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trouvé une de roseau dans la houille même. Cependant il n'est pas rare de voir quelques morceaux de pechkohle (sorte de jayet) dansle limon qui les recouvre ces morceaux contiennent beaucoup de pyrites, et leur seul aspect suffit pour montrer que ce sont des bois transformés. Dans les parties même qui sont devenues pyrites, on voit très distinctement les couches annuaires et la texture ligneuse mais ce phénomène ne se voit que pendant quelque tems, car dès qu'une fois ces morceaux sont exposés à l'air, les traces de la texture ligneuse disparaissent au bout de quelques jours; l'effleurissement des pyrites, continuant d'avoir lieu, on ne voit plus, après quelques semaines, que des touffes de vitriol cappilliforme; et comme la pyrite avait pénétré de toutes parts dans la substance du bois changé en pechkohle, les échantillons se délitent, et il ne reste plus que des grains anguleux.

Il est bien singulier, qu'on ne trouve aucune trace de pechkohle dans la couche même de houille, et que ce ne soit que dans le limon qui la recouvre. Il n'est guère moins singulier de voir ici, dans une formation secondaire, le pechkohle, dont le gisement ordinaire n'est que dans les terrains d'alluvion.

Il paraît que la houille limoneuse est la même substance minérale, que quelques minéralogistes ont appelé schiste combustible (Brandschiefer): du moins les descriptions se ressemblent assez pour ce qui est des caractères extérieurs, quoiqu'elles different beaucoup dans P'indication des caractères géognostiques.

§. XXXIII.

Usage de la houille limoneuse.

Cette substance, employée comme combustible dans la distillation de l'eau-de-vie, et dans les autres usines où il s'agit d'évaporer un fluide, rend de bons services on s'en sert même avec avantage pour chauffer les appartemens. Lorsque le courant est fort, la flamme s'élève à une hauteur de plus de deux pieds, et se ploye le long des parois des chaudières et autres vaisseaux évaporatoires. On l'emploie encore pour calciner la pierre calcaire : ce qui se fait dans des fourneaux en forme d'entonnoir, qui sont pourvus d'une grille dans le bas; on les remplit de couches à l'alternative de pierre calcaire et de houille, et on les allume à l'aide du bois que l'on fait brûler sous la grille. Exposée à ce grand degré de chaleur, la houille limoneuse donne un résidu d'un blanc rougeâtre, et qui a l'aspect d'une argile fortement brûlée cependant une partie du résidu a subi la fusion et a la forme de scorie.

que

A Mühlberg, près d'Armstadt, on lessive ce combustible, ainsi que le limon qui l'accompagne, et cette lessive est ensuite travaillée dans des fabriques d'alun et de vitriol : il est vrai que par ce lessivage, on attaque moins la houille que les pyrites qu'elle renferme. A Mattstadt, dans la principauté de Weimar, où l'on a de fort grandes exploitations de houille limoneuse, on paye (d'après une certaine taxe) aux acheteurs, les pyrites qu'ils vendent; on les grille, et puis on les lessive pour en retirer le vitriol.

S. XXXIV.

Recherche de la houille limoneuse.

La houille limoneuse se trouvant exclusivement dans la plus récente des formations du calcaire secondaire, on la chercherait inutilement dans tout autre terrain. Pour éviter toute équivoque au sujet de la formation calcaire dont je parle ici, je déclare que ce n'est point celle qui se trouve également dans les terrains secondaires qui renferme le zechstein ainsi que la pierre puante, les ootiles, etc. mais celle qui constitue le sol de quelques contrées entières, et qui est le plus souvent superposée à la formation de grès. Une partie du duché de Brunswich, du pays de Fulda, des districts entiers en Thuringe et Franconie, contiennent ce calcaire (1), et dans tous ces endroits on peut espérer d'y trouver des couches de houille limoneuse.

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Les montagnes calcaires de cette formation sont souvent coupées par des gorges, des fonds, et des ravines très-profondes: ce qui donne moyen de connaître leur constitution intérieure. S'il s'y rencontre des couches de houille limoneuse, on les trouvera bientôt sans avoir besoin d'entreprendre des travaux souterrains

(1) C'est cette formation de calcaire, dans laquelle on trouve une si grande quantité de débris des êtres marins, qu'on a nommée formation du calcaire coquiller. Elle constitue les montagnes du Jura, et le sol de la partie la plus méridionale de la France.

pour aller à leur recherche. Au milieu des couches calcaires, celles de houille se feront déjà distinguer au loin par leur couleur noirâtre.

Les couches dont les affleuremens se trouvent dans les grandes plaines cultivées, qui sont souvent sur le dos des montagnes calcaires, se donnent à connaître par des raies noires qui traversent le terreau : l'affleurement n'est peutêtre qu'à quelques pieds au-dessous; il sera aisé de l'atteindre par quelques petites fouilles. Malheureusement la plupart des couches de cette houille sont trop minces pour être susceptibles d'une exploitation avantageuse, et il faut bien avoir égard à ce désavantage, avant de s'engager dans leur exploitation (1).

Après avoir traité, de la manière qu'on vient de voir, des différentes sortes de houille, M. Voigt donne un catalogue chronologique de tous les ouvrages qui ont été imprimés, depuis 1589, sur cet objet. Ilen cite 223, et encore ne donne-t-il pas ce catalogue pour complet; il ne parle que de ceux qui sont parvenus à sa connaissance, et qu'il possède en très-grande partie. Ces 223 ouvrages ou Mémoires sur les Houilles sont presque tous allemands; dans le nombre j'en ai remarqué 12 de français.

(1) Cette formation de houille, qui se trouve dans le calcaire est depuis long-tems connue en France: il paraît que c'est M. Bernard de Marseille qui le premier a fixé notre attention sur elle : effectivement elle est très-abondante en Provence, Saussure l'a trouvée en plusieurs endroits dans les Alpes. M. Duhamel fils lui a consacré en entier un article de son Mémoire couronné par l'Académie; et d'après ce qu'il en dit, il n'y a point de doute que ce ne soit la même que celle que M. Voigt nomme formation de houille limoneuse Dans les calcaires marneux qui constituent le sol de la Haute-Silésie, aux environs de Tarnowitz, j'ai vu, dans

SECONDE PARTIE.

DES BOIS BITUMINEUX.

S. XXXV.

Des couches de bois bitumineux en général.

On comprend communément sous le nom spécifique de bois-bitumineux (en allemand braunkohle, charbon brun), le bois bitumineux, le braunkohle ou charbon des marécages, la terre végétale bitumineuse, et plusieurs de ses variétés. Les gites de ces substances sont connus sous le nom de couches de bois bitumineux (braunkohlenlager, couches de charbon brun). Quelque indéterminée que soit cette dénomination (i), je la conserverai cependant, parce que presqu'aucune des variétés qu'elle comprend ne forme des couches à elle seule; qu'elles se trouvent toujours plusieurs ensemble, et passant les unes dans les autres. C'est pourquoi je vais commencer par traiter de la nature

le calcaire qui forme le mur de la couche de galène qu'on y exploite, quelques veines et bandes d'une substance bitumineuse très-pure, mais très-friable, et qui se brisait en petits rhombes; je ne sais si elle appartient à la formation dont il est ici question.

(1) Qu'on fasse attention que l'auteur ne parle ici que de la dénomination allemande qui est réellement insignifiante, tandis que la française paraît bien plus convenable et plus spécifique.

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