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Analia, pro

frique. en 313

Easeb, lib. I cap.5.

Constantin à temps, à Anulin, proconsul d'Afrique, pour Censul d'A la restitution des biens de l'Église, en ces termes : « Aussitôt que vous aurez reçu cette lettre, nous voulons que vous fassiez restituer aux Églises des chrétiens catholiques tout ce qui leur appartenait dans chaque ville, ou dans les autres lieux, et qui est maintenant occupé par des citoyens ou par d'autres personnes; faites-leur rendre incessamment tout ce qu'elles avaient, soit jardins', soit maisons, soit quelqu'autre chose où elles eussent droit, si vous voulez nous donner des marques de votre obéissance. » Il adressa au même Anulin une lettre portant que, dans sa province, << tous les ministres de l'Église catholique, à laquelle, dit-il, Cécilien préside, et que l'on a coutume de nommer clercs, seront exempts de toutes les charges publiques, afin qu'on ne les détourne point du service de la religion. » Il y a apparence qu'il écrivit de même aux autres gouverneurs; car, dans le commencement de cette lettre, il témoigne en général que son intention était de récompenser ceux qui travaillaient continuellement à faire fleurir le culte de Dieu, par la sainteté de leur

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ministère.

2

3. Ce prince ne se contenta pas seulement de faire rendre les biens qui appartenaient aux Églises, mais il leur fit encore de très grandes largesses, comme on en peut juger par la lettre qu'il écrivit en particulier à Cécilien, évêque de Carthage, et dont voici la teneur: «< Ayant résolu de donner quelque chose pour l'entretien des ministres de la religion catholique, par toutes les provinces d'Afrique, de Numidie et de Mauritanie, j'ai écrit à Ursus, trésorier général d'Afrique, et lui ai donné ordre de vous faire compter trois mille bourses 3. Quand donc vous aurez reçu cette somme, faites-la distribuer à tous ceux que j'ai dits, suivant l'état qu'Osius vous a envoyé. Si vous trouvez qu'il manque quelque chose pour accomplir mon intention, vous ne devez

tianis, hoc est cuilibet corpori et conventiculo ipsorum restitui jubebis. Apud Euseb., lib. X, cap. 5.

1 Operam dabis ut sive horti, sive ædes, seu quodcumque aliud ad jus eurumdem eccelesiarum pertinuerit, cuncta illis quantocius restituantur. Apud Euseb, lib. I, cap. 5.

2 Quo circa eos homines qui intra provinciam tibi creditam in Ecclesia catholica, cui Cæcilianus præest, huic sanctissimæ religioni ministrant, quos clericos vocare consueverunt, ab omnibus omnino functionibus publicis immunes volumus conservari. Apud Euseb., lib. X, c. 7. 3 On peut appeler bourses ce que les Romains nommaient alors follis; c'était une somme de deux cent

point faire difficulté de le demander à Héraclidas, intendant de mon domaine; car je lui ai donné ordre de bouche de vous faire compter sans délai tout l'argent que vous lui demanderiez. » Constantin ajoute, en parlant des troubles que les donatistes causaient en Afrique, qu'il avait donné ordre à Anulin, proconsul de cette province, ainsi qu'à Patrice, préfet du prétoire, de s'informer de ceux qui troublaient la paix de l'Église catholique et qui s'efforçaient de corrompre le peuple par leurs erreurs. «Si donc vous remarquez, ditil à Cécilien, que ces personnes persévèrent dans leur folie, vous vous adresserez à ces juges, pour avoir justice de ces insensés. »

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4. Mais les donatistes ayant demandé à Constantin d'être jugés par des évêques des Gaules, il accorda leur demande et nomma, à cet effet, Materne de Cologne, Rhétice d'Autun et Marin d'Arles, à qui il écrivit de se transporter à Rome en diligence, pour y juger l'affaire de Cécilien, conjointement avec le pape saint Melchiade et un nommé Marc, que l'on croit être saint Mirocle de Milan. Nous n'avons plus les lettres de Constantin aux évêques des Gaules, mais seulement celle qu'il adressa au pape Melchiade, où, après lui avoir témoigné sa douleur de la division qui régnait entre les évêques, il ajoute : « J'ai jugé à propos que Cécilien aille à Rome, avec dix évêques d'entre ceux qui l'accusent et dix autres qu'il croira nécessaires pour sa cause, afin qu'en présence de vous, de Rhétice, de Materne et de Marin, vos collègues, à qui j'ai donné ordre de se rendre à Rome pour ce sujet, il puisse être entendu, comme vous savez qu'il convient à la très-sainte loi. » Ensuite il le prend à témoin de son respect pour l'Église catholique et de son désir de la voir entièrement unie, sans aucune division et sans aucun schisme.

A Melchiade, en 313.

A Ablave vicaire d'A

5. Cependant, sur les plaintes des donatistes, que le concile de Rome n'avait pas été frique, et à

cinquante de leurs deniers d'argent, qui revient à cent quatre livres, trois sols, quatre deniers de notre monnaie ainsi les trois mille bourses sont plus de trois cent mille livres de notre monnaie. Fleury, t. III Hist. eccles., liv. X, num. 11, p. 3.

↳ Porro, ut totius negotii plenissimam valeatis haurire notitiam, exempla libellorum ab Anulino ad me missorum, litteris meis subjecta ad collegas vestros supradictos Rheticium, Maternum ac Marinum, transmisi. Apud Euseb., lib. I, Hist., cap. 5.

Tillemont, tom. VI Hist., p. 30. M. Fleury, liv. X de l'Histoire de l'Église, num. 10, paraît croire que c'est ce Marc qui fut pape, après saint Sylvestre.

que de Syra

Tom. I

pag 1422,

1423

Chrest.dré assez nombreux, Constantin résolut d'en faire euse, en 316. assembler un plus grand dans les Gaules, Conc. Labb, selon qu'ils le souhaitaient, et dans la ville d'Arles, afin de leur ôter tout prétexte de tumulte. Il écrivit donc à Ablavius ', vicaire d'Afrique, d'envoyer Cécilien, avec quelques personnes de son choix, et des évêques de toutes les provinces d'Afrique; d'envoyer aussi quelques-uns du parti contraire à Cécilien, de donner à chacun de ces évêques des lettres pour faire le voyage aux dépens du public, et de les faire venir par mer, autant qu'il se pourrait, c'est-à-dire par la Mauritanie et l'Espagne. Cet Ablave était chrétien, comme il paraît par la lettre même de l'empereur. « Comme je sais, lui dit-il, que vous servez et que vous adorez aussi bien que moi le Dieu suprême, je vous avoue que je ne crois pas qu'il nous soit permis de tolérer ces divisions et ces disputes, qui peuvent attirer la colère de Dieu non-seulement sur le commun des hommes, mais encore sur moi-même, que sa divine bonté a chargé du soin et de la conduite de toutes les choses de la terre; mais j'ai tout lieu de me tenir dans une parfaite assurance et d'attendre de sa bonté toutes sortes de prospérités, lorsque je verrai tout le monde honorer de la manière qu'on le doit la religion catholique, et rendre à Dieu leurs hommages dans une union fraternelle et une concorde entière. » Constantin écrivit en même temps aux évêques pour les inviter au concile; et nous avons encore la lettre qu'il adressa à Chrest ou Crescent, évêque de Syracuse en Sicile, cù, après avoir exposé l'état des contestations entre les donatistes et Cé cilien, et le refus que ceux-là avaient fait de se soumettre au concile de Rome, il lui dit : « Comme nous avons ordonné à plusieurs évêques de divers lieux de s'assembler en la ville d'Arles au 1er d'août, nous avons aussi jugé à propos de vous écrire, afin que vous preniez une voiture publique, par l'ordre de Latronien, correcteur de Sicile, avec deux

1 Apud Baron., ad ann. 314, num. 44, 45, 46. [Il y en a qui mettent Elafe, d'autres Ablable; d'autres aiment mieux mettre Elien, proconsul d'Afrique, comme il paraît par les Actes de purgation de Cécilien.] (L'éditeur.)

Apud Euseb., lib. I, Hist., cap. 5.

Ad calcem operum Optat. Mile vit., p. 283 edit. an. 1631, Paris.

↳ Quæ in ipsos tanta vesania perseverat, cum incredibili arrogantia persuadeant sibi quæ nec dici, nec audiri fas est, desciscentes a recto judicio dato, quo cœlesti provisione meum judicium eos comperi postulare. Ibid., p. 284.

personnes du second ordre, c'est-à-dire, deux prêtres à votre choix et trois valets pour vous servir pendant le chemin, et que vous vous trouviez au même lieu dans le jour marqué. »

Aux Er ques cath

6. Le concile d'Arles déclara Cécilien innocent et donna avis de sa décision à l'empe- iques, ens reur; celui-ci répondit par une lettre 3aux évêques catholiques qui avaient composé l'assemblée. Ils étaient demeurés dans la ville en attendant l'ordre pour s'en retourner. Constantin leur témoigna beaucoup de joie de ce que Dieu avait fait connaître la vérité au milieu des ténèbres dont on avait voulu l'obscurcir, et rendit grâces à Dieu de ce que, par la Providence victorieuse du Sauveur, le concile avait fait revenir plusieurs des schismatiques à l'unité de l'Église catholique. Mais il témoigna de l'indignation envers ceux qui demeuraient obstinés dans leur schisme : il appelle folie et impiété l'appel qu'ils avaient interjeté du concile à lui. «Ils veulent3, ditil, que je les juge, moi qui attends le jugement de Jésus-Christ, dont les évêques possèdent l'autorité quelle pensée peuvent avoir ces méchants, qui ne méritent pas d'autre nom que de serviteurs du diable? Ils recherchent les tribunaux de la terre, et ils abandonnent ceux du ciel. O audace furieuse et enragée! Ils ont interjeté un appel, comme les païens ont accoutumé de faire dans leurs procès : mais les païens appellent d'une moindre autorité à une plus grande; et eux appellent du ciel à la terre, de Jésus-Christ à un homme.»> Il prie néanmoins les évêques catholiques, qu'il nomme ses très-saints et ses très-chers frères, d'avoir encore un peu de patience, et d'offrir aux schismatiques le choix, ou de rentrer dans l'Église avec leur dignité, ou d'être traités suivant la grandeur de leur crime. « Si vous voyez, leur dit-il, qu'ils persévèrent dans leur obstination, vous pourrez alors vous retirer dans vos Églises avec ceux qui auront quitté le schisme.» La condes

* Meum judicium postulant, qui ipse judicium Christi expecto. Dico enim ut se veritas habet, sacerdotum judicium ita debet haberi, ac si ipse Dominus residens judicet... Quid igitur sentiunt maligni homines, officia, ut vere dixi, diaboli? Perquirunt sæcularia, relinquentes cœlestia. O rabida furoris audacia! sicut in causis gentium fieri solet, appellationem interposuerunt. Equidem gentes minora interdum judicia refugientes, ubi justitia deprehendi potest, magis ad majora judicia auctoritate interposita ad appellationem se conferre sunt solitæ. Quid hi detractores legis, qui renuentes cœleste judicium, meum putaverunt postulandum, sic sentire de Christo Salvatore? Ibid. et tom. I Concil., p. 1431.

A Probien

et à Vérus

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Icm I
Concil.

paz 1439
Arad
Ep 141-

cendance des évêques fut inutile, et les do-
natistes, pour la plus grande partie, per-
sévérèrent dans leur endurcissement : c'est
pourquoi Constantin ordonna qu'on les ame-
nât d'Arles à sa cour, afin qu'ils y vécussent
sans cesse dans la vue et dans la crainte
d'une mort prochaine. Il écrivit en même
temps au vicaire d'Afrique de lui envoyer
tous ceux qu'il saurait être complices de cette
folie.

7. Il envoya aussi une lettre à Probien, proYena, en consul d'Afrique, portant ordre exprès de lui faire amener à la cour un donatiste nommé Ang. Ingentius, greffier public ou du conseil de la ville de Zique; cet Ingentius, cité quelque temps auparavant pour comparaître devant Elien, proconsul d'Afrique, qui était chargé d'instruire l'affaire de Félix d'Aptonge, avait été convaincu de faux. Ainsi l'empereur était bien aise de l'avoir auprès de lui, pour fermer la bouche aux accusateurs de l'évêque Cécilien 2.

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Eset 43 pag TA II Tom L

8. Ce moyen n'ayant pas non plus réussi, da et les donatistes persistant dans leurs appels, Constantin résolut enfin, pour leur fermer la bouche à jamais, de juger par lui-même la cause de Cécilien, et lui écrivit à cet effet de se rendre, avec ses parties, à Rome, pour un certain jour qu'il marqua. C'était l'an 315, et l'empereur eut soin de s'y trouver dans le courant du mois d'août. Ce fut de là qu'il écrivit aux évêques donatistes la lettre que nous avons encore, dans laquelle il leur promet que, s'ils pouvaient convaincre d'un seul crime Cécilien présent, il le tiendrait pour convaincu de tout ce qu'ils lui reprochaient. Cécilien ne s'étant pas rendu à Rome au jour marqué, on ne sait pour quelle raison, ses adversaires ne manquèrent pas d'en tirer avantage, et ils pressèrent l'empereur de le condamner par contumace; mais il donna un délai, et ordonna aux parties de se trouver à Milan.

A Crise

315.

Tom I

Concil, pag.

l'empereur comme prévenu en faveur de Cé-frique, en cilien, se dérobèrent à sa présence et se retirèrent secrètement, au lieu de le suivre à 1440. Milan. Ceux qui avaient pris la fuite excitèrent de nouveaux troubles en Afrique; ce qui obligea Domitius Celsus d'en donner avis à Constantin, qui lui fit réponse de dissimuler pour lors l'insolence de ces séditieux et de mander à Cécilien et à ses adversaires qu'il viendrait dans peu en Afrique, où il examinerait toutes choses à fond, avec des juges choisis, et punirait sévèrement les coupables, même du dernier supplice, s'ils le méritaient. Il finissait par ces paroles remarquables3: «Je ne crois pas pouvoir, sans un très-grand crime, négliger les fautes que l'on commet contre la justice; car il n'y a rien à quoi je sois plus indispensablement obligé, si je veux remplir les devoirs d'un prince, que de détruire toutes les erreurs introduites par la témérité des hommes, pour travailler à faire embrasser la véritable religion à tout le monde, à établir l'union et la concorde, et à faire rendre à Dieu le culte qui lui est dû. » Cécilien, sans attendre l'arrivée de l'empereur en Afrique, se hâta de le venir trouver à Milan; les donatistes s'y rendirent aussi; et Constantin, les ayant ouï tous dans son consistoire et examiné avec soin l'affaire et les pièces produites de part et d'autre, donna la sentence qui déclarait Cécilien innocent, et les évêques donatistes calomniateurs.

A Eumale, vicaire d'A

316.

Apud Aug lib. III cont Crescon. tom. IX,cap

10. Il donna lui-même avis de ce jugement à Eumale, vicaire d'Afrique, par une lettre da-frique, en tée du 10 novembre de l'an 316, où il lui disait, entre autres choses: «J'ai vu clairement que Cécilien est absolument innocent, qu'il 71, pag. 476. observe avec exactitude tous les devoirs de sa religion et de son ministère, qu'il rend à l'Église tous les services qu'il doit, et qu'on ne peut lui reprocher aucune faute, quelque calomnie que ses adversaires aient pu inventer contre lui durant son absence. » Ce fut

9. Quelques-uns des donatistes, regardant de cette lettre, qui n'est pas venue entière

1 Constantin avait écrit à Vérus ou à Vérin, vicaire du préfet du prétoire en Afrique, pour prendre connaissance de l'affaire de Félix d'Aptonge, à savoir si cet évêque avait livré les saintes Écritures, comme les donatistes l'en accusaient. Mais Vérin étant malade, Elien, proconsul d'Afrique, exécuta l'ordre, et interrogea tous ceux qui pouvaient avoir connaissance du fait, entre autres Ingentius, qui fut convaincu d'avoir falsifié une lettre d'Alfius Cécilien à Félix, dans laquelle il avançait que Félix avait livré les Ecritures.

2 Cette lettre se trouve dans le deuxième volume

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11. Les donatistes ne déférèrent pas plus au jugement de l'empereur qu'à ceux des évêques; et, n'ayant plus de tribunal où ils pussent appeler, ils eurent recours à la calomnie; car, dans la conférence de Carthage, quand on leur objecta le jugement de Constantin, qu'ils avaient eux-mêmes choisi pour iuge, ils répondirent, mais sans en donner aucune preuve, qu'il s'était laissé gagner par quelques personnes qui avaient du crédit sur son esprit et qui favorisaient le parti de Cécilien. Ils voulaient marquer par là Osius, évêque de Cordoue, que Constantin honorait extrêmement pour son mérite. Ce prince, voyant donc leur opiniâtreté, bannit 2 les plus séditieux d'entre eux, dans les pays étrangers. Mais, en même temps, il écrivit aux évêques et au peuple catholique d'Afrique que, tous ses efforts pour procurer la paix à l'Église ayant été sans effet, ils devaient l'attendre de Dieu, et ne se défendre des mauvais traitements des donatistes que par la patience, assurés que ce qu'ils souffriraient de la part de ces séditieux leur tiendrait lieu de martyre. Cette lettre fut écrite l'an 316.

3

12. Plusieurs années après, Constantin qui avait rétabli la ville de Cirthe, capitale de Numidie, la nomma Constantine, de son nom, et y fit bâtir une église pour les catholiques. Lorsqu'elle fut achevée, les donatistes s'en emparèrent, et, quelque ordre que leur donnât l'empereur de la rendre à ceux à qui elle appartenait, ils ne voulurent pas obéir. Les évêques de la province, imitant la patience avec laquelle Dieu souffrait ces crimes, abandonnèrent ce bâtiment et demandèrent à Constantin un autre lieu de son domaine pour y bâtir une nouvelle église. Nous avons la réponse de ce prince à la lettre de ces évê

tom. IX; Tillemont, tom, VI Hist.; Euseb., p. 61.
1 August., ubi supra.· - 2 Ibid.
3 August., Collat. diei 3, cap. 22.

Lectores etiam Ecclesiæ catholicæ et hypodiaconos reliquosque qui instinctu memoratorum quibusdam pro

ques, qu'il loue de leur modération et de leur attachement aux préceptes de Dieu. Il leur accorde la place qu'ils lui avaient demandée et leur donne avis qu'il avait écrit au trésorier de les mettre en possession d'une maison qui appartenait à l'empereur et de tous ses droits, et au gouverneur de la Numidie de faire bâtir cette église aux dépens du fisc. Constantin confirma aussi dans cette lettre, tant pour le présent que pour l'avenir, l'exemption des charges publiques qu'il avait accordées à tous les clercs catholiques. Sur la fin il témoigne son désir pour le retour des schismatiques et souhaite qu'on n'y travaille que par les avertissements et les exhortations continuels. «Mais, ajoute-t-il, quoi qu'ils fassent, attachons-nous, mes frères, à notre devoir, appliquons-nous à ce que Dieu nous ordonne, gardons ses divins préceptes, méritons, par nos bonnes œuvres, de ne point tomber dans l'erreur, et, par le secours de la miséricorde divine, conduisons nos pas dans la voie droite de l'Évangile. » Les évêques à qui cette lettre est adressée, étaient au nombre de douze et avaient pour noms Zeusius, Gallicus, Victorinus, Sperantius, Januarius, Félix, Crescentius, Pantius, Victor, Balbutius, Donat. Elle est sans date dans l'édition d'Optat de Milève, par M. de l'Aubespine, et dans les Conciles du Père Labbe; mais, dans la nouvelle édition. d'Optat, par M. Dupin, elle est datée de Sardique, le cinquième de février. Ainsi on peut la rapporter à l'an 329, dont Constantin passa une partie en cette ville.

de Cesa

13. La lettre de Constantin à Eusèbe de Cé- A E sarée fut écrite fort peu de temps après la en 323. mort de Licinius, c'est-à-dire, l'an 323. Cette lettre était circulaire pour tous les évêques et portait, en substance, qu'ils s'appliqueraient incessamment à réparer les églises négligées durant la persécution, à agrandir celles qui étaient trop petites et à en bâtir de nouvelles, s'il était nécessaire. « Demandez, leur dit ce prince, au gouverneur de la province et au préfet du prétoire, ce qui sera besoin à cet effet; ils ont ordre de satisfaire exactement à tout ce que vous leur demanderez. »

A S. xandre

14. Nous avons déjà remarqué ailleurs que Constantin, ayant eu avis des troubles que les Aris erreurs d'Arius causaient en Orient, travailla

moribus ad munera vel ad decurionatum vocati sunt, juxta statutum legis meæ ad nullum munus statui evocandos. Constant., tom. I Concil. p. 144.

$ Data nonis februarii Sardica. Optat., p. 296.

324.

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64.65 et

lib. à y apporter le remède, et évrivit à cet effet, en 324, une lettre commune à saint Alexandre, évêque d'Alexandrie, et à Arius, pour les exhorter mutuellement à la paix. On voit, par cette lettre, que ce prince n'avait que de bonnes intentions, mais qu'il était mal informé du fait qu'il croyait être la source des divisions qui troublaient l'Église. Voici comment il s'en explique. « J'apprends que telle a été l'origine de votre dispute. Vous, Alexandre, demandiez aux prêtres ce que chacun d'eux pensait sur un certain passage de la loi, ou plutôt sur une vaine question; vous, Arius, avançâtes inconsidérément ce que vous deviez n'avoir jamais pensé, ou l'étouffer par le silence. Il fallait ne point faire une pareille question, ou n'y point répondre. Ces questions, qui ne sont point nécessaires et qui ne viennent que d'une oisiveté inutile, peuvent être faites pour exercer l'esprit, mais elles ne doivent pas être portées aux oreilles du peuple. Qui peut bien entendre des choses si grandes et si difficiles, ou les expliquer dignement? et à qui d'entre le peuple pourrat-il les persuader? Il faut réprimer en ces matières la démangeaison de parler, de peur que le peuple ne tombe dans le blasphème ou dans le schisme. Pardonnez-vous donc réciproquement l'indiscrétion de la demande et l'inconsidération de la réponse; car il ne s'agit pas du capital de la loi : vous ne prétendez point introduire une nouvelle religion; vous êtes d'un même sentiment dans le fonds, et vous pouvez aisément vous réunir. Étant divisés pour un si petit sujet, il n'est pas juste que vous gouverniez, selon vos pensées, une si grande multitude du peuple de Dieu: cette conduite est basse et puérile, indigne de prêtres et d'hommes sensés. Puisque vous avez une même foi et que la loi vous oblige à l'union des sentiments, ce qui a excité entre vous cette petite dispute ne doit point vous diviser. Je ne le dis pas pour vous forcer à vous accorder entièrement sur cette question frivole, quelle qu'elle soit vous pouvez conserver l'unité avec un différend particulier, pourvu que ces diverses opinions et ces subtilités demeurent secrètes dans le fond de la pensée. » Il veut néanmoins qu'ils n'aient qu'une même foi et qu'ils en conser

1 Cette question, que Constantin traite ici de frivole, n'était rien moins que de savoir si Jésus-Christ était Dieu ou créature, et par conséquent si tant de martyrs et d'autres saints, qui l'avaient adoré depuis la publication de l'Evangile, avaient été idolâtres, en

vent inviolablement le dépôt. Ensuite, pour marquer jusqu'à quel excès il avait été affligé de ce différend, il ajoute : «Dernièrement, étant venu à Nicomédie, j'avais résolu d'aller en Orient (c'est-à-dire, vers la Syrie et l'Égypte); mais cette nouvelle m'a fait changer d'avis, pour ne pas voir ce que je ne croirais pas même pouvoir entendre. Ouvrez-moi donc, par votre réunion, le chemin de l'Orient, que vous m'avez fermé par vos disputes. » Osius, chargé de rendre cette lettre à ceux à qui elle était adressée, n'omit rien de ce qui pouvait faire réussir les desseins de l'empereur pour la paix; mais il ne réussit pas, l'exécution s'étant trouvée trop difficile. On croit, avec assez de vraisemblance, que cette lettre fut composée par Eusèbe de Nicomédie, le plus grand appui d'Arius et de son erreur, ou au moins que ce fut lui qui donna à l'empereur ces fausses idées de la contestation entre saint Alexandre et Arius.

15. Osius, qui avait ouï les parties, ayant fait connaître à Constantin le véritable état des choses, ce prince les fit examiner dans le concile qu'il assembla à Nicée, et donna luimême avis de tout ce qui y fut décidé à tous ceux qui n'y avaient point assisté. Nous avons deux de ses lettres sur ce sujet. La première, dont il envoya des copies dans toutes les provinces, est adressée aux Églises en général, auxquelles il témoigne sa joie de ce que tous les points contestés avaient été si heureusement examinés dans le concile, qu'il ne restait plus aucune difficulté ni aucun sujet de division touchant les matières de la foi. Il ajoute qu'on y avait aussi proposé la question de la Pâque, et qu'il avait été résolu tout d'une voix que, conformément à l'usage établi à Rome, en Italie, en Afrique, en Égypte, en Espagne, en Gaule, en Angleterre, en Achaïe, dans le diocèse d'Asie et du Pont, en Cilicie; en un mot, par toutes les Églises du Midi, du Septentrion, de l'Occident et en quelques-unes mêmes de l'Orient, la Pâque serait célébrée le même jour, vu qu'il ne devait point y avoir de différentes pratiques dans une si grande solennité, et que l'on n'avait rien de commun avec les Juifs, qui sont une nation ennemie. Il exhorte tout le monde à obéir à l'ordre du concile, et il en rend cette

adorant une créature, ou s'ils avaient adoré deux dieux, supposé qu'étant Dieu, il ne fût pas le même Dieu que le Père. Fleury, tom. III Hist. ecclés., liv. X, num. 42, p. 108.

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