hôpitaux, des vieillards, infirmes et incurables dans les hospices, des aliénés, des enfants orphelins, matériellement ou moralement abandonnés. Pour ces derniers il existe deux hospices spéciaux, mais la majeure partie des enfants pauvres sont placés dans des familles. Depuis 1880, le nombre des enfants orphelins ou abandonnés a presque doublé; le nombre annuel moyen était de 3.440 pour la période quinquennale 1878-1882 et de 5.914 pour la période 19021906. Les dépenses globales effectuées par la ville de Berlin, tant pour l'assistance à domicile que pour le service des enfants orphelins et abandonnés, les hospices de vieillards et d'incurables, les hôpitaux et les asiles d'aliénés, se sont élevées, pour l'année 1907, à 28.304.000 marks dont 22.798.000, ou plus de 80 % à la charge exclusive de la ville, ce qui représente une contribution moyenne de 11 marks par tête d'habitant. Cette somme s'est considérablement accrue depuis une dizaine d'années; en 1898, elle n'était que de 13.764.000 marks soit 8 marks seulement par tête d'habitant. L. DUGÉ DE BERNONVILLE. CHRONIQUE DE BELGIQUE I. Les Unions de syndicats. II. L'œuvre civilisatrice au Congo belge. I. Les Unions de syndicats. Les syndicats ouvriers en Belgique constituent deux groupes de tendances opposées : les syndicats dits indépendants dont l'organisation repose sur le principe de la lutte des classes, et les syndicats dits libres ou chrétiens dont la tendance est analogue à celle des syndicats « jaunes » de France. Ces syndicats ont formé deux unions ou fédérations et créé deux organismes chargés de coordonner leurs efforts en vue d'une action commune l'organe des syndicats indépendants porte le nom de «< Commission syndicale du Parti ouvrier », celui des syndicats libres s'intitule : « Confédération des Syndicats chrétiens ». Nous trouvons dans la Revue du Travail belge des 15 octobre et 30 novembre derniers quelques renseignements sur l'activité de ces groupements; malgré l'aridité des chiffres, nous croyons devoir les mettre sous les yeux de nos lecteurs parce qu'ils permettent de se rendre compte avec précision du mouvement syndical en Belgique dans ces dernières années. La Commission syndicale du Parti ouvrier groupait, au 31 décembre 1911, 97.845 syndiqués (1); le nombre des affiliés n'était que de 34.124 en 1905; il est passé à 42.491 en 1906, 55.840 en 1907, 67.412 en 1908, 73.361 en 1909, 68.984 en 1910; la progression, on le voit, est constante. Les recettes totales en 1911 se sont élevées à 919.777 francs; l'encaisse atteignait 748.944 francs; il avait été dépensé 781.587 francs sur cette somme, 389.800 francs avaient été affectés à des secours de grève et de lock-outs; 167.906 francs à des secours de chômage; 126.076 francs à des secours de maladie et 52.227 francs en frais d'administration. La Commission syndicale groupe à la fois des fédérations, des syndicats isolés et des « centrales »; nous n'avons rien à dire des fédérations et des syndicats dont le fonctionnement est analogue aux organismes français portant le même nom. Mais la « Centrale » mérite de retenir l'attention : c'est une Union calquée sur les Centralverbande allemands; chaque syndicat affilié conserve son autonomie; à la tête de la « Centrale », un comité directeur, élu par un congrès, veille aux intérêts généraux de l'Union, représente celle-ci dans ses rapports avec l'extérieur, donne son avis sur l'opportunité des mouvements économiques à entreprendre et gère les fonds de l'Union. L'Union est divisée en sections locales qui, bien que dépendantes du comité directeur, possèdent une caisse propre alimentée par une retenue sur les cotisations des membres et par le produit des fêtes, collectes ou dons; elles allouent à leurs membres des indemnités en cas de grève, lock-out, chômage involontaire, maladie ou procès; chaque année les délégués des sections se réunissent en un congrès national où il est fait un rapport sur les travaux de la Centrale. Les divers groupements affiliés à la Commission syndicale pu (1) Les chiffres officiels de 1912 ne seront annoncés qu'au congrès annuel qui se tient au mois de mai prochain. blient 26 journaux professionnels : le tirage des journaux en langue française est de 50.700 exemplaires, celui des journaux en langue flamande de 36.000; 25.140 sont bilingues. La Confédération des Syndicats chrétiens assure le fonctionnement du « Secrétariat général des Unions professionnelles chrétiennes >> qui, bien qu'ayant avec la Confédération des rapports très étroits, n'en constitue pas moins un organisme distinct possédant une existence et une action propres. Le rôle de la « Confédération » consiste principalement à créer des fédérations nouvelles et à orienter, en quelque sorte, les fédéra, tions existantes vers le but à atteindre à cet effet, elle publie une revue périodique, organise des réunions syndicales, des semaines sociales et des congrès. Le « Secrétariat général » est en rapport plus direct avec les ouvriers, qu'il groupe en syndicats: il a organisé notamment deux bureaux, très actifs, l'un wallon, l'autre flamand, de propagande, chargés de distribuer des tracts et brochures. Au 1er août 1911, il groupait 71.235 syndiqués contre 49.478 en 1910; au nombre des groupes locaux, il est intéressant de citer ceux des ouvriers qui vont chaque année faire les moissons en France et qui ont des secrétariats spéciaux bien organisés à Gand, Roulers et Tournai. En terminant, nous signalerons une dernière « union » de fondation récente c'est celle du Secrétariat des Syndicats féminins récemment créé à Bruxelles, mais dont l'action s'étend à toute la Belgique ce secrétariat comprend un office de documentation syndicale, un office de propagande et une commission chargée spécialement de faire des enquêtes sur la situation du travail féminin. II. L'œuvre civilisatrice au Congo belge. On sait comment de Brazza qualifiait l'oeuvre accomplie par les Belges au Congo: « Une œuvre de Titan accomplie par des pygmées »; l'illustre explorateur faisait sans nul doute allusion, en écrivant ces paroles, à l'énergie et aux efforts persévérants des différentes missions militaires, scientifiques et religieuses qui, depuis 1877, date où le premier Comité belge créé pour la mise en valeur des domaines découverts quelques années auparavant par Burton, Speke, Livingston et Stanley, organisa les premières expéditions, ont contribué à donner à une nation, relativement secondaire à raison du nombre de ses habitants, une immense colonie dont la richesse et l'importance ne sont plus aujourd'hui discutées. Le rôle de ces missions est trop connu pour qu'il soit besoin de le rappeler: trop connue également la claire vision qu'a eue de l'avenir de l'Afrique centrale le roi Léopold II qui, dès 1855, alors qu'il n'était que prince héritier, prononçait ces paroles: « Je percerai les ténèbres de la barbarie. J'assurerai le bienfait d'un gouvernement civilisateur à l'Afrique centrale. Et ce travail de géant, je le tenterai seul, s'il le faut », et qui, vingt ans plus tard, *le 12 septembre 1876, dans son discours inaugural à la Conférence géographique de Bruxelles, s'exprimait en ces termes : « Ouvrir à la civilisation la seule partie de notre globe où elle n'ait pas encore pénétré, percer les ténèbres qui enveloppent des populations entières, c'est une croisade digne de ce siècle de progrès. » Cette croisade, elle a été réalisée : le peuple belge, à bon droit, en est fier; aussi le 25 avril 1909, le ministre des Sciences et des Arts organisait-il un concours destiné à récompenser le meilleur ouvrage « qui rappellerait et décrirait l'œuvre civilisatrice au Congo belge » et « affirmerait les maîtresses qualités de la race belge et sa remarquable puissance d'expansion ». L'ouvrage récompensé est dû au capitaine Geo Morissens: il vient de paraitre; écrit dans le but de glorifier l'œuvre accomplie au Congo, il laisse sans doute dans l'ombre tout ce qui pourrait diminuer l'enthousiasme légitime de la nation pour cette œuvre mais, on peut y trouver quelques indications précises permettant de se rendre compte des résultats obtenus. Il nous a paru intéressant pour nos lecteurs d'en extraire certains renseignements relatifs à la régénération morale et à l'amélioration de la situation matérielle des indigènes. L'enseignement est donné soit dans les écoles du Gouvernement, soit dans des établissements indépendants organisés par les missionnaires catholiques, notamment à Lusaka et à Tumba; la population totale de ces écoles s'élève à 20.000 enfants environ. Quant aux écoles du Gouvernement, elles sont sous la surveillance de commissions instituées dans les chefs-lieux des principaux districts; ces commissions examinent la situation des enfants abandonnés, délaissés ou orphelins, et si ces malheureux n'ont à compter sur l'aide d'aucun parent, ils sont envoyés : les garçons dans les colonies scolaires de Boma et de Nouvelle-Anvers, les filles dans celle de Moanda; à l'issue de leur stage dans ces colonies, les pupilles sont versés dans les services administratifs, ou dans la force publique, ou dans les écoles professionnelles. D'autre part, des écoles primaires pour tous les indigènes ont été créées à Léopoldville, Stanleyville, Lusambo, Bata et Kabinda. L'enseignement professionnel est donné dans des écoles annexées aux ateliers de l'État à Boma, Léopoldville et Stanleyville; une école spéciale d'agriculture existe à Eala; enfin à Boma fonctionnent une école pour infirmiers, une école gardienne et une école de candidats commis. L'organisation de la justice comprend sept tribunaux de première instance qui statuent en matière civile, commerciale et pénale; douze tribunaux territoriaux dont la compétence est exclusivement pénale; un tribunal d'appel siégeant à Boma; en outre, certains litiges peuvent être portés en appel ou en cassation devant le Conseil supérieur de Bruxelles; à côté de ces organismes, il convient de citer les conseils de guerre de première instance qui peuvent juger même les civils dans les régions placées sous le régime militaire spécial, et le conseil de guerre d'appel qui siège à Boma. Enfin, si les parties en cause sont indigènes, elles peuvent indifféremment soumettre leurs litiges soit aux juridictions européennes, soit à leurs chefs locaux qui deviennent alors de véritables juges. En matière répressive, ces chefs peuvent punir, conformément aux coutumes locales, les fautes peu graves commises par les noirs soumis à leur autorité, si toutefois les pénalités ne sont pas contraires aux principes des pays civilisés. La force publique est constituée par des miliciens ou volontaires dont le service est de sept ans ces soldats touchent une solde de 21 centimes par jour, et à leur départ il leur est remis un petit pécule à raison de 1' 25 par mois passé sous les drapeaux; ceux qui se rengagent à la fin de leur terme bénéficient d'une prime de 50 francs et d'une solde quotidienne de 35 centimes; en outre, certains avantages sont accordés à leur femme; ceux qui ne se rengagent pas sont versés pour cinq ans au corps de réserve. Notons que pour maintenir la discipline et prévenir des révoltes, chaque compagnie est composée d'hommes appartenant au moins |