également. Il s'est formé en Fionie une société nombreuse de philantropes, qui se propose de contribuer à l'amélioration du sort des prisonniers. Le gouvernement a favorisé

,

les vues de ces citoyens estimables en ordonnant de leur communiquer tous les renseignemens nécessaires.

Des accidens très - fréquens ont attiré l'attention sur la police des incendies. Il vient d'être nommé dans tous les bailliages des employés publics, chargés de cette partie, sous la direction des baillis, et pourvus d'une instruction détaillée. Peu après le terrible incendie, qui en 1795 consuma près de mille maisons à Copenhague, il fut publié un nouveau règlement pour cette capitale. Ce règlement détermine la part que les divers quartiers doivent prendre aux secours nécessaires, la manière de fournir ces secours, les récompenses qu'obtiendront ceux qui se seront distingués par leur zèle, les soins à donner aux effets des incendiés, et la marche de la procédure dans les cas litigieux.

On dédommageait autrefois les incendiés par des collectes faites en leur faveur, et par des remises d'impôt. Depuis le commencement du dernier siècle, la méthode des assurances a été mise en usage. Copenhague a deux caisses, dont l'une assure les

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