Page images
PDF
EPUB

tenant à l'armée de terre ou de mer qui sont atteints d'aliénation mentale, sont envoyés dans les asiles, tandis que dans le reste de la population, un nombre considérable d'aliénés sont traités à domicile. On ne peut donc pas établir de comparaison entre les marins ou militaires et les autres catégories.

Parmi les professions libérales, on remarque une grande différence sous le rapport du nombre d'aliénés suivant la nature des occupations. Les artistes présentent le chiffre le plus élevé (96 sur 10,000); viennent ensuite les juristes (84 sur 10,000), les ecclésiastiques (39 sur 10,000), les médecins (38 sur 10,000), les professeurs et hommes de lettres (35 sur 10,000), les fonctionnaires publics et employés (14 sur 10,000, et enfin les rentiers et propriétaires (12 sur 10,000). On ne doit pas oublier, du reste, qu'il ne s'agit ici que des aliénés traités dans les asiles. Sur 100 aliénés admis en 1853, on en comptait :

[blocks in formation]

Pour ce qui concerne les causes présumées de l'aliénation mentale chez les individus admis dans les asiles, nous nous bornerons à signaler en premier lieu l'hérédité (chez le septième des malades traités en 1853, on a cru reconnaître une prédisposition héréditaire), puis les causes physiques, telles que l'épilepsie, les convulsions, l'ivrognerie, le dénuement, la misère, etc.; près de la moitié des maladies mentales a été attribuée à ces causes; enfin les causes morales (perte de fortune, exaltation religieuse, passions violentes, etc.), ont produit environ le tiers des aliénations.

En 1853, il y avait, dans les asiles publics ou privés, 2,651 idiots; 1,465 hommes, soit 89 sur 1,000; 1,686 femmes, soit 52 sur 1,000; et 45 crétins seulement, 16 hommes et 29 femmes.

Sur 32,876 aliénés traités en 1853, on en comptait 1,635, soit 49 sur 10,000, atteints pour la seconde ou la troisième fois. Le nombre des rechutes constatées était relativement plus élevé chez les hommes que chez les femmes.

En 1853, 2,771 aliénés sont sortis des asiles, par suite de guérison (1,514 hommes et 1,257 femmes); comparativement au nombre des malades traités pendant la même année, c'est une moyenne de 9,22 sur 100 malades du sexe masculin, de 7,63 sur 100 du sexe féminin.

Sur 100 guérisons, 36 ont été obtenues dans les trois premiers mois du traitement, 25 après un traitement de 3 à 6 mois; 11 après un trai

tement de 6 à 9 mois, 8, après un traitement de 9 à 12 mois. Ces résultats sont importants, en ce qu'ils constatent que la guérison est d'autant plus difficile qu'on s'éloigne davantage de l'époque de l'origine.

La mortalité annuelle dans les asiles réunis a été, dans la période de 1842 à 1853, de 15.52 pour les aliénés, de 12.05 pour les aliénées et de 13.75 en moyenne pour les deux sexes. La mortalité, dans les asiles d'aliénés, a donc une intensité six fois environ plus considérable que pour l'ensemble de la population; mais elle sévit moins fortement sur les femmes que sur les hommes.

Pendant la période de 9 années qui s'est écoulée de 1844 à 1852, la mortalité a été en moyenne de 12.26 sur 100 dans les asiles appartenant à l'État aux départements ou aux communes, de 15.50 0/0 dans les établissements hospitaliers et de 12.35 dans les établissements privés.

Ainsi le chiffre moyen de la mortalité dans les établissements hospitaliers excède de 25 0/0 celui des maisons de santé et de 22 0/0 celui des asiles départementaux.

En 1853, les recettes des asiles départementaux se sont élevés à 5,821,427 fr. ; les dépenses à 5,610,785 fr. Considérées dans leur ensemble, les recettes ont surpassé les dépenses de 210,642 fr., mais, en réalité 28 asiles seulement ont présenté cette situation, dans les 9 autres, il y a eu déficit.

Le nombre total des aliénés, en tout ou en partie à la charge des départements, s'est élevé en 1853 à 23,021, soit plus de 70 0/0 des aliénés traités dans les asiles publics et privés. Sur ces 23,021 aliénés, le département de la Seine en a eu 2,858 à sa charge, ou 12 0/0 du nombre total, celui du Nord, 909 ou 3.95 0/0; le Rhône, 685 ou 2.98 0/0; les Côtes-du-Nord, 678 ou 2.70 0/0; Maine-et-Loire 632, ou 2.74 0/0.

Les aliénés à la charge des départements ont été traités, savoir:

[blocks in formation]

Ainsi, 6,337 sur 23,021 ou plus de 27 0/0 ont été envoyés hors de leur département.

Le prix des journées payées par les départements pour l'entretien, le séjour et le traitement des aliénés à leur charge a varié : dans les asiles départementaux, de 0,58 c. à 1 fr. 25; dans les quartiers d'hospices de 0,75 c. à 1 fr. 50; dans les asiles privés de 0,68 c. à 1 fr. 15.

L'entretien et la translation des 23,031 aliénés traités en 1853, aux frais des départements, ont occasionné une dépense de 7,006,327 fr. 76 c.; soit, en moyenne par aliéné, une dépense de 304 fr. 35 c.

Les dépenses affectées au traitement de ces aliénés ont été supportées,

[blocks in formation]

Dans un très-grand nombre d'établissements, les aliénés sont aujourd'hui employés à des travaux manuels de diverse nature et dont le produit est généralement versé, jusqu'à concurrence des deux tiers, dans la caisse de l'établissement; le dernier tiers est remis à l'aliéné ou employé à accroître ses épargnes ou son bien-être.

Sourds muets et aveugles. — En 1845, il existait en France, 39 institutions de sourds-muets, situées dans 28 départements. Ces établissements comptaient 1,675 élèves des deux sexes : les filles entraient pour un tiers environ dans ce nombre.

Deux de ces institutions, l'une à Paris (garçons), l'autre à Bordeaux (filles), sont à la charge de l'Etat : en 1845 leurs budgets réunis s'élevaient à 255,503 fr., et elles comptaient 260 élèves. Neuf autres établissements sont dirigés par des instituteurs laïques; vingt-huit par des ecclésiastiques ou des communautés religieuses.

Une seule institution s'occupe de l'éducation des aveugles; elle est à la charge de l'Etat, et est située à Paris. En 1854 elle renfermait 220 enfants, 140 garçons et 80 filles. Son budget s'élevait à 156,699 fr.

Les élèves admis dans les institutions de sourds-muets et d'aveugles, sont généralement entretenus aux frais de l'État, des départements ou des communes (1).

Enfants assistés. Les conditions d'admission dans les hospices publics des enfants qui n'ont aucun moyen d'existence, sont réglées par le décret du 11 janvier 1811, et l'instruction ministérielle du 8 février 1823 nous n'entrerons pas dans le détail des dispositions contenues dans ces actes que nous avons analysé ailleurs (2), et nous nous bornerons à rappeler que les enfants qui profitent des bienfaits de l'assistance sont ou les enfants trouvés, c'est-à-dire ceux qui, nés de père et mère inconnus, ont été trouvés exposés dans un lieu quelconque ou portés dans les hospices destinés à les recevoir; ou les enfants abandonnés, c'est-à-dire ceux qui nés de père et mère connus et d'abord élevés par eux ou par d'autres personnes, en sont délaissés sans qu'on sache ce que les père et mère sont devenus et sans qu'on puisse recourir à eux ; enfin les orphelins pauvres ou ceux qui ayant perdu leur père et mère n'ont aucune ressource personnelle.

(1) Voir au chapitre Population le nombre de sourds-muets. (2) Voir le Dictionnaire de l'administration française.

Depuis trente ans, le nombre des enfants trouvés ou abandonnés a été constamment en diminuant.

[blocks in formation]

La suppression des tours dans les hospices, et l'extension des secours donnés aux filles-mères paraissent avoir exercé une influence très-notable sur la diminution du nombre des enfants abandonnés.

Il existait en France, en 1826, 217 hospices dépositaires avec tours et 56 hospices dépositaires sans tours. Dans la période 1826-1853, il a été créé 2 nouveaux tours et on en a supprimé 165; il ne restait plus en 1853 que 54 hospices dépositaires avec tour; au contraire, le nombre des hospices dépositaires sans tour s'est élevé, dans la même période, de 56 à 109.

En considérant la moyenne générale de la France, on trouve que le nombre des abandons a diminué de 1826 à 1853; mais cette diminution n'a eu lieu réellement que pour 60 départements: dans les 26 autres il y a eu au contraire augmentation (1). Dans ces 26 départements, on a supprimé 40 tours de 1826 à 1853 (1.5 par département), dans les 60 autres, on en a fermé 125 (2.1 par département). Il est à remarquer en outre que les départements qui n'ont jamais possédé de tours figurent tous au nombre de ceux où les abandons sont les moins fréquents (2).

Les secours accordés aux filles-mères n'ont commencé à être mis en usage que vers 1840. Antéricurement à cette année, il n'y avait guère que les deux départements de la Loire-Inférieure et de l'Isère qui eussent recours à ce mode d'assistance; depuis 1840, 66 départements sont entrés dans cette voie, 20 n'ont pas adopté ce genre de subvention : 86,629 filles-mères ont été secourues dans les 66 premiers départements.

De 1826 à 1853, le nombre des infanticides a été de 3,671, c'était 131 infanticides par an ou 1 infanticide sur 7,394 naissances. Ce crime a constamment et progressivement augmenté en France, depuis 1826,

(1) Ces départements sont : l'Ain, l'Ardèche, les Ardennes, les Bouches-du-Rhône, la Charente-Inférieure, la Côte-d'Or, les Côtes-du-Nord, la Creuse, l'Eure, le Finistère, le Gard, les Landes, le Loir-et-Cher, la Loire, la Meuse, le Morbihan, le Rhin (Bas-), le Rhin (Haut-), la Saône (Haute-), Saône-et-Loire, Seine-et-Marne, Seine-etOise, les Deux-Sèvres, la Vendée, la Vienne et les Vosges.

(2) Ces départements sont : Le Cher, la Corse, le Doubs, le Gers, l'Ille-et-Vilaine, le Lot, la Meurthe, la Moselle, le Rhin (Haut-), le Rhin (Bas-), la Saône (Haute-) et les Vosges,

il

et si l'on prend comme termes de comparaison les chiffres afférents à 1826 et à 1853, on constate que dans l'intervalle de ces deux termes, a plus que doublé; c'est ce qui résulte du tableau ci-après qui indique la proportion des infanticides aux naissances et à la population:

[blocks in formation]

Les infanticides ont augmenté dans 74 départements, ont diminué dans 10 (1) et sont restés stationnaires dans deux (2). La suppression des tours ne paraît pas avoir exercé une influence sensible sur l'accroissement ou la diminution du nombre des infanticides; car l'extension de ce crime a eu lieu à peu près également dans tous les départements, quel qu'ait été le nombre de tours supprimés. Mais un fait très-remarquable c'est que les départements qui comptent le moins d'infanticides, sont ceux qui ont de grands centres de population dans leur circonscription, tandis que ce crime est beaucoup plus répandu dans les départements où la population est peu agglomérée; cette différence tient évidemment à ce que dans les grandes villes et dans les centres manufacturiers, les fillesmères ayant moins à redouter le scandale de leur faute, ne sont pas entraînées aussi fréquemment que dans les campagnes à recourir au crime, pour faire disparaître l'enfant auquel elles ont donné le jour.

Le mouvement des enfants assistés dans les hospices ou placés dans les campagnes par les administrations hospitalières, à divers titres, soit. comme enfants trouvés, abandonnés, orphelins, etc., ont donné les résultats moyens indiqués ci-après pour la période de 1816 à 1852 :

[blocks in formation]

(1) Alpes (Basses), Aude, Aveyron, Creuse, Doubs, Lot-et-Garonne, Maine-et-Loire,

Moselle, Rhône, Vosges.

(2) Lozère et Vienne.

« PreviousContinue »