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consulat de Bonaparte et aux nouvelles lois qu'il vient de leur imposer.

Bonaparte! ce ne sont ni tes lois éphémères, ni tes soldats, bien moins encore tes prisons d'état que je retoute pour les patriotes Suisses: toutes mes craintes portent sur leur désunion, sur les nouvelles manoeuvres que va employer ton ministre pour faire renaître et rechauffer chez eux les germes de jalousies que l'excès seul de ton oppression avait momentanément étouffés. Quelque parti qu'ils prennent, ils ne peuvent se sauver qu'en le prennant en commun. Dans le cas contraire leur sentence est déjà prononcée, la dernière scène s'approche. Avant peu, traînés d'angoisses en angoisses, fatigués de discordes, incapables de lutter plus long-temps avec eux-mêmes et avec un ennemi qui a juré leur ruine, ils ne verront d'autre moyen d'échapper à ta malveillance que de s'offrir à toi, et de se jeter dans tes bras, pour y perdre, s'il est possible, jusqu'au souvenir d'avoir été libres.

Tu potes unanimos armare in praelia fratres
Atque odiis versare domos: tu verbera tectis
Funereasque inferre faces: tibi nomina mille
Mille nocendi artes. Fecundum concute pectus
Disjice compositam pacem, sere crimina belli.

F 1 N.

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PIECES JUSTIFICATIVES.

Londres, le 1er Juillet, 1803.

Les trois pièces suivantes ayant été publiées depuis que ce volume est sorti de la presse, je crois utile de les y joindre, comme pièces justificatives.

NOTE VERBALE

De Lord Hawkesbury à M. Otto.

Lord Hawkesbury a reçu de Sa Majesté l'ordre de faire part'au Gouvernement Français, par le canal de M. Otto, des sentimens de la douleur profonde qu'ont fait éprouver à Sa Majesté, soit l'adresse du premier Consul au peuple Helvétique, publiée officiellement dans le Moniteur du 1er de ce mois, soit les représentations qui ont été faites à Sa Majesté en faveur du peuple, dont les intérêts se trouvent si immédiatement compromis. Elle déplore sincèrement les convulsions auxquelles les cantons Suisses ont été exposés depuis quelque temps: mais Elle ne peut envisager leurs derniers efforts autrement que comme les efforts légitimes d'un peuple brave et généreux pour recouvrer ses anciennes lois, son ancien gouvernement et pour opérer le rétablissement d'un régime que l'expérience avait démontré être non-seulement favorable au maintien de son bonheur domestique, mais encore parfaitement compatible avec la tranquillité et la sécurité des autres puissances.

Les cantons Suisses possèdent indubitablement, autant que tout autre état indépendant, le droit de régler leurs affaires intérieures ; et de plus, ce droit, dans le cas actuel, leur a été formellement et explicitement garanti par le Gouvernement Français dans le traité de Lunéville, conjointement avec les

autres puissances qui y ont pris part. L'unique désir de Sa Majesté est que le peuple Suisse qui paraît maintenant être si généralement uni, conserve la liberté d'arranger son gouvernement intérieur sans l'intervention d'aucune puissance étrangère, et quelque soit le regret qu'a inspiré à Sa Majesté la proclamation du Gouvernement Français, Elle se refuse encore à croire qu'il se permette des tentati ves ultérieures pour entraver cette nation indépendante dans l'exercice de ses droits incontestables. Le Roi se croit appelé par l'attention qu'il porte aux intérêts généraux de l'Europe, et par sa sollicitude particulière pour le bonheur et le bien être de la nation Suisse, à exprimer ses sentimens avec la franchise et la sincérité qu'il doit à son caractère, et à la bonne intelligence qu'il désire conserver avec Te Gouvernement Français.

Downing-Street, le 10 Octobre, 1802.

DÉPÊCHE

De Lord Hawkesbury à M. Moore.

Monsieur,

Downing Street, le 10 Octobre, 1802.

Sa Majesté ayant jugé à propos d'envoyer en Suisse, dans le moment actuel, une personne de confiance en conséquence des communications qu'Elle a reçues des confédérés Suisses par le canal de leur représentant à Paris, j'ai ordre de vous informer qu'Elle a fait choix de vous pour cette

mission.

Vu la nature de l'affaire qui vous est confiée, il est de la plus haute importance que vous partiez d'ici sans perdre de temps, et que vous fassiez toute la diligence possible pour arriver sans délai sur les frontières de Suisse. Vous vous informerez de

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résidence du Gouvernement de la confédération, et vous vous y rendrez sur le champ. Après avoir pris les mesures nécessaires pour avoir une entrevue confidentielle avec les personnes qui peuvent être chargées de la direction principale des affaires, vous leur communiquerez une copie de la note verbale que j'ai remise à M. Otto, et qui est jointe içi. Vous saisirez toutes les occasions de les persuader du vif intérêt que prend Sa Majesté au succès de leurs efforts. Vous leur exposerez qu'Elle espère que ses représentations au Gouvernement Français engageront à renoncer à son projet d'user de force pour contraindre la nation Suisse à renoncer au système de gouvernement sous lequel elle a si longtemps prospéré et auquel elle paraît presqu'unanimement vouloir revenir. Dans ce cas, Sa Majesté se croira tenue de s'abstenir de toute intervention; son unique désir étant qu'on laisse les Suisses en liberté d'arranger leurs affaires intérieures sans l'interposition d'aucune puissance étrangère. Si cependant, et contre l'attente de Sa Majesté, le Gouvernement Français persistait dans le système coërcitif, annoncé dans la proclamation du premier Consul insérée au Moniteur du ler du courant, yous vous informerez par tous les moyens en votre pouvoir, tant des dispositions générales du peuple qui forme la confédération Suisse, que de celle des hommes qui la dirigent et y possèdent la plus grande influence; vous vous informerez, dis-je, de la disposition où ils sont de persévérer dans la défense de leurs droits et dans le maintien du système qu'ils ont adopté. Vous vous informerez également des moyens de défense qui sont à leur portée, et s'il est probable qu'ils puissent les employer avec succès. Vous ne les encouragerez sous aucun prétexte que ce soit, à persévérer dans des mesures actives de résistance, qu'eux-mêmes ne désireraient pas adopter,

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